Colombie : Où va le Gouvernement du Changement ?
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Le Gouvernement du changement que dirige le président Gustavo rétro est à un carrefour décisif. Quel chemin prendre, à gauche, à droite ou au centre ?
Beaucoup de gens pensent et que le président va donner un coup de timon pour changer la direction pour changer la direction qu’a pris son Gouvernement, qui n'a pas respecté 146 des 195 engagements pris pendant la campagne électorale: seulement 25% de ce qui avait été promis pendant cette campagne a été tenu. Échec dont il rend responsables ses ministres et directeurs de départements administratifs.
Ce qui n'est pas clair, c'est la direction dans laquelle il donnera le coup de barre pendant le temps qui lui reste avant la fin de son mandat.
Ce qui est clair, c'est que Gustavo Petro cherche à rester dans l'histoire comme le président révolutionnaire, le Gouvernement ne l'est pas, comme il l’a affirmé lors du premier conseil des ministres public de ce 4 février en donnant à entendre que ses ministres ne sont pas révolutionnaires, ne respectent pas les objectifs que le Gouvernement leur a donnés, car ce qu’on a réussi à réaliser est très en dessous des attentes du peuple qui l’a élu.
Ce qui s'est passé à la réunion au palais de Nariño, quand le chef de l'État est venu annoncer en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux de la présidence que le conseil des ministres serait public peut se qualifier de coup de maître politique qui a apporté plusieurs surprises.
Les surprises du conseil des ministres
La semonce publique adressée ses ministres parce qu'ils ne respectaient pas le programme de gouvernement décidé avec le peuple. Montrer à toute la Colombie un bilan de gestion assez pauvre. La manière dont il a pesté contre la dernière guérilla historique qui reste en Colombie, l'ELN, pour ensuite justifier le retour à la stratégie contre-insurrectionnelle, ce qui ne signifie rien de plus que se débarrasser de la paix totale et embrasser l’ancienne doctrine de la sécurité nationale, en décrétant l’état de troubles intérieurs pour 90 jours a été surprenante.
Pour ne pas avoir réussi à obtenir un accord définitif sur Lopez total, l'objectif maximal refusent de faire de la Colombie, une puissance mondiale de la vie ne va pas pouvoir se réaliser. Plus difficile encore à réussir sans mener à son terme la réforme des institutions profondes (fiscalité, travail, santé, retraite) que requiert l’État, aujourd’hui freinée par la majorité parlementaire au service de l’oligarchie, ce qui conduit à remettre en cause le grand rêve du gouvernement du changement.
Il est également surprenant que les fortes contradictions au sein du Gouvernement aient été exposées au grand jour. Avoir imposé un personnage sombre et négatif pour le projet progressiste en Colombie comme Armando Benedetti, qui incarne précisément des valeurs contraires à celles que représente le Gouvernement du changement.
En tant que chef du bureau du président, Benedetti sera chargé d'organiser son ordre du jour et en même temps, sera le canal de communication entre les différents pouvoirs, y compris les ministres et les directeurs de département. Le malaise a été tel que la ministre de l'environnement, Susana Muhamad, a demandé publiquement et en direct la démission de Benedetti, une question que le président a magistralement éludée.
Habilement et intelligemment, le chef du Gouvernement a profité du conseil des ministres pour montrer à la Colombie, que certains d’entre eux avaient des ordres du jour parallèles et étaient en campagne électorale pour les élections présidentielles de 2026.
Enfin, le fait que le conseil ait été convoqué pour discuter non du bilan du programme de gouvernement mais du décret de troubles intérieurs, suite à la crise humanitaire et à la guerre qui se déroulent dans le Catatumbo et d'autres zones du pays à cause de l’affrontement entre les dissident dissidents des FARC, le front 33 et l'ELN qui a fait plus 60 morts et déplacé quelques 50 000 habitants, a provoqué des protestations.
Dignité et souveraine nationale
Dans l'interview accordée au journaliste Félix de Bedout, le président a parlé du traitement qu'il a « accordé », à la décision indigne du président des États-Unis, Donald Trump, de déporter des centaines de citoyens colombiens menottés et enchaînés comme des criminels, traité comme illégaux, et qui, comme des millions de personnes du monde entier, ont émigré au nord à la recherche du « rêve américain. »
Dans cet interview, le président a laissé voir ses ambiguïté et ses contradictions politiques quand il a raconté l'histoire des relations bilatérales entre les États-Unis et la Colombie.
L'histoire des relations diplomatique, économiques et militaires entre les États-Unis et la Colombie, Renan Vega Cantor, enseigne que la souveraineté de la Colombie a été soumise aux intérêts géostratégiques et économiques de la puissance hégémonique.
La violation de la souveraine nationale date de longtemps. On peut retrouver son origine au début du XIXe siècle, dans les guerres d'indépendance qui lui ont permis de passer de l'état de colonie espagnole à celui d’Etat national sous la domination hégémonique des États-Unis. Cette soumission s'exprime dans le conflit armé interne, à travers la guerre contre-insurrectionnelle et anticommuniste de plus de 80 ans qui subsiste encore. (Catatumbo, Arauca, Cauca, Pacífico, Chocó, Nariño).
C'est pourquoi, rompre les dialogues avec l'ELN et passer de la proposition de la paix totale à la guerre anti-insurrectionnelle dans le Catatumbo, et d'autres zones du pays, sous le prétexte fallacieux que l'ELN est simplement un cartel de trafiquants de drogue sous les ordres de la mafia mexicaine n'est pas seulement une stupidité, mais une décision erronée.
Cette mauvaise décision n'est rien d'autre que de la démagogie et de la rhétorique scolaire, elle n'apporte rien de nouveau, c'est exactement la même chose que l'oligarchie a prétendu pendant 80 ans, de différentes façons et sous différents costumes (rouge libéral ou bleu royaliste). Aujourd'hui, sous le gouvernement de Gustavo Pétro, on l'appelle état de trouble intérieur, hier, sous le gouvernement du chef du para-militarisme, Álvaro Uribe et de ceux qui l’ont suivi (Santos et Duque, 2004-2022), on l'appelait sécurité démocratique, et sous le gouvernement de Julio César Turbay (1978-1982), on l'appelait statut de sécurité.
L'objectif était le même : Ce que les Gouvernements oligarchiques on fait depuis Guillermo León Valencia (1962–1966) jusqu'à aujourd'hui, c'est de ne pas reconnaître les causes historique à l'origine de la rébellion armée et de les nier pour, au lieu de s'attaquer à ces causes, se concentrer sur leurs effets en refusant de lui donner un traitement et une solution intégrale grâce à la paix totale avec la justice sociale obtenue par concertation avec l'opposant insurgé et les communautés historiquement frappées par la guerre, en répétant la thèse qui n'a rien résolu de la doctrine militaire yankee.
Au lieu de revenir à la confrontation armée entre Colombiens, ce qu'il faudrait faire avec ce qui reste du gouvernement, c'est soumettre le rôle d'insoumission de la souveraineté nationale aux États-Unis au débat public et à la consultation populaire, à la lumière des grands changements (un monde multipolaire avec trois centres de pouvoir, les États-Unis, la Chine et la Russie, en pleine polycrise mondiale, comme l'appellent les analystes géopolitiques, dont Alfredo Jalife, Pepe Escobar, Ignacio Ramonet et bien d'autres) qui se produisent dans le monde et dans le Sud global. Ce qui se passe aujourd'hui sur la scène de la dispute géostratégique mondiale définira l'avenir des nations pour longtemps. Il s'agit en effet d'une question de la plus haute importance politique en Colombie et sur le continent.
Les ambiguïtés de Gustavo Petro
https://www.telesurtv.net/blogs/colombia-para-donde-va-el-gobierno-del-cambio/
Les discours de Gustavo Petro sont de plus en plus ambigus et contradictoires. D'une part, il affirme dans son interview avec Félix de Bedout, qu'il est opposé au rôle des États-Unis en tant que puissance dominante, et ensuite, il dit qu'il n'est pas anti-nord-américain. En réalité, cette sorte de contradictions et d'ambiguïtés n’est pas étranges si on tient compte de son origine idéologique dans le M–19, et de son idéal politique : « Sa proposition de gouvernement est une audacieuse combinaison entre les éléments essentiels de l'État de bien-être de la social-démocratie, une proposition qu’il enrichit avec les avancés et les progrès en matière de valeurs et de droits des minorités, la vision de la défense et de la protection de la nature et des animaux ainsi que la nécessité de stimuler un modèle économique productif dans le cadre du système capitaliste. »
Un autre exemple d'ambigu de contradiction : la gestion du scandale politique honteux des déportations de Colombiens. Malgré la dure réponse qu'il a faite à Trump dans son tweet du 26 janvier sur le réseau X, il semblerait que la résolution de ce conflit diplomatique se soit achevée dans les mains de Gilberto Murillo et de Laura Sarabia, le jour où Elle a pris sa charge de chancelière et où Murillo s'apprêtait à quitter ses fonctions. Dans l'interview, c'est clair quand il affirme « là, il y a des responsabilités à interne » sans préciser de quelle sorte de responsabilités il s’agit.
Infobae, citant le New York Times, affirme Álvaro. Uribe a aidé Laura Sarabia, récemment nommée chancelière, à résoudre la crise diplomatique, certainement grâce aux contacts qu'il a, et au fait qu'il communique avec l'auteur intellectuel du para-militarisme et de la de la guerre sale en Colombie.
Qu’ont apporté la nomination de Laura Sarabia et celle de Gilberto Murillot? Absolument rien en faveur de la souveraine nationale. Évidemment, celui qui a été le quota politique du parti de Santos n'a rien à apporter à un processus de changement et de transformation politique profond.
Que cherche Gustavo avec ses problèmes d’échecs?
Ceux qui a suivi la réunion du cabinet du 4 février, le pays l’a, appris avant le voyage du président aux Émirats arabes unis, quand il a annoncé sur son compte X : « J'ai demandé à des ministres et à des directeurs de départements administratifs une démission protocolaire. »
Une fois élu à la majorité par le peuple, après l'explosion sociale qu’il a su canaliser et, dans certains cas, agir comme coupe-feu à un proposant au mouvement social et populaire de s'asseoir avec Ivan Duque pour négocier, il a formé un cabinet d'alliances politiques et de répartition des charges entre différents partis, faisant écho à la thèse que le peuple est multicolore comme si cette réalité évidente était la seule chose déterminante dans la construction d'un projet de grandes transformations et de réformes radicales « à la racine, » comme disait le constitutionnaliste, Carlos Gaviria.
En réalité, ce que Pétro est venu faire, c'est de donner la priorité à des accords par en haut, avec les parties politiques qui ont été les responsables historiques de la profonde et multiples crises qu'a vécu le pays, écartant les accords par le bas avec les bases. En même temps, il a convoqué, une mobilisation populaire, le peuple, sporadiquement, sans être cohérent et systématique dans ses convocations, quelquefois pour une Assemblée constituante primaire parce que son mandat est menacé et qu'ils ont essayé d'organiser un coup d'État ; d'autres fois, pour vaincre l'oligarchie qui ne permet pas aux réformes structurelles de prospérer dans un parlement qui est majoritairement dans l'opposition ; à certaines occasions, il a parlé de révolution. La révolution à laquelle il fait référence n'est pas claire.
Vers où ira le coup de timon que donnera le président ?
À cause de ce qu'il a affirmé au conseil des ministres, ce peut être dans n'importe quelle direction, vers la droite quand il combine des thèses sur l’insurrection qui pourraient bien être celles de n'importe quel ambassadeur yankees dans le pays ou les mêmes que celle de la narco décadente, Álvaro, Uribe et ses partisans, quand ils rompe les dialogues avec l’ELN.
Citations:
–Dans le Catatumbo, l'oppresseur, c'est l’ELN (min. 37:33). Parce qu'il a sali son drapeau. Il n'est plus rouge et noir. C’est (l’ELN) des fascistes (min. 33:56). Elle tue son peuple. Pour contrôler le marché de la cocaïne dans le Catatumbo (38:03).
–L’ELN, aujourd'hui, est une mafia (min. 39:56). Ils me l'ont déjà dit, ils ont choisi la voix de Pablo Escobar. (min. 40:16) Leurs fusils ne sont en rien des fusils révolutionnaires.(min. 40:39) Le peuple se révolte et cherche son président, parce qu'il a voté pour lui majoritairement. Et le président lui envoie l’armée et s’attend à ce que l'armée soit l'armée de Bolivar et non de l'oligarchie, et encore moins de la mafia. (min. 41:00).
–Où sont les actions contre l’ELN ? L’eLN n'est plus l'ennemi d'avant, idéologique, comme nous avons été, nous, (le M19) l'ennemi de l’oligarchie (min. 41:30)…que l’objectif (stratégique et militaire, contre-insurrectionnel) a été atteint, une armée qui chasse l’ELN du Catatumbo, comme l’a ordonné le président (min. 42:11). S'ils ont pu chasser le front 33 (des dissidents des FARC) (min. 42:15) que j'avais invités à faire la paix, voyons si nous pouvons faire la paix avec quelqu’un.
Se pourrait être aussi un tournant, la gauche, comme le donnent à entendre les citations suivantes :
–Celui qui ne s'indigne pas du traitement indigne que Donald Trump, président de l'empire nord-américain, donne aux citoyens des nations libérées par Bolivar, c'est parce qu'il n'a jamais compris Bolivar qui a vaincu l'armée la plus puissante de la terre (los chapetones, l’armée réaliste) et qu’il n'a pas compris non plus pourquoi nous sommes indépendants et souverains (min. 26:18) (sic).
–Notre raison d'être en tant que république et la liberté et la démocratie (min. 22:50).
–Alors, Petro est dans son bon sens, si il s'agenouilles devant Trump. Non, ministre Laura (Sarabia) (min.27:30). Si nous nous agenouiller, nous perdons le sens de la nation et du peuple et de sa dignité. C'est-à-dire, nous disons historiquement, que nous invitons le roi, et que ce fut une erreur de l'avoir chassé de là. Une erreur d'être une république souveraine et non.(min. 27:40)
Il pourrait aussi prendre le chemin de la troisième voie dans le style de ce qu’a fait la social-démocratie dans les premières décennies du XXe siècle. Mais il faut garder les proportions et tenir compte du fait que le contexte historique est très différent.
Ce qu'on appelle la troisième voie (la Suède a été un exemple typique) qui a disputé à la révolution bolchevique, au début du XXe siècle, la construction d'un modèle de société basé sur la conduite du parti du prolétariat, la dictature du prolétariat contre la dictature de la bourgeoisie du capital et du marché qui a abolirait les classes, l'esclavage et l'exploitation de l'être humain pour être humain, qui libérerait celui-ci de la pauvreté, de la misère et de l'analphabétisme, dans la guerre à mort qu’il livrerai contre le capitalisme colonialiste, impérialiste et oppresseur qui exploite les peuples et leurs économies, pille les ressources naturelles et détruit la nature pour augmenter ses bénéfices.
Quelle que soit l'orientation politique du gouvernement de Gustavo Petro, il n’arrivera probablement pas à réaliser son programme de gouvernement, d'une part, et il n'est pas déraisonnable d’affirmer qu'il pourrait finir par ouvrir la voie à un retour de l'extrême droite au pouvoir, d'autre part. Ce serait un cauchemar et le plus grand obstacle à la poursuite du projet de changement en Colombie.
En Amérique latine, il existe plusieurs exemples du désastre qu'on causait des gouvernement qui ont hésité et que en gouverner avec l'ennemi historique dans des alliances de classe, cela a même coûté à certains d'entre eux la destitution et la prison (Alberto Fernández, Argentine ; Rafael Correa, Équateur ; Gabriel Boric, Chili ; Lula/Dilma, Brésil ; Pedro Castillo, Pérou).
Gouverner avec des secteurs qui représentent la vieille politique et la politique de l'oligarchie parce que le peuple est « multicolore » quand on hésite entre renforcer et radicaliser le projet d'une alliance organisationnelle et politique avec les bases, le constituant primaire, en reprenant le chemin de l'indépendance définitive, cours le risque de tout perdre. Par n'importe laquelle de ces voies hésitantes, le pays s'enfoncera de nouveau dans la nuit obscure, antichambre de la mort de l'espoir en Colombie et de l'unité des peuples de Notre Amérique.
Nous sommes passés en moins d'une décennie de l'espoir avec les dialogues et les accords de paix de 2016, entre Santos et les FARC à l’échec, et à la frustration de l'espoir avec Santos–Duque, à l'explosion sociale entre 2020 et 2022 et à la renaissance de l'espoir, au Gouvernement du changement dont nous ne savons pas vraiment quel chemin il va prendre face à ce carrefour historique. Celui de la frustration de l'espoir à nouveau ?
Source en espagnol :
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