Venezuela: Le visage du fascisme du Venezuela à l’Europe
Par Geraldina Colotti
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Imaginez un vol à destination d'un pays européen annulé et des passagers logés dans un hôtel au Venezuela. Imaginez une rencontre fortuite avec une dame aux traits caribéens, qui vit depuis des décennies dans une ville européenne, inquiète de ne pouvoir donner à sa famille des réponses sûres sur la date de leur retour. Et imaginez une conversation entre deux femmes, la première montrant une photo de ses fils et la seconde, se demandant, en tant que journaliste, à quel groupe politique appartient la dame : une Vénézuélienne d'une zone riche du pays, scène de récents troubles post-électoraux, qui est rentrée pour voter. Et la conversation est intéressante.
Il apparaît que la vénérienne fait partie des « commando » qui agisse entre l'Europe et son pays, et qui a répondu, dit-elle, à « tout », ce que les groupes extrémistes, du Venezuela, lui demandaient de faire : depuis la collecte de médicaments en en privant, « ces malades du cancer qui n’en avaient plus besoin » ou de celle de l'argent qui ne serait certainement pas utilisé pour des traitements, mais pour organiser des violences et des coups d'État, pour la propagande et qui sait quoi d’autre.
Il n'y a eu quelques doutes que quand, à l'époque d'Oscar Perez, qui a voulu tenter un coup d'état en 2018, « une personne qui est revenue ensuite dans l'ombre » lui a demandé de s'impliquer plus. Maintenant, elle regrette que le « sacrifice » de Perez n'ait servi qu'à faire se révolter les militaires. « qui, dans les grades inférieurs, affirme-t-elle, sont tous avec nous, mais pas les hauts gradés, parce qu'ils sont avec Padrino et Diosdado. »
La femme se considère comme une antichaviste de la première heure. Comme beaucoup d'opposants, elle pense qu'elle a été pénalisée « parce que Chávez a exproprié la terre et les usines et a conduit le pays à la ruine. » Une croyance très implantée dans sa famille, mais avec certaines exceptions parmi la descendance. Aux dernières élections européennes, le vote de cette dame qui a la double nationalité, a été pour l'extrême droite. Et là, les choses sont claires en considérant l'admiration de Machado pour la tronçonneuse du sombre Milei et pour les politiques génocides du bourreau Nétanyahou.
Ce qui, en revanche, commence à s'embrouiller dans la tête et dans le discours de la femme, ce sont les faits, les acteurs et les consciences développées par son équipe politique après la victoire de Maduro aux élections. Face à elle, la journaliste a un discours qui est un produit du « trumpisme », un mélange de « négationnisme » et de théorie de la conspiration dans laquelle le chavisme est la quintessence de tous les maux et les « commandos » sont les sauveurs du bien, transformés en anges.
La violence ? Déchaînée par Maduro Kipé, les « collectif » pour qu'ils en rend de responsable les petits anges. Les confessions ? La même version « négationniste ». Les vidéos des commandos pour pouvoir toucher la somme fixée ? Les collectifs de Maduro qui se sont retournés contre lui. Et quand la logique s'oppose au fanatisme en répliquant, par exemple, que l'un des principaux organisateurs de la campagne de « Edmundo » à été aussi, un pyromanes des commandos, eh bien, «comment ne pas comprendre la colère de ceux qui se sont vu voler les élections ? »
La dame rappelle que « avec Capriles, il s'était déjà passé la même chose. Mais ensuite, ils l'ont acheté et on n’a pas pu continuer. Et Guaidó avait beaucoup de ressources mais peu d'expérience. » La journaliste ne peut insister davantage pour ne pas se trahir. Au contraire, elle mettra sous le nez de l'opposante des messages de haine et de menaces diffusés sur les réseaux sociaux et des photos de chavistes signalés comme des cibles. Cela se passe aussi en Europe. Mais sur ce point, l'opposante ne peut mentir. Son expression parle pour elle, en à peine quelques minutes, elle est passée de l'amour pour ses enfants et ses petits-enfants à une haine qui lui déforme le visage.
« Nous avons vu le visage du fascisme, », a dit le président Maduro aux journalistes internationaux. En cachant les raisons du peuple et en mettant l'accent sur les escroqueries des putschistes ou en leur laissant le micro ouvert, les médias aplanissent le chemin vers le fascisme en glorifiant ses masques pour contrecarrer le socialisme du Venezuela jusqu’en Europe. L'opposante dit que depuis l'Europe où l’extrême-droite vénézuélienne est très agressive et soutenue, elle demande chaque fois qu'on diffuse plus de vidéos sur les réseaux sociaux, et que pour cela « trois professionnels qui sont à présent au Mexique sont venus. »
La femme se prête à diffuser des légendes urbaines, comme celle d'un super témoin de la soi-disant « fraude » chaviste qui a soi-disant été éliminé. Le développement des réseaux sociaux a favorisé le marché de mercenaire digitaux. Ils agissent en échange d'une rémunération et diffusent de fausses informations de caractère politique et social à travers des comptes anonymes ou des médias fictifs pour manipuler les élections et les opinions ou les influencer.
Les attaques répétées contre des sites, décompte des plates-formes d'informations de gauche, indique l'ampleur du jeu mondial qui se joue contre le « laboratoire » bolivarien. Depuis “la iguana tv”,jusque’à “Con el Mazo dando”, l'émission à succès de Diosdado Cabello, qui a été supprimée de YouTube après avoir dépassé les 100 000 adeptes.
Il faut rappeler qu'au Mexique, l'extrême droite à de solides bases de soutien comme on l'a vu pendant les dernières élections présidentielles quand elle a cherché à influer sur le vote en présentant des statistiques frelatées. Mais il faut rappeler les antécédents. Trois semaines après la défaite de Jair Bolsonaro aux élections brésiliennes gagnées par Lula, le 19 novembre 2022, Eduardo Bolsonaro, (son fils) s'est rendu à Mexico pour participer à la première répétition de la conférence d'action politique conservatrice (CPAC), la conférence annuel des conservateurs étasuniens, qui, cette année, a déjà célébré la victoire de Trump en février.
Pendant que se préparait le coup d'état au Brésil, le député d'extrême droite s'est consacré à renforcer des alliances avec les gens de sa tendance en Amérique latine, aux États-Unis et en Europe pour diffuser la fausse théorie de la fraude aux élections présidentielles brésiliennes.
Le schéma présenté alors par Bolsonaro était très similaire au cirque de l'extrême droite vénézuélienne. Il l’a hérité de Steve Banon, un stratège médiatique de Trump, idéologue de l'internationale nationale-populiste qui, à présent, purge quatre mois de prison pour l'attaque du Capitole, le 6 janvier 2021. Dans un appel vidéo, Banon, a mis en doute la crédibilité du vote électronique mis en place, dit-il, pour voler les élections, parce que « s’il n'y pas de vote sur papier, il n'y a pas de preuve d'identité. »
Une rumeur sensationnaliste comme tous les contes anti scientifiques que diffusent les partisans de Trump pour construire un mode à l'envers. Et, en fait, comme l'a analysé en détails le président de l'Assemblée nationale vénézuélienne, Jorge Rodriguez, sur la page de l'opposition qui prétend être plus précise que le décompte électronique, il y a d'infinies et grossières falsifications en commençant par le vote de morts comme sous la IVe République.
Lors de cette convention internationale ultra-conservatrice, il s'agissait d'accréditer un candidat d'extrême droite pour les élections au Mexique prévues pour l'année suivante, Eduardo Verástegui, acteur et anti-avortement, ancien conseiller de Trump, qui cependant n’a pas réussi à recueillir les signatures nécessaires pour lancer sa candidature.
Comme d'autres tentatives pour renverser « le péril rouge, » renouvelé par l'impérialisme au XXIe siècle, la conférence d'action politique conservatrice (CPAC) a été créée en 1973, mais renforcée relancé par Ronald Reagan dans les années 80, et s'est étendu à « Israël », la Corée-du-Sud, le Japon, l'Australie, l'Amérique latine et l'Europe. Sa figure centrale est Eduardo Bolsonaro à qui les États-Unis ont attribué la tâche de créer des liens entre l'extrême droite européenne et l'extrême droite latino-américaine et d'organiser leurs puissants centres d'études et de propagande.
En 2020,Santiago Abascal, le chef du parti d'extrême droite espagnol, Vox et la fondation Disenso ont créé le forum de Madrid, une alliance internationale « destinée à freiner l'avancée du communisme » et à contrecarrer l'activité d'anciens présidents, de partis progressistes et de mouvements sociaux comme le forum de Sao Paulo ou le groupe de Puebla.
En 2021, le parti Vox a utilisé 100 000 € de fonds publics du ministère de la culture espagnol pour financer un documentaire–« Démasquer le forum de Sao Paulo »–contre le président, Lula et destiné à accuser la gauche brésilienne de fraude.
En février 2019,1 mois, après que Jair Bolsonaro ait été élu président du Brésil, Steve Banon a nommé Eduardo Bolsonaro représentant sud américain du Mouvement, une alliance de politiciens ultra-conservateurs créée pour soutenir le nationalisme et rejeter l'influence du mondialisme. »
Un mois auparavant, en janvier 2019, avait déjà été mise en marche au Venezuela, la farce du « président par intérim », auto-proclamé, Juan Guaidó. Une stratégie utilisée, depuis, pour détourner des fonds publics destinés au peuple vénézuélien. Une tendance qui se poursuit.encore, est de financer les « migrants vénézuéliens. » En utilisant des fondations et des O.N.G. liées à l'opposition, la droite vénézuélienne, a réussi à capter une grande partie de l'argent fourni par les États-Unis et leurs alliés européens.
L'opposant vénérienne a raconté à la journaliste. Comment est structuré cette escroquerie en Europe, avec l'apport de nombreuses paroisse, qui trompent les fidèles, avec un récit toxiques sur la « crise humanitaire provoqué par le dictateur Maduro. » De cette façon, le pouvoir médiatique des innombrables plateformes « indépendantes » qui, en réalité diffusent le même schéma fixé par les grands monopoles au niveau mondial, a pu s'alimenter et croître.
Mets l'opposante montre qu'elle a très clair à l'esprit le fait que « Edmundo souffre d'un cancer et que la véritable présidente sera Maria Corina qui a beaucoup de soutien au niveau international. » Elle confirme aussi ce que Machado avait dans l'esprit depuis le début–tenter un coup d'état–en racontant à la journaliste comment, quelques jours avant le vote, dans sa région, « on avait acheté tout ce qui est possible sur le conseil de certains chavistes qui travaillaient apparemment pour le Gouvernement mais en réalité étaient avec nous. »
Peindre un monde à l'envers présentant des reconstruction plausible mais qui ne sont pas certain. C'est l'objectif des appareils de contrôle idéologiques et de leurs puissants terminaux dans les grandes institutions internationales. La composition du parlement européen (en majorité de centre-droite et d'extrême droite) combinée à l'inconséquence des élus de gauche plus enclins à défendre les démocraties déguisées que les démocraties réelles (le socialisme) ouvrent le micro à des individus sombres et discrédités, comme cette dame colombienne d'extrême droite, Maria Fernanda Cabal (du Centre Démocratique d’Uribe).
Cabale, qui fait partie de la nouvelle internationale noire, animée par Bolsonaro et Mille, a demandé au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, d'envoyer les casques bleus au Venezuela, « pour protéger la population civil des atrocités. » Il est dommage que ce soient les bandes de mercenaires, version "commandos", qui aient attaqué les militants et les lieux publics.
« Nous avons gagné, parce que les gens le pensent, », a déclaré Maria Corina Machado la veille des élections présidentielles. L'opposante vénézuélienne raconte à la journaliste. que, la veille des élections, dans sa région, les « commandos » se sont réunis avec leurs dirigeants en attendant une nouvelle imminente pour tous : celle de la fuite du « dictateur », Maduro, qui avait accepté l'offre « généreuse » de Machado, d'un sauf-conduit pour lui, sa famille et son cercle politique le plus proche. « Nous l'attendions, dit la femme, seulement au dernier moment, Cabello a réussi à s'imposer et ils ont ainsi organisé la fraude. » Toujours lui, le capitaine Diosdado haï, la bête noire de l'opposition dont il démasque les défauts et les plans chaque semaine. Et pour cela, il faut obscurcir son émission, tenter de brûler les membres de sa famille.
Baser les « sondages », non sur les faits mais sur des « perceptions » est aussi un schéma très utilisé, en tenant compte du poids des réseaux sociaux dans la construction de ce qu'on appelle l'opinion publique, en particulier parmi les jeunes. Eduardo Bolsonaro et son réseau ont signé un accord de coopération avec les conservateurs étasuniens également en ce sens pour échanger des connaissances », sur les stratégies de propagande à adopter.
Derrière l’extrême-droite vénézuélienne se trouvent les mêmes groupes de réflexion, les mêmes acteurs que ceux qui ont dénoncé la fraude aux États-Unis, au Brésil, en Bolivie, au Mexique ou au Venezuela. Ce n'est pas un hasard si le magnat de l'Internet Elon Musk, partisan de Trump et de ceux qui le suivent en Amérique latine, est entrée dans la bataille avec tout son poids.
La plupart des personnes arrêtées pour un délit au Venezuela, bien qu'elles fassent partie des « commandos » ont déclaré qu'elles n'avaient pas voté. Une tendance très répandue parmi les jeunes de la classe moyenne comme ceux avec lesquels la journaliste a eu l'occasion de parler, alors qu’elle était dans un hôtel de première catégorie, attendant de partir pour l'Europe. Tous, cependant, fermement convaincus de la fraude chaviste contre « Edmundo et Maricori. »
C'est le jeune de 23 ans, qui parle à voix haute sur son téléphone, gesticule et demande de partager la conversation avec son interlocuteur. Il dit qu'il étudie (grâce à l'école publique) comme expert en réseaux sociaux. Sa famille est une famille de journalistes qui a grandi dans l'école de RCTV, la station active dans le coup d'Etat contre Chávez en 2002, et pense qu'avec l'arrivée de Chávez, « le pays s'est effondré. »
Il n'a pas voté, mais il est convaincu que « dans le chavisme, tout peut être acheté » et que, pour avoir des droits, il faut payer. « La majorité de ceux qui ont été arrêtés, affirme-t-il, ont déjà été remis en liberté après avoir payé un juge ou un militaire, grâce à de bons contacts. Au Venezuela, dit-iI, même pour éviter une amende dans la rue, il suffit de payer. » Cela lui est-il arrivé, à lui ? Non, mais on le lui a dit.
Mais la propagande impérialiste a aussi réussi à avancer dans les secteurs populaires. Les votes obtenus par l'extrême droite, l’indique. Le sourire du serveur embauché, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui vit dans un quartier populaire, s'élargit à la vue d'une Européenne à servir : « Tu verras, dit-il, quand je reviendrai la prochaine fois, les choses iront mieux ». Et pourquoi ? « Parce qu'avec la victoire de Maria Corina, les Américains seront bientôt là. »
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