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Argentine: Le héros Al Capone

25 Mai 2025, 17:28pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Luis Bruschtein

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

Tandis qu’il restreint les libertés comme. le droit de grève et le droit de manifester, le Gouvernement cherche à attirer le butin des trafiquants de drogues, des corrompus et des fraudeurs grâce à un blanchiment de fait. Revendiquer Al Capone et ignorer San Martín.

 

Le blanchiment qui ouvre la porte aux trafiquants de drogues, aux corrompus et aux fraudeurs, le protocole qui réprime les protestations, un décret qui annule le droit de grève et un autre qui facilite l’achat des armes à feu, c’est l’image que donne le pays en une semaine de fête pour le Gouvernement à cause du résultat des élections dans la ville de Buenos Aires. « L’héroïsme” d'Al Capone et la méconnaissance du nom de San Martín manifestées par le président Javier Milei montrent l’esprit qui a obtenu la première place à ces élections.

 

Ce ne sont pas des spéculations (malheureusement), ce sont des faits qui se sont produits. Et ils sont cohérents entre eux. Ils forment un ensemble harmonieux comme le modèle de pays que souhaite le monde libertaire. Cet univers est apparu comme l’expression extrême des postulats néolibéraux. son système amène ses postulats à cette extrémité quand il entre en décadence et et se défend grâce à la radicalisation des principes qui l’arracheront à cette chute. Il débouche ainsi sur une caricature de ce qu’il fut.

 

Cela ne se vérifie pas seulement en Argentine. Le néolibéralisme conduit l’ensemble de l’Occident vers une décadence sur le plan économique qui s’étend à son tour vers la culture, l’humeur sociale et les attentes concernas l’avenir. Le mode d’accumulation a cessé de se centrer sur la production de richesses et s’est tourné é vers la rente financière et, dans le cas de l’Argentine, vers l’extractivisme et la primarisation, ce qui a créé une bourgeoisie paresseuse qui tire ses bénéfices de la spéculation ou de la rente de ses terrains.

 

Javier Milei est un bon exemple de cette bourgeoisie. C’est son identité culturelle: un homme qui décrit la voracité, l’avarice et les mauvais tours comme des mérites qui doivent devenir les valeurs fondamentales d’un pays. C’est une bourgeoisie composée par les enfants ou les descendants des fondateurs de leur fortune mais qui n’aiment pas se percevoir comme des héritiers. Ils préfèrent se pavaner comme s’ils méritaient leurs privilèges à cause des soi-disant  mérites et des soi-disant  efforts qu’ils usurpent à leurs parents et à leurs grand-parents.

 

Rien ne ressemble plus à un mauvais tour que l’escroquerie à la monnaie virtuelle dans laquelle des milliers d’investisseurs ont perdu sur fortune pour avoir fait confiance à Milei qui leur demandait d’investir dans une fausse monnaie qui ne valait rien et dont la valeur a augmenté après l’appel de Milei, ce dont les escrocs ont profité pour vendre et abandonner. la monnaie dont la valeur s’est à nouveau effondrée.

 

La première mesure  de Milei à l’annonce du résultat des élections à CABA a été de dissoudre la commission qu’il avait créée pour enquêter sur cette escroquerie. C’était une fausse commission composée par des employés de ceux sur qui ils devaient enquêter. C’était une mesure électorale car il s’inquiétait de l’effet  que pourrait avoir sa participation à cette escroquerie sur les élections.

 

Il n’a invité aucune personnalité fiable ou prestigieuse ni personne de l’opposition à l’intégrer. sa formation était un truc. Et son démantèlement sans qu’elle ait enquêté a montré que le président s’inquiète fort peu du délit et de la corruption.  Comme s’il pensant qu’il était égal aux gens qui ont voté pour lui d’avoir un président escroc. Il lui importait encore moins de prouver son innocence.

 

Dans une interview accordée à Antonio Laje, le président a souligné ne doit pas se mêler de l’origine des fortunes et que cela revient à la police: « Le trafic de drogues, vous le combattez grâce à la police, que je sache, l’économie n’a rien à y voir. » Contrairement à ce qu’affirme Milei, la façon la plus efficace de combattre  le trafic de drogues a toujours été de suivre la route de l’argent et de la bloquer. On a créé des organismes internationaux comme le GAFI dans ce but.

 

Dans une interview de Milei -qui sont généralement réglées comme du papier à musique comme l’a prouvé celle qu’il a accordée à Jonatan Viale- cette précision sur la liberté  accordée à l’argent provenant du trafic de drogues ou de tout autre délit n’a pas pu être due au hasard. C’est une invitation publique. Et quand il y a une telle invitation, en général, c’est parce qu’on a déjà parlé avec ceux qui en seront les bénéficiaires. Il y a peu de marge pour le hasard ou les erreurs. S’il en avait été ainsi, Caputo serait intervenu comme il l’avait pour Viale ou ils auraient effacé cette partie.

 

Ses premières mesures ont été pour démanteler les contrôles fiscaux qui auraient pu détecter l’origine obscure des capitaux qui entrent dans le blanchiment ou les punir mais il ne sera pas facile pour le Gouvernement de faire approuver par le Congrès une loi d’amnistie pour les capitaux en provenance de la corruption et du trafic de drogues.

 

La porte-parole du Fonds Monétaire, Julie Kozack, a laissé entendre qu’elle « suit avec beaucoup d’attention » le démantèlement des contrôles fiscaux. Le GAFI, toujours si rigoureux, n e s’est pas prononcé pour l’instant. Mais le Gouvernement n’oserait jamais avancer sur ce terrain s’il n’avait pas la parole de ses prêteurs et de ses tuteurs.

 

La ville de Rosario a bénéficié de l’installation dans ses environs de plusieurs ports céréaliers privés très peu contrôlés par l’Etat. Mais en même temps, la ville est devenue le terrain de jeu de bandes de trafiquants de drogues et la ville la moins sûre du pays. Tandis que Milei laisse entendre qu’il ouvrira les portes au butin de  toute forme de criminalité et démantèle les contrôles financiers, le gouverneur de Santa Fe a décidé d’étayer ses propres contrôles pour ne pas entraver la lutte locale contre les trafiquants de drogues. La combinaison de ce blanchiment tellement permissif avec les facilités pour acheter des armes à feu qui seront annoncées dans la semaine, crée un cocktail explosif.

 

Pour le reste, il a élargi par décret les limitations du droit de grève à de nombreuses activités. Si on ajoute à cela le protocole qui restreint les protestations publiques que Patricia Bullrich a imposé, dans ce pays, qui se montre aimable avec les délinquants en col blanc, ce sont les travailleurs, les retraités et les journalistes qui sont victimes, tous les mercredis, du protocole de Bullrich, qui représentent le mal.

 

Pour le Gouvernement, la liberté est un concept lié exclusivement à l’élimination des protections légales et institutionnelles qui empêchent les abus et les crimes sur le plan de l’économie. Les revendications des travailleurs limitent cette « liberté » tout autant que les impôts qui personnifient qui appartient à la communauté ou le bien commun. Grâce aux impôts, l’Etat soutient l’éducation et la santé publique.

 

Alors,  moins d’impôts signifie moins d’éducation, moins de santé et moins de retraites et celui qui échappe aux impôts, comme le mafieux Al Capone, deviennent des « combattants héroïques » de la liberté contre le communisme. C’est ce qu’a dit Javier Milei qui ne s’est pas trompé par hasard sur le nom du Libérateur qu’il a rebaptisé Juan José de San Martin.

 

Ces erreurs ne sont pas dues au hasard quand elles sont tellement cohérentes avec les actes de celui qui les commet. San Martin, quand il était au Gouvernement,  a organisé l’éducation et la santé publique. Pour lutter pour la liberté, à Mendoza, il a appliqué sur les riches un impôt proportionnel à leur fortune. San Martin ne fait pas partie des favoris de Milei. son favori, c’est Al Capone, le mafieux qui a fraudé le fisc.

 

 

NOTE de la traductrice:

L’auteur semble tout de même oublier, qu’au bout du compte, Al Capone, le « héros de l’évasion fiscale » est tombé pour fraude fiscale!…

 

Source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/05/24/argentina-el-procer-al-capone/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/05/argentine-le-heros-al-capone.html