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Amérique latine : Les gagnants et les perdants du traité MERCOSUR–Union européenne

7 Décembre 2024, 15:18pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Après 25 ans de négociations, le MERCOSUR et l'Union européenne signé vendredi à Montevideo une lettre d'intention pour arriver à un traité de libre commerce. Cette initiative n'est pas approuvée par les petits producteurs et les petits industriels et est célébrée par les grandes corporations et les agro-exportateurs.

 

Cet accord représente une frontière importante dans les relations économiques et politiques entre les pays du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et les 27 Etats membres de l'Union européenne mais il doit encore surmonter d'importants obstacles politiques, dont des processus de ratification par les Parlements des deux régions.

 

L'analyste international Juan Raúl Ferreira a expliqué à Telesur que ce qui a été  signé vendredi est une « lettre d’intention », ce qui n’est qu'une démarche préalable au traité, grâce à laquelle chaque État membre, chaque partie membre établit « quels produits seront exempté de la baisse des droits de douane qu’impliquerait le traité de libre commerce. »

 

Cependant, Ferreira a rappelé que le document doit maintenant être approuvé par les parlements des pays des deux blocs, et en Europe « la France continue d'insister sur le fait qu'elle ne l'approuvera pas », et la présidente commissaire de l'Union européenne elle-même, Ursula von der Leyen, a déclaré quelques minutes avant la fin de la réunion qu'elle avait reçu un télégramme du président Macron disant que plusieurs des clauses approuvées par le Mercosur sont absolument inacceptables pour son pays.

 

« Cet accord est un point de départ, mais il est loin d'être l'accord définitif, », souligne l’analyste.

 

Des tensions

 

Cet accord n'a pas été exempt de controverses. la France, dirigée par Emmanuel Macron, a exprimé sa forte opposition en disant que les politiques environnementales du MERCOSUR ne respecte pas les standards européens.

 

Traditionnellement, la France a été l'un des principaux opposants à la signature d'un accord avec ses caractéristiques qui, de façon générale, implique une  baisse de taxes pour les producteurs du secteur agricole sud-américain en échange de droits de douane plus faibles pour les produits manufacturés européens.

 

Mais actuellement, la France traverse une crise politique d'envergure à cause de laquelle le président français a accepté la démission de Michel Barnier qu'il avait nommé au poste de premier ministre le 5 septembre dernier. Cette démission s'est produite après une motion de censure du Parlement où la gauche a la majorité et a désapprouvé le paquet d'ajustements fiscaux de Barnier.

 

À cause de cette situation, la décision d’Ursula von der Leyen est qualifiée d'opportuniste par les médias européens.

 

En Amérique du Sud aussi, le traité est désapprouvé. Les critiques se centrent sur les impacts qu'il pourrait avoir sur les petits producteurs agricoles et les industries locales. Le correspondant de de Telesur, Nacho Lemus, signale que « l'industrie agroalimentaire et pharmaceutique européenne se réjouit, mais pour les petits agriculteurs et l'industrie régionale, c'est une mauvaise nouvelle. »

 

De plus, cet accord a provoqué l'inquiétude des organisations environnementalistes qui craignent une augmentation de la déforestation en Amazonie à cause de l'expansion des activités agricoles. Pour leur part, les pays du MERCOSUR voient dan ce traité une opportunité pour attirer des investissements dans les énergies renouvelables, la technologie, des secteurs qui, selon le texte, pourraient être l’objet d’incitations particulières.

 

Bénéfices et controverses économiques

 

Du point de vue économique, cet accord pourrait renforcer un échange commercial qui qui dépasse déjà les 109 500 000 000 d'euros par an. Les pays européens cherchent à diversifier leur chaîne d'approvisionnement, en particulier dans un contexte de tensions géopolitiques mondial.

 

Selon Eurostat, les exportations de l'Europe vers le MERCOSUR sont dominées par les produits pharmaceutiques, la machinerie et les matériaux de transport, alors que le MERCOSUR exporte principalement de la viande, des minerais et des produits agricoles.

 

Mais les économistes préviennent que la réduction des droits de douane pourraient augmenter la dépendance des pays sud-américains envers l'exportation de matières premières et limiter le développement de leurs industries locales.

 

À ce sujet, Ferreira souligne que « cette sorte d'accord à minima bénéficie aux grandes corporations au détriment des secteurs les plus vulnérables de l'économie. »

 

Prévisions et défis

 

Bien qu’un pas important ait été fait, le chemin vers la mise en place totale de cet accord est encore confronté à des défis. Les parlements européens et sud-américains devront ratifier le traité, un processus qui pourrait prendre des mois ou même des années.

 

Pour le MERCOSUR, ce traité pourrait représenter une meilleure intégration économique en Europe mais il oblige aussi les Gouvernements à trouver un équilibre entre les exigences internationales et la protection de leurs secteurs les plus vulnérables. Selon le président brésilien, Lula Da Silva, « Cet accord est une opportunité pour renforcer nos économies mais nous devons nous assurer qu'il soit juste et soutenable pour tous. »

 

Pour sa part, von der Leyen a souligné que « ce traité n'est pas seulement destiné à renforcer le commerce, il est également destiné à construire des ponts sur des problèmes de soutenabilité et de technologie. »

 

En juin 2019, on avait également signé un « accord de principe », qualifié d’historique par les deux blocs mais la ratification de l'accord a affronté de nombreux défis, en particulier à cause des divergences entre les Etats membres de l'Union européenne.

 

Aussi bien à ce moment-là que maintenant, des pays comme l'Allemagne et l'Espagne ont soutenu l'accord mais n'ont pas surmonté l'opposition et l'influence de la France qui a empêché la mise en place de celui-ci. Dans l'avenir, cet accord doit être approuvé par les 27 Etats membres de l'Union européenne et par les pays du MERCOSUR, un processus qui pourrait se prolonger et lui faire faire naufrage si n’on obtient pas les avals nécessaires.

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/quienes-ganan-y-quienes-pierden-con-el-tratado-mercosur-ue/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/12/amerique-latine-les-gagnants-et-les-perdants-du-traite-mercosur-union-europeenne.html