Argentine : La crypto-escroquerie, le tremblement de terre qui secoue le Gouvernement de Milei
Par Tatiana Scorciapino
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Le tweet du président est tombé comme une bombe sur la Maison Rose. Les accusations croisées et démenties concernant la responsabilité de Karina et Martin Menem. La stratégie de contrôle des dommages conçue par Santiago Caputo : rendre le kirchnerisme responsable et approfondir la bataille culturelle. La panique des marchés de lundi.
Aucun des collaborateurs qui surveille chacun des pas du président n'était au courant que Ravier. Mille faisait la promotion d'une à part escroquerie pyramidale sur son compte Twitter le vendredi soir. Vers 19h, sans activité sur son agenda et reclus dans la ferme des Olives, ornée de photos de lui-même, le président a ouvert l'application de son ami Elon Musk est recommandé d’investir dans un jeton qui est tombé à zéro en quelques heures, et a continué sa vie. À l'époque, ses proches ne se rendent pas compte de l'ampleur des dégâts qui se produiront au fil des minutes, mais ils n'ont qu'une seule certitude : personne n'a piraté son compte.
La démarche inconsidérée du président a fait l'effet d'une bombe à la Casa Rosada, où son conseiller vedette, Santiago Caputo, était toujours retranché dans la salle Martín Fierro. L’unificateur des impôts en charge des rênes politiques de l'administration a découvert l'action du président comme tout le monde, alors qu'il menait une de ses habituelles réunions d'équipe avec Macarena Alifraco et Lucas Luna, les deux autres rouages qui complètent le triangle de fer bleu. Ce qui s'annonçait comme une fin de semaine normale a volé en éclats en quelques minutes.
La participation du président, à ce que de nombreux connaisseurs s'aventurer déjà qualifié de « la crypto-escroquerie la plus importante de l'histoire », à part réaliser toute sa suite. Pendant que les réseaux sociaux s'emplissaient d'insultes envers lui, les petits copains cherchaient à comprendre pourquoi le chef de l'État avait décidé de rendre visible cette sorte de promotion. Ce n'était pas la première fois que l’économiste prêtait son nom pour stimuler des schémas à caractéristiques Ponzi. En 2022, Milei avait fait la promotion sur son compte Instagram de l’entreprise COINX dans le fondateur, Francisco José Hauque, a été arrêté en janvier de cette année, au cours d'une enquête contre lui pour escroqueries présumées.
Avec ce tweet qui circulait déjà dans les rues virtuelles, beaucoup de référents du monde crypto et de partisans de Milei ont prévenu d'une possible escroquerie qui prendrait des dimensions internationales. À tel point que le rappeur étasunien partisan de Donald Trump Kayne West avait prévenu quelques jours avant ce scandale qu'il avait été contacté pour promouvoir sur son compte Twitter l'achat d'un jeton en échange de bénéfices de plusieurs millions de dollars. Ce contrat impliquait de placer sur son profil ce tweet pendant huit heures avec la possibilité de l'effacer une fois les dégâts occasionnés. Le musicien a refusé cette offre et à alerté ses et alerté ses admirateurs. Dix mille kilomètres au sud, le président argentin a fait la promotion pendant cinq heures d’un schéma avec des similitudes frappantes.
Sur le plan local, la célèbre trader, Ornella Panizza, souvent félicitée par le président lui-même sur ses réseaux, a non seulement recommandé de ne pas s'impliquer dans cet investissement apparent, mais a également fustigé les soi-disant idéologues qui ont encouragé Milei à prêter son compte pour une opération aussi osée. À l'époque, d'innombrables versions ont circulé, spéculant sur la responsabilité éventuelle de Karina Milei et de Manuel Adorni dans les actions du président.
Quelques mois plutôt, la secrétaire générale et le porte-parole avaient convaincu le président de rencontrer Julián Peh, patron de l’entreprise KIP Protocol qui a créé la frauduleuse crypto-monnaie $Libra. À cette rencontre, qui a eu lieu à l'hôtel Libérateur, le 19 octobre dernier, participait aussi Mauricio Novelli, patron de NW, une société de cours financiers dont l'actuel président a fait la promotion dans ses réseaux jusqu'en 2023. Interrogé par ce média, le Gouvernement a réfuté fermement les versions qui accusent la sœur et l'ami du président d'avoir participé à la rédaction du tweet présidentiel qui comprenait cette escroquerie apparente.
Pendant les cinq heures pendant lesquelles le président a fait sur son compte la promotion du « projet vive la liberté » un silence de mort a régné parmi ses porte-parole officiels et parallèles. Interrogés par ce média, des personnes qui avaient un accès direct au président se sont limitées à préciser que le compte du président n'avait pas été piraté, et n’ont pas donné plus de précisions sur la réponse officielle dans un climat digital de plus en plus tendu. Quelques heures plus tard, le contrôle des dégâts a finalement été activé.
Quelques minutes avant 1h du matin, le samedi, le président qui avait le plus de chances d'être proposé pour un prix Nobel d'économie est réapparu sur son compte pour dire qui n'avait pas assimilé la méthode d'investissement dont il avait fait la promotion. Cette excuse a été écrite par l'un de ses plus proches collaborateurs qui, comme toujours, a opté pour un ton solennel, dans l'espoir de réussir à contrôler la pire erreur évitable depuis le début du gouvernement.
La publication du président a permis à son armée digitale de sortir pour le défendre sur son propre territoire. La ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, qui a été la première personnalité du cabinet à s'emparer de la grenade. « Ce qui s'est passé hier soir est comme une bombe atomique pour essayer de faire tomber le président avec un lance-pierre. C'est incroyable de demander un procès politique pour un tweet », a déclaré l'ancienne candidate à la présidence qui a noué ces derniers mois une relation très fluide avec Karina, propriétaire du stylo et de la guillotine libertaires.
Les déclarations de la ministre ne répondait pas seulement à la demande de procès politique sur les réseaux, à ce moment-là, c'était aussi une réponse anticipée à la présentation officielle que le bloc de l'Union pour la Patrie a faite samedi soir au Congrès. Par conséquent, et selon ce que ce média a pu reconstruire, le président lui-même a consulté ses collaborateurs sur la possibilité que cette action puisse provoquer n'importe quelle sorte de conflit légal, puisque la promotion d'activités privées par un Président pourrait représenter une violation de la loi sur l'éthique publique.
Les avocats qui entourent le président ont écarté fermement cette possibilité. a tel point que l'avocat personnel du président lui-même, Francisco Onetto, a utilisé ses réseaux pour soutenir son client. Le défenseur médiatique a affirmé que l'action de Milei ne constituait aucun délit parce qu'il y avait «absence de dol. » toujours selon lui, le président n'aurait pas été au courant du fait que cette « investissement » était en réalité, une escroquerie –plus de 89 millions de dollars étasuniens ont été répartis entre 10 utilisateurs– raison pour laquelle le président n'était coupable en rien. À l'opposé, le constitutionnaliste respecté Andrés Gil Domínguez a affirmé que l'action du président « implique la violation de plusieurs règles pénales, de la loi sur l'éthique publique (basée sur l'article 36 de la Constitution) et d'autres règles applicables à ces situations. »
Après deux jours de grâce, le Gouvernement se prépare à attaquer une semaine dont il sait qu'elle sera agitée. Concentré sur le fait de se montrer confiant devant un FMI méfiant, le parti au Gouvernement se concentrera sur le contrôle de la réaction encore inconnue des marchés ce lundi. En même temps, il a commencé à déployer pendant ces dernières heures, la stratégie de contrôle des dommages conçue par Caputo lui-même, une stratégie qui inclut de faire du kirchnerisme le point de mire et la bataille culturelle. Le communiqué diffusé par le bureau du président fait partie de cette stratégie. Tout cela pendant que le ministre de l'économie Luis « Toto » Caputo finit de faire la valise qu'il accompagnera en Afrique du Sud à la recherche de dollars frais qui lui permettent de continuer la fête libertaire.
NOTE de Bolivar Infos:
Le monotribut est un régime fiscal simplifié créé en Argentine pour réduire la charge fiscale et administrative des petits contribuables.
Contrairement au régime général, la monotaxe regroupe impôts et cotisations sociales en une seule mensualité, ce qui simplifie considérablement la gestion fiscale.
Ce système est conçu pour les travailleurs indépendants et les petites entreprises qui génèrent des revenus limités, offrant une option accessible pour la formalisation de leurs activités.
Le régime monotaxé vise à promouvoir l’inclusion des micro-entreprises et des professionnels indépendants dans le marché formel.
(https://imedias.me/fr/monotributistas-que-es-beneficios-y-requisitos-para-serlo/)
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