International: Zelensky expulsé de la Maison Blanche devant les médias

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

Le président des États-Unis Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky ont eu vendredi à un échange tendu « sans précédent »  dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington D.C., sur la nature du soutien des États-Unis à l'Ukraine et sur la question de savoir si le dirigeant ukrainien avait fait preuve suffisamment de gratitude envers le Gouvernement de Washington.

Zelensky s'est rendu aux États-Unis pour signer un accord par lequel il céderait à Washington l'exploitation d'une partie des ressources en minerais de son pays en échange d'une certaine sorte de soutien ou de garanties de sécurité contre la Russie dans la guerre qui a commencé en février 2022.

Pendant 42 minutes, la conférence de presse dans le bureau ovale s'est déroulée sans heurts et avec les interventions normales des deux dirigeants jusqu'à ce que JD Vance, vice-président des États-Unis également présent à la réunion dise à Zelensky qu'il fallait mettre fin à la guerre par la diplomatie. À partir de là, la réunion s'est transformée en une forte discussion devant les caméras, avec des potins et des discussions, qui a duré environ 7 minutes.

Zelensky a demandé la parole pour affirmer que la Russie avait enfreint les accords de cessez-le-feu de 2014 à 2022, et a demandé : « De quel genre de diplomatie, JD, parlez-vous ? »  l'appelant également par son petit nom.

La discussion s'est rapidement envenimée. D'abord, entre Zelensky et Vance, avec Trump entre eux, écoutant sans se troubler. Vance a insisté sur le fait que l'Ukraine a des problèmes de personnel militaire, qu'elle oblige les gens à la frontière à s'enrôler dans l'armée. Zelensky s'est énervé et a insinué qu'il parlait des problèmes de l'Ukraine sans être là, ce à quoi Vance a répondu qu'il y était et qu'il connaissait les histoires, et il a accusé Zelensky de faire « une tournée de propagande" pour montrer ce qu'il veut qu’on voit.

« Ne pensez-vous pas qu'il est irrespectueux de venir dans le bureau ovale des États-Unis et d'attaquer le Gouvernement qui tente d'empêcher la destruction de votre pays ? » lui a demandé Vance.

Zelensky a répondu que la guerre avait d’abord causé des problèmes à tout le monde, « même à vous, mais vous avez un grand océan. Vous ne le sentez pas maintenant, mais vous le sentirez dans l’avenir ».

C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce qui a conduit Trump se mêler de la discussion et à dire à Zelensky qu'il « n'était pas en mesure de dire aux États-Unis ce qu'ils vont ressentir. Nous allons nous sentir très bien, très forts et très forts. Vous n'êtes pas dans une bonne position. Vous êtes dans une très mauvaise position », a déclaré Trump alors que Zelensky essayait de l'interrompre plusieurs fois, sans succès.

« Vous n'avez pas les cartes maintenant. Avec nous, vous commencez à avoir des cartes, mais maintenant vous n'en avez pas », a dit Trump à Zelensky.

Il l'a également accusé de « jouer avec la vie de millions de personnes, vous jouez avec la troisième guerre mondiale », a déclaré le président des États-Unis à son pair ukrainien quelques instants plus tard, en interrompant Zelensky. « Ce qu'il fait est très irrespectueux envers ce ce pays ». Il l'a accusé d'être peu reconnaissant: « Vous avez une chance de bien vous en tirer, grâce à nous. »

Vance a également jeté à la figure de Zelenksy qu'en octobre 2024, pendant la campagne électorale, il s'est rendu en Pennsylvanie pour faire campagne pour l'opposition (pour les démocrates).

À partir de là, la discussion s'est rapidement envenimée. Trump et Vance ont accusé le président ukrainien de ne pas être reconnaissant pour les trois années de la guerre avec la Russie pendant lesquelles les États-Unis l’ont soutenu. « Votre peuple est très courageux, mais : soit vous faites un  traité, soit on sort. Et si nous sortons, il se battra tout seul », a déclaré Trump à Zelensky.

Trump a ensuite affirmé que l'armée ukrainienne souffre d'une « pénurie de soldats » et « n’est pas en train de gagner » la guerre, bien qu'elle ait une chance de « bien s'en tirer » « grâce à nous » ( les États-Unis). « Votre pays est en grande difficulté », a déclaré à plusieurs reprises Trump à Zelensky, qui a répondu : « Je sais, je sais ».

L'un des moments les plus tendus a été celui où Trump a déclaré : « Nous leur avons donné, par l'intermédiaire de ce président stupide (en référence à Joe Biden), 350 milliards de dollars. Nous leur avons donné des équipements militaires. S'ils n'avaient pas eu notre équipement militaire, cette guerre aurait été terminée en deux semaines ». « En trois jours ! Je l'ai entendu dire à Poutine », a répondu Zelensky sur un ton sarcastique.

« Il va être très difficile de faire des affaires comme ça », a répondu Trump, en regardant les journalistes.

Zelensky a protesté en disant que Poutine pourrait ne pas respecter les accords conclus avec la diplomatie étasunienne, tout comme il n’a soi-disant pas respecté les Gouvernements Obama et Biden. « Et s'ils ne le respectent pas ? »

Trump a répondu de façon purement rhétorique : « Et si une bombe vous tombe sur la tête à l'instant même ? Et s'il les brise ? Je ne sais pas, » s'est-il exclamé. Trump a critiqué à nouveau ses prédécesseurs, a rappelé le scandale qui a touché Hunter Biden (le fils du président Joe Biden) et il a déclaré que le fait que cette sorte de choses ait fait que la Russie ne respecte pas Joe Biden et Barack Obama ne l'étonnait pas. « Ils ne respectaient pas Biden, ils ne respectaient pas Obama. Moi, ils me respectent, » a déclaré le président des États-Unis.

Lors de cette rencontre gênante devant les médias, le président des États-Unis a également défendu sa neutralité dans le conflit : « Si je ne m'alignais pas sur les deux, il n'y aurait jamais d’accord ». Et il a ajouté : "Je ne suis pas aligné sur Poutine, je ne suis aligné sur personne. Je suis aligné sur les États-Unis d’Amérique. »

Trump a déclaré que Zelensky ressentait une « terrible haine » envers Poutine, ce à quoi il a ajouté que « l'autre côté" n'est pas non plus "exactement amoureux » de lui (Zelenski). « Ils veulent que je sois dur, je peux être plus dur que n'importe quel être humain qu'ils aient jamais vu... mais ils ne parviendront jamais à un accord de cette façon, » a-t-il déclaré.

Après la réunion

La chaîne CBS a expliqué qu'après la réunion, la délégation ukrainienne a quitté le bureau ovale pour se rendre dans une « salle séparée », où le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz et le secrétaire d'État Marco Rubio, lui a ordonné de quitter la Maison Blanche.

CNN a appris que c'était Trump qui avait ordonné à Rubio et au secrétaire à la Sécurité nationale Mike Waltz, d'indiquer à la délégation que Zelensky devait se retirer prématurément. Une fois qu’on l’en a eu informée, la délégation ukrainienne a protesté parce qu'elle souhaitait poursuivre les conversations mais l'ordre de Trump était clair. Zelensky est parti peu de temps après, a rapporté le média local.

Après la rencontre, Trump a publié sur son réseau social Truth Social une déclaration dans laquelle il accuse Zelensky de manquer de respect à son pays. « J'ai compris que le président Zelensky n'est pas prêt pour la paix si les États-Unis sont impliqués car il estime que notre participation lui donne un grand avantage dans les négociations », a-t-il affirmé.

Et il a ajouté : « Je ne veux pas d'avantages, je veux la PAIX ».

« Il a manqué de respect aux États-Unis d'Amérique dans son précieux bureau ovale. Il peut revenir quand il sera prêt pour la paix », a déclaré Trump.

Zelensky, quant à lui, a publié un message sur son compte X qui dit ceci: « Merci aux États-Unis, merci pour votre soutien, merci pour cette visite. Merci @POTUS, au Congrès et au peuple des États-Unis. L'Ukraine a besoin d'une paix juste et durable, et c'est exactement ce à quoi nous travaillons. »

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a estimé que Trump et son vice-président ont fait preuve ce vendredi, lors de leur rencontre avec Zelensky, d'un haut degré de maîtrise de soi qui a abouti à une dure bataille verbale. Selon ce qu’a écrit la porte-parole sur son compte Telegram, « le plus gros mensonge » que Zelenski a prononcé a été « de déclarer à la Maison Blanche que le régime de Kiev avait été laissé seul en 2022, sans soutien. »

« le RayQue Trump et Vance se soient retenus et n'aient pas frappé cette racaille est un miracle de modération », a déclaré Zajárova.

Il ne pense pas devoir s’excuser

Zelensky a ensuite déclaré qu'il ne pensait pas devoir s'excuser auprès de Trump après cette dispute houleuse. "Non", a déclaré le chef du régime ukrainien lorsqu'on lui a demandé, lors d'une interview accordée à Fox News, s'il pensait qu'il devait s'excuser auprès du président des États-Unis. « Je respecte le président et je respecte le peuple des États-Unis », a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, Zelensky a déclaré qu'il n'était pas convaincu d'avoir fait « quelque chose de mal ». « Je pense que nous devons être très ouverts et très honnêtes », a-t-il déclaré.

De même, au cours de l'émission, il a déclaré qu'il était très reconnaissant envers le peuple des États-Unis, ainsi qu'envers le locataire de la Maison Blanche lui-même et envers le Congrès. « Vous nous avez beaucoup aidés. Dès le début, pendant trois ans [...] Vous nous avez aidés à survivre », a-t-il souligné.

Accords non signés

Un porte-parole de la Maison Blanche a annoncé après cette réunion tendue l'annulation de la conférence de presse conjointe que Trump et Zelensky devaient donner, et a souligné que l'accord sur les minéraux entre les deux pays n'avait pas été signé. Le président ukrainien a quitté la résidence du président des États-Unis sans faire de déclarations.

La rencontre entre Trump et Zelensky a eu lieu quelques jours après que les deux aient été les protagonistes d'un choc de déclarations reflétant la récente distance entre les Gouvernements des États-Unis et de l'Ukraine. Le18 février dernier, le   président des États-Unis a qualifié son homologue ukrainien de « dictateur », entre autres qualificatifs péjoratifs, après que celui-ci l'ait accusé de vivre dans une « bulle de désinformation »  créée par la Russie.

Source en espagnol:

https://albaciudad.org/2025/02/zelensky-pelea-donald-trump-expulsado-casa-blanca/

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