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International : Donald Trump, le pouvoir et les mots

29 Janvier 2025, 16:54pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Toutes les atrocités qu’invente Donald Trump seraient sans importance si nous possédions un front de communication et une sémiotique capable de générer des contre-offensives ponctuelles et efficaces. Changer le nom du Golfe du Mexique n'est pas autre chose qu'une déclaration de « guerre symbolique ». Ce n'est ni par hasard ni sans profondeur, bien que cela semble être seulement crise d’un  magnat irrespectueux et plein d'ignorance. C'est sous-tendu par une offensive pour le contrôle des signifiants et un récit historique protégé par la « bataille culturelle » bourgeoise qui se développe dans le monde entier pour redonner à l'empire la « prérogative » d'imposer à tout le sens que lui donne la domination. Des morales d'oligarques pour des destinataires politiques et culturels région par région. Trump exhibe son respect géopolitique très limité et sa pétulance débordante comme une tendance destinée à déployer des manœuvres symboliques et à offenser les peuples pour les discipliner. Il en paiera les conséquences politiques et culturels. Xi Jinping entend-il cela ?

 

Sa bêtise est un moteur sémantique, pas une simple ignorance, parce que avec cet arrogance, le magna que nous l'acceptions comme notre chef en lui offrant les ressources stratégiques et même l'identité des noms. Rebaptiser le golfe du Mexique est une farce qui bafoue tous les fondements historiques ou géographiques de nos identités, reflète le mépris pour la réalité avec violence symbolique contre les cultures et les peuples qui ont donné sens à cet espace pendant des siècles. Trump non seulement insulte l'histoire de la région mais cherche à effacer sa signification comme espace géographique symbolique partagé entre nations et cultures multiples, en particulier avec le Mexique dont les relations avec les États-Unis ont été marquées par des conflits, des différends et des tensions historiques de domination, d'intervention et de pillage.

 

Vouloir renommer une zone aussi chère à l'identité de la région est un caprice irritant. Ce n'est pas qu'une question de mots parce que cela montre l'intention de l'empire de reconfigurer, l'imaginaire collectif. Dans la folie de Trump et de ses partisans, une opération idéologique pour réinterpréter le golfe en tant qu'espace exclusivement étasunien en effaçant ses liens avec le Mexique et par extension avec l'Amérique latine, se profile. c'est un exemple de l'obscénité trumpiste de « l'Amérique d'abord » reprise par beaucoup de ses sbires et de ses imitateurs occupés à faire disparaître tout ce qui n'est pas une affirmation du pouvoir impérial des États-Unis sur tout le continent.

 

C'est une déclaration de « guerre cognitive » avec une violence sémantique, syntaxique et pragmatique. Une sottise qui montre comment le pouvoir économique peut se déployer également dans le domaine symbolique pour imposer un récit hégémonique en éliminant les versions originales ou révolutionnaires de l'histoire. L'analyser, le dénoncer nous donne des outils pour comprendre cette humiliation sémiotique dont la dictature symbolique impose des significations aberrantes pour faciliter le contrôle culturel et l'hégémonie idéologique qui sont essentiels pour le maintien du capitalisme de ses vampires.

 

Trump invente le caprice du « renommer » pour dépouiller le golfe du Mexique (source de richesse, pétrolière magnifique dans les eaux peu profondes  et en eaux profondes) de son histoire et le transformer en symbole du pouvoir impérialiste. Cela ne nous met pas seulement en face de son récit de l’exception nord-américaine mais sert aussi à perpétuer un discours d’infériorité du Mexique et de l’Amérique latine qui ont été historiquement anti-impérialistes, révolutionnaires de la souveraineté et des remparts de la dignité. Nous ne considérons pas comme une plaisanterie, cette sottise de riches.

 

Bien que certains sbires locaux et applaudit, Trump, ne tombons pas dans ces manœuvres de diversion. Avec des populisme de droite que Trump respire de façon exponentielle, ils cache des plans beaucoup plus pervers qu'ils ont besoin de déguiser parce qu'ils engendrent des ambitions de pillage et d'exploitation réellement crapuleux à court terme. Alors que les problèmes structurels des États-Unis (comme les incendies, les inégalités économiques, le changement climatique, les mafias de trafiquants de drogue, la faiblesse du système de santé et l'anorexie intellectuelle de ses dirigeants) ne sont toujours pas résolus, les guerres culturelles et symboliques deviennent un terrain fertile pour tromper les peuples.

 

Rebaptiser, le golfe du Mexique, en plus d’être une offensive est absolument inutile. C'est pourquoi on peut le soupçonner de tout. Mais certains pensent qu'en mobilisant des émotions nationalistes et en ravivant des ressentiments, ils renforceront l'image de Trump (déclaré délinquant par plusieurs juges Yankees) en tant que dirigeant, prêt à « défendre » les intérêts de l'empire contre n'importe quelle ennemi, réel ou imaginaire. Sa bêtise n'est pas accidentelle, c'est une nature de classe occupée à ôter ses richesses à la classe ouvrière et l’abondance des ressources naturelles qui appartiennent à l'humanité entière.

 

Et n'oublions pas de changer le nom du golf du Mexique donnerait des prétextes parfaits pour interdire à la Chine toute circulation dans des eaux qui apparaîtraient comme une propriété Yankee. C'est la sorte de perversions qui habite la tête de Trump, occupé à imposer son récit de patron super–égotiste. Ils ne passeront pas.

 

Contre ces manœuvres de guerre symboliques, il est essentiel de comprendre que la lutte pour nous défendre ne se livre pas que dans le domaine économique ou militaire mais aussi sur le terrain psychologique et émotionnel. Changer le nom du Golfe du Mexique serait non seulement un acte de violence symbolique contre l'histoire et l'identité des peuples qui l'entourent mais aussi un épisode dangereux, destiné à imposer des récits hégémoniques. Nous ne devons pas nous contenter d'une indignation momentanée ou d'un rejet conjoncturel. Nous sommes dans un scénario de différend pour le sens et notre réaction doit être rigoureuse, organisée et consciente. Il est urgent de démonter les récits hégémoniques. Résister et construire.

 

Changer le nom du golfe du Mexique n'est pas seulement un caprice, c'est l'offensive d'un projet impérial déguisé en nationalisme bourgeois, intoxiqué par l'ignorance stratégique et la manipulation symbolique. Il reflète une vision du monde dans laquelle le pouvoir réside aussi dans la capacité de guerre pour imposer des significations et réécrire l'histoire à sa convenance. Cela nous montre l'importance de disputer chaque millimètre du domaine symbolique et culturel en construisant des récits qui défient l’hégémonie et affirment notre propre richesse historique et culturelle. Notre lutte pour la signification est aussi une lutte pour la dignité. Contre cette guerre symbolique de l'empire, l'organisation, la pensée critique et la mobilisation culturelle sont nos meilleures outils. Si nous unissons.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/01/28/estados-unidos-donald-trump-el-poder-y-la-palabra/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/01/international-donald-trump-le-pouvoir-et-les-mots.html