Amérique latine: La taupe Milei veut détruire le MERCOSUR
Par Melisa Molina
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
(de Montevideo)
Javier Milei a démontré qu'en plus d'être une taupe à l'intérieur de l’État argentin (pour le détruire de l’intérieur), il veut aussi être une taupe à l'intérieur du MERCOSUR. En assumant la présidence tournante en représentation de l'Argentine, au sommet de Montevideo, le président libertaire a qualifié de « prison », le bloc régional, a plaidé pour accepter les traités de libre commerce bilatéraux et s'est moqué du « non à la ZELA » de 2005. pendant la rencontre des présidents, il a reçu les éloges de son homologue sortant, l'Uruguayen, Luis Lacalle Pou et les court-circuit avec le Brésilien Luis Ignacio « Lula » da Silva qui n'a même pas voulu être sur la photo de famille officielle ont été mis à nouveau en évidence. Lors d'une conférence de presse antérieure, on a annoncé que l'accord entre le MERCOSUR et l'Union européenne qui a demandé plus de 25 ans de travail diplomatique et créera la plus importante zone de libre commerce du monde avait été signé.
Vendredi à la première heure, Milei est arrivé dans une Montevideo pluvieuse avec ses hôtels pleins. Il était accompagné par sa sœur, la secrétaire générale de la présidence, Karina Milei et de ce côté du fleuve, on attendait le chancelier, Gerardo Werthein et le ministre de l'économie Luis Caputo, qui avaient participé mercredi à la réunion des chanceliers et jeudi à la rencontre des ministres de l’économie. Dans l'emblématique immeuble du MERCOSUR, situé sur l'avenue Wilson, l’attendait Lacalle Pou -qui, dans quelques mois, sera remplacée à la présidence de l'Uruguay, par Yamadù Orsi, du Front Large- pour une réunion avec la représentante de la commission européenne.
L'accord avec l'Union européenne
Même si Milei devait être le premier président à arriver, ensuite Lula, ensuite Von der Leyen et enfin Peña, Milei est arrivé le dernier. On a imaginé qu'après l'impertinence que Lula lui avait adressée au G20, Milei voulait être le moins possible avec son homologue brésilien et éviter une rencontre seul à seul par tous les moyens. En effet, il n'y a eu aucune sorte de rapprochement entre les deux présidents et leurs regards ne se sont pas croisés.
Le texte de l'accord entre l'Union européenne et le MERCOSUR, auquel le Brésil a travaillé ardemment, avait déjà été signé la veille, selon le chancelier uruguayen Omar Paganini, et il ne manquait que la réunion des présidents. Après cette rencontre, les présidents et la représentante de l'union européenne ont donné une conférence conférence de presse lors de laquelle ils ont annoncé la la fin des négociations. Lacalle Pou, sur un temps nostalgique à cause de la fin de son mandat, à déclarer : « J'ai des fils de 20 ans et quand ils ont appris qu'un accord avait demandé 25 ans de négociations, ils n'ont pas pu le croire. Aujourd'hui, je vais rentrer à la maison un peu plus tranquille. Ensuite, il a remarqué que « pour nos petits pays, il est très important que le monde s'ouvre à nous. » L’Européenne, quant à elle, l’a présenté comme « gagnant-gagnant » et a dit que c'était « un message clair et puissant au monde. »
Les négociations avaient commencé il y a presque 30 ans et bien qu'en 2019, les blocs aient dit qu'ils avaient atteint un accord, finalement, ils sont revenus dessus à cause des doutes qu'avaient plusieurs pays européens, surtout la France. Emmanuel Macron a soulevé des problèmes environnementaux et, de plus, il dit que cet accord portera préjudice aux producteurs agroalimentaires de son pays. L'Argentine, sous le mandat d'Alberto Fernandez, n'a pas non plus avancé vers cette signature. En effet, l'ancien chancelier, Santiago Cafiero s'est à nouveau manifesté contre vendredi et, avec le bloc de député de l’UXP, a demandé au Gouvernement d'informer « sur les concessions qu’a faites Milei pour signer l'accord, puisque les négociations, jusqu'en décembre 2023, ont eu un impact sévère sur notre industrie et compromis les exportations agroalimentaires. »
Tout au long des années, cet accord s'est également heurté à la position du Paraguay : bien que Peña ait dit à Página/12 que finalement il l'accompagnait, il a précisé qu'il le faisait avec des réticences parce que cet accord « n'était pas exempt de problèmes. » La signature, de toute façon, prendra plusieurs mois à se concrétiser parce qu'il va falloir revoir les écrits, traduire les textes et chercher le soutien du Parlement européen et du Conseil de l’Europe. Macron cherchera à ce qu'il tombe mais, avec la perte de pouvoir et d'influence qu'a subi le président français ces derniers temps, ce sera difficile.
Nouveau choc entre Milei et Lula
Le Gouvernement argentin est arrivé en Uruguay avec une idée claire : demander au MERCOSUR de permettre aux pays qui en font partie de signer des traités de libre commerce bilatéraux, sans inclure le reste du bloc, une chose qui, aujourd'hui, n'est pas permise. Milei a utilisé toute son intervention pour critiquer le MERCOSUR et dire qu'il ne sert à rien : « se bloque nous apporte préjudice. Le Chili et le Pérou. Ce sont ouvert au monde et nous, nous nous enfermons dans notre propre bocal en tardant plus de 20 ans, à faire un accord avec l'Union européenne. »
Sous le regard attentif des présidents des États membres et des États associés, auxquels la Bolivie s'est jointe pour la première fois à un sommet, Milei s'est exclamé : « Le MERCOSUR et ses restrictions ont été écueil pour les Argentins. Le Chili exporte plus de cerises que nous, plus de cuivre que nous. Combien de nouveaux marchés aurions-nous pu développer si nous étions ouverts au monde ? Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de laisser passer des opportunités commerciales. » Il a aussi critiqué sans le nommer le « non à la ZELA ». il a dit que ce rejet avait eu lieu à cause « d’œillères idéologiques » et a conclu : « pendant que le reste de la planète se développait, nous avons dit non aux États-Unis, mais cette rhétorique déguisée en nationalisme a coûté cher aux citoyens ». Enfin, il a indiqué que « ce modèle est épuisé », a appelé à « desserrer les liens » et a conclu : « Si un bloc ne facilite pas le commerce, quel sens a-t-il ? »
Lula, écouteurs sur les oreilles, n'a pas changé de visage et, lorsqu'il a pris la parole, a répondu assez subtilement : « Le modèle d'intégration que nous défendons vise à réduire les inégalités, à l'intérieur des pays et entre les pays ». Il a ensuite évoqué « les grandes questions de l'ordre du jour mondial », telles que « la justice sociale, l'égalité des sexes, la lutte contre le racisme et le changement climatique », toutes choses auxquelles Milei ne croit pas et qu'il déteste.
Dans son discours, le président du Brésil a félicité son homologue élu en Uruguay, Yamandu Orsi pour « faire de la politique sans haine et sans violence dans un contexte de fortes attaques contre la démocratie dans divers endroits du monde », un tir contre Milei avec de. la hauteur et il a ajouté : « La liberté, dans toutes ses manifestations, est une composante essentielle d’une démocratie saine et doit être associée à la protection des droits et des libertés des autres et de l'ordre politique lui-même. » Enfin, il a souhaité « que nous ayons au MERCOSUR le sens de la justice et de l’inclusion qu’a Pepe Mujica. »
Lacalle Pou, déjà sur le départ, c'est mis du côté de Milei. pendant toute la journée, il a fait avec lui des plaisanteries et l'a embrassé. Quand il a pris la parole, il a dit qu'il avait déjà demandé , seul, des traités de libre commerce et a vociféré : « Je suis heureux d'entendre le président Milei. Vous ne savez pas combien de fois, président, j'ai plaidé pour la liberté et la prospérité, parce que sans liberté, il n'y a pas de prospérité. » « L'existence du Mercosur n'est pas en contradiction avec la flexibilité du bloc. Ils doivent nous laisser exister, » a-t-il ajouté avant de conclure : “Président Milei, je quitte le MERCOSUR, mais, capables, nous aurons peut-être la chance d'y arriver”. Il lui a conseillé de « le faire d'une bonne manière, en étant ferme avec les idées et doux avec les gens ».
Lula, pendant que les présidents finissaient de parler, s'est levé et est parti. Du Planalto, on a dit à ce journal qu'il l'avait fait parce qu’il « avait un engagement à San Pablo. » Ce qui est sûr, c'est que c'était un geste politique. La photo de famille de l'accession à la présidence de Milei, la taupe MERCOSUR, est incomplète.
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