Venezuela: Pressions pour une issue négociée
Par Boyanovsky Bazan
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Même sans connaître les données officielles désagrégées, alors que le site web du Conseil national électoral (CNE) est en panne et que les deux secteurs en lice revendiquent chacun la victoire aux élections du 28 juillet au Venezuela, la situation post-électorale commence à inquiéter les principaux acteurs internationaux, qui misent sur une « issue négociée", tandis que le gouvernement de Nicolás Maduro s'accroche à l'idée que sa victoire déclarée le maintiendra au pouvoir pour un nouveau mandat.
Les Gouvernements du Brésil, de la Colombie et du Mexique ont demandé de nouveau dans un communiqué conjoint au CNE de publier les résultats détaillés et et on insisté pour qu’on « permette la vérification impartiale en respectant le principe fondamental de la souveraineté populaire; » Après une réunion virtuelle de leurs chanceliers, les Gouvernements de Lula Da Silva, Gustavo Petro et Andrés Manuel López Obrador ont à nouveau appelé instamment les acteurs politiques et sociaux du pays à exercer « la plus grande prudence et la plus grande modération dans les manifestations et les événements publics et les forces de sécurité à garantir le lien exercice de ce droit démocratique. »
Le communiqué s’achève sur un élément clef: il affirme que ces Gouvernements poursuivront « des conversations de haut niveau (…) Et ils réaffirment être prêts à soutenir les efforts de dialogue et de recherche de compréhension qui contribueraient à la stabilité politique et démocratique du pays. »
Maduro lui-même a reconnu être « dans l’attente » d’une conversation avec les 3 présidents. « Espérons qu’elle aura lieu, » a-t-il dit et il a affirmé que son téléphone est allumé « 24 heures sur 24. »
L’idée d’une médiation entre Maduro et l’opposition pour une « issue négociée » a été diffusée au début de cette semaine par le journal El País d’Espagne et rapidement reprise par les Etats-Unis et l’opposition dirigée par María Corina Machado. Sans que cette possibilité ne soit démentie ni confirmée, le Gouvernement des Etats-Unis l’a donnée pour acquise. Le chargé du département d’Etat pour l'Amérique latine suppléant, Mark Wells, a signalé que les Etats-Unis sont « en faveur du dialogue. » En outre, Wells a affirmé que son pays considère comme vainqueur le candidat d’opposition, Edmundo González Urrutia, en se basant sur les procès-verbaux diffusés par son parti politique à partir de la semaine dernière sur un site qui affirme à présent avoir publié 81% du total, ce qui confirmerait sa soi-disant victoire par 67% contre 30%. « Nous avons examiné ces preuves et déterminé qu’il aurait été presque impossible de falsifier les décomptes qui ont été collectés et, de plus, rapidement, » a déclaré Wells.
Machado elle-même considère que cette initiative pourrait « effectivement réussir à établir les termes d’une négociation claire, ferme et efficace » et elle a estimé que les dirigeants des 3 pays « ont un canal de communication avec le régime que es autres n’ont pas. » Mais, évidemment, elle met en évidence le fait que toute négociation « sérieuse et favorable » devra « respecter l’exercice de la souveraineté populaire qui s’est exprimée e dimanche 28 juillet. » Pour elle, cela signifie que « Edmundo González Urrutia a effectivement gagné de façon écrasante. »
Pour sa part, l’Union européenne considère comme importante la médiation des 3 pays et demande à nouveau « une vérification indépendante des procès-verbaux, » selon les termes employés par le chef de sa politique étrangère, Josep Borrell.
Cette stratégie évidente dirigée par les Etats-Unis est destinée à instaurer l’idée que Maduro a perdu, que les chiffres que le CNE a diffusés et ensuite confirmés (Maduro 51,95%; González Urrutia 43,18%) ne peuvent être corroborés et que la seule possibilité qui lui reste est de s’asseoir pour négocier avec l’opposition la reine du pouvoir dans une transition pacifique et dans k’ordre.
C’est une initiative très différente de celle, ratée, de Juan Guaidó en 2019, quand le député s’était érigé « président par intérim » parce qu’i était alors élu à l’Assemblée nationale et qu’il n’a pas pu exercer une autorité malgré les millions de dollars dont il disposait grâce au Gouvernement de Donald Trump.
La proposition du président du Panama, José Raúl Mulino, qui a offert l’asile politique à Maduro ainsi qu’aux fonctionnaires chavistes pour résoudre la crise au Venezuela peut être vue dans. le même cadre. « Si c’est la part que le Panama peut apporter pour résoudre cela en mettant notre sol à disposition pour que ce monsieur et sa famille quittent le Venezuela, le Panama le ferait, sans aucun doute, » a-t-il déclaré dans une interview accordée à CNN au cours de laquelle il s’est également offert comme faciliteur dans cette crise et a convoqué un sommet qui pourrait avoir lieu. la semaine prochaine en profitant de l’investiture du président Luis Abinader en République Dominicaine.
Le président Maduro, comme on s’y attendait, a rejeté cette proposition et a trouvé derrière elle la main du Gouvernement des Etats-Unis auquel il a demandé « le respect » et un mémorandum d’accord « pour 50 ans ». Il a déclaré à la télévision d’Etat que Mulino lui a envoyé un message lui, disant de « compter sur lui » et lui promettant que les relations entre le Venezuela et le Panama seraient rétablies, mais qu'il avait ensuite reçu la visite de la chef du Commandement Sud des États-Unis et qu'après une réunion, il « s'était déchaîné » pour convoquer le sommet. L'Amérique latine et les Caraïbes lui ont unanimement répondu (à Mulino):: « Qui es-tu, compère ? Tu as fait une erreur, tu n'as pas le pouvoir de convoquer un sommet", a assuré le Vénézuélien.
Un large groupe de dirigeants politiques et des droits de l’homme de la région parmi quels le prix Nobel de la Paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, l’ancien président du Honduras, Manuel Zelaya, et l’ancien président de la Bolivie, Evo Morales, a exprimé son soutien au Gouvernement bolivarien du Venezuela et condamné ce qu’il appelle une tentative de « coup d’Etat » de l’impérialisme contre Nicolás Maduro.
Un communiqué qui porte la signature de « plus de 300 intellectuels, écrivains, journalistes, dirigeants politiques et activistes reconnus, » dit qu’après « l’élection présidentielle historique du 28 juillet qui a consacré la victoire de Nicolás Maduro Moros pour un troisième mandat, l'opération de déstabilisation de l'impérialisme planifiée et mise en œuvre avant, pendant et après les élections, s'est intensifiée au Venezuela. »
Ce texte signale que « les actes de violence et de vandalisme qu’on a pu voir à a télévision et sur les réseaux sociaux démontrent que les accusations de fraude contre le Gouvernement de Maduro et le Conseil national électoral ne sont que la partie émergée de l’iceberg d’un vaste plan de déstabilisation qui, en dernière instance, justifierait même une intervention militaire étrangère. »
En outre, il appelle « toutes les forces démocratiques de la région et de la communauté internationale » à « dénoncer, répudier et condamner énergiquement toutes les tentatives de « coups d’Etat » contre la République bolivarienne du Venezuela soeur . »
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