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États-Unis: Trump dans l'ombre de Nuremberg

18 Mars 2025, 16:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Le récit qui condamne les migrants vénézuéliens

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Le président des États-Unis Donald Trump a fondé une nouvelle déportation massive vers une prison de hotte, haute sécurité au Salvador sur la loi sur les ennemis étrangers, une règle comparable à celles appliquées par l'Allemagne nazie.

 

Le dimanche 16 mars, le président du Salvador, Nayib Bukele, a annoncé la réception des États-Unis de 238 soi-disant membres de l'organisation criminelle Train d’Aragua à la demande du président Donald Trump. En échange, Washington paiera 6 000 000 de dollars.

 

La déportation compulsive est effectuée en vertu de la loi sur les ennemis étrangers, une règle qui n'a plus été utilisée depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette loi est une extension de l'autorité en temps de guerre qui permet de déporter des non-citoyens sans leur donner la possibilité de comparaître devant un juge de l'immigration ou devant un tribunal fédéral.

 

On peut établir un parallèle historique  avec les lois de Nuremberg de 1935, qui ont dépouillé les Juifs, les Roms et d'autres groupes de leur citoyenneté et de leurs droits fondamentaux dans l'Allemagne nazie.

 

Les deux lois partagent un principe fondamental : la création d'une catégorie d'« ennemi » pour justifier la persécution massive. Alors que les lois de Nuremberg étaient basées sur des critères raciaux, la loi sur les ennemis étrangers est basée sur des critères politiques et de sécurité nationale.

 

Le Train d’Aragua

 

Donald Trump a justifié l'application de la loi sur les ennemis étrangers en identifiant le groupe criminel «Le Train d’Aragua »  comme une force d’invasion.

 

La loi a été créée en 1798 lors d'une tension d'avant-guerre avec la France, a été utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale pour justifier l'emprisonnement massif d'Allemands, d'Italiens et de Japonais pendant la guerre et on estime que 120 000 personnes d'origine japonaise, y compris celles possédant la citoyenneté étasunienne , ont été emprisonnées.

 

Cette fois, le président américain tente d’aligner sa politique anti-immigration sur la terminologie militaire. Le train d’Aragua « est en train de perpétrer, de tenter et de menacer d'une invasion ou d’une incursion prédatrice » contre un territoire des Etats-Unis a déclaré Trump samedi dernier en annonçant la déportation.

 

À la suite de ces déclarations, le Brennan Center, un organisme étasunien indépendant spécialisé dans la politique et le droit, a publié une déclaration dans laquelle ils dénoncent le fait que : "Le président a faussement proclamé une invasion et une incursion prédatrice pour utiliser une loi rédigée en temps de guerre et l'appliquer en temps de paix ».

 

Dans le même ordre d'idées, le Gouvernement vénézuélien a dénoncé le fait que la décision du chef de l'État nord-américain n'est rien de plus qu'un mouvement discursif pour criminaliser les Vénézuéliens à l'étranger. Selon le président vénézuélien Nicolás Maduro, la présence du train d'Aragua aux États-Unis est un « faux récit » créé par « l'extrême droite » pour justifier des politiques migratoires répressives et a souligné que l'organisation criminelle qui opérait au Venezuela a été «  combattue et n'existe plus. »

 

« La migration vénézuélienne est le résultat des sanctions, pas de la criminalité », a souligné le président.

 

Dans le même ordre d'idées, la justice fédérale étasunienne a émis l'ordre d'empêcher l'expulsion de toute personne après l'annonce de Trump. Cependant, les avocats du Gouvernement ont répondu que les deux avions qui transportaient les migrants étaient déjà en l'air et qu'ils étaient arrivés dimanche au CECOT du Salvador.

 

CECOT

 

La déportation de ce week-end était destinée au Centre de réclusion du terrorisme (CECOT), une prison phare de la violente stratégie anti-criminalité du Salvador.C’est une méga-prison où les visites, les sorties à l’extérieur ou l'éducation ne sont pas autorisées. Les organismes de droits de l'homme dénoncent le fait qu'au moins 261 personnes sont mortes dans les prisons salvadoriennes ces dernières années et dénoncent de nombreux cas d'abus, de torture et d’ absence de soins médicaux.

 

C'est là que le frère de Sebastián García Casique s'est retrouvé. « Aujourd'hui, j'écris avec le cœur brisé en mille morceaux, car mon frère est déporté au Salvador », a-t-il publié sur son compte Facebook, accompagné d'images de Francisco dans son salon de coiffure. Il affirme également que son parent n'a pas de casier judiciaire et qu'il est impliqué dans le Tren de Aragua « uniquement à cause de ses tatouages ».

 

Aaron Reichlin-Melinick, enquêteur principal du Conseil américain de l'immigration, a déclaré après la déportation que les personnes du vol envoyé au Salvador n'avaient aucune chance de contester les preuves du Gouvernement et que beaucoup ont déclaré avoir été faussement accusées d'appartenir au train d'Aragua. « Même les terroristes d'Al-Qaïda détenus à Guantanamo ont une procédure correcte et doivent être jugés en vertu des lois des Etats-Unis », déclare-t-il sur son compte X.

 

Guantanamo

Le précédent immédiat a été la déportation à Guantánamo d'un contingent de Vénézuéliens pour avoir fait partie du groupe criminel « Le train d’Aragua. » Cependant, seule une minorité avait un casier judiciaire et les témoignages des rapatriés qui indiquent qu'ils n'ont été capturés qu’à cause leur pays d'origine et leurs tatouages abondent.

 

« Mon fils n'est pas du train d'Aragua », dit la mère de Johan Bastidas entre ses larmes dans une vidéo qu'elle a diffusée sur les réseaux sociaux. Bastidas est resté 16 jours à la base enchaîné dans une petite cellule sans fenêtre et recevant des portions de nourriture minimales. « Mon fils n'a jamais rien fait, la seule mauvaise chose qu'il a faite est d'avoir ces tatouages. Mon fils n'est pas un criminel et ils l'ont pris comme s'il était le pire. Aidez-moi, je meurs, » supplie la mère dans la vidéo.

 

Une fois libéré, Johan a déclaré qu'il ne voyait la lumière du soleil que tous les trois jours pendant une heure, le temps de la récréation qu'il était autorisé à passer dans ce qu'il a décrit comme une "cage". Sans aucun casier judiciaire, Bastidas s'est rendu aux autorités de l'immigration au poste frontière d'El Paso, au Texas, où il est resté pendant dix mois, puis a été envoyé directement au centre de réclusion étasunien qualifié de centre de torture par de multiples organismes de défense des droits de l'homme dans le monde.

 

Le train de l’USAID

 

Nicolás Maduro a souligné dans son allocution de dimanche que l'organisation criminelle grâce à laquelle Trump entend justifier ses actions contre la population vénézuélienne sur le territoire des Etats-Unis devrait en fait s'appeler le « Train de l'USAID ».

 

Selon le chef de l'État, ce "faux récit" sur la présence du train d'Aragua aux États-Unis a été créé par « l’extrême droite » vénézuélienne pour justifier des politiques migratoires répressives. « C'est une campagne destinée à stigmatiser une migration qui a été une soupape de sécurité face aux sanctions imposées à notre pays », a-t-il déclaré.

 

« Trump n'a pas le moindre doute sur la menace que représente Maduro. Quelqu'un pense-t-il que Trump ne sait pas que Maduro est le chef du train d'Aragua ? » a déclaré María Corina Machado, celle-là même qui a promis au président nord-américain que s'il arrivait au pouvoir, elle garantirait que les migrants vénézuéliens déportés des États-Unis « viennent menottés" parce ce sont des criminels.

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/03/17/estados-unidos-trump-a-la-sombra-de-nuremberg-la-narrativa-que-condena-a-los-migrantes-venezolanos/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/03/etats-unis-trump-dans-l-ombre-de-nuremberg.html