International : Dieu a déposé nos ressources naturelles dans d'autres pays
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Trump et sa boussole géopolitique : « Dieu a déposé nos ressources naturelles dans d'autres pays. »
« Il est urgent que Washington profite au maximum de la diversité et de la richesse en ressources naturelles que possède l'Amérique latine »… « Le charbon est un cadeau de la providence gardé par le créateur de toute chose dans les entrailles du Japon, pour le bénéfice de la famille humaine. »
La phrase : « Dieu a déposé nos ressources naturelles dans d'autres pays » ramène à une vision historique qui a justifié l'intervention et le contrôle des ressources stratégiques par les États-Unis. Cette phrase, extraite de l'analyse de Jorge Majfud dans « La frontière sauvage : 200 ans de fanatisme anglo-saxon en Amérique latine » donne une synthèse de l'héritage d'interventions au nom d'un soi-disant destin manifeste. La rhétorique qui émane de cette idée se traduit dans la pratique qui, historiquement, a cherché à placer les États-Unis comme « maître et policier du monde », et on l’observe dans des actions qui dépassent les époques.
Cette analyse prend ce postulat comme point de départ pour examiner la continuité de l'appropriation des ressources depuis le charbon japonais au XIXe siècle jusqu'au lithium de l'Amérique latine, à l'époque moderne. De même, cette idée s’insère dans le cadre de « l'ordre du jour l’Amérique d'abord », une stratégie centrale du Gouvernement Trump qui remodèle la politique étrangère des États-Unis en fonction de ses intérêts nationaux. Avec cet exercice, on invite à réfléchir sur la persistance d'une mentalité interventionniste qui, sous l'apparence de la sécurité et de la prospérité, perpétue des relations inégales sur la scène internationale.
Le contexte historique
La conception que les ressources naturelles ont été « déposées » pour le bénéfice des États-Unis remonte à des épisodes historique qui ont marqué leur politique étrangère. Un exemple parfait en est l'avertissement prononcé le 10 juin 1851 par le secrétaire d'État de l’époque, Daniel Webster: « Le charbon est un cadeau de la providence, gardé par le créateur de toute chose dans les entrailles du Japon pour le bénéfice de la famille humaine… La quantité de charbon que possède ce pays est tellement abondante que son Gouvernement n'a aucun argument valide pour ne pas nous fournir cette ressource à un prix raisonnable. »
Cette déclaration illustre non seulement la logique interventionniste du XIXe siècle, mais établit également un précédent rhétorique pour justifier l'imposition de la volonté des États-Unis, à d'autres territoires. L'idée que les ressources « sont déposées » à l'étranger a été utilisée pour légitimer l'intervention et l’extraction en basant ces action sur un soi-disant mandat divin.
La rhétorique anglo-saxonne a évolué, mais la base sous-jacente reste : la croyance que les États-Unis ont la mission d'exploiter et d'administrer les ressources étrangères pour maintenir leur hégémonie. Cet héritage a été gardé vivant dans le discours à travers le temps et a configuré la façon dont on comprend les relations internationales et l'intervention dans d'autres pays.
La vision contemporaine
Pendant l'air moderne, « l'ordre du jour l'Amérique d'abord » est érigé comme la ligne directrice qui donne la priorité aux intérêts nationaux au-dessus des engagements multilatéraux. Sous ce slogan, le Gouvernement Trump a mis en place des politiques destinées à s’assurer l'accès aux ressources stratégiques en réorientation la politique étrangère en fonction d'une vision de la sécurité et de la prospérité intérieures. Ce point de vue se traduit par une réinterprétation contemporaine de l'idée que les ressources naturelles, d'une certaine façon « déposées » dans d'autres pays doivent être au service des intérêts des États-Unis.
Cette stratégie est mise en évidence dans les déclarations de hauts commandants comme celles de l'ancienne chef du Commandement Sud, la général Laura Richardson qui a occupé ce poste de décembre 2016 à décembre 2019 :
« Il est urgent que Washington profite au maximum de la diversité et de la richesse en ressources naturelles que possède l'Amérique latine. Avec toutes ses riches ressources et ses éléments de terre rares, tu as le triangle du lithium qui, aujourd’hui, est nécessaire à la technologie. 60 % du lithium du monde se trouve dans le triangle du lithium : l'Argentine, la Bolivie, le Chili. »
La répétition de ce discours reflète une stratégie d'appropriation et de contrôle destinée à canaliser les ressources stratégiques vers les États-Unis. Ainsi, « l'ordre du jour l'Amérique d'abord » se nourrit d'une logique historique réinterprétée pour justifier des mesures dans le domaine de la sécurité énergétique et minière avec des implications directes sur la souveraineté des pays fournisseurs.
Souveraineté contre intervention : un héritage persistant
La tension entre la souveraineté nationale et l'ingérence d'une puissance hégémonique est l'acte central de ce débat. D'un côté, le discours qui justifie l'intervention, basé sur l'idée que les ressources naturelles « sont déposées » pour le bénéfice d'une nation prédestinée, a permis aux États-Unis d'agir de façon unilatérale dans de multiples scénarios. Ce modèle, hérité du passé, se présente aujourd'hui comme un mandat pour intervenir dans les affaires intérieures d'autres pays, sous prétexte d'une mission civilisatrice ou de progrès.
D'autre part, l'interdépendance mondiale croissante et la réaffirmant de l'autonomie des nations mettent en évidence les contradictions de cette logique. L'insistance sur le fait de « profiter au maximum » des ressources, comme l’a déclaré la général Laura Richardson, s'oppose aux revendications contemporaines d'équité et de respect de la souveraineté. Cette dichotomie reflète un conflit qui a marqué l'histoire des relations internationales et qui continue à configurer un scénario dans lequel le pouvoir s'exerce aux dépens de l'autonomie et du développement propre des autres pays.
L'héritage de l'intervention et de l'appropriation se traduit dans des pratiques qui perpétuent les inégalités et favorisent les intérêts unilatéraux. L'affrontement entre la logique de la providence et la nécessité d'un ordre international basé sur l'équité est envisagé comme l'un des défis les plus importants de la politique contemporaine, mettant en évidence la persistance d'un modèle qui, malgré les changements dans les façons de gouverner, continue à être le moteur de l’intervention.
Réaffirmation de la logique interventionniste
La réinterprétation de la phrase : « Dieu a déposé nos ressources naturelles dans d'autres pays » permet de mettre en évidence la façon dont une vision historique s'est traduite dans la pratique en orientant. Les politique étrangère qui perpétue l'hégémonie des États-Unis. Aussi bien les paroles de Daniel Webster en 1851 que les déclarations de la général Laura Richardson s'inscrivent parfaitement dans l'ère Trump, et constituent un corpus rhétorique qui réaffirme la logique interventionniste et l'idée que les ressources extérieures doivent être au service d’un soi-disant destin manifeste.
« L'ordre du jour l'Amérique d'abord » dans ce contexte, se configure comme la poursuite d'une tradition d'appropriation et de contrôle qui marque la politique étrangère des Etats-Unis depuis des siècles. Cette analyse nous invite à repenser la légitimité d'un modèle basé sur l'intervention et à considérer la nécessité de construire un ordre international qui respecte la souveraineté et promeuve l'équité dans l'utilisation des ressources naturelles. Dans un monde de plus en plus interconnecté, le défi réside dans le fait de surmonter les modèles qui favorisent l'unilatéralisme et de promouvoir une politique mondiale qui reconnaisse le droit de toute nation a décider de son propre destin.
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