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Venezuela: Le problème, ce n’est pas les procès-verbaux mais les actions

5 Août 2024, 18:21pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Ruben Darío Guzzeti 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

 

Le problème du Venezuela, ce n’est pas les procès-verbaux mais le fait qu’il a défié le pouvoir de l’empire.

 

En bref, l'épine dans le pied de l'empire, c'est le pétrole et l'exemple que malgré tout, c’est possible.

 

A partir de lundi 29 juillet au matin, le monde s’est paralysé, selon la vision des médias de non-communication concentrés du grand capital financier, leurs partenaires et certains Gouvernements sous au pouvoir impérial.

 

Si le Gouvernement du Venezuela ne présentait pas les procès-verbaux du scrutin de la veille, la terre cesserait de tourner et la galaxie menaçait de se désintégrer.

 

Ce conte, répété des millions de fois, a trompé une grande partie de l’opinion publique et en particulier beaucoup d’honnêtes gens.

 

Dimanche 28, le peuple vénézuélien a voté dans la paix et a tranquillité. Comme l’exige la Constitution, le Conseil National Electoral (CNE), une fois les bureaux de vote fermés, se doit d’annoncer le résultat une fois que la tendance est irréversible.

 

En République Bolivarienne du Venezuela, il existe 5 pouvoirs indépendants: les trois pouvoirs des républiques démocratiques: le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire plus le Pouvoir Communal et le Conseil National Electoral (CNE). 4 sont indépendants: le Conseil National Electoral (CNE), par exemple, est composé par des membres du parti au Gouvernement et des membres de l’opposition.

 

Le dimanche 28, la présentation des résultats a été retardée d’une paire d’heures car le CNE a subi un piratage informatique qui a retardé le processus.

 

Le CNE, quelques minutes après minuit, annonçait que le President Nicolás Maduro, pour le Grand Pôle Patriotique avait obtenu 51,2 % des voix et  le principal opposant, Edmundo González Urrutia de la Plateforme Unitaire Démocratique (PUD), 44,1. Les 8 autres candidats, ont obtenu ensemble 4,6 %. 

 

Quelques jours plus tôt, 8 des 10 partis politiques qui ont participé aux élections ont signé un document par lequel ils s’engageaient à respecter le résultat des élections. L’un des deux qui n’ont pas signé ce document était le candidat de la Plateforme Unitaire Démocratique (PUD). Ce document était basé sur l’accord de la Barbade signé début 2024 entre le Gouvernement et l’opposition.

 

L’opposition dure regroupée dans la Plateforme Unitaire Démocratique dirigée par María Corina Machado, disqualifiée pour de graves délits de corruption et de trahison envers ka Patrie (en 2006 quand elle était représentante du Panama à l’ONU elle avait demandé ouvertement une intervention militaire des Etats-Unis dans son pays) avait déjà un plan de déstabilisation conçu avec le Département d’Etat des Etats-Unis et les forces de droite vénézuéliennes.

 

« Fraude » est le mot-clef

 

Depuis décembre 1998, date à laquelle le Commandant Hugo Rafael Chávez Frías est élu président pour la première fois, il y a eu 31 élections au Venezuela. Le chavisme en a gagné 29 et en a perdu 2: en 2006 quand Chávez a voulu introduire des modifications dans la Constitution et en 2015, quand le parti au pouvoir a perdu le contrôle du Congrès. Dans les deux cas, aussi bien Chávez que Maduro, en faisant appel à la chaîne nationale, ont reconnu leur défaite. Selon l’opposition, dans ces 2 cas, tout a été transparent.

 

Les procès-verbaux

 

Comme dans tous les pays du monde, ce qui est annoncé en première instance est un résultat provisoire qui ensuite est corroboré au fil des jours par le dépouillement définitif qui prend, selon les cas, 10, 15 ou même 30 jours. Mais on l’exige du Gouvernement vénézuélien le soir-même de l’élection.

 

Il serait pertinent de se demander si quelqu’un a demandé les procès-verbaux aux autorités des Etats-Unis en 2020 quand les organismes électoraux ont mis 34 jours pour annoncer la victoire de l’actuel président Biden, face aux protestations pour fraude de Donald Trump. Quelqu’un a-t-il demandé les procès-verbaux en 2006 quand, au Mexique, on a attendu 60 jours pour connaître e résultat de l’élection dont la victoire a été volée à Andrés Manuel López Obrador, qui aurait dû être président il y a 12 ans. Aux journalistes qui réclament aujourd’hui ces procès-verbaux, est-il passé par la tête de demander les procès-verbaux au pire dictateur assassin de l’histoire de Notre Amérique, Alfredo Stroessner, quand il a été « réélu » 7 fois de suite sans interruption pendant 35 ans. Dans ces cas-là, peu importaient les procès-verbaux et cela n’affectait pas la continuité de la démocratie. L’empire et ses serviteurs regardaient ailleurs parce qu’ils sur étaient utiles. On leur a même permis d‘être membres de l’OEA, cette même organisation qui réclame la transparence alors qu’en 2019, elle a soutenu le coup d’état contre Evo Morales, en Bolivie.

 

La transparence du système électoral vénézuélien

 

Quand une personne entre dans un bureau de vote, elle y trouve une machine à voter sur laquelle, après vérification de son identité, elle émet son vote. La machine lui remet un morceau de papier avec sa décision qui est vérifiée par l’électeur. Si les deux coïncident, le morceau de papier est déposé dans une urne.

 

À la fin du scrutin, la machine émet les bulletins de vote avec les résultats du bureau de vote, en autant d'exemplaires qu'il y a de membres du bureau, plus un pour les autorités. En d'autres termes, chaque superviseur de bureau de vote repart avec les résultats du bureau qu'il a contrôlé. La loi électorale stipule que 55% des résultats doivent être reçus pour que le résultat puisse être annoncé.

 

D’autre part, ce système électronique est le plus faible et inviolable qu’on connaisse et il n’est pas d’origine vénézuélienne. Le Centre Carter, quand il était dirigé par l’ancien président, avait l’habitude de dire que le système électoral du Venezuela était le plus fiable du monde. Quand le Centre a changé d’autorités, il a aussi changé d’opinion. Aujourd’hui, il est contrôlé par le Département d’Etat et par les agences d’espionnage des Etats-Unis comme l’USAID et la NED.

 

Le complot de la dénonciation de fraude

 

Ces jours-ci, on a appris que la source des données destinées à justifier la soi-disant fraude a été conçue dans les usines étasuniennes, que celles-ci ont été reproduites par la droite vénézuéliennes et les Gouvernements servies envers les Etats-Unis et leurs médias. Il y a eu au moins 2 agences avec un long passé: “Edison Research”, un institut de sondages qui a opéré ouvertement en Ukraine, en Irak et dans d’autres pays dans lesquels l’empire avait besoin de changer les Gouvernements ; et “Meganálisis”, d’origine vénézuélienne.

 

Toutes deux ont élan pré de soi-disant tendances sorties des urnes donnant la victoire à Urrutia avec environ 63 % des voix. Il faut préciser qu’au Venezuela, on ne fait pas de sondages sortis des urnes, c’est dire que ce qui était diffusé par ces entreprises transgressait les lois du pays.

 

Le principal, ce n’est pas les procès-verbaux mais les actions

 

L’empire a, depuis 1998, une épine dans la gorge qui s’appelle Révolution Bolivarienne et pour la chasser, peu importe si c’est grâce à une élection, à un coup d’Etat ou à l’assassinat du président de la République, c’est la même chose. Ils ont tout tenté.

 

Un peu d’histoire

 

Depuis 15 avril 1914, date à laquelle on découvre l’or noir au Venezuela, ce pays a été sous le contrôle des Etats-Unis qui profitait des richesses de ce butin avec la complicité d’un petit secteur d’environ 15% de la société native dont une partie sont les migrants du XXI e siècle. Cette situation maintenait 80% de la population dans l’ignorance et la pauvreté. A force de dictatures soutenues par l’empire, cette situation s’est maintenue jusqu’à la fin des années 50. Le 31 octobre 1958, face à l’instabilité politique  croissante due au discrédit des dictatures, les 2 principaux partis politiques, le COPEI (Comité d’ Organisation Politique Electoral Indépendant) de tendance social-chrétienne et AD (Action Démocratique) de tendance social-démocrate signent le Pacte de “Punto Fijo”. Avec ce jeu d’alternance pour que rien ne change approuvé par l’empire, ils lavaient la face du pillage et laissaient en même temps le parti communiste naissant en dehors de l'accord. La pauvreté n'a pas été résolue.

 

La situation s’aggrave avec l’arrivée du néolibéralisme et tout explose sous la présidence de Carlos Andrés Pérez en 1989. Le “Caracazo” éclate, plus de 3 000 morts dans les rues, en 3 jours.

 

En 1992 Hugo Chávez dirige un soulèvement civil et militaire qui échoue. Il est emprisonné pendant 2 ans et en sortant, il discute avec ses camarades de « que faire? »

Chávez insiste sur la fait qu’il faut lutter pour une issue démocratique. En 1998, il gagne largement les élections et prête serment sur « cette Constitution moribonde. » Il propose un referendum constitutionnel qui donne naissance à une nouvelle Constitution nationale, populaire et révolutionnaire destinée à mettre les richesses du pays au service du peuple. La guerre qui se poursuit aujourd’hui commence.

 

Les péchés du chavisme

 

En 2001, le président Bush se rend au Sommet des Amériques, à Québec, au Canada. Dans ses bagages, il apporte l’accord de l’ALCA, un nouveau système de néo-colonisation  du continent. 32 présidents de notre région sur 33 disent « oui ». Le seul qui dit « non » est Chávez. Cet accord devait être approuvé à l’unanimité, par conséquent, il n’est pas approuvé. Ensuite, en 2005 à Mar del Plata, avec Néstor Kirchner, Lula, Nicanor Duarte Frutos et le soutien de Fidel, cette initiative est enterrée définitivement.

 

En outre, le Gouvernement bolivarien met en oeuvre plus de 34 programmes au bénéfice de la population et prend le contrôle de PDVZA, la principale compagnie pétrolière du pays.

 

Chávez décide de vendre du pétrole subventionné aux pays d’Amérique Centrale pour faire diminuer leur dépendance, prend des initiatives pour unir la région et collaborer avec les pays d’Amérique du Sud. Il aide l’Argentine à sortir d’une grosse crise en lui vendant du pétrole en 2003, quand tout le monde refusait de lui en vendre.

 

Il crée Telesur pour que les sans-voix aient une voix et « Allo, Président » tous les dimanches pour avoir un contact direct avec le peuple. Il revitalise l’OPEP. Chávez devient un dirigent  planétaire du nouveau monde multipolaire, un héros des pauvres, le Président qui parle le langage du peuple et comme si cela ne suffisait pas, il dirige une révolution qui, pour. la première fois, a des ressources. Tout un problème pour le bloc anglo-saxon et ses associés.

 

L’empire et la droite vénézuélienne font tout ce qu’ils peuvent pour se libérer du « mal. » Un coup d’Etat, le 11 avril 2002, l’enlèvement de Chávez. Près d’être fusillé, Chávez est sauvé parle secteur démocratique des forces armées et par le peuple et il est ramené à Miraflores.

 

Ensuite, de sanctions de toutes sortes, de la diffamation. Le 5  mars 2013, il meurt d’un cancer inconnu. Un jour, on saura la vérité. L’empire se frotte les mains: il pense qu’ils en ont fini avec  le mal. Un mois plus tard, lors d’élections transparentes, Nicolás Maduro est élu président en battant Enrique Capriles. Le chauffeur de bus, nous le mettrons rapidement au pas, pensent-ils. En 2014, ils organisent les “guarimbas” qui font plus de 35 morts dans les rues mais échouent. Les sanctions augmentent. Les Etats-Unis confisquent CITGO, la principal e compagnie pétrolière du Venezuela qui possède plus de 40 stations-service aux Etats-Unis. Le Royaume Uni volent l’or déposé dans les banques de Londres. En 2017, après avoir gagné les élections législatives, is inventent un président délégué Juan Guaido. En 2018, ils tentent à nouveau d’assassiner le président de la République, Nicolás Maduro. En 2019 toute la bande vénézuélienne, Juan Guaido, Leopoldo López, Enrique Capriles, María Corina Machado et compagnie, avec le Département d’Etat, certains présidents de la région et la complicité particulière du Gouvernement colombien, tente un nouveau coup d’Etat et une invasion qui échouent également.

 

En bref, c ici est l’histoire qui a précédé les élections du 28 juillet que le président Maduro gagne pour la troisième fois. Même s’il a obtenu moins de voix qu’aux élections précédentes, il conserve un ferme noyau dur qui le soutient.

 

Le peuple vénézuélien a beaucoup souffert, le prix de l’indépendance et de la souveraineté est élevé.

 

L’empire ne cesse pas de l’attaquer. Aujourd’hui plus que jamais, il a besoin des richesses du Venezuela pour soutenir un système en déclin.

 

On ne peut terminer cet article sans évoquer la réaction de l’éventail politique en Argentine, avec quelques exceptions  face aux élections de dimanche dernier. Au-delà du rôle honteux et dangereux du Gouvernement du pays qui agresse un pays frère et du fait que certains de ses ministres et de ses collaborateurs participent aux manifestations devant l’ambassade du Venezuela en Argentine, il y a les déclarations de nombreux dirigeants  du soi-disant camp national et populaire.

 

Des dirigeants qui ont gardé le silence pendant presque 8 mois face au désastre que vit notre peuple et l’aliénation de la nation, se font entendre aujourd’hui pour réclamer que les procès-verbaux soient montrés au Venezuela. Sincèrement, leur couardise et leur opportunisme font pitié! Les centaines de milliers de chômeurs, les millions de pauvres, presque 60 %, en étant prudent, ni les usines qui ferment tous les jours, ni les milliers de personnes qui dorment dans la rue cet hiver, ni la cession des Malouines que ce Gouvernement est en train de faire ne l’es émeut  mais ils viennent réclamer les procès-verbaux, ils n'ont aucune honte. Et dire que certains d'entre eux ont reçu des millions de voix lors des dernières élections.

 

Enfin, et pour en revenir au Venezuela, le travail initié par le Comandante Chávez, inspiré par Bolívar et San Martin, sera garanti si, comme tout l'indique jusqu'à présent, l'unité des forces armées patriotiques et leurs liens étroits avec le peuple mobilisé restent fermes.

 

Le problème du Venezuela, ce n’est pas les procès-verbaux mais le fait qu’il a défié le pouvoir de l’empire. En bref, l'épine dans le pied de l'empire, c'est le pétrole et l'exemple que malgré tout, c’est possible.

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/08/04/venezuela-el-conflicto-en-venezuela-no-son-las-actas-sino-los-actos/

URL de cet article:

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/08/venezuela-le-probleme-ce-n-est-pas-les-proces-verbaux-mais-les-actions.html