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Amérique latine : Le faux dilemme de l'intégration régionale

2 Mai 2025, 15:22pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

Le débat sur la meilleure manière d'élargir les échanges commerciaux, culturels et politiques en Amérique latine est réouvert. La souplesse stratégique serait une bonne carte, en particulier face, aux agressions asymétriques des puissances.

 

Lors de la neuvième session plénière de la Communauté des Etats latino-américains et Caribéens (CELAC), la présidente Sheinbaum a repris l’épineux sujet de l’intégration : « je vous invite à ce que la Slat convoque un sommet pour le bien-être économique de l'Amérique latine des Caraïbes pour faire une réalité d'une meilleure intégration économique régionale sur la base de la prospérité partagée et du respect de souveraineté, » a déclaré la présidente dans une situation d'agressions des États-Unis et de guerre commerciale de Trump. Par cette déclaration et le transfert de la présidence tournante à la Colombie, le débat sur la meilleure manière d'élargir les échanges commerciaux, culturels et politiques en Amérique latine est réouvert.

 

L'intégration revient au premier plan bien que sans consensus sur la bonne voie pour la promouvoir. Pour le Brésil, l'expansion des BRICS est une priorité. Au Mexique, le président Lopez Obrador a cherché à réactiver la CELAC en tant que contrepoids à l'Organisation des Etats Américains (OEA) après les crises politiques en Bolivie, au Pérou et au Venezuela. En Colombie, Pétro a déclaré qu'il demanderait au prochain président de l'Equateur de réouvrir l'immeuble du secrétariat général de l’UNASUR. en général, les dirigeants du Mexique, de la Colombie, du Brésil, exprime des désirs, tangibles, de réactiver les mécanismes régionaux de coopération, même si des doutes subsistent en l’absence d’institutions propres. Ils portent sur les épaules une expérience frustrante.

 

Le dernier grand pari d'intégration régionale a été l’UNASUR. Initialement connu sous le nom de Communauté Sud-américains des Nations, ce groupe est né de de plusieurs années d’efforts pendant la première vague de gouvernement progressiste. Les présidents sud-américains ont signé son traité de constitution en mai 2008, et celui-ci est entré en vigueur en mars 2011, après sa ratification parlement de 9 des 12 pays qui adhéreraient peut-être. Le Mexique, dirigé alors par des Gouvernements du PAN et sans doute à cause de sa situation géographique, a été exclu d'une fête de courte durée.

 

L’UNASUR a été un projet ambitieux, né de la volonté politique, des pièges du renforcement du commerce régional. Les sympathies idéologiques étaient là, mais il y a eu, en plus, des catalyseurs concrets. Par exemple, le souhait de la Bolivie, de l'Equateur et du Venezuela d'entrer au MERCOSUR n'a pas pu se concrétiser à cause de la rigidité des règles. La création de l’UNASUR était destinée non seulement à regrouper les pays andins et leurs voisins du Sud, mais aussi à élargir la coopération transversale et la coordination géopolitique dans un contexte de multipolarité croissante. Dès son origine, l’UNASUR envisager d'adopter une monnaie commune (le « sud ») et désigné un secrétariat permanent qui avait son siège à Quito, Equateur. pendant sa courte vie, elle a établi des conseils de gouvernance et des conseils sectoriels que ont constitué l'épine dorsale de l'organisation mais elle a été incapable de dépasser l'étape naissante de renforcement et de survivre au déclin du premier bloc progressiste historique.

 

La plus grande faiblesse fonctionnelle de l’UNASUR la règle du consensus. l'article 12 du traité de constitution établie que « toutes les règles seront adoptées par consensus » mais en réalité, cela implique l'unanimité comme il est d’usage dans l'Union européenne. Dans l'intention évidente de respecter la volonté de tous les Etats, elle accordait un pouvoir de veto de fait à tout membre dans toute instance de décision.

 

Cette erreur de conception m'institutionnelle a amené une paralysie chronique. L'absence de consensus a empêché de nommer un nouveau secrétaire général entre 2017 et 2019. Au milieu d'une contre-vague conservatrice, entre 2018 et 2020, 7 des 12 pays membres ont dénoncé le traité et quitté l'organisation. Mais l'existence juridique international perdure. Pour Guillaume Long, ancien ministre des relations extérieures de l'Équateur, un modèle hybride de prise de décision qui remplacerait la règle du consensus serait souhaitable. Mais, dépendant aujourd'hui, de la volonté politique, les ombres de Milei et de Noboa compliquent la remise en marche de l’UNASUR.

 

Si réactiver l’UNASUR est une chimère, et si la CELAC est bancale à cause de son absence de traité de constitution et d'un corps bureaucratique permanent, une troisième voie pourrait être celle des ordres du jour thématiques des BRICS, par exemple l'adoption d'une monnaie commune qui fonctionnerait dans un système double et non dans un système de domination comme celui de l'euro. Dans la proposition actuelle, tout pays membre garderait sa monnaie et introduirait la nouvelle monnaie dans le commerce international.

 

Chaque membre déposerait de l'or en garantie auprès de la banque centrale des BRICS, qui régulerait l'offre de devises. À l'avenir, les nations pourraient accumuler des réserves dans la nouvelle monnaie, à mesure qu'une banque centrale ou la Nouvelle banque de développement créerait des actifs financiers productifs d'intérêts. Dans ce cas, les pays d'Amérique latine partenaires de ce réseau pourraient réduire leur dépendance à l'égard du dollar et s'intégrer indirectement sous le vaste parapluie des BRICS. D'autres possibilités viendront s'ajouter en cours de route.

 

Avant tout, l’UNASUR, la CELAC et les BRICS sont des mécanismes symbiose, qui ne s'excluent pas mutuellement. Lorsque le poids de l'ingénierie institutionnelle est lourd, la CELAC pourrait servir de forum politique pour répondre à la situation actuelle avec agilité. Toutefois, l'ampleur conférée par les 33 membres rendrait difficile la conclusion d'accords contraignants en matière de gouvernance et de développement régional. À certains moments critiques où la divergence légitime des intérêts nationaux peut constituer une contrainte, les BRICS et leur plateforme en cours de construction pourraient constituer une meilleure alternative. La flexibilité stratégique serait un atout précieux pour les pays d'Amérique latine, en particulier face à l'agression asymétrique des puissances.

 

Il est positif que claudia, Sheinbaum, Lula et Petro réactive l'ordre du jour de l'intégration, mais, avec des élections qui s'approchent au Brésil, en Colombie, le Mexique subira des pressions d'autorité pour éviter qu'une contre vague conservatrice, comme celle qui a fait couler l’UNASUR enterre le bon moment. Il n'existe pas de voix intégriste unique comme phare à l'horizon. Choisir entre l’UNASUR, la CELAC et les BRICS est un faux dilemme. Aujourd'hui, les pays qui ont la volonté politique indispensable doivent choisir la case « tous les précédents », comme route de navigation vers l'intégration régionale, imparfaite et incomplète mais possible.

 

source en espagnol:

https://www.telesurtv.net/opinion/celac-unasur-brics-integracion/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/05/amerique-latine-le-faux-dilemme-de-l-integration-regionale.html