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Pensée critique : Qu'est-ce que le para-militarisme ?

18 Avril 2025, 16:10pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Olimpo Cárdenas Delgado et María Fernanda Barreto 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Nous définissons le para-militarisme comme une stratégie impérialiste, développée à partir de la doctrine de sécurité nationale des États-Unis pendant la guerre froide, qui s'est répandue et disséminée de long en large dans Notre Amérique en tant qu’outil anticommuniste et contre-insurrectionnel pour garantir l'hégémonie, l'accumulation de richesse et l'expansion du capital. Mais au-delà du positif militaire, il faut souligner que le para-militarisme engendre des politiques et des économies qui lui sont propres et impose des modèles sociaux, culturels, idéologiques, de communication et reconfigure, des territoires.

 

Leonardo Jaimes, Gloria Silva et Liseth Rodríguez insistent sur la relation entre para-militarisme et économie capitaliste : « Dans la mesure où on comprend que l'accumulation par pillage a été le principal modèle de développement économique du pays, on comprend aussi l'utilité du para-militarisme en tant que garant de la « prospérité. » » Bien que les auteurs parlent de la Colombie, cette affirmation est également valable pour le para-militarisme au service des intérêts capitalistes dans d'autres pays.

 

Il ne faut pas oublier que ce système naît et se soutient grâce au vol permanent des richesses et de la force de travail des peuples. Ce que, dans le jargon habituel des sciences sociales, aujourd'hui, on préfère appeler plus élégamment « dépouillement. »

 

Comme toute stratégie impérialiste, le para-militarisme a évolué, surtout pendant ces 30 dernières années, en même temps que les nouvelles théories de la guerre de quatrième et cinquième génération. Et par conséquent, il est devenu plus décentralisé, plus diffus, plus multi-dimensionnel et imbriqué dans la société.

 

Ces nouvelles théories militaires impérialistes ont eu tendance à faire diminuer l'utilisation des armées régulières en les remplaçant par des forces irrégulières, c'est-à-dire para-militaires et par des sous-traitants privés dont l'alliance s'est renforcée à partir de la « guerre infinie » envisagée par le Gouvernement de Bush fils qui, à partir de septembre 2001, engendra la fameuse guerre contre le terrorisme.

 

Certaines de ces compagnies sont des géants transnationaux de l'industrie militaire, d'autres sont plus  nationales (certaines même sont déguisées en coopératives) mais toutes sont au service de l'exploitation et du vol des richesses de nos peuples.

 

A l’échange de ressources, d'informations et d'opérations conjointes entre para-militaires et sous-traitants, s'ajoute le fait que les forces par militaire sont devenues des sources « qualifiées » de personnel pour ces sous-traitants. On en peut voir la preuve en Colombie, où le passage du statut de militaire à celui de paramilitaire, puis à celui de mercenaire international, est de plus en plus fréquent.

 

Cela a à voir avec le fait que le para-militarisme est fortement lié à deux grands lubrifiants de l'économie capitaliste : la guerre et le trafic de drogue. Dans ces deux négoces, il fait partie de presque tous les maillons de la chaîne et le statut de mercenaire déjà mentionné en est un, mais il faut en ajouter d'autres encore plus prospères comme le trafic légal et illégal d'armes et de drogue qui, évidemment, ont de nombreuses autres affaires associées, de l'exploitation  illégale des mines au trafic de personnes et à la prostitution forcée. De toute ces opérations illicites, il obtient de l'argent sans qu'il laisse de traces pour son financement comme, évidemment, le font aussi les agences de renseignement impérialistes : celles des États-Unis, d'Israël, de l'Angleterre et de l’OTAN.

 

La crise de l'affronte. Actuellement l'impérialisme s'est aggravée avec la crise du capitalisme de 2008 qui, bien qu'elle ne semble pas finir, a été partiellement résolu également, grâce à ce lubrifiant. L'activation du complexe militaire industriel et la guerre en général, le trafic illégal d'armes et de drogues ont contribué à maintenir l'injection et le mouvement permanent de capitaux. Ce qui est certain, c'est que cette crise dans les relations de force que l'impérialisme avait réussi à renforcer pendant les 10 dernières années du siècle dernier, a relancé la doctrine Monroe sur Notre Amérique comme territoire de repli.

 

Nous disons « relancé », non parce que cette doctrine qui a guidé la politique étrangère des États-Unis depuis la fin du XIXe siècle aurait disparu, mais parce que on lui a  donné une nouvelle énergie et tracé des politiques ad hoc.

 

À cause de tout ce que nous avons dit jusqu'à présent, cette nouvelle impulsion du contrôle de Notre Amérique implique entre autres choses une augmentation planifiée du trafic de drogues et l'expansion du para-militarisme dans toute la région.

 

Bien que dans notre Amérique, nous trouvions des exemples récents de l'utilisation d'armée par militaire, en Colombie et à Cuba, par exemple, pour des raisons géostratégie, ceci a été développé comme stratégie avec plus de force et plus systématiquement en Colombie et ensuite au Mexique, jusqu'à enfer, des enclaves impérialiste sur le continent. Sans oublier l'importance qu'elle a également eue dans l’affrontement avec les forces révolutionnaires au Nicaragua et au Salvador.

 

Actuellement, le trafic de drogues et le para-militarisme se développent aussi vers les côtes du Pacifique et ses principaux ports puisque la région de l’Indo-Pacifique et la scène de la guerre la plus importante pour la reconfiguration des relations des forces mondiales que les États-Unis et l'OTAN sont en train de planifier contre la Chine. ce qui explique l'intérêt de contrôler au maximum le canal de Panama et l'apogée du trafic de drogue et du para militarisme à Buenaventura, Colombie, Guayaquil, Equateur et Valparaiso, Chili, en plus d’autres au Mexique, au Pérou, etc…

 

Dans le cadre de la dissémination de la stratégie impérialiste que nous exposons ici naît le récit du « train d’Aragua » qui s'est amplifié comme outil de configuration de « l'ennemi intérieur », dans ce que les États-Unis considèrent  comme sa propriété pour justifier son déploiement militaire sur le continent et ses attaques politiques, économiques et même culturelles contre la Révolution Bolivarienne.

 

Cette tactique, qui rappelle celle de l’ISIS en Asie occidentale, sert aussi à inoculer la xénophobie contre la population Vénézuélienne à l'étranger et un justifier un nouveau négoce entre la ploutocratie trumpiste et le paradis des monnaies virtuelles, du blanchiment d'argent et des services pénitentiaires externalisés que Najib Bukele a fait du Salvador.

 

Ce qui est sûr, c'est que le « train d’Aragua » est né en tant que bande de délinquants vénézuélienne mais a évolué jusqu'à devenir un dispositif, grâce à l'invasion du para-militarisme colombien au Venezuela qui a été encouragée sous le Gouvernement d’Uribe, soutenu par celui de Santos et vaincu par l'État vénézuélien sous le Gouvernement d'Ivan Duque. Mais ce qu’on essaie de cacher, c'est qu'il a été totalement démantelé au Venezuela. Malgré cela, son nom est utilisé maintenant pour nommer cette force para-militaire qui est en train de se construire et va s'étendre comme une « armée proxi » pour défendre les intérêts impérialistes que nous avons expliqués dans cet article.

 

Il faut souligner que son pouvoir réel et sa soi-disant présence du nord au sud sont exagérés par les corporations médiatiques, des armes de destruction massive qui sont un dispositif des guerres hybrides de ce siècle, et, faisant partie de celles-ci, sont également des alliés du para-militarisme.

 

Enfin, la définition que nous avons présentée ici écarte l'utilisation de préfixes comme « néo » et « post » qu'on a pris l'habitude dernièrement de placer pour simuler une rupture historique qui n'a pas existé et adoucir le poids politique du para-militarisme alors, qu'au contraire, celui-ci se trouve à un moment d'apogée, de croissance et d’expansion.

 

Bien que la phrase « l'Amérique aux Américains », date de 1823, du Gouvernement de James Monroe, c'est à la fin du XIXe siècle qu'elle devient réellement une doctrine politique.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/04/14/pensamiento-critico-que-es-el-paramilitarismo/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/04/pensee-critique-qu-est-ce-que-le-para-militarisme.html