Venezuela : Quelques questions et une certitude
Par Carmen Parejo Rendón
Traduction Françoise Lopez, pour Amérique latine-Bolivar infos
Les élections présidentielles au Mexique ont eu lieu le 2 juin dernier, mais bien que l'institut national électoral (INE) ait déjà rendu public l'avantage obtenu par Claudia Sheinbaum face à Xóchitl Gálvez et Jorge Álvarez Máynez, ce qui est sûr, c'est que, selon les lois mexicaines, après les élections, il doit y avoir plusieurs processus et plusieurs vérifications avant que, comme c'est arrivé ces jours-ci, le tribunal électoral du pouvoir judiciaire de la fédération (TEPJF) ne valide l'élection et n'accorde un certificat de majorité au candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix.
Ce processus a été retardé de deux mois à cause, essentiellement de deux raisons : d'une part, les accusations présentées par la candidate Xóchitl Gálvez et les partis PRI, PAN et PRD et d'autre part, parce que le décompte total de tous les bureaux de vote devait être rendu public.
Le fait que chaque pays établisse des paramètres dans ses lois pour ses élections est quelque chose d'habituel et, en outre, c'est une garantie pour n'importe quel processus.
C'est pourquoi nous devrions nous demander : pourquoi exige-t-on du Venezuela les procès-verbaux et les données officielles complètes avant que le délai que sa loi lui impartit pour qu'ils soient présentés ne soit écoulé ? Pourquoi personne ne semble tenir compte du fait qu'il s'est produit une attaque informatique massive et que cet élément a influé logiquement sur le retard de l'accès des données sur le réseau ?
Et aussi pourquoi cette situation a-t-elle pris un caractère international dans lequel tous semblent croire avoir le droit de donner leur avis et même d'exiger par-dessus les lois vénézuéliennes ?
Premièrement, pendant des mois, aussi bien Maria Corina Machado que son candidat Edmundo Gonzalez ont fait une campagne médiatique dans laquelle ils mettaient en doute le système vénézuélien. Mais il faut souligner que, malgré ces craintes supposées, Edmundo Gonzalez s'est présenté à ces élections. Pourquoi s'ils avaient si peu confiance dans le système électoral vénézuélien ont-ils décidé de se présenter ?
La route de l'opposition radicale
Ce qui est sûr, c'est que cette attitude n'est pas nouvelle de la part de la partie la plus réactionnaire de ce qu'on appelle l'opposition vénézuélienne qui, par habitude, a refusé de reconnaître toutes les élections du pays, sauf celles qu'elle a gagnées. Par exemple, les élections à l'Assemblée nationale de 2015. La logique ne fait pas d'erreur : «ou j'ai gagné, ou les élections ont été frauduleuses. »
Mets cette stratégie traditionnelle de certains secteurs de cette opposition au Venezuela se situe en ce moment dans une dans un contexte plus large : « Les dénonciations de fraude électorale de Milei imitent les stratégies de Trump et de Bolsonaro. L'économiste libertaire d'extrême extrême droite Javier Milei pourrait gagner la présidence de l'Argentine dimanche. Si il n'y arrive pas, il a déjà envisagé que ce serait à cause d'une fraude, », signalé de New York Times en novembre 2023.
Ces médias et d'autres ont dénoncé ces dernières années une stratégie large et partagée par une série de politiciens réactionnaires dans différentes parties du monde. N'est-il pas suspect que ces mêmes médias ne se soient même pas demandé si nous ne pourrions pas être face à un cas similaire ?
Surtout, après que l'équipe de Maria Corina Machado ait présentée sur un site –pas devant les organismes judiciaires, compétents– des procès frauduleux et que cette même équipe, interpellée par le tribunal suprême vénézuélien –qui enquête aussi bien sur l'accusation de fraude que sur l'attaque informatique que le Gouvernement a dénoncé– dise ne pas avoir de procès-verbaux à sa possession.
Certains acteurs internationaux, dans cette situation, ont demandé un dialogue et même un Gouvernement de cohabitation. Cela nous amène à une autre question : est-il possible de négocier avec un groupe politique qui n'accepte la réalité que si elle est à son seul bénéfice ? Ces secteurs de l'opposition vénézuélienne ont-ils montré dans le passé un intérêt quelconque à résoudre la crise dans leur pays ou, au contraire, ont-ils favorisé un climat de tension et des situations de violence ?
À partir de la victoire d’Hugo Chávez en 1999, les différentes stratégies pour faire s’effondrer le processus populaire au Venezuela ont été variées : ils sont allés du coup d'Etat contre Chávez en 2002, à la guerre hybride, médiatique, politique, économie, qui s’est surtout accentuée après la mort d’Hugo Chávez et le début des Gouvernements de Nicolas Maduro.
Parmi ces agressions, nous pouvons détacher les plus de 900 mesures coercitives imposées par les États-Unis au pays qui ont provoqué une baisse considérable de ses capacités économiques et les si nombreuses autres imposées par l'Union européenne.
Une partie de l'opposition vénézuélienne qui, aujourd’hui, essaie de nous vendre comme « démocratiques » ces mesures coercitives dont ils savent qu’elles ont surtout une forte répercussion sur la qualité de vie des Vénézuélien exige, et exige encore…
La guerre politique de cette soi-disant « opposition démocratique » s'est mise en scène avec la création d'un Gouvernement parallèle dirigé par Juan Guaidó qui, bien qu'il nait pas la capacité de se coordonner au niveau intérieur, a été utilisé pour voler les actifs du pays à l'étranger et pour réaliser d'autres pratiques de corruption, dont nous ne pouvons même pas encore reconnaître les conséquences complètement.
Cette opposition s'est également distinguée pour avoir créé des violences directes contre la population grâce à ce qu'on appelle les guarimbas lors desquelles on a attaqué et même brûlé vifs des êtres humains seulement parce que « ils semblaient être chavistes », c'est-à-dire à cause de leur couleur de peau et de leur situation économique. Les Gouvernement occidentaux savent-ils quelle sorte de gens ils soutiennent ?
Dans cette stratégie de violence directe s'est distinguée, en 2014, l'opération « la sortie » qui impliquait l'assassinat de presque une cinquantaine de personnes et dont le plus haut responsable, Leopoldo Lopez, mène actuellement une vie opulente à Madrid, protégé par le Gouvernement d'Espagne qui le considère comme « réfugié politique. »
Le 8 janvier 2023, les partisans de Jair Bolsonaro ont attaqué le siège du congrès, de la Présidence et du Tribunal Suprême à Brasilia en exigeant une intervention militaire dans le pays pour renverser Luiz Inácio Lula da Silva qui avait été investi en tant que président quelques jours plutôt. Après ces évènements, la justice brésilienne a ordonné l'arrestation de 2170 personnes. L'ancien président Jair Bolsonaro lui-même, des membres de son cabinet et des hauts gradés de l’armée ont été l'objet d’une enquête pour leur implication dans ces évènements.
Pourquoi le Venezuela ne peut-il pas, comme l’a fait logiquement le Brésil, appliquer ses lois contre ceux qui incitent à la violence, la comèttent ou organisent des coups d'Etat ? Peut-être la réponse est-elle cruellement simple…
Les ressources vénézuéliennes
Le Venezuela possède les plus importantes réserve de pétrole du monde. Pendant des années, jusqu'à l'arrivée de Chávez au pouvoir, un système rentiste qui a donné naissance à une oligarchie parasite dépendant des grandes affaires internationales, en particulier des États-Unis et de certains pays européens, a été favorisé.
Ne nous y trompons pas. Ce que les grands médias internationaux et les dirigeants politiques occidentaux appellent ces jours-ci : « démocratiser le Venezuela, » c’est revenir à cette situation de pillage créée auparavant par cette oligarchie parasite, profondément raciste et classiste.
Source en espagnol:
https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/08/18/venezuela-algunas-preguntas-y-una-certeza/
URL de cet article:
http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/08/venezuela-quelques-questions-et-une-certitude.html