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Argentine: Discipliner le pays pour une insertion soumise

28 Mai 2025, 17:35pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Julio Gambina

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

Le Gouvernement cherche à discipliner la société argentine sur deux fronts: le mouvement ouvrier et populaire d’un côté et les secteurs économiques les plus puissants de l’autre.

 

Pour cela, il limite le droit de grève, la liberté dans les négociations paritaires, encourage l’ajustement permanent sur les retraites et l’augmentation récurrente du chômage et de la précarité du travail. Des façons de discipliner la protestation civique et la capacité du peuple à s’organiser.

 

En outre, le Gouvernement cherche à restructurer le bloc dominant dans le pays en favorisant un modèle primaire-exportateur soutenu par l’investissement étranger dans des biens communs et une recomposition des entreprises vers les services pour soutenir cette logique d’ouverture.

 

Le résultat est une augmentation des inégalités dans un pays de « services » pour les investisseurs dans la production transnationalisée. C’est un projet destiné à refonder l’Argentine en la soutenant à la dynamique du capitalisme contemporain en crise.

 

Le bloc de pouvoir dans l’histoire

 

L’Argentine est née ainsi vers 1880 avec un bloc socio-économique dominant composé par le capital étranger et les grands propriétaires terriens.

 

C’est l’époque de l’immigration destinée à nourrir le travail salarié pour soutenir le développement capitaliste et cela produit une histoire d’organisation sociale, syndicale et populaire destinée à contrecarrer l’exploitation.

 

La restructuration du bloc au pouvoir survient avec l’industrialisation de substitution au début du XXème siècle et pendant une bonne partie du siècle dernier (sic).

 

On incorpore au bloc antérieur de domination une bourgeoisie locale principalement manufacturière, disséminée en petites et moyennes entreprises liées au marché intérieur, c’est pourquoi on met en avant des propositions de rapprochement des classes qui s’exprimeront dans les divers pactes sociaux qui seront mis en oeuvre ou qu’on cherchera à mettre en oeuvre pendant le XXème siècle.

 

Nous renvoyons à des « contrôles des prix et des salaires » et à des « accords d’entreprise avec les travailleurs" répétés. L’Etat en tant qu’organisateur social encourage le coordination de l’insertion internationale traditionnelle, le soulagement et la stimulation du marché intérieur.

 

Cette recherche, avec le développement industriel, prétendait modérer le conflit social.

 

La dictature génocide a impliqué une nouvelle rupture dans une dynamique qui, aujourd’hui,  se manifeste dans le gouvernement de Milei qui cherche à renforcer un bloc de pouvoir qui se manifeste dans. la politique.

 

Remodeler le pays

 

L’une des grandes nouveautés politiques de l’Argentine à cette époque est l’émergence d’une droite ayant des voix, un con sensés électoral. Ça a été Macri, le macrisme, entre 2007 et 2023.

 

Le phénomène actuel se manifeste avec l’apparition de Milei en 2021 et sa prétention à se maintenir dans l’avenir. On cherche à déplacer cette droite con située historiquement t à cette époque sous des Gouvernements constitutionnels.

 

Le conflit se manifeste sur le terrain électoral avec l’audace de promouvoir à fond une restructuration sociale rétrograde avec un point de vue ultra-libéral, orthodoxe, d’extrême-droite.

 

C’est ce qui a été mis en évidence par les élections à Buenos Aires  et a enhardi Javier Milei qui cherche à le répéter en septembre dans la Province de Buenos Aires en soumettant  le parti de Macri à cet objectif.

 

Son intention est de réordonner et de discipliner la représentation politique de la droite en Argentine.

 

Dans ce cadre, on cherche à réinstaller le pouvoir économique réel dans le nouveau modèle de production et de développement que le Gouvernement imagine pendant cette étape.

 

D’un côté, des investissements étrangers dans des biens communs pour renforcer le modèle primaire-exportateur et additionner le potentiel de l’exploitation des mines, du cuivre, du lithium, de l’énergie, du gaz et du pétrole non conventionnel.

 

Il s’agit de reconvertir appareil d’entreprise d’origine locale en une stratégie de logistique de « services » pour ces investissements étrangers qui devraient arriver, imagine-t-on au Gouvernement, avec le RIGI,  l’aval du FMI et le marché  mondial des capitaux.

 

C’est pourquoi on cherche l’équilibre macroéconomique, l’ajustement fiscal, les licenciements et la fermeture des entreprises dans un contexte d’association politique avec le  Gouvernement des Etats-Unis et le FMI.

 

L'objectif est de créer un « pays de services » pour les entreprises étrangères qui investissent dans les biens communs, en Patagonie, dans le territoire de la cordillère, dans tout le pays.

 

On définit ainsi un modèle de développement pour une population plus petite et même un niveau d'inégalités plus important.

 

C'est pourquoi il ne s'agit pas seulement d'un projet économique, mais d'une proposition intégrale: économique, politique, sociale, culturelle, destinée à refonder l’Argentine.

 

La fondation ou la refondation du pays capitaliste est le point commun de chaque moment de réorganisation de l'économie, de l'Etat et de la société.

 

Nous avons évoqué le projet de l’oligarchie impérialiste de 1880, le projet d'industrialisation soumise à la domination étrangère au temps de l'industrialisation de substitution dans le pays, et évidemment le nouvel ordre que la dictature génocide a cherché à instaurer, aujourd'hui exacerbé sous le gouvernement de Milei.

 

L’Argentine est née capitaliste sous une logique de subordination au capital extérieur, dans lequel la dette publique était historiquement un conditionneur, une situation tempérée par la lutte et l’organisation sociale qui ont essayé des représentations politiques populaires qui ont rendu plus difficile la discipline sociale.

 

Dans cette histoire, les limites du pouvoir mondial se sont manifestés dans une langue tradition d'organisation et de lutte populaire, syndical, social, culturel, mais aussi dans le conflit au sein du bloc de pouvoir lui-même qui, au-delà de ce qui est possible, ont imaginé des espaces d’autonomie.

 

C'est pourquoi le gouvernement Milei et de nouvelles tentatives pour discipliner la société par le haut et par le bas et insérer le pays dans une nouvelle dynamique du capitalisme mondial. La question renvoie à la tradition d'organisation et de lutte populaire et à la possibilité de structurer une représentation politique en sens contraire  avec une projection vers l’émancipation.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/05/27/pensamiento-critico-argentina-disciplinar-al-pais-para-una-insercion-subordinada/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/05/argentine-discipliner-le-pays-pour-une-insertion-soumise.html