Venezuela : Un an de plus a démonter des mensonges
Par Geraldina Colotti
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Il existe un calendrier des peuples et un de ceux qui les oppriment, élaboré sur la base des intérêts irréconciliables qui stimulent la lutte des classes, et ils ne se confondent que dans les pays dans lesquels la bourgeoisie a gagné la partie au XXe siècle et a réussi à imposer la « vérité » des vainqueurs : mais « pour l'instant », comme l'a dit le commandant Chavez, faisant une promesse en prononçant cette phrase.
Que cette promesse ait été accomplie avec la révolution bolivarienne, et qu'on continue à avancer vers une transition vers le socialisme en résistant un an de plus, est une forte épine enfoncée dans un capitalisme en crise systémique qui conduit le monde à la catastrophe.
Pour imposer la stratégie du « chaos contrôlé », aussi en Amérique latine - un continent encore sans conflit armé et que, les 28 et 29 janvier 2014, un sommet de la CELAC a déclaré « zone de paix » - l'impérialisme dirigé par l'OTAN doit s’arracher cette épine à tout prix : en submergeant le socialisme bolivarien d’un manteau de mensonges pour préparer une attaque à plus grande échelle aux résultats incertains.
Si, en effet, le premier Gouvernement de Donald Trump a exacerbé et multiplié le système de mesures coercitives unilatérales illégales mis en marche par le décret d’Obama (qui a qualifié le Venezuela de « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des États-Unis »), le second, qui débutera officiellement le 20 janvier, promet de ne pas être différent. Après avoir gagné les élections du 5 novembre dernier, le magnat a annoncé que certains des représentants les plus enragés dans la persécution des Gouvernements socialistes en Amérique latine, comme Marco Rubio et Elon Musk feraient partie de son personnel de direction. Le sénateur de Floride, connu pour ses positions de faucon contre la Chine, Cuba (d’où sa famille a fui), le Venezuela et le Nicaragua jouera le rôle de secrétaire d'État. Pour avoir attiré le vote « latino » en faveur de Trump, il sera le premier chef de la diplomatie d’origine hispanique.
Elon Musk, le patron né en Afrique du Sud, citoyen naturalisé des États-Unis et gourou ultra-conservateur des réseaux sociaux, prendra la direction du département de l'efficacité gouvernementale dont la tâche est de « démanteler la bureaucratie gouvernementale », c'est-à-dire, de réduire à néant l’intervention de l'État dans l’économie.
On voit quelle est la vision politique de Musk avec le prix que lui a accordé la première ministre italienne (qui dirige un Gouvernement d’extrême-droite). Et cela se reflète dans le soutien ouvert qu'il a exprimé envers les nazis allemands : « seul l’AfD peut sauver l’Allemagne", a-t-il écrit sur X au sujet du parti qui occupe à présent le la seconde place dans les sondages allemands et il a relancé la figure de Naomi Seibt, une influenceuse connue comme « l’anti-Greta » dans les cercles d'extrême droite auxquels elle appartient.
Musk c'est distingué par ses théories conspirationnistes, en cohérence avec la culture qui alimente le trumpisme et ses partisans, diversement modulés à l'échelle internationale. Le deuxième mandat de Trump présente un « rêve américain » différent de son premier Gouvernement turbulent, caractérisée par un tourbillon de nominations et de remplacements.
Pour ce second mandat, ses cercles de pensée ont créé un mélange plus « attractif », destiné à réconcilier les théories de la conspiration avec les ruraux enragés et peu éduqués et avec les hommes les plus riches du monde également enragés, misogynes, racistes, mais avec la bourse pleine et des finances qui promettent de stimuler « la technologie vers le futur. »
Une vision que fait bouger la nouvelle extrême-droite internationale souhaitée par Trump lors de son premier mandat sur les paradigmes de la Convention républicaine refondée pour lui par Steve Banon et officialisée en Espagne par Vox en 2020. Alors, les principaux représentants du fascisme vont signé la lettre de Madrid, qui exprime leur décision d'entrer en collision frontale avec le socialisme sous toutes ces formes, et aussi avec le progressisme, identifié à ce moment-là avec le groupe de Puebla.
Parmi les premiers signataires, on trouve la putschiste Maria Corina Machado et la première ministre italienne, Georgia Meloni. Les flèches de l'extrême droite, alors, comme aujourd'hui, étaient dirigées contre le Forum de São Paulo, où a pris forme l'idée de plusieurs congrès internationaux grâce auxquels donner aux peuples du monde l'opportunité de contrecarrer l'avancée du « fascisme, du nazisme et d'autres expériences similaires. »
Des congrès qui se sont tenus au Venezuela, le pays qui est devenu le moteur d'une nouvelle internationale antifasciste, anticapitaliste, anti-impérialiste, anti néo-coloniale et anti-patriarcale. Une proposition qui se projettera l'année prochaine, quand les délégués du peuple du monde entier accompagneront le président Nicolas Maduro à l'Assemblée nationale pour officialiser son troisième mandat après sa victoire aux élections présidentielles du 28 juillet.
Un choc de concepts entre une proposition de paix avec la justice sociale, basée sur le socialisme et le respect de la souveraineté et des différences, et le retour agressif d'une nouvelle doctrine Monroe pour l'Amérique latine. Une bataille entre la « communication libératrice » en résistance, dans laquelle les peuples sont les acteurs de leur histoire et de leur propre destin et la communication frelatée et nocive, imposée par les grands monopoles internationaux, dont l'agression contre le socialisme bolivarien et contre le système d'intégration latino-américain a également caractérisé l'année 2024.
La bataille des idées, qui s'est renforcée grâce à l'université internationale de la communication (LAUICOM), dirigée par la rectrice Tania Diaz, accompagnera le festival mondial antifasciste, du 7 au 16 janvier à Caracas, en organisant le troisième congrès international de de la communication, les 12 et 13 janvier, dans le but d'organiser la communication libératrice dans le domaine digital du XXIe siècle.
Dans cette perspective, retraçons le nœud économico-politique qui a marqué le calendrier 2024, sous le regard oblique des vautours et des faux « démocrates », à l'opposé de celui des peuples marchant derrière la bannière du socialisme bolivarien.
« Avec Maduro, l'économie s'est effondrée »
Nous avons souvent lu ce refrain, l'un des plus populaire de l’extrême-droite, vénézuélienne, amplifié par tous les médias et les réseaux sociaux. Une propagande de guerre, qui n'inclut pas les causes de l'appauvrissement d'un pays soumis pendant des années à des mesures coercitives unilatérales illégales par ces mêmes centres de pouvoir impérialiste qui font ensuite ces investigations négatives. Et qui, évidemment, gardent le silence sur les responsables de l'effondrement des revenus de l'État au Venezuela, et occultent aussi ce que coûte le fait de suivre un chemin différent de celui de la bourgeoisie, qui impose des larmes et du sang aux secteurs populaires pour arriver à la fin du mois.
En présentant son bilan de fin d'année et en le soumettant au parlement pour que soit approuvé le budget de 2025, la vice-présidente Delcy Rodriguez a annoncé que, également, pour l'année prochaine, plus de 75 % des revenus de l'État seront destinés à des projets sociaux : c'est-à-dire, la couverture de la santé, l'éducation, la culture, etc… Dans les pays capitalistes européens et latino-américains, ce sont des « coûts » qu'il faut réduire pour obtenir le fameux « budget équilibré » imposé par les grandes institutions internationales.
Un « équilibre » bien asymétrique pour les secteurs populaires qui paient tous les coûts des politiques néolibérales et de la course aux armements qui guide l'orientation de l'Union européenne, vassale de l'OTAN et des Etats-Unis.
Seulement, pour comparer certains chiffres. Un Argentine, où prévaut le « modèle Milei », c'est-à-dire un mélange de potions libertaires inspirées par l’économiste Murray Rothbard et ultra-libérales comme celles de Milton Friedman, qui veut éliminer la présence de l’État dans l'économie, une authentique boucherie sociale s'est produite: la pauvreté a atteint son niveau le plus haut de ces 20 dernières années. Dans les premiers six mois de gouvernement du « fou de la tronçonneuse », elle a atteint 52,9 %, une augmentation de presque 12 % par rapport au semestre précédent.
En plus de couper des programmes sociaux, Milei a licencié 34 000 employés publics.
En revanche, malgré le siège auquel elle est soumise, l'économie vénézuélienne a eu une croissance de 8,5 % dans les trois premiers trimestres de 2024, ce qui confirme une tendance positive de 14 trimestres, et aujourd'hui, elle réussit à produire presque 90 % de ses besoins alimentaires.
Les données diffusées par les institutions internationales indiquent que le Venezuela est le pays qui a la plus forte croissance dans la région, malgré le siège auquel il est soumis par les mesures coercitives unilatérales et l'inflation induite. Une tendance qui promet de se confirmer en 2025.
Alors apparaissent ce qu'on appelle les « organismes indépendants, » prêts à produire d'autres statistiques qui, quand elles ne peuvent pas simplement réfuter les indicateurs économiques internationaux, troubles les eaux et parlent « d'opacité. » Et, pendant ce temps là, ils sortent un scandale contre l'approbation de la loi qui impose la transparence dans le financement des O.N.G., comme c'est arrivé en août 2024 avec la loi d'imposition, de régularisation, d'action et de financement, des organisations non gouvernementales et des organisations sociales sans but lucratif.
Les magasins et les supermarchés sont pleins mais la propagande de guerre continue à faire son sale boulot : insister sur le problème des bas salaires des employés publics qui, bien sûr, n'ont pas été licenciés en masse comme en Argentine, mais ont été les plus affectés par la réduction drastique des revenus de l’État.
Le 1er mai, Maduro a ordonné une augmentation du salaire minimum équivalent à 130 $ par mois, subventions incluses. Une mesure de « salaire social » un destinée à éviter que la spéculation pulvérise l'augmentation avec l'attaque habituelle de la monnaie et l'augmentation de l'inflation induite.
Et même dans ce cas, les cris de la droite se sont élevées, celle-ci se présentant à nouveau en défense de ces mêmes droits avec lesquels elle se torche dans tous les pays où elle est revenu au pouvoir. En Italie, où la première ministre Georgia Meloni adore Milei et Trump, la droite veut imposer une augmentation de 7 000 € pour ses parlementaires, alors que les les salaires de misère des travailleurs (les plus bas d’Europe) et les retraite n'ont pas augmenté depuis des années et sont dévorés par les impôts, l'inflation et l'augmentation énorme des prix grâce auxquels les guerres impérialiste sont financées.
Les maigres subventions accordées par le Gouvernement précédent ont également été éliminées et en même temps les nouveaux pauvres qui, bien qu'ils travaillent, n'arrive pas à la fin du mois, augmentent.
« Le Guyana est plus riche, alors que le Venezuela en crise. »
Depuis le début de l'année, la propagande de guerre bombarde le monde de données du Fonds Monétaire International selon lesquelles, d'ici à 2028, le Guyana enregistrera un taux de croissance de 13,5 % grâce à la découverte de nouveaux et riches gisements de pétrole dans « ses » eaux territoriales. Des données destinées à occulter ou à minimiser l'augmentation des forages illégaux dans la zone en litige avec le Venezuela, le territoire de l'Esequibo, qui appartient historiquement au pays bolivarien.
En réponse à l'augmentation des forages illégaux et à la présence de plus en plus importante des bases militaires nord-américaines et du Commandement Sud dans cette zone, en avril 2024, le parlement vénézuélien a approuvé la loi organique pour la défense de l'Eséquibo guyanais et déclaré l'Eséquibo comme le vingt-quatrième état du Venezuela. Une loi qui a confirmé le résultat du référendum populaire en cinq points lors duquel une écrasante majorité a été obtenue en décembre 2023.
Mais la propagande de guerre cherche à déformer les faits. D'un côté, l'objectif est de présenter le Venezuela comme l'agresseur en discréditant le potentiel d'intégration de la politique bolivarienne envers les pays de la région (dans ce cas, le Guyana « plus faible ») et de l'autre, donner à entendre que l'économie du Sud ne peut croître qu'avec la « protection » des États-Unis et enfin lancer un avertissement impérialiste à la souveraineté du Venezuela en menaçant de déstabiliser ses frontières.
Dans ce contexte, les pays de l'Alba, l'alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique, fondée par Cuba et par le Venezuela, qui a célébré en 2024 son 20e anniversaire, regardent avec inquiétude ce qui se passe dans un Equateur qui est repassé à droite. Non seulement le Gouvernement de Daniel Noboa a permis le retour des bases militaires des États-Unis dans le pays, mais il a aussi décidé d'autoriser les États-Unis à en installer une autre sur les îles Galapagos.
Et les organisations populaires qui se préparent pour les élections de février 2025 en Équateur ont tiré le signal d'alarme en dénonçant le fait que le pays est devenu un centre actif de déstabilisation du Venezuela en vue du 10 janvier.
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