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Culture: Le film Ali Primera, une étincelle pour enquêter sur son histoire

21 Mars 2025, 15:47pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

 

« Parfois, je pense que toute la ville

Est un garçon qui court

Après l'espoir qui s'en va

Le jeune sang et le vieux rêve

Mais en arrêtant d'être un connard

Cet espoir sera vrai »

 

Chanson douce pour un peuple brave

 

Ali Primera était bien plus qu'un chanteur, il était la voix d'un peuple, un symbole de la lutte sociale et un phare d'espoir pour des millions de Latino-américains. Sa musique, profondément enracinée dans la réalité des classes populaires, est devenue un hymne de résistance et de transformation.

 

C’est de là qu’est née l'inspiration pour le film qui cherche à être « une étincelle pour que les gens connaissent Ali Primera, qui est beaucoup plus long, car nous avons dû faire un petit résumé, »  a déclaré le réalisateur du film, Daniel Yegres, lors d'une interview exclusive accordée à l'équipe multimédia de Venezolana de Televisión (VTV).

 

Dans le feu d'un petit café chaud, le spécialiste a expliqué que cette pièce cinématographique est une œuvre artistique inspirée de la vie et des chansons d'Alí Primera, et a souligné que « ce n'est pas un documentaire, c'est une reconstitution de la réalité en 40 ans avec des passages et des souvenirs d'Alí qui ont marqué sa vie et que nous considérons comme des éléments très importants. »

 

De même, il a souligné qu'ils « cherchaient aussi à rencontrer le vrai Ali Primera. C'est une mise-en-bouche pour que ceux qui l'apprécient et ne le connaissent pas puissent dire : Ce type a-t-il vraiment existé ? Parce que c'était un homme qui pouvait remplir le Nouveau Cirque de Caracas avec 12 000 personnes.

 

Il a également souligné que ceux qui ont rencontré Alí Primera, « se reconnectent avec lui et ceux qui ne le connaissent pas connaissent les origines de Servando et Florentino, le grand-père de "Los menores", et que lorsqu'ils voient ce personnage merveilleux, ils voient que cette personne a existé et que tout ce qui est présent dans le film lui est arrivé. »

 

Raconter Ali à l’écran

 

En enquêtant sur lui, pourquoi amener l'histoire du chanteur sur l'écran géant ? Le réalisateur audiovisuel a répondu que c'était l'histoire que tout le monde voulait voir, entendre et apprécier sur les écrans de cinéma, « parce qu'Alí Primera est l'un des grands représentants de ce pays et que nous pourrions le mettre dans le salon de la renommée vénézuélien avec Simón Díaz, Alirio Díaz, Óscar de León, Gualberto Ibarreto, Lilia Vera et il n'y avait pas de films sur Alí Primera. »

 

Il a affirmé que c'était l'histoire jamais racontée du « Chanteur du peuple », « parce qu'il y a beaucoup de bonnes histoires qui n'avaient pas été racontées, donc ce que nous prenons aujourd'hui en compte, nos études sur lui, je pense que le cinéma nécessaire inspiré par la Chanson Nécessaire qu'il a créée. Le film que je voulais voir quand j'étais enfant, que personne n'a jamais fait, je devais le faire.

 

Un encouragement à se rapprocher de son histoire

 

Au cours de l'interview, l’acteur Eduardo González, qui incarne Ali adulte, était également présent. Il a déclaré que le film est « une mise-en-bouche, un encouragement pour que les gens se rapprochent de son histoire et de sa chanson. Parce qu'Ali n’est pas seulement un chanteur, c’est aussi le dirigeant d'un mouvement national pour la Chanson Nécessaire. »

 

C’est pourquoi il a expliqué que ce qui rend une chanson nécessaire, c'est « qu'elle serve à quelque chose, qu'elle apporte quelque chose et Ali, avec ce talent si merveilleux qu'il avait, nous remplit de cette nécessité historique. Dire des choses pour ce pays, pour s'améliorer, pour le rendre plus fort, plus solidaire, plus humain, dans le sens de son message d’inclusion. »

 

En plus de l’objectif  de « nous rapprocher de sa notion de pays, de son idée de la façon dont nous sommes, nous, les Vénézuéliens, et de ce que devrait être ce pays dont il rêvait".

 

L’ethno-musicologue du Venezuela

 

Le réalisateur a mis en avant le travail que le « Chanteur du peuple » a laissé comme un héritage digne et profond dans le cœur des Vénézuéliens pour son chant, son charisme et pour un gros travail d’ethno-musicologue, « qui ne se retrouvera dans aucun CV d'Alí malgré son travail de chercheur et de sauvetage des différents genres musicaux vénézuéliens, latino-américains et étrangers pour ses compositions. Il cherchait le genre, l'écoutait et puis, il disait: "Il faut aller chercher la chanson du peuple ! » »

 

Par conséquent, dans ses disques, on peut profiter de chansons de l'occident, de l'orient, de la plaine, de la côte, des Caraïbes, qui sont merveilleuses. En plus du travail ethno-musical. « C'est un homme qui a fait des recherches sur la musique et pour nous c'est un catalogue de musique vénézuélienne, c'est un être humain qui, à cause de  sa grande générosité et son esprit bienveillant, a marqué les cœurs du Venezuela en son temps et est parti très rapidement et tous ceux qui partent tôt marquent profondément leur peuple. Et pour le Venezuela, c'est sa musique, son cœur et sa forme, car il fait partie de notre nature vénézuélienne, » a déclaré Yegres.

 

Un processus de transformation

 

L'acteur vénézuélien Eduardo González avait la responsabilité de jouer Ali adulte, un rôle qui, à son avis, était un processus très transformateur:  « J'ai trouvé en lui des choses qui étaient en moi avant de l'aborder en tant que processus d'acteur. J'ai vraiment aimé me retrouver en lui, me voir reflété dans son comportement, dans sa conduite et j'ai aussi réalisé pendant le processus que cela n'allait pas être aussi facile que je le pensais, non pas parce que j'aurais réussi à avoir ou non le ton d'acteur ou non et à le représenter , j’ai réalisé que ce qui était en danger, c’était ma propre stabilité émotionnelle. »

 

Il a déclaré qu’évidemment, jouer l'artiste « m'a profondément changé, je suis une autre personne depuis que j'ai joué Ali, et j'ai quelques réflexions sur ce que je veux faire, sur ce que je suis, sur la façon dont je vois le monde, de la façon dont il m'a fait envisager mon avenir, comment je vois mes enfants, comment je vois mon pays à partir de cette expérience. »

 

Il a remercié Primera "de m'avoir accompagné depuis que je suis enfant jusqu'à aujourd'hui, je sens que cela a été une grande chance pour moi et une grande bénédiction de me retrouver en train de faire cela, je ne l'aurais jamais imaginé. »

 

Il a accepté que dans son incrédulité, il ne sentait pas qu'il y arriverait. Ses amis et proches l'ont convaincu Et je suis là !

 

Un héritage d'amour pour le peuple

 

Interrogé sur l'héritage du chanteur qu'ils veulent montrer au public et qui dépasse les frontières du Venezuela et continue d'inspirer des générations entières, le cinéaste Daniel Yegres, a précisé que dans ce film, il y a plusieurs trames de sa vie: « le grand rôle qu'il a joué en tant que chanteur de notre peuple, de l'exode paysan, qui a chanté la pauvreté de ce pays, sa position idéologique et politique sans ménagements. L'homme sincère qui  envisageait l'art comme un élément non inoffensif, mais très engagé. Je pense que cette trame est couverte. »

 

Il a précisé qu'il voulait aussi montrer la face humaine « d'un homme qui se trompe, qui tombe amoureux, qui devient en colère, qui devient triste, qui est comme ils disaient  l'avare avec ses amis, qui souffre et se réjouit des amours, des pertes. Nous voulions aussi montrer un Ali qui n'est pas un Dieu, encore moins un saint, c'était un type comme toi et comme moi, comme il a toujours voulu être. »

 

En même temps, ils voulaient montrer un meneur, engagé dans une très grande conquête et où ils ont également raconté l'histoire d’un dirigeant passionné qui a été à la fin de sa vie le coordinateur national du Comité pour l'unité du peuple, un processus politique, d'origine culturelle, de chanteurs et d’artistes.

 

Il a déclaré que c'était comme une sorte de maison de la culture, « destinée à aider le peuple et une vocation de pouvoir, comme le dit le communiqué du mouvement et qui se trouve dans toute la collection hémérographique d’Alí. »

 

Pour cette raison, il a déclaré que « dans ce film, nous n’avons pas été tentés d'adoucir la figure d'Ali ; nous le montrons tel que nous le percevons, le politique avant le chanteur et un chanteur au service de son peuple, d'un point de vue politique, aussi sans aucun type de regard parce que c'était un communiste qui s'est engagé dans sa lutte et qui est parti en laissant un héritage de cette position face au monde et face à l’histoire. »

 

« Nous avons essayé de dépeindre cela et je pense que c'est justice, cela parle d'une personne magnifiquement humaine et de la loi de son époque. Nous ne pouvions pas faire d'hypothèses sur ce qui allait se passer. Nous arrivons et racontons l'histoire dans un contexte historique et nous ne pouvons pas faire d'actes divinatoires, » a-t-il réitéré.

 

De la même manière, l'acteur Eduardo González a souligné qu'il voulait montrer un Ali aux multiples facettes « parce qu'il avait beaucoup d’héritages, il avait l'héritage musical qu'il nous a laissé, un héritage émotionnel que nous devons conserver précieusement et c'est ce que nous voulons dire aux autres ».

 

De cette façon, ils veulent aussi offrir un cadeau au peuple du Venezuela qui aime Ali et qui n'avait pas fait de film sur lui et pour son peuple et en particulier pour le peuple de Coro et de Falcón.

 

Un film fait pour les cinéphiles

 

En se recherchant ce que ce film offre aux cinéphiles, le directeur de la production a répondu: « Ce film est un film moderne pour un cinéphile et pour tous ceux qui aiment la théorie cinématographique. »

 

Il a souligné que la structure du scénario, le montage, la création est une œuvre d'art faite pour le cinéma, pas pour la télévision, pour l'apprécier dans son intégralité dans une salle de cinéma ; avec une correction des couleurs, avec un montage vertigineux, avec des sauts dans le temps, une structure de scénario « faite avec toutes les lois pour générer des attentes, de l'angoisse, des émotions, des joies, des tristesses, c'est une œuvre qui utilise toutes les ressources que le cinéma moderne offre. »

 

En outre, il a déclaré qu'il avait pour but d'attirer l'attention des nouveaux créateurs « et que ces créateurs vont chercher en lui les points sur lesquels ils sont d'accord. Surtout les jeunes créateurs. »

 

"Je pense que le but, plus que d'utiliser ces ressources, est de se connecter avec les gens qui font du cinéma aujourd'hui, avec la façon de faire du cinéma aujourd'hui, parce que c'est un nouveau langage qui cherche à se connecter avec une génération qui a 20 ans et moins et qui a l'habitude de faire du cinéma avec un téléphone, » a expliqué Yegres.

 

En fait, il n'est pas fait avec un téléphone car trois unités de caméra ont été utilisées, une équipe technique de 111 personnes, « et c'est une méga production et quiconque connaît le cinéma, les cinéphiles, quand ils verront l'écran sauront la quantité de travail que cette œuvre a nécessité. » 

 

Plans pour l’avenir

 

Consulté sur les plans pour l’avenir du film, Daniel Yegres a expliqué que le premier plan est de maintenir dans les salles le plus longtemps possible: pour cela « nous avons besoin du soutien des médias pourrez faire la publicité, des utilisateurs pour aller voir le film au cinéma parce qu'il est fait pour faire l'expérience Ali Primera. »

 

Deuxièmement, la participation à des festivals nationaux et internationaux, « amener Ali au monde, ce qui est un travail qu'Ali a beaucoup fait, mais l'internationaliser autant que possible pour que d'autres personnes connaissent Ali, et par conséquent, connaissent le Venezuela. »

 

Pour sa part, Eduardo González a ajouté qu'en troisième lieu, il faut « montrer Ali comme une partie de notre patrimoine vers l'intérieur, vers notre pays, aussi le connecter de milliers de façons avec nos gamins et pour cela nous aimerions l’amener dans les lycées, dans les écoles, le montrer et parler de lui, écouter l'opinion de nos gamins sur lui et le partager toujours comme s'il était ici, avec nous, comme c'est effectivement le cas. »

 

L'œuvre musicale d'Ali Primera a toujours été au service des causes justes et ses chansons dénonçaient les injustices sociales, les inégalités et l'oppression, tout en appelant à l'unité et à la lutte pour un monde plus juste.

 

En tant qu'homme du peuple, ses chansons reflétaient l'idiosyncrasie, les rêves et les aspirations des classes ouvrières. Ses paroles, simples mais puissantes, ont réussi à se connecter aux émotions les plus profondes de ses auditeurs.

 

En outre, sa musique a dépassé les frontières du Venezuela et est devenue une référence pour les mouvements sociaux dans toute l'Amérique latine car il a consacré une grande partie de son œuvre à dénoncer l'exploitation et l'oppression des classes ouvrières et ses thèmes exprimaient son soutien aux peuples qui luttaient pour leur libération, comme le peuple vietnamien ou le peuple cubain.

 

La musique d'Ali Primera est toujours d'actualité car les problèmes sociaux qu'il a dénoncés sont toujours présents dans de nombreuses régions du monde et nous rappellent l'importance de la solidarité, de la justice et de la lutte pour un monde plus humain.

 

Source en espagnol:

https://www.vtv.gob.ve/pelicula-ali-primera-chispazo-indagar-historia/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/03/culture-le-film-ali-primera-une-etincelle-pour-enqueter-sur-son-histoire.html