Pensée critique : L'importance de la conscience de classe
Par Elaine Tavares
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
L'histoire de l'humanité est l'histoire de la lutte des classes. Et celle-ci est une vérité qui ne se réduit pas seulement aux sociétés capitaliste. Dans d'autres modes de production comme l'esclavage ou le féodalisme, il y avait aussi des classes : des esclaves et des messieurs, des serfs et des nobles. Le mode capitaliste de production sous lequel nous vivons aujourd'hui a aussi ses classes, celle des bourgeois et celle des travailleurs. Et ce combat a lieu dans la vie quotidienne. Les maîtres du capital dominent la vie des travailleurs qui cherchent, par différentes voies, à se libérer. C'est la bataille quotidienne de tous les temps, car, dans le fond, qui aime être dominé, soumis, humilié ? Personne !
En vertu de cette vérité indubitable, la lutte des classes s'exprime en tout lieu, même sur les réseaux sociaux. Là, la lutte est dure car, comme les maîtres du capital sont ceux qui contrôlent les plates-formes, les notes qui rendent compte des lutte et des rébellions des travailleurs ne circulent pas beaucoup. C'est ce qu'on appelle la « dictature de l'algorithme. » Il est très probable que nous ayons entendu parler trop souvent de la « dictature de Maduro » mais à peine de celle des millionnaires qui dominent les médias et décident de ce que nous devons voir sur l'écran de notre téléphone. Pour cette raison, nous verrons à peine une chose sur la résistance héroïque du peuple palestinien face au génocide organisé par Israël, alors que nous verrons quantité de posts de personnes qui défendent Israël et montrent le peuple arabe comme un peuple de criminels.
Nous verrons aussi les nombreuses lamentations de Bolsonaro et de ses fils qui demandent l'amnistie mais nous verrons rarement la mémoire des lamentations et du désespoir de ceux qui ont été abandonnés par l'État pendant la pandémie. Plus de 800 000 personnes sont mortes à cause de la négligence de ceux qui maintenant pleurent parce qu'ils sont sur le point d'affronter la justice.
Nous pourrions dire la même chose des actions du millionnaire/ président des États-Unis qui, depuis qu'il est arrivé au Gouvernement, commet des barbaries. Il menace d'envahir des pays, censure les professeurs, arrête des gens illégalement, utilise les lois de guerre pour envoyer des migrants dans des prisons au Salvador. Tout cela est donné comme de simples « informations », sans ajouter aucun adjectif d'aucune sorte à Donald Trump. Imaginez que ce soit Nicolas Maduro ou un autre président d'un autre pays qui fasse cela: il serait qualifié de fou, de tyran, de dictateur.
Évidemment, cela ne surprend pas ceux qui savent, comment va le monde, et comment s'exprime la lutte des classes. Mais, comme une grande partie de la population reste aliénée dans ce débat, les « informations » qui sont diffusés sur les réseaux sociaux et dans les médias ne sont que des informations sans lien entre elles qui causent un engouement momentané, mais qui se diluent immédiatement dans l’air quand arrive une nouveauté plus intéressante que la politique, peut-être quelque potin sensationnel concernent une célébrité.
La semaine dernière, par exemple, l'Argentine a été le témoin de grandes manifestations organisées par les retraités qui vivent dans une crise profonde, perdent de leur pouvoir d'achat et sont touchés par la misère. Quelques posts de la marche, l’action de la police et le tour est joué. Presque aucune mention du Gouvernement de Javier Milei, qui est en train de démanteler le pays et la vie des travailleurs. Au contraire, quand le nom de ce type apparaît, c’est pour dire du bien de lui, même avec toutes les preuves que ce président a volé la nation, a abusé de la confiance des gens et a fait de la publicité pour des investissements pourris.
Nous continuons sur cette voie rocailleux de la lutte sans fin dont l'objectif est d'informer le travailleur pour qu'il puisse se percevoir comme faisant partie de cette bataille contre la classe dominante. Enfin, ceux qui assument le discours des riches et des puissants comme si c'était le leur ne sont pas rares. Ils ne se considèrent pas comme une partie de la classe dominée et défendent ceux qui les oppriment.
Pensez qu'il y en a qui, étant des travailleurs, embrassent un drapeau d'Israël pour défendre le génocide palestinien, croyant naïvement que les Arabes sont des bandits par nature, ou défendent ce Trump comme le sauveur de la patrie, alors qu'en vérité c'est lui qui est en train de détruire les possibilités de vie dans les pays dépendants. Il y en a qui adorent Bolsonaro sans comprendre qu'il est seulement le gestionnaire de la classe dominante, qu'il cherche à récupérer tout ce qu'il peut pour son propre profit sans penser à la population, il y en a qui aiment Elon Musk, croyant que c'est un bienfaiteur de l'humanité.
Tout cela, c'est la lutte des classes qui s'exprime. D’où l'importance de la conscience de classe qui est justement de savoir dans quel lieu nous sommes placés dans le grand jeu du capital. Si nous sommes dans la classe ouvrière, nous devons savoir exactement ce que nous devons faire, traditionnellement, quels sont nos intérêts, quelle position nous devons prendre, quels drapeaux défendre. Dans le monde capitaliste, les maîtres du capital –la classe dominante (la bourgeoisie)–sont un petit nombre de personnes (1 %) qui accumule presque toute la richesse du monde. Les 99 % restant des êtres humains appartiennent à la classe des travailleurs, ceux qui n'ont que leur corps et leur force de travail à vendre. Alors, pourquoi ne se révoltent-ils pas? Pourquoi défendent-ils leurs oppresseurs ? Parce qu'ils n'ont pas la conscience de classe. Et les riches ? Ah… Eux, oui, ils ont la conscience de classe… et défendent à tout moment leurs intérêts.
C'est notre dure tâche de révéler ce qui est caché, de dévoiler les intérêts de la classe dominante qui ne sont pas les nôtres, de chercher la racine des problèmes et des drame qui touchent les travailleurs parce que, à partir de la réflexion critique sur la réalité, la conscience de classe peut pousser. Se considérer comme un travailleur, comme faisant partie d'une classe exploitée et opprimée et, à partir de là, agir pour la transformation.
Il est vrai qu’à l’époque actuelle, le volume excessive d’informations –en grande partie des mensonges ou des informations qui répercutent l'idéologie de la classe dominante– a rendu plus difficile ce processus. Mais nous ne devons pas mourir. Le monde change et se transforme à partir de la lutte et le changement vient tôt ou tard. Nous avons deux possibilités : ou nous attendons le processus assis en pleurant ou nous accélérons l'arrivée de cette victoire dans la bataille de la vie.
Les défis sont grands, mais quand ne l'ont-ils pas été ? Pensez au cerf, des globes féodal face aux nobles ou aux esclaves face aux voleurs de corps et de vie… Il n'y avait pas de temps pour pleurer et nous n'en avons pas non plus maintenant. Quand on a une conscience de classe, les gens avancent, l'épée, à la main, et se battent contre les vilains.
Alors, comme dirait Artigas : Chargez!
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