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Venezuela : Qui sera président le 10 janvier ?

3 Janvier 2025, 16:15pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Guillermo Cieza

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

La politique vénézuélienne réserve toujours des surprises. Cette fois, les préparatifs qui se font dans le pays pour que Nicolas Maduro assume son troisième mandat se heurtent à des informations qui arrivent de l’étranger et  disent que Edmundo Gonzalez annonce qu'il va se programmer président.

 

Comme l'a déjà démontré l'opération « Juan Guaido », les fictions politiques ont une limite. Le nuage médiatique qui obscurcit la réalité vénézuélienne permet de dessiner les fantaisies les plus inquiétantes mais ensuite, il faut affronter des réalités plus urgentes, comme gouverner un pays à rebrousse-poil de l'opinion de la majorité, des pouvoirs institutionnels et de la décision des forces armées. La politique de blocus et de sanctions imposée par les États-Unis et l'Union européenne a frappé le peuple vénézuélien et le chavisme qui gouverne depuis 25 ans mais n'a pas contribué à organiser une opposition prestigieuse et fiable pour la majorité de la population.

 

Le contexte politique actuel du pays n'est pas favorable à l'opposition. Le Venezuela est passé pendant des années par des situations à la limite de l'absence d'approvisionnement et a eu des taux de pauvreté qui ont atteint 75 %. Mais depuis deux ans, il a une croissance économique avec des indices au-dessus des autres pays d'Amérique latine, l'exception du Guyana. Pour cette année, la CEPAL avait prévu 6 % de croissance mais elle dépasse les 8 %. Cette croissance a permis, par exemple, aux indices de pauvreté d'être équivalent à ceux de l’Argentine (environ 50 %) mais avec des chiffres de pauvreté extrême qui sont la moitié de ceux de notre pays. À Caracas, on ne trouve pas, comme à Buenos Aires et dans d'autres grandes villes argentines, de familles qui vivent dans la rue. Le Venezuela a aussi amélioré considérablement sa sécurité. Il avait été l'un des pays qui avait le plus fort indice de criminalité en Amérique du Sud, et il est devenu un pays très calme. Avec un indice de 3,49 homicides pour 100 000 habitants, il est très loin de la Jamaïque (56), de l’Equateur (27), du Mexique (26), de la Colombie (25) et du Brésil (20). L'Argentine, avec 4 pour 1000 habitants est aussi un pays moins sûr que le Venezuela. Le Venezuela a aussi amélioré l'indice GINI qui mesure les inégalités de revenus. Avec un indice de 0,41, il est moins inégal que l'Argentine qui a un indice de 0,435 et beaucoup moins que le Brésil qui a un indice de 0,52.

 

Les opinions politiques continuent à diviser la société vénézuélienne mais la majorité des habitants du pays ne discute plus de ce qui s'est passé aux élections présidentielles. Aujourd'hui, son attention est fixée sur les fêtes et elle est préoccupée par ce que peut leur réserver le Gouvernement de Trump qui sera investi le 20 janvier. Avec enthousiasme ou à contrecœur, ils sont convaincus qu'il y aura Maduro pour six ans de plus.

 

Le discrédit de l'opposition vénézuélienne est énorme. La dernière manifestation convoquée par Maria Corina Machado sur la place de la Candelaria n’a pars rassemblé plus de 300 personnes. La menace d’actes de sabotage ou d'attentats réalisés par une partie des anciens dirigeants qui vivent en exil à Miami ou en Espagne renforce le Gouvernement qui est fermement engagé dans la défense de la paix et de la tranquillité.

 

La déception à cause de la direction politique de l’opposition s'est également étendue à ce qu'il reste de la bourgeoisie locale. Ils leur ont sans arrêt promis de chasser Maduro du Gouvernement et ensuite d'aborder les mesures les plus diverses, mais ils n'ont obtenu que des échecs. FEDECAMARAS et d'autres organisations patronales qui étaient présentes lors de la tentative de coup d'Etat de 2002 et ont accompagné ensuite d'autres tentatives ratées, semblent résignées à la survie du charvsme à la présidence et, actuellement, cherchent plus à gagner des positions dans la politique économique du Gouvernement, qu’à se joindre aux désirs de l’étranger.

 

Le plan d'imposer un gouvernement depuis l'étranger dans une portion du territoire (Zulia) qui se sépare séparerait de l'État national en prétend serment devant une assemblée nationale dont le mandat est caduc depuis des années semble une manœuvre insensée. Mais on a vu qu'en politique international, tout est permis. Ce qui se passe au Moyen-Orient démontre que peu importent  les raisons des enjeux politiques,  ce qui compte, ce sont les forces pour les imposer.

 

Il y a quelques mois, le parti au pouvoir s'inquiétait beaucoup de cette possibilité, ce qui l'a amené à renforcer les contrôles aux frontières et à se focaliser sur les déplacements des bandes paramilitaires colombiennes qui circule entre les deux pays et sur la possibilité que des mercenaires de différents pays entrent au Venezuela. C'est dans cette situation qu’a été arrêté le chef argentin Nahuel Agustín Gallo, aujourd'hui soumis aux tribunaux vénézuéliens, accusé d'espionnage et de faire partie de groupes qui sont entrés dans le pays pour provoquer la déstabilisation politique. La menace de l'opération Zulia reste présente, mais à mesure que les jours passent et que le jour de la proclamation du président approche, cette possibilité semble plus lointaine.

 

Dans la remontée économique, les chiffres commencent à ressembler à se des années 2015–2016, quand la crise a commencé à se renforcer après avoir touché le fond en 2021. Mais le Venezuela est un pays qui a changé. Il est passé d'une dépendance de 80 % aux aliments importés à une autosuffisance de 80 %. La capacité industrielle qui était tombée à 8 %, aujourd'hui est remontée à 45 %. L'augmentation des exportations de pétrole d'environ 16 % en 2024 a été accompagnée par l'augmentation de 6 % d'autres productions.

 

Le Gouvernement semble avoir pris note du fait que la centralisation excessive des décisions, le secret, une gestion bureaucratique de certaines de ses fonctionnaires, la recherche permanente d'alliances avec des entreprises privées aux antécédents douteux, plus la persécution arbitraire de dirigeants communautaires qui avaient exprimé des revendications ou des dénonciations avaient détérioré l'adhésion de la base chaviste. La revalorisation du ministère des communes et les convocations successives des communes par le président ont permis de rétablir des attentes et des avancées avec un secteur stratégique de l'organisation territoriale qui peut apporter beaucoup à la production.

 

Au-delà des alliances de circonstance, la plus grande force du  chavisme a toujours toujours été la présence du peuple dans la rue. Même aux pires moments de la crise, il n'a jamais perdu contre l'opposition sur cette scène.

 

Le 10 janvier 2025,  au Venezuela, débutera un nouveau cycle présidentiel pour le chavisme. Si cela n'arrive pas, ce ne sera pas du fait du peuple vénézuélien et grâce à lui mais du fait des États-Unis et grâce à eux.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/01/02/venezuela-quien-asume-la-presidencia-el-10-de-enero/

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