Cuba : Cuba et la dignité
par José Ernesto Nováez Guerrero
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar Infos
Cuba a vécu des journées très difficile ces derniers temps. La détérioration de la production d'électricité sur l'île avec des usines vieillissantes et une absence critique de pièces de rechange ajoutées à la pénurie de combustible a provoqué une déconnexion du système électro-énergétique national.
Pendant plusieurs jours, nous, les Cubains, avons nous accommoder de l'absence totale d'électricité et de tous les problèmes associés. Inévitablement, le mal-être provoqué par la situation la situation a provoqué des protestations sociales dans plusieurs villes du pays, la plupart pacifiques bien que certaines aient été violentes.
Dans les grands médias en cartel de l'Occident, traditionnellement hostiles à la révolution cubaine, on a donné à la situation une couverture majoritairement irresponsable avec des traits idéologiques contraires au projet socialiste cubain évidents, ce qui ne permet pas de comprendre objectivement les causes essentielles qui ont amené Cuba à la situation actuelle. Encore plus quand on insiste pour sortir Cuba du panorama socio-économique dans lequel le pays se développe.
Regarder Cuba dans le contexte régional aide à comprendre, premièrement, que la crise de l'énergie sur l'île n'est pas une situation extraordinaire mais malheureusement assez commune dans la région. Construire et soutenir un système énergétique modernes fiable est un dé défi extraordinaire pour des économies en développement. La dynamique des sociétés contemporaines impose une forte demande d'énergie, au-dessus des capacités de production des pays, à cause de l'utilisation d’une infinité d'appareils électriques et, en même temps, l'augmentation de la température moyenne mondiale, les sécheresse et les autres transformations climatiques imposent un effort supplémentaire aux réseaux qui finissent souvent dangereusement surchargés.
Ainsi, par exemple, au mois de mai, au Mexique, les fortes températures et l'augmentation de la demande qui en a découpé ont provoqué des pannes dans 16 des 32 états du pays. Au Costa Rica, la sécheresse a réduit de façon drastique les capacités de génération du pays qui dépend à 70 % de la génération hydroélectrique, ce qui a obligé à rationner la consommation d'électricité. La même situation a frappé la Colombie dont le barrages restent 16 % en dessous de la moyenne historique. En Équateur, la sécheresse et l'obsolescence de la génération ont amené des coupures pouvant aller jusqu'à 10 heures par jour.
Le Venezuela affronte aussi des pannes dans différents états du pays à cause des sanctions nord-américaines, des sabotages internes et de la détérioration des infrastructures énergétiques. Sur l'île de Porto Rico, un état libre associé aux États-Unis, pannes sont fréquentes et provoquent des situations comme celle du 13 juin dernier, pendant lequel une déconnexion a laissé sans service plus de 300 000 personnes.
Mais c'est sans doute Cuba qui est dans la pire situation en matière de génération d'électricité dans la région, actuellement. L'île affronte les mêmes situations climatiques et de détérioration des infrastructures que les autres pays de cette zone, mais avec l'aggravation importante apportée par le blocus économique, commercial et financier qui dure depuis plus de 60 ans, a été durci par Donald Trump pendant la pandémie, et dont Joe Biden a conservé les dispositions les plus agressives, comme l'inscription de Cuba sur la liste des pays qui patronnent le terrorisme, ce qui rend plus difficile toute tentative pour accéder à des financements qui aideraient à surmonter la crise.
Pour avoir une idée de l'ampleur du coût matériel, le coût humain étant plus difficile à évaluer, il faut jeter un œil au récent rapport élaboré par Cuba pour le vote de l'assemblée générale de l'ONU le 30 octobre prochain sur la résolution 78/7 « Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d'Amérique à Cuba. »
Seulement entre le 1er mars 2023 et le 29 février 2024, les dommages et les préjudice matériels provoqués par le blocus se montent à plus de 5 000 000 000 de dollars, quelques 189 000 000 de plus que l'année précédente. S’il n'y avait pas le blocus, le PIB de Cuba, à prix courant, aurait pu croître d'environ 8 % en 2023. En plus de 60 ans, les dommages accumulés se montent à 1 499 710 000 000 de dollars.
Le rapport présenté par l’île précise en particulier que dans le secteur de l'énergie et des mines, les affectations accumulées pendant la période concernée atteignent non moins de 388 239 830 $. Depuis 2019, le Gouvernement des États-Unis a commencé à persécuter les bateaux et les navires qui transportent du combustible vers Cuba. Seulement cette année, 53 bateaux et 27 compagnies ont été sanctionnés.
Des entreprises comme la compagnie italienne Termomeccanica, rachetée par la compagnie nord-américaine Trillium et la firme Acceleron ont refusé de fournir à Cuba des pièces et des éléments indispensables à la maintenance des centrales thermoélectriques. À cause de cela et de l'absence de ressources financières, on a espacé les cycles de maintenance et souvent on ne les a même pas respectés. Actuellement, 13 des 15 unités de génération se trouvent hors du cycle de maintenance.
Comprendre, alors, la crise électro-énergétique à Cuba implique, en toute justice, d'évaluer le coup porté par le blocus nord-américaine à tout le tissu économique, productif et social du pays. Sans exclure les responsabilités politiques qui peuvent exister dans le pays, aucune analyse sérieuse ne peut oublier ou méconnaître le fait que le siège de l’île est le premier facteur de la crise actuelle. Le récit de la grande presse corporative complice de l’Occident cherche à présenter comme preuve de l'échec du socialisme ce qui, avant tout, est de la responsabilité de l’impérialisme.
Ce n'est pas la première fois que nous qui sommes nés à Cuba, nous nous trouvons dans une situation complexe. Il faut rappeler une anecdote qui exprime l'un des sens profonds du processus révolutionnaire cubain depuis ses débuts au XIXe siècle.
Dans un moment de désespoir en 1871, pendant la guerre des Dix Ans, quand les fournitures de guerre, la nourriture, les médicaments manquaient et que la pression augmentait sur les troupes qui opéraient à Camagüey, plusieurs officiers s’approchèrent du Major-général Ignacio Agramonte, le réprimandant et lui demandant sur quoi il comptait faire pour continuer la lutte, dans des conditions si désespérées A quoi Agramonte répondit catégoriquement : sur la dignité!
Cette dignité aide à comprendre certaines pages les plus extraordinaires de l'histoire de Cuba. Dans les moments difficiles, comme ceux que nous sommes en train de vivre, et d'autres qui viendront, même si les certain qu'il y a beaucoup de gens qui ont perdu leur dignité, il est aussi certain qu'il y a des millions d'hommes et de femmes qu'il a conserve intact pour Cuba et par Cuba.
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