Venezuela: Illusions et réalités de la campagne « Presque le Venezuela ».
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Après plusieurs jours de spéculation sur sa nature, la campagne « presque le Venezuela » a commencé lundi 16 septembre avec Erik Prince à sa tête.
Bien que certain aient aspiré de façon délirante à ce que ce jour soit le début d'une opération militaire étrangère qui renverserait le président Nicolas Maduro, le lancement du site https://yacasivenezuela.com/ n'a été qu’un entrepôt pour la collecte de fonds en monnaie conventionnelle et en monnaie digitale.
Les dons seraient destinés à mener à bien une «stratégie » qui, selon l'ancien commissaire putschiste Ivan, Simonovis, l'un des porte-parole de la plate-forme, conduirait « rapidement », à « la liberté de notre pays. »
Selon le site, il s'agit d'un projet fait par des Vénézuéliens, alors même que la figure de Prince a été la plus mise en avant en tant que porte-parole et a occupé les titres des grands médias.
Sur une vidéo apparaissent des personnes anonymes et d'autres étiquetées comme policiers ou membres de l'armée qui soutiennent ce projet.
Mais cette initiative a été centrée sur Prince lui-même, un ancien agent spécial des États-Unis, fondateur de la fameuse entreprise militaire sous-traitante, Blackwater, accusée de crimes de guerre en Irak et en Afghanistan, et dont les motivations politique et commerciales concernant le Venezuela ont été analysées précédemment dans cette tribune. Mais celui-ci est le seul acteur de «poids »apparent.
Attentes et opacité
Maintenant que « presque le Venezuela » collecte de l'argent dans des buts soi-disant politico–militaires, les étapes suivantes ne sont pas claires.
En se basant sur l'expérience de Prince et sur ce qu'il a publié lui-même sur X, on s'attendrait à la préparation d'un certain type d'opération spéciale contre le président Maduro.
Mais la réalité pourrait être autre. La collecte pourrait avoir d'autres destinations obscures : un remake de la bruyante affaire de corruption de « l'aide humanitaire » de 2019, dans le cadre de l'intérim fictif de Juan Guaido dont Simon vie a été un « fonctionnaire »?
Sur un autre front, Prince, a recommandé au Gouvernement Biden, plusieurs fois, d'augmenter la « récompense » pour la capture du président Maduro à 100 000 000 de dollars. Le but de la campagne du crowdfunding, fixé sur cette page, est de 10 000 000.
Les attentes sont variées sur les réseaux sociaux entre opposants, enthousiaste et sceptique par rapport à cette initiative. La campagne elle-même m'annonce qu'il s'agira « d'argumenter sur la raison pour laquelle c'est le moment d'avoir confiance et d'agir. » et remarque que « cela n'est pas un autre pot de fumée. » Trop d’explications qui suscitent toutes sortes de soupçons.
Le compte X de la croisade a répercuté des messages de Maria Corina Machado, de Prince et de Simonovis.
De l’Etasunien, on a publié une vidéo sur laquelle il affirme que « l'heure est venue de voter avec des dollars », ce qui fait penser que cette initiative est l'étape suivante des élections du 28 juillet. Mais en réalité, ce serait un nouvel élément dans le même ordre du jour putschiste basé sur les actes terroristes et criminels qui se sont développés depuis ce jour-là.
On indique aussi sur le site que cette croisade n'appartient à « aucun mouvement, parti politique ou personnalité en particulier. »
En effet, bien que ceux qui sont derrière ne soient pas mentionnés, il s’auto-qualifie de « mouvement » : « Notre mouvement est la cristallisation du désir collectif de liberté, un cri né au plus profond du cœur de tout citoyen qui rêve d'un avenir meilleur. »
L'opacité de la collecte pourrait suggérer qu'il existe une accumulation d'investisseurs et d'opérateurs déjà prêts à prendre par un plan militaire de destitution et que « presque le Venezuela » est un paravent citoyen destiné à fabriquer une légitimité sociale à une éventuelle action de force contre la souveraineté du pays.
« « On ne dit pas de combien on a besoin, on ne précise pas pourquoi on va l'utiliser, on ne signale pas ce qu'on pense faire si on n' atteint pas la somme nécessaire et on ne fait pas non plus référence à la possibilité d'un éventuel Échecs. Comme si cela ne suffisait pas, certaines des vidéos qui ont accompagné la plate-forme sont des vidéos d'amateur, pour ainsi dire » note un commentateur du site Panampost.
Remplir le vide ?
Dans cette situation, il faut souligner que cette campagne semble parallèle au départ du pays d'Edmundo Gonzalez Urrutia qui était appelé - avec Machado- , à diriger une soi-disant « transition » au Venezuela.
Gonzalez représentait la figure de la transition dans le récit de « président élu », une fonction que Machado ne peut remplir bien qu'elle se soit imposée comme chef de fait des secteurs d'opposition qu'il représente.
Avec l'ancien qui est candidat, résident actuellement à Madrid, les attentes d'un changement de régime au Venezuela se sont évaporées. D'autres évènements mondiaux ont été plus pressants du point de vue politique et médiatique, alors que l’élan du coup d’État se refroidit en termes de manifestations de rue et que tout effort est tourné vers l’opinion publique, par le paiement et la promotion d’influenceurs.
La collecte de fonds, jusqu'à présent, serait destinée à maintenir en action la faune digitale de base radicalement anti-chaviste dans l’attente d’une opération éventuelle qui, faute de clarté, donne lieu à des spéculations de tout poil. Mais ce qui a émergé ensuite sur les réseaux, des comptes peu pertinents à Jaime Baily, oscille entre la suspicion de fraude et déception.
D'autre part, Prince a toujours été qualifié « d'opportuniste. » Le but du riche sous-traitant est directement lié à un éventuel retour à la Maison-Blanche de Donald Trump dont le fondateur de Blackwater/Academy espére bénéficier si le magnat décide de s'impliquer dans une action de force contre le Venezuela à laquelle il n'a pas voulu précédemment donner le feu vert.
Il faut ajouter à cela que les États-Unis maintiennent une récompense pour sur la tête du président Nicolas Maduro et du ministre Diosdado Cabello.
Souvenons-nous que, selon un rapport de Reuters, en 2019, Erik Prince a tenté de vendre à Trump l’idée de renverser le président Maduro avec un continent de 1 000 militaires « au nom du dirigeant de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido. »
Mais la Maison-Blanche a fini par ne pas approuver cette proposition. L'année suivante, l'opération Gédéon ratée a eu lieu sans ce soutien et en outre, selon ses propres auteurs intellectuels, la CIA avait connaissance de sa préparation et de son exécution.
Celui qui est aussi vice-président du secteur de la politique, de la sécurité des citoyens et de la paix, Diosdado Cabello, a dénoncé lors d'une interview accordée à Telesur le samedi 14 septembre, une opération à laquelle participait activement le militaire étasunien Wilbert Joseph Castañeda, arrêté par les autorités vénézuéliennes. Un agent qui, selon l'enquête, avait des liens avec les agents de déstabilisation du 29 et du 30 juillet.
Une note de presse explique que « en plus de prendre militairement diverses installations parmi lesquelles l'aéroport de Maiquetía - avec la participation de mercenaires français–et le palais de Miraflores, ce plan comprenait l'attaque de services vitaux, de base, pour porter atteinte de façon importante à la population. »
Le ministre Cabello a signalé qu’Ivan Simonovis, protégé par les États-Unis, ce livrait au trafic des armes qui devaient être utilisées dans cette opération. De sorte qu'on pourrait établir une connexion entre le plan terroriste neutralisé et le lancement de « presque le Venezuela », en tenant compte des éléments communs (Simonovis) et des buts supposés (action militaire).
Le 18 septembre, la déception, le scepticisme et l'écho d'une éventuelle escroquerie ont signé le lancement d'une campagne profondément insérée dans le milieu de Miami, et destinée à agiter à nouveau les tristes passions et les délires les plus dangereux de ceux qui, depuis des années, ont promu la guerre au Venezuela.
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