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Argentine : Ni erreurs, ni excès

16 Mars 2025, 17:04pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Luis Bruschtein

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

L’accusation portée contre Mario Firmenich en tant qu’organisateur de la marche de solidarité avec les retraités a été si absurde qu’elle a révélé le désespoir du Gouvernement pour justifier les images qui ont circulé sur les réseaux concernant la répression brutale de mercredi. Le récit qu'il a tenté de construire avec la misérable complicité de médailles et de journaliste, n'a pas empêché que la répression des retraités et des supporters de football se joignent

 

Le récit qu’il a tenté de construire avec la misérable complicité des médias et des journalistes n’a pas empêché que la répression contre les retraités et les supporters de football s’ajoute à la ritournelle de gaffes qui ont écorné l’image présidentielle depuis son discours raté à Davos. L’institut de sondages  Ad hoc a indiqué que le rejet a atteint la ministre de la Sécurité, Patricia Bulrrich, qui a eu un pic de mentions négatives sur les réseaux. Pour la première fois plus d’opinions négatives que positives.

 

Au Gouvernement, il y avait une certaine euphorie parce qu'ils affirmaient que la boucherie de mercredi renforçait son noyau dur. Mais si on se fie seulement à ce secteur, ils ne dépassent pas 20 % à 25 %. Le sondage de l'institut de sondage Ad hoc a été réalisé dans un territoire dans lequel le parti au pouvoir est à l'aise. Le noyau dur n'a pas bougé, mais beaucoup de ses électeurs périphériques éventuels n'ont pas cru au récit mensonger et ont condamné la répression des retraités.

 

« Les bons étaient ceux qui étaient en bleu, les mauvais étaient ceux qui étaient cagoulés, » a déclaré hier Milei dans le discours qui a fait à Expoagro, en évoquant  certainement les agents des services de renseignement cagoulés infiltrés dans la manifestation.

 

Firmenich, qui figure sur la plainte du ministère de la sécurité, était le chef de Montoneros, une organisation de guérilla qui a cessé d'exister il y a 40 ans. Il y a des décennies qu'elle n'intervient plus dans la politique locale et l'immense majorité de ceux qui ont participé aux manifestations mercredi ne la connaissent certainement pas.

 

Le phénomène des téléphones portables a montré le récit officiel comme un énorme mensonge. Les caméras de C5 N ont même montré le moment où un policier jetait une arme sur la pelouse Le journaliste a été surpris. Il n'a pas compris que le fait de jeter l'arme était destiné à avaliser plus tard l'histoire de la violence et du terrorisme des manifestants.

 

Il y a des images de Pablo Grillo, accroupi avec son appareil photo, alors qu'il s'apprêtait à prendre une photo à travers les flammes, au moment où la grenade l'a frappé à la tête. Il y a des images d’un policier tirant horizontalement et visant avec une arme qui, en raison de la force avec laquelle elle tire, doit être pointée à 45 degrés vers le haut.

 

Et il y a une vidéo prise par un drone qui démontre catégoriquement la rage du répresseur. Avec cette arme et à cette distance, un tel tir est destiné à tuer  mais la députée pro-gouvernementale Lilia Lemoine l'a justifié par le fait qu'« on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs ».

 

Les déclarations de Burllrich sur une chaîne proche du Gouvernement rappellent la logique de la dictature qui justifiait l'élimination de citoyens par leur affiliation politique. Pour généraliser la soi-disant idéologie de la protestation, elle a choisi d'utiliser Pablo Grillo. Elle a dit qu'il avait été arrêté, mais le gamin n'avait pas été arrêté mais gravement blessé. Pourquoi l'a-t-elle choisi ? Pourquoi s'est-elle préoccupé d'enquêter sur lui alors qu'il y en avait beaucoup d'autres qui avaient été arrêtés ?

 

Burllrich est ministre de la sécurité, elle ne pouvait ignorer que le gamin se débattait entre la vie et la mort mais elle a fait semblant de se tromper uniquement pour pouvoir dire que le reporter qui avait reçu le tir dans la tête était un militant kirchnériste. Méritait-t-il qu'on lui tire dans la tête parce qu'il était kirchnériste?

 

Une autre vidéo montre un policier de 1,90 m et 120 kg blindé avec des protections sur tout le corps et le physique de quelqu'un d'entraîné. Et une dame d’1,60 m et de 81 ans qui le menaçait avec une canne. Le grand lui a donné un terrible coup de matraque et la femme s’est effondrée comme un poids mort. Il ne l’a pas tuée par hasard. Le coup de massue lui a arraché un morceau de crâne et elle s’est évanouie. La retraitée a été soignée par d’autres manifestants et le policier s’est enfui lâchement.

 

Au début, "La Nation" a écrit que sur la vidéo, on voyait le moment où la vieille agressait le policier avec sa canne. Après, le journal a changé de version parce que sur la vidéo, on ne voyait aucune agression de la part de la femme. Il est difficile d'être plus misérable que ce policier et que la version qu'ils ont publiées pour le couvrir.

 

L'image de deux policiers en armure et armés de fusils de chasse gardant deux garçons de 12 ans, assis les mains attachées dans le dos et l'air paniqué, a également circulé sur internet. Les gamins avaient été arrêtés alors qu'ils quittaient une école technique de cette zone.

 

L'agression de la retraitée a eu lieu une demi-heure avant le début de la concentration, quand il y avait encore peu de monde. Ce qui prouve que la violence n’a pas été déclenchée par les manifestants. L’image des gamins arrêtés est une preuve de la façon dont les arrestations se sont produites. Et elles soutiennent la décision de la juge Karina Andrade de libérer les détenus. Ils n’étaient pas accusés d’un délit et ont été arrêtés uniquement pour avoir participé à une manifestation de solidarité avec les retraités. Sur les panneaux d’affichage du gouvernement de la ville, on pouvait lire que plus de la moitié des 114 personnes arrêtées avaient un casier judiciaire. C’était un mensonge, elles n’étaient même pas toutes identifiées.

 

Il y a eu des pierres dans les affrontements avec la police et certains manifestants ont essayé de l'éviter, il y a eu eu des discussions entre eux. Mais il n'y a eu ni vitres cassées ni commerces vandalisés et la manifestation n'était pas organisée, elle était spontanée. Personne ne savait très bien quoi faire ni où se mettre. Et il n'y avait pas ni orateurs ni documents ni scénario ni sono. Les retraités ont fait ce qu'ils font tous les mercredis. Au milieu des assauts et des gaz de la police, ils ont parlé avec un simple mégaphone pour revendiquer leur retraite et leurs médicaments. En réalité, c'était un chaos de retraités et de gens portant des maillots d'équipes de football, il n'y avait pas d’organisateur.

 

Dire qu'il s'agissait d'une tentative de coup d’Etat est une plaisanterie de mauvais goût. Un autre mensonge énorme. Aucune force politique ne l'avait convoquée, organisée ou ne l’a capitalisée. Les députés de l'Union pour la Patrie et les députés de gauche sont descendus dans la rue et ont discuté avec la police mais ils ont dû rentrer dans l'enceinte où ils allaient voter la formation de la commission pour le procès politique.

 

L'image du président subit un processus de discrédit depuis son discours à Davos, dans lequel il a accusé les homosexuels de pédophilie, et il a affirmé que le changement climatique était une invention « woke ». Ensuite, avec l'escroquerie avec les monnaies virtuelles, il y a quelques jours à cause de son indifférence devant la catastrophe à Bahia Blanca et maintenant, avec cette répression brutale de ceux qui ont manifesté leur solidarité envers les retraités.

 

Milei se confirme comme un grand menteur. Plusieurs fois, il s’est vanté publiquement d'avoir réalisé l'ajustement le plus important dans l'histoire de l’humanité sans que de grandes protestations se produisent. Il savait que des protestations allaient se produire, surtout de la part des retraités qui ont été les principales victimes de l’ajustement. Et quand elles se sont produites, il les a accusés d'être des putschistes comme si ces protestations n'avaient aucune raison d'être. Il y aura des Argentins qui préféreront croire un menteur plutôt que de perdre les illusions avec lesquels le menteur les a trompés. En mentant pour cacher un acte de cruauté comme la répression des retraités, le Gouvernement prouve qu'il est conscient de sa cruauté. Il n'y a ni accès ni erreurs.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/03/15/argentina-ni-errores-ni-excesos/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/03/argentine-ni-erreurs-ni-exces.html