Bolivie : Lettre d'Evo Morales au président Arce
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Président, Lucho,
Je vous écris cette lettre à un moment décisif pour notre patrie. Il y a quatre ans, quand vous vous prépariez à assumer la présidence, personne ne pourrait imaginer que les derniers mois de votre gouvernement seraient si obscurs et regrettables, et encore moins que vous finiriez par autoriser la violence contre ceux qui vous ont amené au pouvoir, avec leurs voix, leur lutte et leur sang. Avez-vous imaginé quand on arriverait à ce point ? Que vous autoriser étiez la même intervention policière et militaire que Jeanine Añez ? Ou que vous souilleriez vos mains avec le sang des Indiens, des pauvres et des paysans que vous avez promis de défendre ? Qui vous a amené jusque-là, Président ?
En donnant l'ordre à la police et à l'armée d'intervenir, ce sera vous qui chargerez et aurez la responsabilité de diviser et de blesser la Bolivie irrémédiablement et sans retour. Votre nom restera dans l'histoire avec celui d'Añez comme celui de l'un des présidents qui ont appauvri le peuple, affaibli l'État et qui a visé avec ses armes ses propres gens. Vous avez promis la justice pour les massacres de Senkata et de Sacaba et aujourd'hui, non seulement vous libérez les assassins de notre peuple mais vous répétez une histoire de mort et de douleur. Pourquoi, Lucho? Pour soumettre la Bolivie un an de plus à la pauvreté ? Pour démonter de vos propres mains les réussites que nous avons obtenues dans le Processus de Changement ?
Vous vous êtes tellement efforcé de vous attribuer le mérite de la réussite du modèle d'économie plurielle et, lorsque vous avez eu l'occasion de le guider, vous n'avez pas su quoi faire. Vous avez tant parlé de la dignité du peuple, mais aujourd'hui, sous votre gouvernement, les Indiens semblent valoir moins que la balle qui les tue. Qu'est-ce ou qui vous a convaincu de suivre cette voie si sombre ?
Dimanche dernier, nous avons été les témoins d'un évènement inacceptable : une tentative d'assassinat dirigée contre ma personne de la main de ceux qui devraient protéger notre peuple mais agissent comme des mercenaires. L'histoire n'oubliera pas et ne pardonnera pas un acte aussi lâche que vous, en tant que dirigeant de la nation, non seulement avait permis, mais qu’il semble que vous ayez encouragé.
Vous connaissez celui qui a donné l'ordre de tirer sur moi, et vous savez que ceux qui sont dans votre entourage, n'hésiteront pas à le faire à nouveau si c'est nécessaire. Mais vous savez aussi que l'histoire revendiquera ma lutte et mon dévouement à la Patrie. Les Boliviens se souviendront, que j'ai dédié ma vie à construire un pays dans lequel chaque famille a un plat de nourriture sur la table, et un avenir pour ses enfants, ils sauront qu'une Bolivie digne, libre, et souveraine a été possible grâce à la nationalisation et aux sacrifices que nous avons faits avec le peuple mobilisé.
Et de vous, président, comment pensez-vous qu'ils se souviendront ?
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