Venezuela: Proposition de protocole d’action contre les menaces
Par María Fernanda Barreto
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Dans le contexte de cette tentative de coup d’Etat au Venezuela qualifié par le Président Nicolás Maduro de « coup d’Etat cyber-fasciste », diverses actions à but terroriste ont eu lieu sur e territoire national, actions qui ont été contrôlées avec succès grâce à la coordination civile, policière et militaire caractéristique de la Révolution Bolivarienne.
L’histoire nous montre que, pendant des moments de crise profonde du capitalisme, le fascisme s’accentue et devient plus populaire. C’est pourquoi il n'est pas surprenant que des arguments et des actions auparavant inimaginables dans notre Amérique en général, et au Venezuela en particulier, aient atteint des proportions massives.
Cette tentative de coup d’Etat au Venezuela s’est accompagnée de matrices médiatiques cherchant à présenter l’Etat vénézuélien comme un Etat qui viole les droits de l’homme parce qu’il arrête ceux qui exécutent, coordonnent et organisent ces actes de violence. A cette guerre de la communication, il faut opposer la dénonciation avec de multiples preuves d’actes criminels contre des militants de la Révolution Bolivarienne traversées par le racisme et le classisme qui les caractérisent, les attaques contre les services publics et les infrastructures vitales comme les hôpitaux, les centres de diagnostic intégral, les écoles publiques, les centres de collecte, entre autres, ainsi que l’utilisation d’armes à feu par les groupes qui ont participé à ce plan qui a causé tant de dégâts au pays la semaine dernière et qui ne représentent pas la majorité des plus de 4 000 000 de Vénézuéliens qui ont décidé de voter pour la candidat d’extrême-droite Edmundo González mais dont on peut supposer que la plupart veut la paix et la souveraineté du pays.
Comme nous l’avons dénoncé, ces violences sont allé au-delà des traditionnelles opérations terroristes de contrôle territorial connues au Venezuela sous le nom de “guarimbas”. Celles-ci ont été exécutées depuis 2004 et la para-militarisme et le trafic de drogues y ont été directement présents ainsi que dans l’organisation et l’entraînement des groupes qui les ont mises en oeuvre.
Mais ces acteurs sont aujourd’hui plus secondaires que jamais car cette fois, il est évident que les Etats-Unis, Israël et le millionnaire sioniste Elon Musk en personne dirigent cette tentative de coup d’Etat d’un nouveau type qui ne se limite pas à chercher le soutien, que malheureusement il n’a pas obtenu, des militaires et de la police mais est multidimensionnel et, dans la mesure où il a été vaincu sur le terrain par le Gouvernement, le peuple vénézuélien, sa force armée et sa police nationale, ceux-ci vont essayer d’augmenter leurs pressions dans le domaine de la politique internationale, de la communication et de l’informatique.
Pour nous défendre contre tout cela et mieux organiser notre territoire, nous avons publié il y a 4 ans un « manuel pour défendre notre Révolution depuis notre communauté » que nous avons actualisé et auquel, à présent, nous avons décidé d’ajouter cette proposition.
Nous pensons qu’il est important de signaler que les menaces qui se sont multipliées ces derniers jours contre des sympathisants, des militants et des membres de leur famille font surtout partie d’opérations psychologiques et qu’en ce moment, la plupart d’entre elles apparaissent sur les réseaux sociaux, dans une grande mesure faites par des bots et non par des personnes. Leur finalité est de provoquer la peur pour désactiver la résistance à cette opération politique et militaire et faire pression sur les militaires et les policiers.
C'est pourquoi, sur la base de l'expérience acquise par le peuple colombien et de ce qui a été réalisé récemment au Venezuela face à ce type d'opérations, nous présentons cette "Proposition de protocole d'action face aux menaces personnelles contre les sympathisants et les militants de la révolution bolivarienne", qui inclut également ceux qui les reçoivent uniquement parce qu'ils sont des membres de leur famille ou des proches, et qui se trouvent à l'intérieur ou à l'extérieur du pays.
Ce protocole peut également être utilisé par des révolutionnaires internationalistes menacés par des fascistes de leur pays parce qu’ils soutiennent publiquement le Venezuela en ce moment difficile.
Comme tout ce manuel, ce protocole est ouvert au débat, aux observations et aux propositions, car il fait partie d'un exercice d'investigation participative.
- Rester calme.
Rappeler que nous sommes en train de vivre une attaque informatique, et que la plupart de ces menaces sont seulement des opérations psychologiques, raison pour laquelle il faut analyser les faits avec calme, et si c'est possible collectivement pour peser leur gravité réelle.
En ce moment, la menace n'est presque toujours qu’un acte d'intimidation et celui qui la fait (si ce n'est pas un robot) n'a pas habituellement la capacité réel de la concrétiser parce que son objectif principal est de provoquer la panique ou d'obtenir sans beaucoup d'efforts un paiement illicite pour avoir diffusé cette sorte de messages violents.
2. Collecter des preuves de la menace
Réaliser des enregistrements audio, des vidéos, des photographies ou des captures d'écran. noter le jour, l'heure et le canal par lequel la menace a été reçue. Dans le cas des réseaux sociaux, après avoir enregistré la menace, signalé et ensuite bloqué la ou les personnes qui ont envoyé la menace, qu’on ait ou non confiance dans le fait que le réseau social y donnera suite, cette procédure nous apportera une certaine tranquillité d'esprit et créera un précédent contre l'utilisateur qui a proféré la menace.
Si la menace a été faite en privé, sans témoin ni moyen de la rapporter, il est important de prendre un moment pour écrire un récit détaillé des faits qui comprenne ces données de base : qui a fait la menace, où, quand, comment et pourquoi (les arguments donnés ou les supposés par celui qui la dénonce.)
3. se rendre devant les organismes compétents pour déposer une plainte avec tout ce qu'on a rassemblé antérieurement.
Dans le cas du Venezuela, ces organismes sont : le ministère public, le corps d'enquête scientifique, pénale et criminalistique (CICPC) et la police nationale. On peut utiliser aussi dans le pays l'application « VenApp » comme l'a dit le président Maduro. Il est important de rappeler qu'il faut garder la preuve de cette plainte.
Le ministère public pourrait mettre en place en faveur de ceux qui dénoncent des mesures de protection de masse étendues aux membres de leur famille en désignant comme responsables les dirigeants fascistes qui ont encouragé la violence.
4. Élaborer un document de dénonciation publique pour le distribuer dans le pays et à l’étranger.
Cet écrit détaillé doit contenir un profil politique de la personne qui a été menacée, l'identité connue ou présumée de celui qui l'a menacée, la date et l'heure, la façon dans les faits se sont produits et le lieu précis où ils se sont produits. C'est pourquoi si la menace n'est pas arrivée par des canaux virtuels, il est important que les données du lieu comprennent la ville, la municipalité, l'état et le pays dans lequel elle s'est produite.
Les faits doivent être ordonnés de façon chronologique et l'écrit doit comprendre les demandes (ou les exigences dans le cas de personnes qui vivent hors du Venezuela, dans des pays avec des institutions contraires aux intérêts du peuple et à la défense des droits de l’homme) faites aux organismes nationaux compétents et aux autorités responsables et dans certains cas aux organismes internationaux. Ce texte doit s'achever en lançant un appel public à la solidarité.
5. Protection personnelle ou collective.
Selon la gravité des faits et si on estime qu'il est réellement possible que la menace soit mise à exécution, la personne doit changer ses habitudes, ses trajets habituels, son profil public, et même quitter temporairement son lieu de résidence, sa municipalité ou sa ville. Cela doit être évalué soigneusement car si changer de territoire implique l'arrêt du travail politique, ce peut déjà en soi être une victoire rapide pour celui qui menace, dont le principal objectif est de saper la capacité de résistance du peuple.
De plus, si on vit dans une communauté avec laquelle on a beaucoup d'affinités, bien organisée ou simplement qui fait partie d'un travail politique solide, ce peut-être cette convivialité collective qui garantira le plus efficacement la protection de la personne menacée et l'arrêt de la menace, c'est pourquoi la briser pourrait constituer la pire erreur.
6. Se détendre sans se négliger, protéger sa santé mentale.
Il est important de prendre le temps, aussi vite que possible, de se détendre, de communiquer avec les êtres qui nous sont chers et les camarades et de les voir. Réaliser des activités qui motivent la réflexion et génèrent des émotions positives, comme lire, écouter de la musique, jouer, voir un film et garder la possibilité de penser et de sentir de façon autonome en rencontrant ceux qui nous entourent. C'est la première défense face aux agressions dont le premier objectif est de terroriser pour déshumaniser et rompre le lien social.
Il faut insister sur le fait que celui qui menace commence par exercer une pression psychologique avant d'exécuter une attaque réelle, à cause de cela, soigner sa santé mentale pour continuer à résister et à lutter le temps qu'il faudra sera la première Victoire.
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