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Argentine : Etrangers

10 Décembre 2024, 18:08pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Guillermo Cieza

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Le porte-parole de la présidence, Manuel Adorni, a annoncé que le Gouvernement « va faire une série de modifications dans le régime migratoire et établir de nouveaux critères de résidence.

 

Dans beaucoup de villages du pays, on distingue deux types « d’habitants de Buenos Aires » : les habitants de Buenos Aires riches, qui possèdent un champ, on les adule. Les habitants de Buenos Aires pauvres, soupçonnés de venir de la banlieue, on les rejette, comme s’ils étaient une plaie. Le Gouvernement est en train d'encourager, la même logique avec les « étrangers. »

 

La couleur de peau est importante, mais l'état du compte bancaire, la qualité de propriétaire, le sont beaucoup plus. Si Elon Musk, un check arabe, un cadre européen, ou un patron chinois ou étasunien arrivent dans le pays, on leur déroulera le tapis rouge. Si une famille de Boliviens, de Paraguayens ou de Péruvien vient travailler, elle devra donner des explications, ses antécédents judiciaires seront examiné à la loupe, etc…

 

En Argentine, les « étrangers » ne représente que 4,2 % de la population. Parmi cette population immigra, environ 80 % vient d'autres pays d'Amérique du Sud. les communautés, les plus nombreuses sont celles venant du Paraguay (30 %), de Bolivie (19 %), du Chili (9 %) et du Pérou (8,7 %).

 

La ministre Bullrich s'est employée à amener la discrimination contre les « étrangers » pauvres en les associant aux délits. Elle est arrivée affirmer qu'il y avait 20 % d’étrangers parmi la population carcérale. Ce chiffre est faux. Les données du système national de statistiques d'exécution des peines (SNEEP) du Ministère de la Justice de la Nation indique que les « étrangers » représentent 6 % de la population carcérale, ce qui est très semblable au pourcentage d'étrangers dans la population nationale. Et on doit tenir compte du fait qu’à cause de leur condition sociale et de l'absence de réseau familiaux, dans beaucoup de cas, ils n'arrivent pas à engager des avocats quand ils sont déférés devant les tribunaux.

 

Pour l’instant, les déclarations d’Adorni ne sont que de la fumée pure. N'importe quel étudiant « étranger » entre aujourd'hui à l'université argentine avec une autorisation de résidence. La concurrence d’« étrangers » non résident dans les hôpitaux publics n'atteint pas 1 % des consultations.

 

Les déclarations d’Adorni semblent sorties d'un rayonnage de provocations par lesquelles le Gouvernement cherche à imposer son ordre du jour. Dans un pays dans lesquels les réseaux d'Etat d'aide contre la violence de genre ont été démantelés par décision officielles au moment où les féminicides pullulent, on fait apparaître un soi-disant commando de trafiquants de drogue qui menace les autorités avec des armes à feu. Quand le problème qui nous préoccupe est qu'on supprime les médicaments gratuits à une bonne partie des retraités,  ils sortent à nouveau le thème des « étrangers. » Dans ce jeu, le rôle d’Adorni essentiel. Avec une fausse information ou avec l'installation d'un faux débat par jour, il s’arrange pour qu’on ne discute pas de ce qui est important et des millions d'habitants de ce pays naviguent sur une réalité virtuelle qui ressemble de moins en moins à la réalité véritable.

 

Ces déclarations ne sont pas innocentes. Elles préparent le terrain pour identifier des ennemis lorsque le programme économique s'effondrera et que les citoyens commenceront à chercher les responsables. Le « narco-terrorisme » et les « étrangers » sont deux cibles pour s'amuser à décocher des flèches accusatrices.

 

Le terme « étrangers », nie absolument l'histoire de notre Amérique, de la geste indépendantiste exécutée par des armées de diverses nationalités sœurs. Il nie l'effort commun qui, au XIXe siècle, nous a rendu politiquement libres bien que nous n’ayons pas pu rompre les liens de la dépendance économique. Il nie aussi des réalités plus proches, comme le fait que la majeure partie de la production horticole qui fournit les grandes villes sont produites par des mains boliviennes et qu'une bonne partie des constructions réalisées en Argentine ces dernières décennies ont employé de la main-d'œuvre paraguayenne. J'ajoute que les familles formées par des conjoint de différents pays d'origine ou de résidents latino-américaine dont les enfants enfants sont Argentins sont très nombreuses.

 

Tout est bon quand il s'agit d'affaiblir le peuple en le divisant, en insistant sur la différence, en diabolisant les identités. Ne pas tomber dans ce jeu pervers est entre nos mains.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/12/09/argentina-extranjeros/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/12/argentine-etrangers.html