International: Donald Trump et son lointain prédécesseur William McKinley
Note: Sous la présidence de McKinley (1897_1901), les États-Unis deviennent une puissance mondiale, notamment grâce à l’annexion d’Hawaï et à leur rôle dans la guerre hispano-américaine, où ils ont pris le contrôle de Cuba, Porto Rico, des Philippines et de Guam. Cette expansion territoriale s’est faite sous prétexte de soutenir les Cubains, bien que ceux-ci n’aient pas sollicités d’assistance, ce qui a nécessité la fabrication d’incidents pour justifier une intervention militaire. ( Auto attentat du cuirassé Maine)
L’analyse des actions de McKinley permet de mieux comprendre certaines initiatives de Trump, telles que son désir de renommer le golfe du Mexique, et son attachement aux droits de douane.
Cependant, dans une économie mondiale « interconnectée, » ces pratiques risquent d’échouer, et Trump, en tant qu’homme d’affaires, semble croire que tout peut être acheté sans considération morale.
Trump nourrit également des ambitions expansionnistes faisant écho à celles de McKinley, imaginant des acquisitions comme le Groenland ou même une intégration du Canada en tant que 51e État.!!!!
L’impérialisme continuera de provoquer souffrances et conflits, remettant en question l’illusion d’une mondialisation pacifique.
@albagranadanorthafrica
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En exaltant la figure de William McKinley, président des États-Unis entre le 4 mars 1897 et le 14 septembre 1901, Donald Trump tente de trouver dans l’histoire politique des États-Unis un précédent universellement salué pour ses politiques controversées. McKinley a été assassiné, Trump a été miraculeusement sauvé du même sort le 13 juillet 2024 en Pennsylvanie. Mais contrairement au New Yorker, McKinley était un homme de la classe politique. À l’exception d’une courte période de deux ans (1869-1871) où il pratiqua le droit, toute sa vie se passa dans le monde politique.
À 33 ans, McKinley entre à la Chambre des représentants en tant que républicain. En 1890, il proposa et fit passer une loi qui augmentait les tarifs douaniers sur les importations. Peu de temps après, il sera élu gouverneur de l’Ohio et, en 1897, président des États-Unis.
C’est durant son mandat que le pays devint une puissance mondiale : il obtint l’annexion d’Hawaï en reprenant la dette de quatre millions de dollars du gouvernement local et l’année suivante, il profita de la défaite que les mambises cubains avaient infligée à l’armée espagnole pour s’impliquer dans la guerre d’indépendance cubaine et prendre le contrôle de cette île, de Porto Rico, des Philippines et de Guam. Le prétexte était de « fournir de l’aide » aux patriotes cubains, même s’ils n’en avaient pas besoin. Cependant, pour priver l’Espagne de ses territoires dans les Caraïbes et le Pacifique, Washington devait entrer en guerre.
Comme les Cubains n’ont pas demandé d’aide, il a fallu fabriquer un incident qui aurait provoqué la colère de l’opinion publique américaine et justifié l’intervention de ce pays. L’auto-attaque contre le cuirassé Maine, ancré dans la baie de La Havane pour évacuer les citoyens de ce pays, qui explosa mystérieusement le 15 février 1898, précipita l’entrée des États-Unis dans une guerre qui avait déjà été gagnée par les Cubains mais qui leur fut retirée précisément par McKinley. C’est sous sa présidence que les États-Unis sont passés du statut de puissance régionale en Amérique centrale et dans les Caraïbes à celui de puissance mondiale.
Et c’est cet homme, McKinley, qui est un partisan de la guerre économique avec ses tarifs douaniers ; une action militaire directe, comme dans le cas de la guerre contre l’Espagne, ou un appel à l’argent pour acheter une île comme Hawaï, qui, ce n’est pas un hasard, a été louée par Trump à plusieurs reprises. C’est lui qui, après avoir vaincu la monarchie espagnole aux Philippines et à Guam, ordonna aux cartographes du Pentagone d’inclure ces deux îles lointaines du Pacifique sur leurs cartes des États-Unis.
Ce bref aperçu nous aide à décrypter et à mettre en perspective certaines initiatives de Trump. Par exemple, ordonner le changement de nom du golfe du Mexique et le renommer golfe d’Amérique.
Sa foi aveugle dans les droits de douane à l’importation trouve son antécédent le plus notable dans l’affaire McKinley, sauf que dans une économie mondiale aussi interconnectée que celle actuelle, cette politique est vouée à un échec retentissant, dont Trump lui-même paiera cher. En homme d’affaires sans scrupules, il croit que tout a un prix, que tout peut être acheté ou vendu. Patriotisme, honneur ou dignité sont des mots dénués de sens pour le magnat.
Si McKinley a acquis Hawaï, pourquoi ne pas faire de même avec le Groenland, surtout quand le Danemark et les gouvernements européens affichent une apathie scandaleuse face à l’emportement de Trump ? Pourquoi ne pas utiliser le chantage économique pour faire du Canada le 51e État des États-Unis ? Et même s’il n’y a pas lieu de s’attaquer à soi-même pour l’instant – la version actuelle du Maine – les mensonges, les fausses nouvelles et la lâcheté ou la passivité de nombreux politiciens peuvent avoir le même effet.
Si George Bush a convaincu le monde qu’il y avait des « armes de destruction massive en Irak », ce qui était évidemment un mensonge, pourquoi le puissant appareil médiatique que les États-Unis contrôlent à l’échelle mondiale ne serait-il pas capable de tromper la moitié du monde lorsqu’il répand un mensonge aussi scandaleux que « la présence de soldats chinois dans le canal de Panama » ou que son administration est dirigée, subrepticement, par le Parti communiste chinois ? Ou convaincre l’opinion publique mondiale que quiconque entre illégalement aux États-Unis est un criminel, comme le prétend le menteur en série Marco Rubio ?
Au-delà de ces parallèles, la vérité est qu’avec sa bravade et ses contradictions, Trump représente un danger pour la coexistence internationale et un retour à la phase la plus brutale et la plus éhontée de l’impérialisme. Ces âmes naïves qui pensaient qu’elle avait disparu, remplacée par une mondialisation bienveillante, quittent désormais la scène.
L’impérialisme existe et continuera à générer souffrance et mort partout, à détruire l’environnement, à provoquer des guerres et à propager la pauvreté à profusion. La tentative illusoire de Trump de ressusciter l’unipolarisme américain, ou la « supériorité américaine », est un chapitre clos sous sept clés dans l’histoire d’un système international dont l’architecture actuelle a été radicalement et irréversiblement modifiée dans le sens d’une configuration de puissance multipolaire, dont l’influence grandit de jour en jour.
Source: Attilio Boron, atilioboron.com.ar