Équateur : Comment le pays se dirige-t-il vers les élections présidentielles ?
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Le 5 janvier a été le début officiel de la campagne électorale pour les élections générales du 9 février. 2 femmes et 14 hommes s'affrontent pour arriver à Carondelet et diriger le pays pendant les quatre années qui viennent.
L'Équateur arrive aux élections de ce 9 février au milieu de tension, qui traverse de façon transversale, la stabilité du pays. Une situation qui s'est détériorée tout au long des trois derniers Gouvernements, tous de tendance néolibérale: Lenin Moreno, Guillermo Lasso, Daniel Noboa qui ont été précédés par une décennie pendant laquelle a gouverné Rafael Correa dont la candidate affronte pour la seconde fois Daniel Noboa qui, par un artifice illégitime, arrive aux élections comme candidat et président. Ceci est un bilan de la situation dans laquelle le prochain président recevra le pays.
Après que l'ancien président, Raphaël Coréa et dirigé le pays pendant 10 ans, la plus longue période de gouvernement d'un président président et lui parle peuple équateur, le pays a affronter à nouveau l'instabilité politique. Il a eu sa première explosion sous le Gouvernement de Lenin Moreno avec le soulèvement indigène de 2019, marqué par le rejet populaire des politiques néolibérales mises en place par Moreno, qui est arrivé au pouvoir de la main de Correa, et ensuite, l’a trahi. C’est l'élimination des subventions du combustible qui a déclenché la grève nationale d'octobre 2019. Il y a eu 11 jours de manifestation qui ont fait 9 morts dans le cadre de la répression de la force publique contre les mobilisations, un acte catalogué comme crime contre l'humanité qui a été exécuté par Maria Paula Romo, alors ministre de l'intérieur de Moreno.
Cette dénonciation a été présentée sur la base du rapport de la commission spéciale pour la vérité et la justice sur la grève d'octobre 2019. Selon ce document, le Gouvernement de Moreno aurait perpétré 249 violations des droits de l'homme pendant la grève.
Lasso : la continuité de Moreno
Le Gouvernement de Moreno a été suivi, en 2021, par celui du banquier Guillermo Lasso. Le Gouvernement de Moreno, marqué par une idéologie de droite, a poursuivi les réformes, mise en place par Moreno, ce qui a provoqué un nouveau soulèvement populaire, le plus long de l'histoire de l'Equateur, qui a duré 18 jours, en juin 2022. Cette grève nationale a été dirigée par le mouvement indigène dirigé par Leonidas Iza, président de la CONAIE, également candidat aux élections de février 2025.
Bien que les tensions sociales et la répression de la force publique qui a fait au moins 7 morts, dans le contexte des protestations, 6 civils et 1 militaire, cherchent à chasser Lasso du Gouvernement, cela n'a pas été possible avant mai 2023, quand, au milieu d'un procès politique à l'Assemblée nationale destiné à le destituer Nicolas pour délit de détournement d'argent et pour un scandale en relation avec l'affaire appelée par le procureur « grand parrain », qui impliquait son beau-frère, Danilo Carrera, dans un réseau de trafic d'influence dans le secteur public et dans des affaires avec la mafia albanaise, il a décidé d'invoquer l'outil constitutionnel appelé « mort croisée. » cette dissolue, l'Assemblée nationale est convoquée de nouvelles élections générales, ce qui impliquait aussi le départ de Lasso du pouvoir. Lasso est resté en poste pendant le temps fixé par la loi, six mois, et a gouverné par décrets.
Aux élections d'octobre 2023, après le second tour au cours duquel se sont affrontés Luisa Gonzalez, du parti de l'ancien président Rafael Correa, et Daniel Noboa, de l'alliance ADN, Noboa a été proclamé vainqueur avec 52 % des voix face aux 47 % obtenus par Gonzalez. Une donnée qui n'est pas moins importante est que ces élections ont été marquées par l'assassinat du candidat Fernando Villavicencio pendant un meeting politique à Quito, avant le premier tour. Cela a mis en avant la violence débordante qui était déjà présente dans le pays.
Noboa, l’ outsider qui est arrivé à Carondelet
Noboa, le président le plus jeune, à son arrivée au pouvoir, 36 ans, a gouverné l'Équateur pendant un an et demi. Son gouvernement a débuté par une rupture avec sa vice-présidente Veronica Abad, à qui il n'a pas permis d'assumer pleinement sa charge et à donner comme unique fonction d'être « une collaboratrice pour la paix », en Israël et la Palestine. Les tensions ont augmenté avec les dénonciation d'Abad contre Noboa pour violence politique, ainsi que pour l'illégalité démocratique supposée de Noboa qui n'a pas demandé de congé pour être candidat aux élections de 2025. Cela aurait empêché Abad de le remplacer à la présidence, comme le stipule la Constitution de la République, dans un article 146.
Le président a même menacé l'Assemblée nationale qui a exigé qu'il respecte la loi et demande le congé qu'il doit demander. Il l’a fait avec le soutien des forces armées qui, le 5 janvier, jour d'inauguration de la campagne électorale, elles protégeaient le palais de Carondelet, siège du Gouvernement, où Noboa (candidat et président) n'a permis de passer qu'à ses sympathisants. C'est qui qui a été qualifié par les experts et l'opinion publique de coup d'Etat contre la démocratie.
Noboa n'a pas seulement affronté des polémiques politiques internes. Le soir du 5 avril 2024, un groupe de policiers équatoriens ont fait irruption à l'ambassade du Mexique à Quito pour enlever l'ancien vice-président Jorge Glas qui se trouvait à ce moment-là à l'ambassade en tant que réfugié politique. Ensuite, il a été transporté jusqu'à la prison de très haute sécurité « la Roca ». Ce fait a provoqué la rupture des relations diplomatiques entre le Mexique et l'Equateur ainsi qu'un puissant rejet international parce qu'il violait le droit international et la Convention de Vienne de 1961.
L'Équateur en 2025 : un pays marquée par la violence et l'insécurité électorale
L'Équateur affronte les élections 2025 dans une situation de violence et d'insécurité qui a augmenté de manière alarmante pendant ces dernières années. Le pays a fini 2024 avec un taux de 38,76 homicides pour 100 000 habitants, ce qui en fait l'un des plus violents du monde. Au total, on a enregistré 6964 morts violentes, une moyenne de une toutes les heures et 15 minutes. Bien que ce chiffre représente une légère diminution par rapport à 2023, l'année la plus violente de l'histoire du pays, il continue à refléter une crise de la sécurité qui découle de la croissance du crime organisé, des massacres dans les prisons et de l’affaiblissement des institutions. Depuis 2020, en partant du Gouvernement de Lenin Moreno, au moins 16 massacres dans les prisons ont fait des centaines de victimes dont beaucoup ont été démembrées ou calcinées, ce qui montre l’incapacité de l'État à arrêter la violence. Seulement en 2024 et au début de 2025, on a enregistré l'assassinat de 4 personnalités publiques dont Brigitte Garcia (RC), la maire la plus jeune de l'Équateur, d'à peine 26 ans, qui a été retrouvée criblée de balles dans sa voiture avec son conseiller en communication.
Les états d'exception, le quotidien de l'Equateur
Le Gouvernement de Daniel Noboa, comme ceux de ses prédécesseurs Lenin Moreno et Guillermo Lasso, a eu recours à des états d'exception en réponse à l'insécurité. En 2024, l'Equateur a vécu pendant plus de 250 jours sous cette mesure, et même avec la déclaration d'un « conflit armé interne » pour affronter des bandes comme Los Choneros et Los Lobos, liées au trafic de drogue international. Ce décret a permis aux forces armées de prendre le contrôle des prisons et de la sécurité publique mais a également provoqué des plaintes pour abus et violations des droits de l’homme. Des cas comme celui de quatre mineurs : Steven, Josué, Ismael et Saúl, arrêtés, frappés, assassinés sous la protection des forces armées, dont les corps ont été ensuite trouvés calcinés dans les environs de la base aérienne de Taura, où ils avaient été emmenés après avoir été arrêté arbitrairement, sans preuve, en rentrant chez eux après une partie de football, à peu de distance de chez eux, selon les déclarations postérieures de leurs parents, ont exacerbé les critiques envers l'utilisation des forces militaires dans des fonctions civiles.
Les pannes en Équateur : un panorama sombre
L'Équateur affronte l'une des pires crises énergétiques de son histoire récente, une situation qui n'a pas seulement transformé le quotidien des citoyens mais a aussi marqué la situation politique, économique et sociale du pays dans l'ombre des élections générales de 2025. Avec des coupures d'électricité pouvant aller jusqu'à 14 heures par jour, des pertes économiques de plusieurs millions et un Gouvernement qui lutte pour reprendre le contrôle, l'incertitude domine le panorama national.
L'origine de la crise énergétique
La crise actuelle a de multiples causes, parmi lesquelles l'absence de maintenance et d'investissement dans les centrales hydroélectriques du pays, un problème qui date du Gouvernement de le Lenin Moreno. A cela s'ajoute une sévère sécheresse qui, selon le Gouvernement, est la pire depuis 60 ans et qui réduit de façon importante la capacité de génération des centrales hydroélectrique, les principaux fournisseurs d'énergie du pays. Mais les experts signalent que la sécheresse n'est pas le seul facteur déterminant. Alors que d'autres pays de la région affrontent des situations similaires, l'Equateur est le seul qui a eu des coupures d'électricité quotidiennes aussi longues. Cela, selon les analystes, et dû à une mauvaise gestion du Gouvernement, à une planification insuffisante et à l'absence de mise en place de projets énergétiques alternatifs.
Impact économique et social
Les effets des coupures d'électricité ont été dévastateurs. Selon les données de la chambre de commerce de Quito, en seulement deux mois d'interruptions, le secteur industriel a perdu 4 000 000 000 de dollars étasuniens et le secteur commercial a rapporté une diminution de 3 500 000 000 de dollars étasuniens. Au total, les pertes économiques sont montées à plus de 9 500 000 000 depuis que le rationnement a débuté en 2023.
L'impact social n'a pas été moins alarmant. L’incertitude concernant les horaires des coupures d'électricité, les promesses non respectées du Gouvernement et l'absence d'information claire ont créé une ambiance de méfiance. De plus, la crise énergétique a provoqué des licenciements massifs en affectant des secteurs clés, comme le secteur manufacturier, le secteur agricole et le secteur commercial. Selon le ministère du travail, en septembre 2024, on a enregistré 3 647 liquidations, dont 40 % à cause de licenciements intempestifs.
La gestion politique de la crise
Le Gouvernement du président Daniel Noboa a été au centre du débat. Après être arrivé au pouvoir dans une situation d'instabilité énergétique, son Gouvernement a promis de résoudre la crise pour janvier 2025. Mais les experts affirment qu'aucun chiffre technique ne soutient cette affirmation. La crédibilité du président a aussi été affectée par la démission de hauts fonctionnaires comme la ministre de la production et le ministre de l'énergie qui ont abandonné leur charge au milieu de la crise. L'absence de communication réelle et l'improvisation dans la planification des coupures d'électricité ont augmenté le mécontentement des citoyens.
L'Équateur en récession : un pays en crise aux portes des élections de 2025
L'équateur affronte une situation économique critique dans le cadre des élections générales de 2025, marquée par une récession qui s'est renforcé en 2024. Cette année a été définie comme la pire crise électrique de ces 20 dernières années, une insécurité croissante liée au trafic de drogue et un exode massive d'Equatoriens à la recherche de meilleures opportunités. Malgré une augmentation record de la collecte des impôts, stimulée par des mesures fiscales controversées, l'incertitude sociale continue à être l'une des préoccupations les plus importantes des citoyens.
Un pays en récession économique
L'économique équatorienne est tombé officiellement en récession en 2024 et, jusqu'en décembre, on n’a pas enregistré de signes clairs de rétablissement. Les pannes prolongées et récurrentes ont été un facteur clé qui a affecté des secteurs de la production stratégiques comme le commerce, l'hôtellerie et l'industrie. Au total, les coupures d'électricité ont provoqué des millions de pertes alors que des milliers de petites et moyennes entreprises ont fermé leurs portes, incapables de survivre dans un environnement d'incertitude énergétique.
D'autre part, le Gouvernement de Daniel Noboa a mis en place la loi d'efficacité économique et de création d'emplois qui comprend une augmentation de la TVA de 15 %, ce qui a provoqué une collecte supplémentaire de 1119 800 000 000 entre janvier et novembre 2024. Bien que cette mesure soit destinée à obtenir plus de ressources pour la sécurité au milieu de la déclaration de conflit interne, la consommation des foyer a baissé de façon significative, ce qui a aggravé la situation de beaucoup de familles et d'entreprises. Malgré l'augmentation des revenus fiscaux, la destination spécifique de ces fonds n'a pas été établie clairement, ce qui a provoqué des critiques envers le Gouvernement actuel.
Migration, chômage et insécurité : les autres visages de la crise
L'absence d'emploi et la détérioration des conditions économiques ont provoqué une vague migratoire sans précédent. Entre janvier et juillet 2024, on a enregistré un déficit migratoire de presque 100 000 personnes qui ont quitté le pays et ne sont pas revenues, ce qui reflète le mécontentement général. Cette tendance s’ajoute à un climat d'insécurité exacerbé par le trafic de drogue qui a eu un impact aussi bien sur les communautés que sur le secteur de la production.
Selon les dernières estimations du ministère des affaires étrangères et de la mobilité humaine, plus de 2 400 000 Equatoriens vivent déjà hors du pays, ce qui représente presque 10 % de la population, mais sur ce total, en 2023, 121 283 personnes ont quitté l'Équateur et n'y sont pas revenues.
En analysant ce solde migratoire depuis 1997, le nombre d'Equatoriens qui ont quitté le pays l'année dernière est identique aux chiffres enregistré en 2023, après le feriado bancario , quand il y a eu une très importante vague migratoire.
NOTE de Bolivar Infos:
Jour férié bancaire: Pendant un jour férié, les banques sont fermées au public et les consommateurs ne peuvent pas effectuer de transactions bancaires, telles que des dépôts, des virements, des retraits, des transactions de compensation ou des envois de fonds à l'étranger ou utiliser les opérations bancaires en ligne.
D'autre part, bien que les banques soient fermées, elles peuvent opérer à l'ombre, en effectuant diverses fonctions qui leur permettront d'opérer efficacement lorsqu'elles rouvriront. Un jour férié peut survenir pour protéger les banques de l'effondrement et de la panique bancaire et pour permettre la réorganisation des opérations. Souvent, après un jour férié, des contrôles de fonds propres sont imposés sur le niveau des retraits pour réglementer les entrées et les sorties des marchés de capitaux vers et depuis un compte de capitaux national.
(https://economiaindustrial.com/que-es-un-feriado-bancario-definicion-significado-ejemplo/
Source en espagnol :
https://www.telesurtv.net/como-llega-ecuador-a-las-elecciones-presidenciales-de-2025/
URL de cet article :