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Cuba : Opportunités et limites de l'association avec les BRICS

12 Février 2025, 16:11pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Luis René Fernández Tabío 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

L'annonce de l'entrée de Cuba dans les BRICS comme membre associé à partir de 2025 est un résultat important de la diplomatie et de la politique étrangère, cubaines à cause de l'approbation unanime de cette association par les pays membres du groupe dont les fondateurs sont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

 

La signification de cet événement est due aussi à l'importance économique et politique croissante des BRICS dans la reconfiguration de l'ordre économique et politique international vers un système de gouvernance mondiale plus juste et équilibré.

 

Malgré les inégalités et les différences entre ses membres -politiques ou idéologiques- les membres du groupe sont tous d'accord sur des positions importantes concernant des changements positifs pour le bilan du pouvoir mondial.

 

Un événement qui ouvre des opportunités à l'économie cubaine mais des opportunités qui, pour devenir efficaces, doivent vaincre des obstacles et des limites extérieures et intérieures, car l’incorporation de Cuba comme membre associé a des dimensions politiques et économiques qui lui sont favorables de manière générale mais impliquent  un effort propre pour les rendre efficaces.

 

Les perspectives de l'île dans le groupe partent de l'existence de bonnes relations politiques et économiques avec les principales puissances membres de ce forum parmi lesquelles se distinguent ses liens historiques, politiques et économiques avec la Chine et la Russie. Des pays qui pourraient apporter des investissements et une assistance dans des domaines comme les infrastructures, la technologie et les énergies renouvelables.

 

Par des négociations, de nouvelles entreprises mixtes pourraient être créées et établir des chaînes de valeur pour contribuer à la croissance et au renforcement de marchés pour les produits cubains aussi bien de haute technologie dans l'industrie bio-technologique que dans le secteur agroalimentaire et celui des mines.

 

Des affaires pourraient également se faire grâce à diverses modalités de coopération dans les services médicaux et éducatifs, des sphères dans lesquelles Cuba a de l'expérience et des forces qu'elle peut apporter.

 

Potentiellement, et en accord avec des stratégies intelligentes, Cuba pourrait accéder aux ressources financières de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) ou de la Banque des BRICS. Des fonds qui pourraient être utilisés dans des projets d'infrastructures et de développement soutenable pour élargir et renforcer la coopération technologique grâce à l'échange de connaissances et de technologies appliquées au développement de nouveaux produits et de nouveaux services.

 

Des pays comme l’Inde et la Chine sont très avancés dans des secteurs technologiques qui pourraient collaborer avec Cuba dans des domaines comme la biotechnologie, les télécommunications et l'agriculture soutenable.

 

Cela permettrait d'augmenter les exportations cubaines grâce à la création de nouvelles chaînes de valeur et ainsi d'augmenter de diversifier les revenus du pays.

 

De même, les membres des BRICS pourraient faciliter des programmes d'échanges éducatifs et de transfert de connaissances, en particulier, dans la santé, l'ingénierie et l'élargissement de la participation des énergies renouvelables, qui sont essentiels pour assurer la croissance et la sécurité de leurs approvisionnements énergétiques.

 

Par conséquent, Cuba pourrait réduire ses vulnérabilité en diversifiant les sources de ses relations économiques, commerciales et financières internationales hors de la sphère de plus grande influence des mesures économiques coercitives des États-Unis et des marchés les plus soumis aux pressions extra-territoriales du blocus imposés au pays, comme pourrait l’être les alliés européens et dans d'autres régions des États-Unis.

 

Les efforts et les propositions qui se présentent et se discutent dans le cadre des BRICS pour stimuler des formes de paiement alternatifs pour les transferts monétaires et financiers ont une importance particulière. Des formulations qui proposent même de créer un système monétaire qui accélère la diminution de la participation du dollar des États-Unis à l'économie mondiale.

 

Dans ce cas, il est évident que l'intégration de Cuba dans toute variante lui permettant d'échapper au circuit du dollar au sein des BRICS réduit les effets du blocus économique, financier et commercial.

 

Des industries comme le tourisme et la culture pourrait créer et élargir des marchés émergeants dans des pays comme l'Inde, le Brésil et la Chine en promouvant la culture, l'histoire et les beautés naturelles.

 

Certaines initiatives diplomatiques contribuent à élargir et à diversifier les relations culturelles et touristiques qui apporteraient de nouveaux revenus à l'économie cubaine.

 

En tout cas, les principales limites et les principaux défis pour profiter de ces opportunités constituent aussi des stimulants pour que la stratégie cubaine cherche des alternatives qui lui permettent de s'insérer au niveau international.

 

Les conditions d'infrastructure dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et la technologie constituent un défi pour la mise en œuvre de projets à grande échelle avec les BRICS, et des projets devraient être entrepris dans un premier temps pour les surmonter grâce à une assistance financière et à des prêts souples.

 

L'absence de capacité financière de Cuba s'exprime dans les restrictions financières internes dues aux liquidités limitées et à des problèmes avec la dette extérieure, ce qui accroît les risques du pays et limite la réalisation de projet de coopération et d'investissements à grand échelle comme l'exige la modernisation et l'expansion économique du pays.

 

On sait que le blocus des États-Unis a un caractère extra-territorial et la capacité de limiter des possibilités de Cuba d’établir des relations financières pleines, même avec les membres des BRICS car beaucoup de pays évitent les sanctions secondaires et ne cherchent pas délibérément à s'isoler du marché étasunien.

 

Il s’agit d’un blocus renforcé ces dernières années par la guerre économique contre Cuba, les soi-disant sanctions économiques imposées par les États-Unis selon leur propre conception, le caractère central de la plus grande économie mondiale et les conditions de la mondialisation économique.

 

Au milieu de ce panorama, on a conçu des politiques et des stratégies pour moderniser, restructurer et stimuler le développement de l'économie cubaine. Mais il reste encore beaucoup à faire. Il reste des obstacles créés par une bureaucratie en tant que séquelles de la structure administrative encore excessivement centralisée.

 

Des erreurs dans la mise en œuvre des réformes du système économique n'offrent toujours pas un scénario suffisamment favorable au commerce et à l'investissement étranger, ce qui n'a pas permis jusqu'à présent au pays de diversifier ses exportations et d'augmenter l'offre de produits aux pays BRICS.

 

C'est pourquoi les organismes de relations internationales de Cuba doivent se focaliser sur le renforcement des relations bilatérales avec les BRICS en général, mais surtout l'intensification des accords spécifiques avec la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil en profitant de secteurs stratégiques comme la santé, l'éducation et la biotechnologie.

 

Cuba a des forces qui découlent de sa réputation d'autorité sur le Sud Mondial et peut se placer comme un allié stratégique à l'intérieur des BRICS, en Amérique latine et dans les Caraïbes, à partir de sa condition d'associée du groupe.

 

En même temps, qu'elle doit se préparer à faciliter les investissements étrangers directs, à éliminer les obstacles bureaucratiques et à promouvoir des cadres réglementaires plus clairs et plus souples qui donnent sécurité et confiance à ses partenaires au sein des BRICS.

 

L’île doit aussi tracer des stratégies spécifiques pour réduire les vulnérabilité et les difficultés intérieures, concevoir et négocier des projets de collaboration et d'affaires pour profiter de la participation de Cuba aux BRICS en tant qu’associée.

 

Des questions qui permettraient au pays de s'insérer de façon profitable dans cet important groupe qui marque le pas dans le processus d'établissement d'un nouvel ordre de gouvernance mondiale plus juste et bénéfique pour le développement partagé, loin des prétentions hégémoniques de l’impérialisme étasunien.

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/02/11/cuba-pais-socio-de-los-brics-desde-2025-oportunidades-y-limitaciones/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/02/cuba-opportunites-et-limites-de-l-association-avec-les-brics.html