Panama : Le laquais de l'escalade des États-Unis en Amérique latine
Par Magencio
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Les syndicats panaméens et les médias latino-américains ont dénoncé cette semaine le fait que les États-Unis seraient en train d’étendre leur présence militaire dans notre région, en utilisant comme base le Panama. Dans le contexte actuel de tensions internationales qui mettent le monde au bord d'une troisième guerre mondiale, ces avertissements doivent être pris avec tout le sérieux qu'ils méritent.
Lundi, la Centrale Nationale des Travailleurs du Panama (CNTP) a dénoncé la présence d'avions militaires étasuniens stationnés sur l'aéroport de Howard, dans les environs de la capitale. Pour sa part, l'agence Prensa Latina a constaté que depuis plus d'une semaine, des avions de type C-17 Globemaster III et des hélicoptères Sikorsky UH-60 Black Hawk et BellUH-1H sont basés sur l'aéroport international Panama Pacifique.
De même, sur l'aéroport international de Tocumen, on voit depuis quelques années des avions militaires de grande taille de type C–17.
Des sources du renseignement signalent qu’une flottille d'avions militaires des forces aériennes (USAF) se rendant soi-disant au Brésil, pour participer aux manœuvres conjointes, « CRUZEX » à récemment, fait escale au Panama et qu’on a vu plusieurs de ces avions dont des avions de combat, F–15C Aigle survoler le territoire panaméen.
En outre, le canal de Panama est fréquemment utilisé par le Commandement Sud pour le déplacement de bateaux de guerre et de sous-marins.
Depuis des années, la base Howard fonctionne sous la façade d'un centre régional d'approvisionnement en aide humanitaire de diverses agences. Des avions nord-américains effectuent des vols suspects au-dessus du territoire panaméen vers la région de Darien sous le prétexte de « transporter de l'aide humanitaire » avec des hélicoptères, des C-17 et des Glob Master III.
La CNTP a qualifié la mobilisation de matériel de personnel militaire étasuniens de « très étrange et très secrète » et signale qu'elle viole « de façon flagrante la neutralité et la souveraineté nationale », grâce à « un secret coordonné entre le Gouvernement, l'ambassade des États-Unis et les corporations médiatiques. »
Tout indique que le Gouvernement Biden a donné le feu vert au Commandements Sud et aux agences de renseignements des États-Unis pour réaliser sur le territoire du pays du canal des opérations illégales basées sur leur capacité militaire qui incluent la présence d'avions de combat avec des armes réelles et un équipement de guerre électronique.
Cela est cohérent avec la nomination le 8 novembre d’Alvin Hosner comme nouveau chef du Commandement Sud des États-Unis malgré le résultat des élections du 5 novembre dernier qui ont donné la victoire à Donald Trump.
C'est aussi cohérent avec une série de mesures prises ces jours-ci par le Gouvernement Biden agonisant comme l'augmentation de l'envoi de soldats en Ukraine et le permis accordé à ce pays de lancer des missiles ATACMS et Storm Shadow dans les profondeurs du territoire russe pour tenter d'empêcher la solution négociée au confit dans cette région promise par Donald Trump qui doit assumer la présidence le 20 janvier.
Il ne faut pas oublier que le futur secrétaire d'État de Donald Trump est le sénateur Marco Rubio qui a des liens étroits avec la mafia anti-cubaine de Miami, ennemie jurée de Gouvernements latino-américains comme celui du Venezuela, de Cuba, du Nicaragua et a des dettes envers les cercle néoconservateurs puissants de l’ère Bush-Cheney, responsables de la vague de guerres qui s'est abattue sur le monde après les attentats du 11 septembre 2001, dont celles d'Afghanistan et d’Irak.
Bien qu'il se soit rapproché ces derniers temps du discours isolationniste et protectionniste de Trump (« l'Amérique d’abord »), notamment en ce qui concerne la guerre en Ukraine, Rubio n'est pas un homme en qui le prochain occupant de la Maison Blanche a entièrement confiance.
En tout cas, étant donné ses origines et ses loyautés, Marco Rubio aura beaucoup de difficultés à changer une politique dans l'hémisphère conçue d'avance par « l'État profond » et qui établit clairement que les priorités des États-Unis en Amérique latine sont de contrecarrer l'influence de la Chine et de la Russie et de s'assurer les ressources stratégiques énergétiques et hydriques de notre région.
La présence militaire des États-Unis au Panama en ce moment n'est pas gratuite si on tient compte du fait qu'ils ont exprimé leur souhait d'imposer un « changement de régime » dans des pays comme Cuba et le Venezuela contre lesquels ils pourraient lancer toutes sortes d'actes terroristes et même des aventures militaires, ainsi que des défis géopolitiques que suppose l'entrée croissante de notre région dans la multipolarité.
Pendant ces mêmes jours, au Pérou, on a inauguré le port en eaux profondes de Chancay, le plus important d'Amérique du Sud est au Nicaragua, le commandant Daniel Ortega Saavedra a annoncé un nouveau tracé pour le futur canal interocéanique qui remplacera le canal de Panama comprenant des projets de deux ports en eau profonde et d'un grand aéroport de fret commercial dans le centre du pays.
Les travaux de Chancay au Pérou et du canal interocéanique au Nicaragua sont très importants pour le projet chinois de route de la frange et de la soie qui consiste à concevoir une nouvelle architecture du commerce mondial.
D'autre part, il ne faut pas oublier le réseau de bases militaires des États-Unis d'un bout à l'autre de notre région. Fin 2022, les États-Unis avaient installé au moins 12 bases militaires au Panama, 12 à Porto Rico, 9 en Colombie, 8 au Pérou, 3 au Honduras, 2 au Paraguay, et d'autres à Aruba, au Costa Rica et au Salvador.
Selon le syndicat panaméen, la mobilisation d'avions et de troupes des États-Unis dans ce pays est contraire à la proclamation de la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens (CELAC) qui a déclaré il y a 10 ans, la région « zone de paix » en éliminant pour toujours les interventions étrangères et en établissement l'obligation de non intervention directe ou indirecte dans les affaires intérieures des autres Etats.
Effectivement, pendant que les États-Unis poursuivent comme un zombie leur ordre du jour de la doctrine Monroe aux portes d'une troisième guerre mondiale et indépendamment de l'administration qui gouverne à Washington, des Gouvernements comme celui du Panama agissent comme de vrais marionnettes du pays du Nord en exposant leur population et celle de leurs pays frères à de graves dangers.
C'est le moment de dénoncer ces manœuvres pour éviter que dans cette situation sensible pour l'humanité, notre région soit ensanglantée par les intérêts de l’empire.
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