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Bolivie : Entre le progressisme domestiqué et la révolution populaire d’Evo Morales

25 Avril 2025, 16:02pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Jorge Gálvez (Coordinateur National du Mouv. Souverainiste),

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

J'ai eu le privilège de vivre un moment historique, qui marque un avant et un après dans le processus politique bolivien et j’ose dire, dans la dispute pour l'avenir de l'Amérique latine. J'étais à la Villa Tunari, cœur du Chapare, du 28 au 31 mars, au congrès de refondation de l'instrument politique qui a donné vie au mouvement « Evo peuple », un sigle qui représente un message ferme : nous revenons à obéir au peuple. Et ce que j'ai vu là n'a pas été seulement un événement politique, ça a été une expérience de radicalisation populaire, de construction à partir de la base, de révolution en action.

 

Dans un stade plein de 70 000 personnes, on respirait la lutte, laisse espoir et l'organisation. Plus de 5000 délégués ont travaillé pendant 48 heures dans 27 commissions thématique.s J'ai entendu des paysannes parler d'intelligence artificielle, des jeunes discuter sur la souveraineté technologique, des travailleurs débattre de l'industrialisation du lithium, des peuples originaires parler de la souveraineté alimentaire. J'ai vu des mères avec leurs enfants qui dormaient sous des tentes. Des corps épuisés mais des esprits enflammés, une conviction révolutionnaire dans chaque geste, dans chaque mot.

 

J'ai été face à un sujet révolutionnaire, vivant, pas celui qui apparaît dans les Manuel, mais celui qui fait l'histoire avec ses mains, avec sa conscience, avec sa lutte quotidienne. La, j'ai compris que la Bolivie n’est pas seule à jouer son destin aux prochaines élections. L'avenir de toute l'Amérique latine est également en jeu.

 

Dans la situation de l'Amérique latine, o on voit clairement deux acteurs: d'un côté, le progressisme qui a été une formule de contention, qui s'est présenté avec des vêtements de « gauche », mais qui a souvent représenté la dégradation des objectifs historiques du mouvement ouvrier et des peuples : la lutte contre le capitalisme, l'impérialisme, la structure coloniale. Aujourd'hui, son expression la plus caricaturale et fonctionnelle au statu quo est le progressisme Woke, celui du Gouvernement de Gabriel Boric au Chili –une sorte de « gauche travestie », dépolitisée et soumise au consensus mondialiste néo libéral. Mais, en Bolivie, le progressisme de Luis Arce est d'une forme plus « classique », plus proche des social-démocraties d’antan. Son programme de gouvernement se limite à des réformes partielles, une gestion technocratique de l'État et une certaine redistribution, sans toucher les structures du pouvoir économique. Ainsi, il a renforcé la stagnation économique et politique du pays en exacerbant les contradictions sociales sans faire de transformations réelles. L'absence d'une politique d'industrialisation stratégique, la tiédeur face au pillage transnational du lithium et sa prise de distance envers les mouvements sociaux originaires l'ont éloigné du projet populaire que dirigeait à son époque le MAS avec Evo.

 

De l'autre côté, il y a Evo Morales, le symbole et le conducteur d'un projet historique : la révolution démocratique, anticapitaliste et anti impérialiste. Une gauche qui ne renonce pas à la lutte des classes, qui ne déguise pas le pillage des transnationales, qui n'abandonne pas les peuples au nom de consensus imposés par les centres du pouvoir mondial.

 

Quand Evo est arrivé au gouvernement en 2005, le Produit Intérieur Brut de la Bolivie était d'à peine 9 000 000 000 de dollars. En 2019, l'année du coup d'état, c'est indicateur était montée à 42 000 000 000. Ce n'était pas de la magie. C'était une politique souveraine de nationalisation des ressources naturelles, d'inclusion sociale, de construction de l'État à partir des peuples. C'était la dignité convertie en croissance économique réelle. C'était la démonstration qu’un autre modèle était possible si on mettait le peuple au centre.

 

Aujourd'hui, ce modèle est en conflit. Le Gouvernement d’Arce, bien que né du même instrument politique, a choisi une autre route : celle de l’accommodement institutionnel, celle du progressisme sans peuple, celle des réformes sans révolution. Il a provoqué le mécontentement parce qu'il n'a pas su –ou n'a pas voulu– répondre aux urgences du peuple bolivien avec la profondeur qu’exige l’époque.

 

C'est pourquoi le congrès de la villa Turi n'a pas seulement été une réponse politique, il a été une expression du pouvoir populaire. Et Eva a été clair dans son message : « il n'y a pas de plan B. Quand ils parlent t de cela, ce plan B est celui de l'empire, du Gouvernement et de la droite. » le 17 août août, il y aura un candidat et ce candidat sera Evo. Non par caudillisme mais parce que c'est le seul qui exprime légitimement la continuité du projet émancipateur.

 

Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement la présidence d'un pays latino-américain. C'est l'avenir d'un continent qui est toujours en conflit. Evo, le Venezuela, le Nicaragua, Cuba, représentent un pôle de résistance et de construction d'une Grande Patrie souveraine, sans tutelle, avec les peuples comme protagonistes.

 

Face à la dépolitisation du progressisme, face au simulacre de démocratie que nous offre le libéralisme déguisé en gauche, avec Evo nous sommes de retour, nous, les peuples, le socialisme, la transformation révolutionnaire de la société. Je l’ai vécu. Je l'ai vu. Je l'ai senti, et je n'ai aucun doute: si la Bolivie se lève avec Evo, l’Amérique latine se lève aussi.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/04/24/bolivia-alli-se-juega-el-destino-del-continente-entre-el-progresismo-domesticado-y-la-revolucion-popular-de-evo-morales/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/04/bolivie-entre-le-progressisme-domestique-et-la-revolution-populaire-d-evo-morales.html