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Venezuela : Présence aux États-Unis, du train d’Aragua

20 Mars 2025, 15:47pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Quelle est la présence aux États-Unis du train d'Aragua, le gang né dans une prison vénézuélienne et que Trump a utilisé pour justifier l'expulsion de plus de 200 Vénézuéliens

 

De nombreux demandeurs d'asile vénézuéliens sont confrontés à la discrimination et à la stigmatisation en raison de l'expansion du train d'Aragua aux États-Unis.

 

Ce dimanche, le Gouvernement de Donald Trump a expulsé plus de 200 Vénézuéliens vers le Salvador sous la protection d'une loi centenaire, connue sous le nom de Loi sur l'Ennemi étranger.

 

Et il a de nouveau mentionné le nom d'une organisation qui a beaucoup tournée, ces derniers mois : le train d’Aragua.

 

Selon la Maison Blanche elle-même, la plupart des Vénézuéliens déportés et envoyés à la méga-prison du Cecot au Salvador étaient membres de cette organisation criminelle, née dans les prisons vénézuéliennes et qui a maintenant une portée internationale.

 

Cependant, bien qu’on l’ait exigé à plusieurs reprises, Washington n'a jamais fourni de preuves convaincantes confirmant les liens des déportés vénézuéliens avec l'organisation criminelle.

 

La loi controversée derrière les déportations peut être invoquée si le pays est en guerre avec un autre ou si un Gouvernement étranger a envahi ou menacé d'envahir le territoire des États-Unis.

 

Cette dernière prémisse est celle qui a été utilisée par Trump pour justifier sa décision, en soulignant que l'organisation du train d'Aragua « perpétrait, tentait et menacerait d’une invasion ou d’une incursion prédatrice sur le territoire des États-Unis. »

 

En janvier de cette année, le Gouvernement des États-Unis. avait déclaré le train d'Aragua comme une « organisation terroriste. »

 

Mais quelle est la véritable présence du train d'Aragua aux États-Unis ?

 

Vidéo et présence

 

Cinq jeunes hommes avec des casquettes et des capuches, mais le visage découvert, montent les escaliers d'un immeuble d'appartements et se retrouvent devant le numéro 301.

 

L'un charge un fusil d'assaut, un autre parle sur son téléphone portable en espagnol. Un troisième frappe avec insistance à la porte et tous font irruption de force dans la maison.

 

La vidéo, enregistrée en août de l'année dernière par un voisin du complexe résidentiel en briques rouges appelé Edge at Lowry, situé au cœur d'Aurora, dans le Colorado, et habité principalement par des immigrants vénézuéliens, a rapidement tourné en boucle.

 

Le même mois, la police locale a signalé l'arrestation du Vénézuélien Yoendry Vílchez Medina-José, accusé d'avoir été au centre de scènes similaires et d'une attaque brutale contre le gérant d'un autre immeuble d'appartements de cette zone.

 

Il l'a identifié, comme une douzaine d'autres individus, comme un « membre prouvé » du train d'Aragua (TdA), un nom de plus en plus omniprésent dans les cercles de sécurité des États-Unis mais jusqu'alors pratiquement inconnu du grand public.

 

Le 20 janvier dernier, le président des États-Unis, nouvellement investi, Donald Trump, a déclaré cette bande « organisation terroriste ».

 

C'est précisément Trump qui a était le haut-parleur qui a fais connaître cette bande dans toute l’Amérique.

 

Le candidat de l'époque n'a pas tardé à concentrer l'attention nationale sur cette banlieue populeuse de la zone métropolitaine de Denver - où environ 30 000 Vénézuéliens se sont installés au cours des deux dernières années -, la décrivant faussement comme une « zone de guerre. »

 

Trump, en pleine campagne pour les élections de novembre dernier qu'il a fini par gagner, s'est rendu à Aurora et a utilisé les incidents pour alimenter sa rhétorique associant la migration à la montée de la criminalité.

 

Et pour aller plus loin, il a baptisé "Opération Aurora" la déportation massive de sans-papiers qu'il a promis de lancer dès son arrivée à la présidence.

 

Dans la nuit du lundi 16 décembre, le nom de la ville a été à nouveau lié à celui du train d'Aragua, lorsqu'un groupe de 14 individus armés a fait irruption dans le même complexe d'appartements Edge at Lowry et, selon la police locale, a torturé deux Vénézuéliens qui se trouvaient à l’intérieur.

 

Pendant qu'ils pillaient l'appartement, ils les ont transférés dans une autre maison, où les vexations et les menaces se sont poursuivies pour qu’ils n’aillent pas à la police. Ils n'ont été libérés que mardi matin.

 

« Ils leur ont donné une raclée. L'une des victimes a été poignardée. Il avait une blessure par arme blanche, » a déclaré le chef de la police d'Aurora, Todd Chamberlain, qui a expliqué que les individus ont été arrêtés et identifiés. «  C'est une activité de bandes à 100 %, » a-t-il déclaré.

 

L'inquiétude des autorités étasuniennes face à la présence sur leur territoire du train d'Aragua, un gang apparu dans une prison au Venezuela il y a un peu plus de dix ans et avec des tentacules dans plusieurs pays d'Amérique du Sud, a augmenté ces derniers mois.

 

Un rapport du Département de la sécurité intérieure identifie des membres présumés du TdA dans 16 États, 100 enquêtes fédérales liées à la question sont en cours, il y a eu environ 50 arrestations et même des condamnations, et le Gouvernement de Joe Biden l'a déclarée « organisation criminelle transnationale. »

 

Et depuis le 20 janvier dernier, elle est considérée comme une « organisation terroriste » par les États-Unis.

 

Mais des questions telles que sa taille réelle, la sophistication et la coordination éventuelle avec le sommet de son pays d'origine et avec d'autres syndicats du crime aux États-Unis continuent à ne pas être claires.

 

Pendant ce temps, le train d'Aragua continue de transformer la migration vénézuélienne en victime grâce à des vols, des extorsions ou l’exploitation sexuelle partout où elle arrive.

 

Et cela a été mis en évidence comme étant la principale justification utilisée par le président Trump pour déporter les plus de 200 Vénézuéliens ce dimanche.

 

Ce qui démontre son importance croissante dans le discours politique et laisse les demandeurs d'asile aux États-Unis aux prises avec la stigmatisation et la discrimination.

 

Bande de prisonniers au Venezuela

 

Selon Luis Izquiel, professeur de criminologie à l'Université centrale du Venezuela, cette organisation est née il y a « environ 12 ou 14 ans » dans un syndicat qui contrôlait un tronçon du chemin de fer en construction qui allait traverser l'État d’Aragua.

 

« Ses membres ont extorqué de l'argent aux entrepreneurs, ont vendu des postes de travail sur les chantiers et ont commencé à être connus sous le nom de « ceux du train d’Aragua » » , a expliqué l'expert en crime organisé à BBC Mundo.

 

Certains de ces individus se sont retrouvés à la prison locale de Tocorón, située au sud-ouest de Caracas.

 

Celui qui est aujourd'hui considéré comme l'un des dirigeants de l'organisation, Héctor Rusthenford Guerrero Flores, alias "Niño Guerrero", y a également été détenu, et « à partir de là, ils ont commencé à prendre de l’ampleur, »  souligne le professeur.

 

L'influence du gang s'est rapidement étendue en dehors du centre pénitentiaire, jusqu'à devenir l'entreprise criminelle la plus puissante du Venezuela.

 

Le «Niño Guerrero »  est recherché dans plusieurs pays d'Amérique du Sud et on ne sait pas où il se trouve.

 

Plusieurs chercheurs soulignent que cela n'a pu être possible qu’avec la complicité de fonctionnaires de l'État, que ce soit par « action ou par omission. »  D'autres affirment directement que le Train est une organisation « parrainée par l’État" qui a des liens avec le pouvoir, ce que le Gouvernement vénézuélien réfute.

 

Quoi qu'il en soit, lorsque le pays est entré dans une profonde crise économique et politique, la bande a commencé à profiter des millions de Vénézuéliens qui fuyaient.

 

« Ils ont vu qu'ils pouvaient gagner de l'argent grâce à la migration et ont commencé à profiter de l’affaire » , explique à BBC Mundo Ronna Rísquez, journaliste d'investigation vénézuélienne et auteur du livre "El Tren de Aragua". La bande qui a révolutionné le crime organisé en Amérique latine ».

 

L'expansion à travers l'Amérique latine

 

La première preuve publique d'une expansion du groupe à l’étranger a été enregistrée au Pérou en 2018, bien qu'elle ait pu commencer plus tôt, dit Rísquez.

 

Depuis lors, il s'est rapidement répandu dans les pays voisins, malgré le fait que le Gouvernement du président Nicolás Maduro affirme l'avoir démantelé en reprenant le contrôle de la prison dans laquelle il est né en 2023, et que le ministre des Affaires étrangères Yván Gil ait déclaré en juillet de cette année que le train d'Aragua est « une fiction créée par les médias internationaux. »

 

Le même mois, la police colombienne a annoncé que plus de 80 membres du groupe avaient déjà été arrêtés dans le pays. Le plus connu, Larry Amaury Álvarez Núñez, mieux connu sous le nom de Larry Changa, considéré comme un autre des fondateurs du train d’Aragua.

 

Il y a également eu des arrestations et des condamnations liées à la bande au Chili et, au Brésil voisin, les autorités ont identifié des liens entre le train d'Aragua et le premier commandement de la capitale (PCC), l'organisation criminelle la plus importante du pays.

 

« Le train d'Aragua contrôle la migration irllégale, l'exploite dans les pays qu'elle traverse, et ainsi il connaît également d'autres réalités criminelles et apprend d’elles, »  a déclaré à BBC Mundo Pablo Zeballos, un ancien agent du renseignement de la police chilienne des carabiniers devenu consultant en crime organisé.

 

« C'est une économie parfaite. Perverse mais parfaite, » souligne Zeballos, qui enquête sur l'organisation depuis 2015.

 

Jusqu'aux États-Unis, en suivant la migration

 

Les experts consultés par BBC Mundo reconnaissent que l'expansion du train d'Aragua aux États-Unis, où près d'un million de Vénézuéliens ont émigré ces dernières années, n'était qu'une question de temps.

 

« Nous avons commencé à le détecter en 2021, mais les rapports de police à ce sujet étaient peu nombreux. En 2022, il y en avait plus, et en 2023 beaucoup plus. Jusqu'à ce que ça explose cette année, » a déclaré à BBC Mundo Joseph Humire, du Center for a Secure Free Society (SFS), un groupe de réflexion conservateur basé à Washington et spécialisé dans la sécurité nationale.

 

Début 2024, des responsables fédéraux ont alerté les autorités de New York sur l'arrivée de la  bande, a déclaré Joseph Kerry, détective en chef du département de police de la ville, au journal The New York Times.

 

Selon ce média, depuis janvier, la police de cette ville a interrogé au moins 30 personnes, dont des personnes affiliées à la bande détenues dans la prison de haute sécurité de l'île de Rikers.

 

Et elle a enregistré 24 membres dans la base de données des organisations criminelles, bien que l'on pense qu'il y en a plus. Dans l’urbanisme, 496 bandes opèrent selon ce directoire, avec un total de 14 000membres. 

 

« Il s'agit d'un petit nombre de personnes qui sont violentes, et nous allons les identifier et utiliser nos pratiques comme nous le faisons avec n'importe quelle bande, » a déclaré lors d'une conférence de presse en juillet le maire Eric Adams, qui refuse que sa ville devienne un bastion du groupe.

 

«  Ils sont mauvais et ne représentent pas la communauté des émigrés et des demandeurs d’asile, »  a souligné le démocrate, un policier à la retraite, qui essaie de contrer le discours des cercles les plus conservateurs, amplifié par Trump et les médias de droite.

 

Mais il n'y a pas qu’à New York qu’il y a des incidents que les autorités associent au train.

 

En Floride, Yurwin Salazar, un immigrant originaire du Venezuela qui, selon la police de Miami, fait partie de la  méga-bande, a été accusé d'avoir enlevé et tué un policier vénézuélien à la retraite.

En mai, les autorités fédérales ont découvert un réseau de trafic sexuel qui, selon elles, s'étendrait aux États de Louisiane, du Texas, de Virginie, de Floride et du New Jersey.

 

Les victimes étaient des Vénézuéliennes forcées d'avoir des relations sexuelles pour payer leur dette envers les trafiquants qui leur ont permis de passer la frontière, selon une plainte déposée devant un tribunal fédéral. Une façon d’opérer habituelle du train d'Aragua, soulignent les enquêteurs.

 

Plus récemment, un mémorandum interne du renseignement du ministère de la Sécurité intérieure divulgué par un certain nombre de médias a identifié des personnes liées à la question dans 16 États.

 

Au milieu des rapports sur sa prétendue présence croissante dans le pays, l'administration de Biden l'a désignée en juillet comme une « organisation criminelle transnationale » - aux côtés de la Mara Salvatrucha salvadorienne ou de la Camorra italienne - et a annoncé une récompense pouvant aller jusqu'à 12 000 000 de dollars étasuniens pour des informations pouvant conduire à l'arrestation de trois de ses dirigeants.

 

Un mois plus tard, sept républicains avec à leur tête le sénateur de Floride Marco Rubio, vice-président du Comité du renseignement du Sénat et futur secrétaire d'État du Gouvernement Trump, ont écrit une lettre au procureur général Merrick Garland demandant une stratégie coordonnée pour lutter contre cette bande.

 

Et en septembre, le gouverneur du Texas, le républicain Greg Abbott, a déclaré le train « menace de premier plan », ce qui donne à la police de l'État plus d'outils pour le poursuivre et ouvre la voie à des peines plus sévères.

 

Pendant ce temps, le Colorado a également créé au sein de la police un groupe spécifiquement dédié à la lutte contre celui-ci.

 

Une évolution « jamais vue »

 

Daniel Brunner, un agent spécial du FBI à la retraite expert en organisations criminelles, est l'un des enquêteurs aux Etats-Unis qui considèrent que le TdA est présent dans au moins une vingtaine d’états.

 

Mais il doute qu'il s'agisse d'une structure organisée, avec un projet concret d’expansion.

 

« Je ne pense pas qu'il y ait un plan directeur et qu'ils aient décidé d'envoyer une cellule dans un État ou un autre, »  a-t-il déclaré à BBC Monde.

 

« Personne au Venezuela ou en Colombie n'a dit : « Nous allons envoyer quelqu'un au Montana. » Les migrants sont arrivés ici parce qu'il y a du travail dans la construction et ensuite, des membres du train d’Aragua  sont venus, » ajoute-t-il, en accord avec d'autres spécialistes en la matière.

"Il s'est propagé naturellement, à la suite de la migration vénézuélienne, parce que c'est la population qu’il exploite, tout comme le MS-13 s'est déplacé dans le New Jersey, la Caroline du Nord, le Massachusetts ou Boston, où il y a des communautés salvadoriennes, parce que ce sont celles qu'il escroque, » poursuit-il.

 

Quand Brunner fait référence à la Mara Salvatrucha, il sait de quoi il parle.

 

La majeure partie de ses 20 années au FBI a été consacrée à enquêter sur la bande apparue à Los Angeles dans les années 80 et qui a pris une autre dimension lorsque nombre de ses membres ont été déportés au Salvador. Elle est devenue une organisation qui allait semer la terreur en Amérique centrale pendant des années.

 

Brunner, qui est aujourd'hui conseiller à la sécurité, a dirigé des enquêtes sur la mara à New York, dans le New Jersey et dans le Connecticut, dont deux qui ont abouti à des condamnations en vertu de la loi sur le chantage civil, l'influence et les organisations corrompues.

 

Cette loi, mieux connue sous le nom de RICO, permet de poursuivre le MS-13 et ses membres en tant que membres du crime organisé et de porter des accusations de terrorisme contre ceux qui sont considérés comme des dirigeants.

 

L'ancien agent était également l'un des trois membres du FBI à rejoindre la Force opérationnelle conjointe Vulcan (JTGV) créée en 2019 pour coordonner les efforts entre les différents départements et les différentes forces de l'ordre destinés à « éradiquer » le MS-13.

 

Interrogé sur la ressemblance entre le train d'Aragua et la bande salvadorienne, il n'hésite pas :

« Il apprend beaucoup plus vite, » souligne-t-il. « Il prend ce que le MS-13 a fait, et aussi le Barrio 18 - la bande rivale de la Salvatrucha - ou les Trinitarios, il apprend de leurs erreurs, il accumule cette expérience et l'utilise pour ses propres crimes, »  dit-il, dans une explication semblable à celle de l'ancien membre des Carabiniers du Chili Pablo Zeballos.

 

Il est d’accord avec lui pour dire que son évolution en tant qu'organisation transnationale a été exceptionnellement rapide.

 

« Si le PCC [Le premier commandement de la capitale du Brésil] a mis 30 ans à être ce qu'il est, le train d'Aragua a mis 10 ans, tout au plus, pour être ce qu'il est, » souligne Zeballos. "Si nous regardons quand il est né, il est comme un adolescent qui agit déjà comme un adulte. »

 

L'expert chilien Zeballos met également en avant une autre marque distinctive : la diversité de son éventail de délits.

 

« Le train d'Aragua profite de toute opportunité d'économie illégale, » assure-t-il. « Si, dans une région il a décidé d'exploiter la livraison de motos, il est fort probable qu'il soit propriétaire de tous les véhicules et qu'il perçoivent quota, mais en plus, pendant leurs heures de liberté, les livreurs doivent voler des téléphones portables pour l’organisation, »  explique-t-il.

 

« Je n'imagine pas que des structures comme le cartel de Medellín se soient consacrées au vol de portefeuilles en tant qu’affaires parallèles mais le TdA l'a fait, » poursuit-il.

 

« Ils peuvent se consacrer au trafic de drogue - en particulier d'une drogue synthétique en poudre rose, connue sous le nom de tusi, qui est souvent mélangée à de la kétamine, de la MDMA ou du fentanyl -, profiter de la migration, être propriétaires de quelques mines d'or au Venezuela, mais aussi voler des sacs et des téléphones, » ajoute-t-il.

 

Ce qu'il reste à savoir

 

Les détectives et les experts en sécurité continuent d'essayer d'établir un profil de leurs opérations, de leurs soi-disant tactiques de recrutement - dans les centres d'accueil pour immigrants ou par le biais de groupes WhatsApp fermés -,  de leur pénétration dans le tissu social des villes et de découvrir s'ils sont organisés en cellules et s'il y a ou non une coordination entre elles, ou avec d'autres groupes criminels.

 

Et ils essaient également de savoir si ses membres présumés aux États-Unis reçoivent des ordres du sommet ou s'ils envoient de l'argent à l’étranger.

 

Certains chercheurs sont plus prudents lorsqu'il s'agit de faire des affirmations:

« Ce qui reste à préciser, c'est ce qu'ils font exactement aux États-Unis et quel est leur objectif, s'il existe réellement un plan de développement, pour pouvoir comprendre quel est le véritable risque, » a déclaré Rísquez à BBC Monde.

 

Clarifier ne semble pas être une tâche facile.

 

En partie parce que le manque d'échange d'informations entre les autorités étasuniennes et les autorités vénézuéliennes rend impossible la vérification de l'existence d'un casier judiciaire dans le pays d’origine.

 

« En tant qu'agents fédéraux, nous n'avons aucun moyen d'examiner ces personnes, » a déclaré le vice-président du Conseil de la patrouille frontalières Etats-Unis, Chris Cabrera, lors d'une conférence de presse en septembre. « S'ils nous disent leur nom, nous ne pouvons le comparer à aucune base de données. »

 

D'autre part, il y a l'absence d'identifiants communs. Les enquêteurs se fixent sur certains tatouages ou sur un style particulier d'habillement, bien que les experts affirment que ceux-ci  ont également été adoptés par des personnes qui n'ont rien à voir avec le monde du crime.

 

Et enfin, l'ancien agent du FBI Brunner souligne la difficulté de l'agence elle-même à pénétrer dans les communautés et à gagner leur confiance, en raison d'un manque de maîtrise de la langue, etc…

 

« Maintenant, avec le changement de Gouvernement [de Trump], ça va être encore plus compliqué, » déplore-t-il. « Parce que tout le monde (dans les communautés de migrants et de demandeurs d'asile) va s'enfermer [par peur des déportations] et ne va pas parler à la police, à l'immigration, et personne ne va montrer du doigt et dire : « Ecoutez, c'est un membre du train d’Aragua ». »

 

Pour lutter contre l'organisation, il faut l’assumer comme un problème régional et apprendre des pays qui ont déjà fait face à ce problème, souligne Humire.

 

« Les États-Unis doivent travailler sur la sensibilisation et ensuite  commencer à s'associer aux pays d'Amérique latine et à leurs forces de l'ordre pour comprendre comment ils peuvent faire face à cette bande, » souligne-t-il.

 

Pendant ce temps, de nombreux demandeurs d'asile vénézuéliens sont déjà confrontés à la stigmatisation.

 

Comme Nelly, une Vénézuélienne dont nous ne donnerons pas le nom de famille pour des raisons de sécurité, qui a quitté son pays à cause de la violence de genre et qui, avant d'arriver aux États-Unis, a vécu pendant un certain temps avec ses trois enfants au Pérou: « Là-bas, il y avait déjà beaucoup de xénophobie envers les Vénézuéliens, ils nous disaient que nous étions tous des criminels. Nous avons décidé de partir quand un jour nous avons été attaqués dans la pizzeria où je travaillais comme gérante, » se souvient-elle.

 

Après avoir traversé 8 pays par la voie terrestre, dont la redoutable jungle du Darién, entre le Panama et la Colombie, et traversé le Mexique à bord du train de marchandises connu sous le nom de La Bête, ils sont arrivés à Los Angeles en janvier.

 

Elle a obtenu un appartement grâce à un programme qui aide les femmes migrantes avec des enfants, mais elle va bientôt devoir commencer à payer le loyer et les dépenses, et elle cherche du travail: « J'ai commencé à dire que je suis d'une autre nationalité, parce qu'ils me disent que non, ils n'embauchent pas de Vénézuéliens. A cause de quelques-uns, nous payons tous. »

 

source en espagnol:

https://www.mdzol.com/mundo/2025/3/18/que-presencia-tiene-en-eeuu-el-tren-de-aragua-la-banda-nacida-en-una-carcel-de-venezuela-que-trump-utilizo-para-justificar-la-deportacion-de-mas-de-200-venezolanos-1195489.html

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