Culture : Le capitalisme dans les émissions de télévision
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Je pense que vous avez observé la multiplication (tellement rapide, que ce ne peut être un phénomène aléatoire ou « naturel ») des programmes de télévision basé sur la concurrence. En fait, sur la concurrence exacerbée qui conduit à une élimination systématique et progressive.
La formule est simple, toujours identique : des chanteurs, des chefs, des coiffeurs, des pâtissiers, des ballerines, des candidats patrons (sic) et d'autres catégories se soumettent au jugement - souvent cruel, toujours sévère - de juges autoproclamés. il faut signaler que les juges, dont le verdict est définitif, sont presque toujours au début aussi inconnus du public en général que ceux qui souhaitent être jugés mais eux (les juges) sont investis d'une autorité (je répète : autorité, étant donné que rien de leur autorité n'est révélé) d'une autorité, je disais, absolue. Le « cirque » fonctionne ainsi : les candidats passent des épreuves très dures, la concurrence est féroce parce que le « jeu » est celui de l'élimination. Il n'y a pas d'équipes parce que le gagnant ne peut être qu'un individu et les groupes qui se forment occasionnellement ne servent qu’à la sélection des individus.
Les juges utilisent - imaginez-vous, c'est le cas dans toutes les émissions - une dureté ostentatoire, une cruauté programmatique et précipitée. Parfois ils atteignent le seuil de l’insulte, alors que l’humiliation est habituelle.
L'arrogance, c'est le code de ses émissions : arrogance, exhiber par le juge, arrogance, subie, comme inévitable et par conséquent, nécessaire nécessaire par le candidat. Ou on gagne ou on échoue : c'est le message de ses émissions qui, il faut le souligner, 1 × 2 pl de plus en plus fréquent. Les candidats acceptent passivement l'autorité totale des juges : ceux qui sont expulsés, ont habituellement des mots très durs envers eux-mêmes comme on exagère les déclarations : « je donnerai tout » ou « je ne peux pas échouer, c’est ma vie » ou « je ne te décevrai pas, chef » etc… etc…
Pourquoi je m'intéresse à cette énième forme de télévision ordure qui, franchement, empeste ? Parce que aujourd'hui la télévision ne décrit pas, mais anticipe la réalité de la société.
Ou plutôt : la télévision est celle qui marque le pas, le précurseur des théories sociologiques des classes dominantes. C’est l’épreuve du feu. C’est la recette du gâteau empoisonné qu’on nous prépare. Sous la (fausse) motivation du divertissement, la télévision conçoit et teste la société que le système impose.
La télévision est aujourd'hui le laboratoire d'essai et en même temps le principal architecte de la société que les Traces dominante sont en train de concevoir et d'imposer au monde occidental. Les émissions dont je viens de parler ne sont pas « des jeux » : elles sont la structure imminente de la société et du monde du travail. Les classes dominante veulent une société docile, douce, formée par des individus qui n'ont aucune idée de ce qu'est la solidarité, mais qui vivent en colère et se côtoient dans une compétition frénétique. Les classes dominantes veulent le droit absolu de juger, récompenser et de choisir. Ce qu’on appelle la méritocratie est l’étiquette infâme que les employeurs ont apposée à leur prétention de choisir qui ils récompensent, sur la base de critères dont ils décident seuls et qu’ils appliquent eux-mêmes.
Un autre message important est celui-ci : « Si tu échoue, c'est uniquement de ta faute » et à nouveau : « Je t'ai donné la chance de ta vie, ne la méprise pas » : des mensonges honteux qui ne servent qu'à justifier le rôle du pouvoir et à nier le fait que le succès s'obtient de nombreuses manières, même innombrables, par différents moyens et que le succès, dans cette société qui est la nôtre, dépend seulement dans une faible mesure de la valeur réelle des personnes. Mais si on admettait cela, l’imposante pyramide sociale sur laquelle sont assis les puissants s'effondrerait comme une un château de cartes. Cette pseudo idéologie du succès ignore, et même se moque de tout ce que nous avons appris pendant des siècles sur la dynamique sociale, les influences de l'environnement économique et les profonds et complexes réseaux de causes qui modulent les vies des individus et la société.
En conclusion : Il n'est pas du tout certain que ce soient toujours les meilleurs qui gagnent, et il est même tout à fait faux que « si tu es bon, tout ou tard, tu triomphera » : c'est le mensonge bourgeois le plus ridicule. Certaines émissions de télévision semblent être des passe temps qui donnent envie de cuisiner ou de chanter. En réalité, ce sont des opérations de manipulation culturelle qui pervertissent les valeurs séculaires créées par l'engagement et les efforts de générations : la solidarité, la collaboration, la conscience, le respect, l'autogestion, la créativité sont des ordures qui font obstacle au projet de domination des classes dominante.
Obéissance, soumission, arrivisme et servilité sont les nouvelles coordonnées de la société que les maîtres nous imposent par la force (répression, Contrôle, policier, névrose régulatrice) en suggérant de façon plus ou moins évidente un « spectacle » qui ne fait que célébrer l’imbécillité et la violence.
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