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Cuba: Le travail d'esclave, un prétexte pour boycotter la collaboration médicale cubaine

17 Janvier 2025, 16:11pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Omar Stainer Rivera Carbó

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Un travail scientifique révèle la construction du discours et du récit communicationnel du Gouvernement des États-Unis autour des brigades médicales, cubaine

 

Introduction

 

L'une des priorités des Gouvernements des États-Unis dans leur guerre contre Cuba est de boycotter la collaboration médicale cubaine internationale. Dans ce but, ils mettent en place une stratégie de la communication qui a comme principal axe thématique « l'esclavage moderne », appliqué à l'envoi de professionnels dans d'autres pays par le Gouvernement de Cuba. Ce travail poursuit deux objectifs : démontrer l'existence de cette campagne et analyser son origine.

 

Développement

 

Il y a trois étapes distinctes dans la façon dont est abordée la collaboration cubaine internationale par les derniers Gouvernements des États-Unis :

 

  • période Bush: on discrédit la collaboration dans le discours, et on met au point des actions destinées à stimuler l'abandon des missions, on parle de « travail esclave », mais il n'y a pas de lien entre les deux.

 

  • Période de Obama : les éléments de la période pré précédente, persiste, mais à partir de 2015, on reconnaît les réussites des missions cubaines en réponse à l'Ebola en Afrique. On a éliminé le programme qui encourageaient à abandonner les  missions.
  •  
  • Période Trump : l'opposition à la collaboration médicale prend sa plus forte expression, ce qui a un impact sur le discours gouvernemental et sur les médias. On établit le schéma d'opinion « travail esclave. »

 

Quand, en 2006, le programme d'admission de médecins professionnels cubains a été instauré, on le justifierait en disant que les missions médicales étaient « un trafic d'êtres humains patronné par l'État. » Jair Bolsonaro –président du Brésil– a dit quelque chose de similaire dans son intervention à la 74e assemblée générale des nations unies où il les a appelés « esclaves ». C'était la première fois que sur une  scène de cette sorte, on utilisait cet adjectif.

 

Mais approfondissons un peu l'origine de la ligne de message « esclavage », appliqué aux médecins cubains à l’étranger.

 

Août 2013, il s'est produit quelque chose d'étonnant car un groupe de médecins cubains qui visitait l'école de santé et publique de l'État de Ceará  a été hué. Ensuite, le président du syndicat des docteurs de Ceará a déclaré que ce rejet était destiné au directeur brésilien, mais ce qui criait encore été le mot en portugais «escravos» , en espagnol, signifie « esclaves ». Le dirigeant syndical lui-même a dit : « Nous n'acceptons pas cette main-d'œuvre esclave. »

 

Déjà trois ans plus tôt, en 2015, le syndicat des médecins de Pernambuco avait élaboré un document dans lequel il était dit qu'il existe « une absence de transparence dans le processus d'engagement, de ces médecins, leurs conditions de travail et leur rémunération. » Plus loin, ils disent que le règlement disciplinaire imposé par Cuba à ses professionnels « contient diverses restrictions de leur liberté, y compris de leur liberté de circulation. »

 

Suivant ce critère, il y a une espèce de phénomène qui est survenu pendant la collaboration médicale au Brésil, en 2017 : les plaintes déposées par des médecins cubains devant les cours de ce pays. On ne sait pas si une plainte en a stimuler une autre, si des services spéciaux des États-U ont essayé cette méthode, ou si, en voyant qu'elle fonctionnait, ils sont approprié. Suite à ces plaintes, trois choses se sont produites :  la presse du Brésil et des États-Unis a parlé des médecins, l’Organisation panaméricaine de la santé a été  mise en cause, la ligne de message « travail esclave-médecins cubains » commence à être utilisée.

 

Mais il y a un précédent bien antérieur, car en 2010, 8 professionnels cubains de la santé qui accomplissaient des missions au Venezuela et avaient émigré aux États-Unis ont déposé plainte devant un tribunal fédéral de Miami. Ils ont porté plainte contre Cuba, le Venezuela et la compagnie pétrolière d'État vénézuélienne PDVSA, parce que soi-disant ils les obligeaient à travailler dans des conditions « d'esclaves modernes » et « d’esclaves économiques », en étant en « condition de servitude pour dette. » L'avocat des demandeurs a déclaré à la presse : « Nous voulons asseoir le précédent de la responsabilité patrimoniale des Etats sur leurs citoyens. C'est une conspiration prédéterminée et dolosive de ces Gouvernements et de l'entreprise pour soumettre ces médecins au travail forcé et à la servitude pour dette. » Il a également dit « L'accord des Gouvernements de Cuba et du Vénézuéla constitue une connivence flagrante, comparable au commerce des esclaves dans l'Amérique coloniale. »

 

Mais ce n'était pas la première plainte, et ça n'avait rien à voir non plus avec le secteur médical, car en 2008, un juge de Miami avait indiqué qu'il fallait indemniser trois Cubains pour soi-disant avoir été envoyé par Cuba travailler à la réparation de bateaux et de plate-forme marines de Curaçao dans des conditions « inhumaines et dégradantes » pour payer des dettes.

 

Le 15 août août 2010, le Wall Street Journal publié le texte de María C. Werlau, « le programme de médecins contre de l'argent de Cuba ». Elle écrit : « mais quand l'État est le seul employeur, et que les citoyens n'ont interdiction de quitter le pays, sans autorisation, le système système est fait pour l'exploitation. » ensuite, en 2013, María C. Werlau a publié elle-même dans la revue  World Affairs Journal le travail « diplomatie de la santé de Cuba : le négoce de l'humanisme » où elle affirmait  qu'il s'agissait « d'esclavage. »

 

Le 30 août 2013, le journal, le commerce publié le travail d’Andrés Oppenheimer « l'ONU fomente-elle- le travail esclave ? » dans son premier paragraphe, il se demande si l'Organisation panaméricaine de la santé est devenu une « promotrice du travail esclave. » Le texte fait référence à une affirmation de la Fédération Nationale des Médecins Brésiliens qui dit que « les contrats des médecins cubains en toutes les caractéristiques du travail esclave. »

 

Le New York Times, le 29 décembre 2013, publie « Le Brésil forge des relations économiques avec Cuba et engage ses médecins », un travail dans lequel il analyse la collaboration médicale avec ce pays. Il recueille l'opinion du directeur du syndicat des médecins d’Alagoas, Wellington Galvo, qui déclare : « Ces médecins de Cuba sont des médecins esclaves. »

 

Historiquement, la société brésilienne a lutté contre « l'esclavage moderne. » Le Brésil a été le dernier pays d’Amérique à abolir l'esclavage. Et depuis 2003, il possède un « plan national d’éradication du travail esclave ». En 2017, quand ont commencé les premières plaintes concernant les médecins cubains, dé faits qui  ont ravivé le débat à ce sujet se sont produit, comme le procès contre une grande compagnie accusée de pratiques « d'esclavage moderne. »

 

La réalité politique brésilienne était complexe parce que la présidente Dilma avait été l'objet d'un coup d'Etat parlementaire et Michel Temer, pour que cela profite au secteur patronal, avait émis un décret dans lequel le concept de « travail en condition analogue à esclavage », changeait mais il avait du le reformuler à cause d'un grand rejet.

 

Le 8 mars 2017, des dirigeants de différents ministères du Brésil, ont comparu devant le parlement avec le procureur général Paulo Soares Bugarin, à sa tête. le procès-verbal de la Réunion dit que la façon dont les autorités brésiliennes ont accepté ce système d'esclavage et d'interdiction dans lequel s'applique la loi cubaine dans une affaire qui nous est si chère (la dignité humaine) plus que la loi brésilienne » ! n'est pas claire. A peine un mois plus tard, l'organisation non gouvernementale Human Rights Foundation a envoyé aux Nations Unies le rapport  « Le négoce de la traite de personnes à Cuba : une énorme entreprise d'État »dans lequel elle définit que « cette pratique constitue une forme d'esclavage ».

 

L'article 149 du code pénal brésilien stipule que le travail esclave est toute activité dont l'intention est de « réduire quelqu'un à une condition analogue à l’esclavage en le soumettant à des travaux forcés ou de journée exhaustive, des conditions dégradantes ou en restreignant sa capacité de bouger en raison d'une dette contractée envers l'employeur. » Chacun de ces éléments ont été appliqués aux médecins qui se tournait vers des instances légales pour changer leur statut professionnel. Beaucoup de ces actions se basaient sur le concept de « travail esclave » du code pénal brésilien.

 

Le juge fédéral de Brasilia DF, Marcio Luiz Cohelo de Freitas, à Ammy, descente en sa faveur de médecins cubains, le 10 juillet 2017 et le 24 avril 2018. Bien que ces sentences aient séparées par presque un an, dans les deux, il écrit que le travail réalisé par les demandeurs « équivaudrait à une espèce de travail esclave. » Quand ces sentences tombent, la première moitié du mandat de Trump est déjà passée et il n'y a encore aucun indice public que la guerre contre la collaboration médicale allait se durcir.

 

Le 5 avril 2016, en réaction à des déclarations de Barack Obama, lors d'une rencontre avec des jeunes en Argentine, lors de laquelle il avait reconnu la santé et l'éducation à Cuba, la célèbre revue Forbes  publiait l'article « Barack Obama fait l'éloge de l'esclavage et des soins de santé à Cuba », signé par Avik Roy.

 

En réaction à l'annonce du président Obama d'annuler le programme d'admission de professionnels médicaux Cuba, le 12 janvier 2017, la députée Ileana Ros-Lehtinen déclarait : « Il n'y a aucune raison pour faire cette concession téméraire à un régime qui envoie ses médecins dans des pays étrangers, dans une espèce moderne de servitude. »

 

Ces derniers exemples mettent deux choses en évidence : ils corrobore le fait que, même pendant la période Obama, la collaboration médicale était discréditée. Mais, en même temps, la ligne de message « travail esclave » n'était pas aussi claire dans le discours du Gouvernement et des médias que pendant la période Trump. L'organisation espagnole Cuban Prisoners Defenders –représentant en Europe du groupuscule « Union Patriotique de Cuba »– a convoqué une conférence de presse le 21 novembre 2018, à Madrid. Il ne s'était écoulé qu'un mois depuis sa création en Espagne. Selon ses petits chefs, son objet était de donner un suivi au problème de ce qu'on appelait les « prisonniers politiques cubains. » si l'union patriotique de Cuba, et l'une des organisations contre-révolutionnaire préférées de Washington, alors, Cuban Prisoners Defenders et une extension de celle-ci. Ce léger changement de plan dans la portée de la nouvelle organisation répond à deux éléments : ils ont vu les potentialités du sujet à partir des résultats au Brésil, ou ils ont reçu des indications directes de Washington. Lors de la conférence de presse, le président de Cuban Prisoners Defenders, Javier Larrondo, déclarait : « Cuba déplace des masses de personnes pour travailler dans ces pays dans des conditions qui en font des esclaves. »

 

Quelques mois plus tard, une plainte a été déposée devant des organismes internationaux. L'association « travail esclave »–médecin cubain aux États-Unis, s’est vue comme un anneau au doigt. Souvenons-nous que traditionnellement, dans son discours contre le Gouvernement cubain, l'élément « violation des droits de l'homme » était présent en invoquant la déclaration universelle des droits de l’homme. Nous voyons un changement dans le discours où on laisse de côté la ligne de message « violation des droits de l'homme », un droit de l'homme en particulier–article 4–est mis en avant, et on invoque le fait que « personne ne sera maintenu en esclavage ou en servitude ; l'esclavage et la traite d'esclaves seront interdits sous toute leurs formes. »

 

Le département d'État possède un bureau de suivi et de lutte contre la traite de personne qui définit que le « travail forcé » :

 

  • « englobe l'ensemble des activités (recrutement, transport, fourniture ou obtention) qui impliquent qu'une personne utilise la force ou des menaces physiques, la coercition psychologique, l'abus de procédure légale, la tromperie ou d'autres moyens coercitifs pour obliger quelqu'un à travailler.

 

Une fois que le travail d'une personne est exploité par de tels moyens, le consentement préalable de la personne pour travailler pour un employeur est légalement sans importance : l'employeur est un trafiquant et l'employé, une victime du trafic. Les migrants sont particulièrement vulnérables à cette forme de traite de personnes mais les personnes aussi peuvent se voir obligées de travailler dans leur propre pays. Les femmes, victimes de travail forcé ou en condition de servitude, en particulier, les femmes et les fillettes dans la servitude domestique, sont aussi au moins abusées sexuellement ou exploitées. »

 

Le changement de stratégie est évident, et on le voit dans le discours de tous les fonctionnaires du Gouvernement des États-Unis, qui, depuis la seconde moitié du mandat de Trump font des déclarations sur Cuba. Pour ce faire, ils se sont également appuyés sur la loi sur la protection des victimes de la traite des êtres humains des États-Unis, qui stipule clairement ce qui suit :

 

« La traite des personnes est le recrutement, le transport, la fourniture ou l'obtention d'une personne pour son travail ou ses services par le recours à la force, à la fraude ou à la coercition dans le but de la soumettre à la servitude involontaire, au travail journalier, à l’esclavage pour dettes ou à l’esclavage.

 

Mais pour pouvoir soutenir la ligne de message trouvée pour la campagne, ils doivent résoudre certains problèmes conceptuels qui pourraient faire s'effondrer la construction discursive. C'est pourquoi on commence à utiliser comme argument le fait que les fonds provenant de l'exportation des services de santé, c'est le Gouvernement cubain qui se les approprie. Si le professionnel ne reçoit qu'une partie de ce qui rentre et que l'autre est redistribuée dans l'économie du pays, alors le Gouvernement abuse du collaborateur et vole, c'est pourquoi on évoque la « traite de personnes ». Cette construction des signifiants est vitale pour discréditer la collaboration en cherchant à tout prix à provoquer un changement dans la façon dont elle est perçue par l'opinion publique et par ses propres bénéficiaires.

 

Quand nous analysons les rapports sur la traite de personnes, nous voyons que, depuis l’époque Bush, Cuba a été placée au niveau 3 . Dans ce fait, selon le département d'État, interviennent plusieurs aspects comme le « travail forcé » qui s'applique essentiellement aux mission médicales de collaboration à l’étranger.

 

Le 27 juillet 2015, sur la voie de l'amélioration des relations avec Cuba, Obama situe Cuba au niveau 2. Il souligne qu'ils emploie la catégorie sémantique « travail forcé » au lieu de « travail d'esclave ». Suite à la présentation de ce rapport, la secrétaire d'État pour la sécurité civile, la démocratie, les droits de l'homme des États-Unis, Sarah Sewall, a reconnu que Cuba avait progressé dans la lutte contre la traite sexuelle, mais pas dans le travail forcé.

 

Dans le rapport sur la traite de personne de l'année précédente, le Gouvernement des États-Unis avait recommandé à Cuba de « garantir qu'on n’utilise pas la coercition dans les missions cubaines de travail et à l’étranger.

 

Après 2015, Cuba a été placée au niveau 2 jusqu'à 2019, où il y a à nouveau eu un changement. Ce niveau correspond à « des pays dans les Gouvernements ne respectent pas les standards minimum, mais font des efforts pour les atteindre. »

 

Mais en 2019 et 2020, il y a un tour de vis important avec l'aggravation de la politique d'agression envers Cuba. Le pays est à nouveau situé au niveau 3 parce qu’il acquiert le statut de « sous surveillance », ce qui  a pour conséquence que des législations visant à renforcer le blocus qui seraient introduites au Congrès trouvent dans ce rapport un soutien grâce à des arguments juridiques.

 

L'aggravation se base sur le problème de la collaboration médicale. Le 25 juin 2020, lors de la cérémonie de lancement du rapport sur la traite des personnes 2020, Mike Pompeo déclarait: « Jusqu'à 50 000 médecins cubains ont été forcé par le régime de Castro à se trouver dans des situations de traite de personnes dans plus de 60 pays du monde entier. Ils sont la source des revenus numéro un du régime. » Dans les extraits des rapports personnalisés, dans la section 7 –droit des travailleurs– paragraphe B –interdiction du travail forcé ou obligatoire, on mentionne largement les missions médicales cubaines, et en particulier le cas du Brésil. La nouveauté est que le sujet est également abordé dans la partie qui concerne la Bolivie.

 

Conclusion

 

L'axe discursif principal de la politique des États-Unis envers Cuba, au sujet des médecins est la ligne de message « traite d’êtres humains », comme modalité d'« esclavage moderne » et, en définitive, « violation des droits de l'homme ». Cette construction vise à créer une matrice d’opinion qui discrédite la collaboration cubaine et qui, en plus, offre une base morale, politique, diplomatique et juridique qui cache son véritable fond.

 

NOTE de Bolivar Infos:

1 Programme destiné à encourager les médecins cubains à abandonner leur mission et à fuir vers les États-Unis en leur promettant des conditions d'intégration particulières.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/01/12/cuba-el-trabajo-esclavo-como-construccion-discursiva-para-boicotear-la-colaboracion-medica-cubana/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2025/01/cuba-le-travail-d-esclave-un-pretexte-pour-boycotter-la-collaboration-medicale-cubaine.html