Argentine : Le prix élevé des négociations avec Trump pour les droits de douane
Par Randy Stagnaro
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Depuis hier, les produits argentin paient 10 % de droits de douane pour rentrer aux États-Unis. Milei rêvasse d'un accord de 0 % de droits de douane pour 50 produits et les patrons font pression pour être inclus dans cette liste. Mais Washington demandera des changements dans la législation sur les brevets, l'entrée de produits industriels et la libre circulation des capitaux.
Parmi les entreprises qui font pression pour entrer dans cette liste se trouvent Techint et Aluar auquel est est appliquée en droit de douane de 25 %, les représentants des exportateurs de produits agro alimentaires, de la pêche, des citrons. Par contre, pour le moment, les compagnies pétrolières marchent avec des pieds de plomb : le revenu de brut ne supportera pas les nouveaux droits de douane.
Le problème des droits de douane de Trump ne concerne pas que les entreprises qui vendent au marché étasunien. Ils auront d'autres conséquences plus néfastes : une rétractation du commerce international, le début d'une récession de portée mondiale, la chute du prix des matières premières, la dévaluation de monnaies, la construction de réseaux de commerce rivaux à l'échelle mondiale et, en dernière instance, l'augmentation des tensions diplomatiques et éventuellement une guerre militaire, la guerre commerciale ayant déjà commencé.
L'effet sur l'Argentine peut se produire de différentes façons : perte de compétitivité des exportations, chute des revenus en dollars à cause des prix plus bas des matières premières, les produits argentins plus compétitifs sur les marchés internationaux, la fuite de capitaux au cas où les États-Unis augmenteraient leurs taux d'intérêt et des pression sur la monnaie argentine, au moment où elle est attachée au dollar.
Au milieu de cette enchevêtrement, certains croient que « une opportunité » s'ouvre pour les entreprises argentines. Pour Ecolatina, « des fenêtres potentielles d'opportunités s'ouvrent pour obtenir de nouveaux marchés » si les entreprises et l'État agissent rapidement, mais il y a de sérieux doutes sur le fait que le Gouvernement à la tronçonneuse ait la capacité d'agir efficacement dans une situation si complexe en n’ayant ni doctrine ni personnel particulier pour cela.
De plus, l'autre joue aussi et les États-Unis profiteront de l'opportunité qui s'ouvre pour avancer sur une série de problèmes qu'il a dans son ordre du jour bilatéral depuis longtemps. Sur cette liste se trouvent le traitement de la propriétés intellectuelle, les brevets, le libre flux des capitaux et la réduction de l'influence de la Chine, entre autres problèmes brûlants.
Une feuille dangereuse
Au cours de son bref passage par Miami, cette semaine, Milei a dit que le Gouvernement travaillait à la réduction des droits de douane pour un panier de 50 produits dans le cadre du traité bilatéral de protection des investissements que l'Argentine et les États-Unis ont signé dans les années 90. Le président a ajouté que le Gouvernement républicain a une liste de 16 revendications envers l'Argentine, dont 9 auraient déjà trouvé une solution.
Selon le Gouvernement, le chancelier Gerardo Werthein a déjà avancé là-dessus à partir d'une réunion qu'il a eue à Washington avec son pair étasunien, Howard Lutnick, et avec le représentant des États-Unis au commerce (la USTR), Jamieson Greer.
Résoudre toutes les revendications des États-Unis envers l'Argentine impliquerait de mener à bien des changements radicaux dans la structure de production argentine et dans la politique économique du Gouvernement de La Liberté Avance.
Le problème des brevets médicaux traîne depuis des années, avec des pressions constantes de l'ambassade des États-Unis et des laboratoires étrangers pour que l'Argentine modifie sa législation en la matière. Selon des sources issues de ce secteur, dans les prochains jours, le ministre de la santé, Mario Lugones, recevra des directeurs de la Chambre des Spécialités Médicinales (CAEME, qui regroupe les laboratoires étrangers) qui chercheront des définitions officielles dans ce domaine.
La question inclut d'autres problèmes liés au traitement de la propriété intellectuelle de manière plus générale, comme dans le cas des semences modifiées pour résister aux intempéries ou à certains produits chimiques, comme ce fut le cas historiquement avec le soja de Monsanto.
Washington vise aussi le négoce de l'infrastructure, les barrières para-douanière et phytosanitaires, les licences et les quotas d'entrée de ces produits dans le pays. Et aussi important, réclame le libre accès au marché des devises, quelque chose qui dépasse les négociations bilatérales et qui est au cœur du problème du change et du problème monétaire de l'Argentine. Une décision sur ce terrain provoquerait l'élimination du plafond des flux de capitaux, quelque chose que le ministère des finances est en train de négocier avec le Fonds Monétaire International en échange d'un sauvetage financier et qui est en cours.
Malgré la rapidité avec laquelle le Gouvernement dit qui réalise ses négociations, les patrons ne sont pas tranquille et demande des réunions avec les autorités pour faire pression en faveur de leur production. En même temps, ils tentent de s'assurer qu'un accord à tarif zéro pour un certain nombre de biens et de services ne les affecte pas. L'Union industrielle est mal à l'aise parce qu'elle craint que les États-Unis ne se ruent sur les produits industriels qui supplanteraient ceux d'autres pays, mais aussi les produits locaux.
À Miami, Milei a aussi parlé d’ « adapter la législation » argentine au nouveau scénario envisagé par Trump avec ses droits de douane, mais aucune initiative concrète indiquant que cela pourrait se réaliser, n’a surgi. Surtout, ces initiatives n'auraient pas un parcours facile au milieu d'un scénario politique complexe à cause de la campagne électorale et de la dispersion des forces politiques qui collabore avec le Pouvoir Exécutif.
Récession, dollars et dévaluations
Tout le monde est d'accord pour dire que les droits de douane de Trump provoqueront, en premier lieu, une récession aux États-Unis et une augmentation des prix. Les premières conséquences de ces tendance ont déjà été vues sur le marché des matières premières avec la chute des prix du soja, du maïs et du pétrole.
LCG a prévenu qu'il y a « un avenir tellement incertain » qu'il oblige à « regarder de très près certains breakevens de la production de Vache Morte. » De même, il insinue que les décisions qui impliqueraient plus d’apport de capitaux pour des investissements « pourraient être mises en pause. »
Par contre, les chambres d'exportateurs de céréales et de leurs dérivés CIARA-CEC demandent que le Gouvernement engage « des négociations bilatérales urgentes en profitant surtout du fait que le président Javier Milei a eu une relation amicale avec le président Trump pour chercher à appliquer rapidement des exceptions et que toute cette sorte de droits soit éliminée. »
Au moment où le revenu en dollars des réserves de la Banque Centrale est l'un des problèmes centraux de la politique économique du Gouvernement, les perspectives sont celles d'une chute à cause de moins d'exportations, plus d’importations.
Dévaluations compétitives
Le Gouvernement du Brésil et la Banques Centrale ont décidé d'évaluer le real de 4 % vendredi. C'est une réaction en face à l'affaiblissement attendue du dollars au niveau mondial. Mais l'ajustement de monnaies, en particulier, celle des partenaires commerciaux de l'Argentine, provoquera plus de pressions sur le schéma du change argentin à court terme.
Ce week-end, toutes les monnaies du continent ont baissé, sauf le peso argentin. On a remarqué particulièrement la baisse de 3,8 % du real, de 3 % du peso chilien, de 2,9 % du peso colombien et de 2,5 % dupes mexicain. De plus, les baisses sont coïncidé avec une baisse de 7 % du prix international du pétrole et un recul de la valeur du soja qui a atteint son plus bas prix de 2025.
Sebastián Menescaldi, directeur de l'agence de conseils ECOGO, soutien que ces brusques mouvements sont la conséquence des réponses aux droits de douanes annoncés par les États-Unis. L'économiste prévient qu’au niveau local, la situation ajoute plus de pression sur le schéma du change domestique, dans une situation dans laquelle la Banque Centrale ne peut plus acheter de dollars.
Les clés
Le Gouvernement pense qu'avec une négociation bilatérale, il pourra surmonter les droits de douane de Trump.
Les patrons partagent la même idée et font pression pour que leur produits soient exemptés du droit de douane de 10 %.
Certains pensent même que s'ouvrent une opportunité pour augmenter les exportations grâce à une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis mais des flans dangereux s'ouvre aussi. Le premier est que les États-Unis demanderont un échange d'exemple pour l'Argentine ou une série de concession. Le président Miley a admis à Miami en signalant que le pays a déjà résolu neuf des 16 revendications de Washington.
Parmi ses revendications, se trouvent la modification de la législation relative à la propriété intellectuelle et aux brevets pharmaceutiques, la libre circulation des capitaux, qui est au coeur des discussions avec le FMI : la fin du plafond.
Plus généralement, les tarifs de Trump entraîneront une baisse des prix des produits que l’Argentine exporte (soja, pétrole). Et une concurrence accrue sur les marchés internationaux.
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