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Argentine : Les oppresseurs ont eu leur show devant les tribunaux

27 Décembre 2024, 16:54pm

Publié par Bolivar Infos

Par Luciana Bertoia.

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Grâce a une manœuvre de Forum shopping, il y a eu une audience de presque cinq heures devant le juge Martin Yadarola qui les a écoutés parler depuis les prisons où ils sont détenus.

 

Les oppresseurs ont eu le show qu'ils souhaitaient tant. Ils se sont présentés comme des victimes du système judiciaire. Ils ont dit qu'ils ne recevaient pas le traitement qu'ils méritaient à cause de leur âge et qu'ils étaient discriminés parce que les autorités leur refusaient  l'accès à la prison à domicile ou à la liberté conditionnelle. L'audience, qui a duré presque cinq heures, a eu lieu sur ordre de la Chambre du Crime, un tribunal qui n'a pas la compétence pour juger les crimes contre l'humanité pour lesquels ils sont emprisonnés.

 

Le juge Martin Yadarola a son bureau au septième étage du palais de justice de la rue Talcahuano, trois étages au-dessus des bureaux de la cour suprême. Là, il attendait à 10h du matin, ceux qui allaient participer à l'audience qu'il avait dû convoquer par décision des membres de la chambre Magdalena Laiño, Rodolfo Pociello Argerich et Hernán López bulle ainsi que cela a été indiqué dans deux sentence différentes.

 

La porte du bureau 7079 s'est fermée définitivement à 10h30. À ce moment-là, l'audience a débutée. Yadarola avait décidé que les oppresseurs pourraient parler, mais qu’ils ne pourraient pas le faire tous. Il leur a indiqué qu'ils devaient choisir un représentant par pavillon. Cela a provoqué la réaction des avocats de Justice et Concorde, l'organisation qui a promu l’habeas corpus en faveur des condamnés pour crimes contre l’humanité.

 

Les déclarations ont été longues. Ils ont parlé de leurs maladies. Ils se sont plaints parce que dans certaines unités, il n'y avait pas d'ambulance pour leurs déplacements. Ils ont dit qu'on les discriminait par rapport aux autres détenus de plus  de 70 ans qui jouissent de mesures alternatives à la prison.

 

Les données, en réalité, démentent leurs déclarations. Le bureau du procureur de crimes contre l’humanité (PCCH) estime que 80 % des oppresseurs sont détenus chez eux, ce qui montrerait que la justice fédérale n'est pas réticente à accorder la prison à domicile quand c'est la bonne mesure.

 

Pour représenter le ministère public, été présent le procureur Marcelo Munilla Lacasa. Il y avait des représentants du service pénitentiaire fédéral (SPF) et du sous-secrétariat du ministère de la sécurité pour les affaires pénitentiaires. Tous dépendent de Patricia Bullrich  qui a déclaré publiquement que le processus de justice s'était transformé en processus de vengeance. Son chef de cabinet, Carlos Manfroni, a déclaré l'année dernière dans La Nation que les équipes de Bullrich  travaillaient pour trouver une « solution » pour les vieux de plus de 70 ans qui ont été arrêtés pour crimes contre l’humanité.

 

Mais ceux qui ont participé à l'audience pour représenter le ministère de la sécurité, n’ont, pas eu cette position, selon ce qu’a pu comprendre Pagina 12 de l’audience qui s'est déroulée à huis clos. le SPF, par exemple, a fait savoir qu'il avait un dossier pour l'absence d'ambulance pour les déplacer et, d'une certaine manière, a répondu que les demandes de prison à domicile ou de sortie de prison n'étaient pas des questions pénitentiaires puisque chaque juge devait en décider.

 

Des représentants des services pénitentiaires Córdoba et de  Mendoza où il y a également des individus emprisonnés pour crime contre l'humanité était également présents par Zoom.

 

Quatre avocats ont représentéles prisonniers condamnés pour crimes contre l’humanité: Alberto Solanet, président de Justice et Concorde, Guillermo Fanego, María Laura Olea et Ricardo Saint Jean. Le ministère public a dit qu'il n'avait rien à dire, étant donné qu'il y avait une représentation particulière des oppresseurs.

 

Olea et Saint Jean ont eu une année très active. En décembre dernier, ils ont demandé à la Chambre fédérale de cassation pénale de convoquer une session plénière pour décider si l'assignation à résidence devrait être automatique à partir de l'âge de 70 ans. Cette tentative a été contrecarrée en mars par la Cour de cassation elle-même. Ces derniers mois, ils sont devenus célèbres parce qu'ils ont partagé des groupes WhatsApp avec des membres de La Libertad Avanza (LLA) qui sont allés rendre visite à Alfredo Astiz et aux autres oppresseurs emprisonnés dans le VIIe complexe pénitentiaire d'Ezeiza.

 

On a vu sortir la délégation de Justice et Concorde satisfaite du bureau de Yadarola vers les 15h20 : « Ce qui réconforte le plus les prisonniers est qu'un juge les écoute, » a déclaré l'un des avocats. Le show avait eu lieu.

 

Presque personne n'y était présent au septième étage. Margarita, Cruz, survivante de l’Escuelita de Famaillá et membre de l'association des anciennes personnes arrêtées disparues (AEDD) et Anna Bianco, fille de Maria Eugenia Ponce de Bianco, l'une des Mères de la Place de Mai signalées par Astiz et enlevées à l'église de Santa Cruz se sont rapprochées du mouvement des droits de l’homme.

 

Un groupe de survivants des camps de concentration et de membres des familles de personnes arrêtées disparues a demandé à être entendu par le juge avant qu'il prenne une décision d'habeas corpus. Il n’a pas assisté à l'audience mais a présenté un écrit. Ils ont expliqué qu'être au même endroit -que ce soit virtuellement ou physiquement - que ses  geôliers, ses kidnappeurs et ses tortionnaires était une nouvelle façon de devenir une victime. Ils ont exprimé, de plus, leur rejet total des déclarations des oppresseurs disant que leurs conditions de détention s'étaient aggravées. Ils ont dit qu'accorder la liberté porterait atteinte à la sensation de justice et de réparation. Ils ont rappelé aussi qu'aucun d'entre eux ne s'est repenti de ses crimes.

 

Quelques heures plutôt, 6 procureurs qui interviennent dans des affaires de crimes contre l'humanité, s’étaient présentés au bureau pour dire au juge Yadarola qu’il n'était pas compétent et qu'il s'agissait d'une manœuvre de Justice et Concorde et des autres organisations de « mémoire complète » pour passer par-dessus les juges naturels, qui sont les juges fédéraux et non les juges de la justice ordinaire. La déclaration de Miguel Palazzani, Alejandro Alagia, Marcelo García Berro, Adolfo Villatte, Felix Crous et Facundo Trotta a exaspéré les membres de Justice et Concorde qui ont rouspété sur leurs réseaux sociaux.

 

Ils n'ont pas été les seuls à dire que la justice ordinaire n'était pas compétente. Le secrétariat de la nation aux droits de l'homme et le centre d'études légales et sociales (CELS) l'ont dit aussi.

Yadarola doit analyser ce qui s'est passé lors de l'audience, et dire s’il accepte le recours qu'ont présentaé les groupes proches des oppresseurs, parmi lesquels se trouvent celui que dirige Cécilia Pando et celui qui a comme référent Silvia Ibarzábal, conseillère de Luis Petri en matière de droit de l’homme. Sa décision devrait être connue dans les jours qui viennent.

 

Deux fois déjà, le juge Yadarola a rejeté  les demandes. Dans sa dernière sentence, il avait affirmé qu'il n'avait pas la compétence territoriale ni matérielle pour intervenir et, à deux occasions, la Chambre du Crime, l'a appelé à la rescousse de la stratégie  concernant les crimes contre l'humanité. Tout cela face au silence du procureur de la chambre, qui n'a pas eu la position du procureur en charge de l'affaire, ni de la PCC, ni des 6 procureurs fédéraux.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2024/12/13/argentina-los-genocidas-tuvieron-el-show-que-querian-en-los-tribunales/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/12/argentine-les-oppresseurs-ont-eu-leur-show-devant-les-tribunaux.html