Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bolivie : La guerre occulte pour le contrôle du lithium

7 Février 2025, 16:34pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Le conflit pour le lithium bolivien reflète un affrontement géopolitique complexe qui impacté l'Amérique latine, en particulier pour le contrôle de ses ressources stratégiques.

 

Au cœur des Andes, la Bolivie héberge, l'une des réserves de lithium les plus convoitées de la planète. Cette ressource, très importante pour la transition énergétique mondiale, est l'épicentre d'une bagarre géopolitique organisée par les États-Unis.

 

Tandis que le Gouvernement bolivien avance dans des alliances avec des entreprises russes et chinoises pour industrialiser son lithium, un réseau d'opposition intérieure, d'infiltrations dans des institutions d'Etat et de pressions étrangères révèle une stratégie orchestrée par Washington pour obtenir le contrôle de ce minerai stratégique.

 

Les experts dénoncent le fait que, derrière ce scénario se cache la main du Commandement Sud des États-Unis et de ses alliés, occupés à freiner l'influence de la Chine dans la région.

 

Ce n'est pas un hasard si le Commandement Sud des États-Unis intensifie son intérêt en Amérique latine. Laura Richardson, ancienne chef de cet organisme, a admis en 2023 qu’elle était inquiète à cause de l'avancée de la Chine : « 22 des 31 pays de cette zone ont  adhéré à l'initiative « ceinture et route. » Nous devons être présents dans les adjudications et les contrats. » Cette déclaration montre que la priorité est clairement de contrecarrer l'expansion économique chinoise dans la région, en particulier dans des secteurs stratégiques comme le lithium. Pour la Bolivie, cela se traduit par des pressions destinée à éviter des accords avec Pékin et Moscou.

 

Selon des analystes locaux, la résistance aux contrats avec des entreprises chinoises et russes à Potosí, une région clé des salines de Bolivie, éveille des soupçons. Interviewé par teleSUR, Samuel Montaño, expert en stratégie militaire, souligne l'incongruité de la situation : « Il est étrange que l'opposition et les secteurs civiques de Potosí rejettent ces projets, mais ne remettent pas en question les transnationales étasuniennes qui opèrent déjà au Chili et en Argentine ». Montaño lie cette dynamique à une campagne régionale : « Au Chili, on a encouragé la participation européenne au lithium pour évincer la Chine. Le scénario se répète ici. »

 

Un autre, la proximité des élections de 2025, aiguise le problème. Montaño souligne l'Ascension du coréen–évangélique Chi Hyun Chung, encourager depuis l'étranger : « la Corée-du-Sud agit comme  un. Bâton blanc.  Chung a des soutiens aux États-Unis et pour former un groupe pro-étasunien. »

 

Infiltration dans YLB : l'université de Duke et le Commandement Sud

 

L'entreprise d’État Yacimientos de Litio Bolivianos (YLB) n'échappe pas à l’ingérence. Hugo Moldiz, analyste, politique, dénonce le fait que « l'université de Duke, à travers Kathryn Ledebur, liée au Commandement Sud, a infiltré des personnes dans YLB pour retarder les contrats avec la Chine et la Russie. » Selon Moldiz, ces acteurs ont retardé de deux ans les accords jusqu'à leur retrait en 2023. C'est une façon d'opérer pour saboter de l’intérieur l'industrialisation souveraine du lithium.

 

Le multimillionnaire fait aussi partie du jeu. En 2022, il a offert « Dédé la Boli à extraire le lithium » mais sa proposition a été refusé parce que elle mettait la souveraineté sous. À cela s'ajoute Marcelo Chlaure, mangnat boliviano-étasunien qui, selon Moldiz, cherche « à contrôler le lithium en patronnant une formule de droite pour 2025. » Chlaure, patron du club de football Bolivar et ancien CEO de SoftBank, personnifie les intérêts supra-nationaux qui opèrent dans l’ombre.

 

Malgré ses obstacles, la Boli a signé en novembre 2024 un contrat historique avec la compagnie chinoise CBC Investment (filiale de CATL, leader en batteries) pour construire des usines de carbonate de lithium, avec un investissement de 1 030 000 000 de dollars. Le président Luis Arce a déclaré à ce moment-là : « Nous négocions avec les plus grands. » À cela s'ajoute l'accord avec la compagnie russe, Uranium One Group (de ROSATOM), qui renforce le pays en tant qu'acteur de la chaîne mondiale du lithium.

 

Mais l'opposition à l'assemblée législative, contrôlée par des secteurs critiques envers le Gouvernement, paralyse les deux projets. Les législateurs et les dirigeants civiques de Potosi, malgré la potentielle création d'emplois et de devises, insistent pour bloquer ces accords sous prétexte « d’anticonstitutionnalité », un discours que les experts relient à des lobbies étrangers.

 

La bataille pour le lithium bolivien dépasse la sphère économique et devient une bataille de modèles. Alors que le Gouvernement de Luis Arce mise sur des alliances avec la Chine et la Russie pour industrialiser la ressource sans en céder le contrôle, les États-Unis et leurs alliés déploient des tactiques de déstabilisation, de l'infiltration à la promotion de candidats partageant les mêmes idées. Le droit de la Bolivie à décider de ses ressources est en jeu. Comme le dit Moldiz, « derrière tout cela, il y a des intérêts qui ne veulent pas que les choses changent ».

 

Entre le boom électrique et la volatilité du marché

 

La Bolivie est, sans discussion possible, le géant du lithium au niveau mondial : avec 23 000 000 de tonnes concentrées dans sa saline de Uyuni, elle contrôle 47 % des réserves mondiales , selon les données de 2023. La suivent l'Argentine avec 17 000 000 de tonnes, 35 % et le Chili avec 9 300 000 tonnes, 19 %. C'est trois pays forment un stratégique, « triangle du lithium », qui comprend les salines de Uyuni (Bolivie), Hombre Muerto (Argentine) et Atacama (Chili). Ensemble, CPI, héberge plus de 70 % de cette ressources sur la planète, une donnée clé pour comprendre pourquoi cette région est devenu un échiquier de disputes géopolitiques.

 

Dans cette situation, le prix du carbonate de lithium a varié pendant les 10 dernières années : de 5000 $, la tonne en 2010, il est passé à un pique historique de 80 000 $ en 2022, stimuler par le boom mondial des véhicules électriques qui ont quintupler leur vente entre 2020 et 2022. En 2023, cependant, il a baissé de 71 % pour atteindre 23 000 dollars, selon les données de BloombergNEF. La cause : le ralentissement en Chine, où les ventes de voitures électriques ont baissé pour la première fois en 10 ans en raison de la saturation du marché et de la réduction des subventions.

 

La Bolivie, patronne du lithium mondial, est coincée entre deux forces titanesque : son potentiel et la volatilité d'un marché hypersensible aux va-et-vient géopolitiques. Alors que le pays avance dans des alliances avec la Chine et la Russie pour industrialiser son lithium–en cherchant à se blinder contre l'ingérence des États-Unis.–la baisse du prix en 2023 montre aussi sa vulnérabilité. Sur cet échiquier, la Bolivie joue avec un avantage matériel bien que son défi soit non seulement extraire « l’or blanc » mais d'éviter que sa richesse ne s'évapore dans une tourmente entre géants.

 

Source en espagnol :

https://www.telesurtv.net/bolivia-y-el-litio-la-guerra-oculta-por-el-control-del-oro-blanco/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/02/bolivie-la-guerre-occulte-pour-le-controle-du-lithium.html