Brésil : Jair Bolsonaro poursuivi en justice pour avoir organisé un coup d’Etat
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Le procureur général de la république du Brésil, a déposé une plainte officielle devant le Tribunal Suprême Fédéral (STF) contre l'ancien président Jair Bolsonaro et un groupe d'alliés pour avoir orchestre une tentative de coup d'état après les élections de 2022.
L'enquête, qui comprend plus de 200 pages, signale Bolsonaro comme le chef d'une organisation criminelle qui cherchait à annuler les élections et à rester au pouvoir, et les peines pour les délits qui lui sont attribués, pourraient tourner autour de 40 ans de prison.
Selon le procureur, Bolsonaro a dirigé une structure criminelle avec son candidat à la vice-présidence, le général Walter Braga Netto. À travers ses discours et ses actions, il avait créé une ambiance de perte de légitimité du processus électoral en promouvant l'idée de fraude et en ourdissant des stratégies pour éviter la transition du pouvoir.
La plainte mentionne aussi la participation d’autres hauts commandants militaires et civils, dont :
- Alexandre Ramagem, ancien directeur de l’Abin et député fédéral.
- Almir Garnier Santos, ancien commandant de la Marine.
- Anderson Torres, ancien ministre de la justice.
- Augusto Heleno, ancien ministre de la sécurité des institutions.
- Paulo Sérgio Nogueira, ancien commandant de l'armée.
- Mauro Cid, ancien aide de camp de Bolsonaro.
Le procureur soutient que l'organisation du coup d'Etat a été coordonné grâce à des réunions secrètes pendant lesquelles différents scénarios ont été conçus pour empêcher l'investiture de Luis Ignacio Lula Da Silva. Depuis des tentatives de pression sur les hauts commandants militaires jusqu'à la création de décrets d'urgence destinés à invalider les élections, ce plan aurait débuté quelques mois avant le 8 janvier 2023.
En outre, en a identifié des réseaux de communication cryptés utilisés pour coordonner les actions et éviter les fuites.
Cette plainte accuse Bolsonaro et son cercle proche des délits suivants :
–Tentative de coup d’Etat
––Abolition violente de l'État démocratique de droit
–Direction d'une organisation criminelle armée
–Dommages qualifiés avec violence et menaces graves contre le patrimoine de l’union
–Détérioration du patrimoine public
Les preuves incluent des documents, des enregistrements digitaux et des témoignages d'anciens collaborateurs parmi lesquels Mauro Cid qui a confirmé l'existence d'un plan détaillé pour interrompre la transition de gouvernement grâce à une insurrection armée.
De plus, il a été révélé que Bolsonaro et son entourage avaient eu des contacts avec des secteurs ultra-conservateurs de l’armée en cherchant du soutien pour déclarer un état d'exception. Des messages textes et des enregistrements de réunions pendant lesquelles les scénarios éventuels destinés à justifier l'intervention militaire étaient discuté ont été découverts.
L'un des points clé de l'accusation est l'existence d'un brouillon de décret que Bolsonaro et son équipe avaient élaboré en décembre 2022. Ce document proposait de:
- Déclarer l'état de défense pour donner des pouvoirs extraordinaires à Bolsonaro.
- Créer une « commission de régularité électorale » pour réviser les les résultats des élections.
Selon le procureur, Bolsonaro avait fait pression sur les forces d'armée pour qu'elle se joigne à l'insurrection en diffusant un récit d’ illégitimité du processus électoral.
De plus, on a appris qu'il avait ordonné le suivi et l'espionnage du ministre du TSF, Alexandre de Moraes, grâce à ce qu'on a appelé « l'opération mondiale 2022 ». Ce programme aurait utilisé des technologies de surveillance avancées pour suivre les mouvements et les communications du magistrat. parmi les outils employés, ce serait trouvé un logiciel d'espionnage avec des capacités de suivi en temps réel et un accès à distance aux appareils électroniques.
Attaque des trois pouvoirs
L'accusation souligne aussi que Bolsonaro et ses alliés ont organisé les camps de protestation devant les casernes de l’armée en alimentant l'attente d'une intervention armée.
Pendant des semaines, des milliers de manifestants se sont installés à ces endroits, convoqués, grâce aux réseaux sociaux et avec des discours incendie d'hier des alliés de l'ancien président. Dans ces camps, d'anciens militaires, des instructeurs en tactique de guérilla et des gens armés étaient présents, ce qui suggère que ce n'étaient pas de simples manifestations pacifiques.
Cette stratégie s'est achevée avec les événements du 8 janvier 2023, quand les partisans de l'ancien président ont envahi et vandalisé le siège des trois pouvoirs à Brasilia. Les investigations indiquent que cette attaque n'a pas été spontanée mais coordonnée grâce à des applications de messagerie et financée par des patrons liés à l'extrême droite.
Des transactions bancaires suspectes et des enregistrement d'appels passés avant l'attaque qui démontrent la planification méticuleuse du coup d'Etat ont été identifiés.
Un plan pour assassiner Lula et Moraes
L'un des aspects les plus graves est l'existence présumée d'un plan destiné à assassiner le président Luis Ignacio Lula Da Silva et le ministre Alexandre de Moraes. Cette conspiration, intitulée « poignard vert et jaune », comprenait l'élimination de ces dirigeants politiques dans le cadre de la prise du pouvoir.
Selon le procureur, ce plan incluait l'engagement de mercenaires avec un entraînement militaire et l'utilisation d'explosifs lors de cérémonie officielles.
Le rapport du procureur précise qu'il y a eu des contacts entre des secteurs radicaux des forces de sécurité et des groupes extrémistes qui avaient reçu des instructions sur la façon d'exécuter ce plan. Des messages dans lesquels on discutait de la possibilité d’un attentat pendant une apparition publique de Lula, ainsi que de la surveillance extrême de Moraes, ont été identifiés.
Certaines communications ont également mis en évidence l'acquisition d'armes illégales et la planification de routes de fuite pour les auteurs de l’attentat.
Que va-t-il se passer ?
Le tribunal suprême fédéral doit maintenant évaluer la plainte et décider si il l'accepte, ce qui implique traitait l'accusation officielle de Bolsonaro et de ses alliés. Si elle est approuvée par les magistrats, un processus pénal qui pourrait amener l'ancien président à affronter des peines de prison pouvant aller jusqu'à 40 ans sera engagé.
Dans le cas contraire, la plainte sera archivée. Cette affaire a créé de grandes attentes dans la communauté juridique et dans la société brésilienne, étant donné qu'elle représente une épreuve du feu pour la solidité du système démocratique du pays.
Selon des sources judiciaires, ce processus pourrait prendre plusieurs mois à cause de la quantité de preuve réunies. Pendant ce temps, Bolsonaro et ses alliés ont réfuté les accusations et dénoncé une persécution politique contre eux.
Mais les procureur affirme que les preuves sont sur l'idée que l'tentative de coup d'étata été planifiée et exécuté avec l'intention de saper la démocratie brésilienne. On attend maintenant la réponse du tribunal suprême fédéral et le dénouement judiciaire pour l'ancien président et ses collaborateurs les plus proches.
Source en espagnol :
https://www.telesurtv.net/como-fue-el-plan-golpista-de-bolsonaro-segun-al-pgr/
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