Équateur : Noboa décrète l'état d'urgence à quelques heures des élections
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
À quelques heures du second tour des élections, la candidate de la Révolution Citoyenne, Luisa Gonzalez, a dénoncé une série d'actions désespérées du Gouvernement pour porter atteinte aux résultats des élections présidentielles.
Elle a indiqué qu'elle avait reçu des informations provenant de membres du renseignement de la police nationale et des forces armées indiquant qu'il y aurait des montages et des opérations destinées à semer des procès-verbaux d'élections dans différentes régions du pays.
« Ces faux positifs sont destinés à construire l'idée de la fraude face à sa défaite imminente, » a déclaré Luisa Gonzalez, dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.
La candidate de la Révolution Citoyenne a appelé les forces armées et la police nationale à ne pas se prêter à cette sorte d'actions qui ne cherchent qu'à déstabiliser et affaiblir la démocratie dans le pays et elle leur a demandé d'être les garants de la démocratie, des intérêts et de la sécurité du peuple équatorien.
Elle a également invité les Equatoriens à voter avec optimisme et a demandé à tous les organismes internationaux et aux observateurs du processus électoral d'être vigilants face aux violations que vit le pays.
« Cela sera bientôt fini, Monsieur Noboa, vous avez peur, l'espérance est de notre côté, » a déclaré Luisa Gonzalez, à la fin de la vidéo.
L'Assemblée nationale rejette l'État d’urgence
Face à la déclaration de l'état d'urgence dans au moins 9 provinces du pays par le président Daniel Noboa à moins de 24 heures du second tour des élections, l'Assemblée nationale a exprimé son rejet et a déclaré que « les mesures prises (…) provoquent de l'inquiétude en ce qui concerne les limites au droit de réunion, affectent le déroulement normal du scrutin et altèrent l'ordre démocratique et, par conséquent, le déroulement d'un processus électoral transparent, pacifique et légitime. » Elle considère d'autre part que ces mesures mettent « entre guillemets la légitimité de l'État d'urgence décrété. »
Le décret exécutif 599 déclare l'État d'urgence dans 9 province, dont celle de Quito, pour une période de 60 jours, avec des mesures comme la fermeture des frontières, des restrictions de déplacement, la levée de l'inviolabilité du domicile et l'interdiction des réunions.
La Révolution Citoyenne contre le décret de Noboa
Le groupe parlementaire de la Révolution Citoyenne a prévenu que se décret restreint « des droits fondamentaux comme la liberté de réunion et l'inviolabilité du domicile et de la correspondance » et « provoque une série de suspicions sur son but véritable : mettre sous condition l'exercice démocratique et faire obstacle au déroulement d'un processus électoral libre juste. »
Ils accusent également le président Noboa d'utiliser la figure de l'État d'urgence comme instrument politique de contrôle. « Ou chercherait-t-il à freiner le droit du peuple à protester face à sa tentative de fraude ? » se demandent les parlementaires.
Ils considèrent que le Gouvernement de Daniel Noboa continue à agir en marge du droit et utilise les institutions « pour renforcer son projet autoritaire. L'Equateur mérite des élections libres, pas sous la menace. »
La Confédération des Nationalités Indigènes pense que Noboa cherche à manipuler les élections
Le décret présidentiel a également été rejeté par la Confédération des Nationalités Indigènes (CONAIE) qui considère que ce décret est une tentative désespérée pour manipuler les élections, restreindre les droits des citoyens et s’assurer le contrôle politique grâce à la peur et à la force: « Nous alertons le pays et la communauté internationale : la démocratie ne peut être l'otage ni du calcul électoral ni de l'autoritarisme déguisé en sécurité. »
Source en espagnol :
URL de cet article :