Brésil: La foire de la réforme agraire, le socialisme qui fonctionne
Par Rodrigo Chagas
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
La foire de la réforme agraire a 10 ans. Le Parque del Agua Branca, en São Paulo (SP), reçoit des paysans de tout le Brésil et de certains coins du monde depuis hier (8) jusque’à dimanche (11). C’est la cinquième fois que le plus important mouvement paysan du monde se rend à la ville pour montrer ce qu’il est possible de produire avec la terre.
La foire sent la terre, les fruits, les légumes biologiques et les plats épicés. Ils ressemblent à des Brésiliens, chantent la samba, le forró et les rythmes latins, font du théâtre, dansent. Des gens qui cultivent la terre. Et c'est la culture.
Il ya à la foire des familles qui luttent pour la réforme agraire, pour une société juste basée sur la coopération au lieu de la compétition, sur la solidarité au lieu du profit. C’est le socialisme qui fonctionne: plus de 500 tonnes d’alilents en provenance de 23 états, tous vendus au juste prix.
Nous parlons d’une économie vibrante et sophistiquée qui implique 180 coopératives, 120 agro-industries et 1 900 associations. 400 000 familles établies sont représentées.
Et pour que cette économie se renforce en tant que véritable alternative au capitalisme, il faut qu’elle croisse. En d’autres termes, elle a besoin de lignes de crédit, de foires, de centrales d’approvisionnement structurées et de politiques publiques qui permette la transition agro-écologique. Elle a besoin de plus d’écoles et de cours d’éducation supérieure. Elle a besoin de technologies et d’alliances pour optimiser le travail, comme par exemple des machines chinoises pour l’agriculture familiale.
Mais plus que tout, elle a besoin de terres. Pour surmonter un ordre qui ne satisfait pas les nécessités de base des gens, il faut l’affronter. Le MST le fait en occupant des terres.
Ce qui est sûr, c’est que la réforme agraire s’est mise à stagner sous Lula 3, bien que le président lui-même, la ministre Gleisi Hoffman et d’autres membres du Gouvernement aient reconnu son importance pour le développement du pays.
En presque 2 ans et demi, le Gouvernement fédéral a intégré 385 000 hectares à la réforme agraire. Entre 2003 et 2010, Lula a destiné environ 47 000 000 d’hectares à la création d’installations. Les promesses de ce mandant ne couvrent que 10% des familles qui campent dans le pays.
Face à un Gouvernement coincé entre les centristes, l’extrême-droite et l’agro-business, le MST a redoublé ses visées avec la journée de lutte qui a organisé 28 occupations de terres et a formé de nouveaux campements. « Nous achevons une journée en avril et nous entendons qu’elle ait une relation directe avec notre foire, » a dit Débora Nunes, la coordinatrice nationale du MST.
« Les mêmes sans-terres qui occupent ce pays pour que la réforme agraire puisse être mise en place sont en train d’amener de la nourriture saine à la ville de Sao Paulo, » a souligné l’activiste.
La réforme agraire populaire, quand elle accède à la terre, elle replante, récupère des sources, éduque et produit des aliments sains. Beaucoup de nourriture. Assez pour générer des revenus pour les familles paysannes, et même pour faire des dons. A la foire de la réforme agraire, 25 tonnes de nourriture ont été données à 50 communautés du Grand SP.
En 2023, le MST a reçu un prix de l’ONU pour avoir donné plus de 16 000 000 de boîtes à lunch pendant la pandémie. Au cours des années où le monde a lutté contre le Covid, 7000 tonnes de nourriture ont été données par le mouvement. Solidarité et lutte sont inséparables.
Cette fois montre à Sao Paulo et à la société brésilienne une alternative viable qui affronte la résistance de puissants ennemis: l’agro-négoce et ses représentants en politique. Il n’est pas exagéré de dire que tous les produits vendus dans le parc d’Água Branca ont été produits dans des territoires en conflit.
Paysans, matons armés, milices rurales et pluie de poison sont des choses qui font partie de la vie de ces paysans. La violence dans les champs a atteint un niveau record pendant ces 10 dernières années et, évidemment, les zones dans lesquelles l’agro-industrie s’étend sont celles qui enregistrent le plus grand nombre de cas d’assassinats.
Il existe des réponses à notre dilemme mais il y a de féroces batailles en cours. Nous avons besoin de plus de coeurs et d’esprits engagés dans cette lutte. Là où il y a un projet populaire et une alternative au capitalisme, nous autres, à Brasil de Fato, nous serons dans les environs pour que ces histoires de lutte puissent être vues. Et pour qu’elles se multiplient. Et tu peux nous rejoindre dans cette lutte en soutenant n votre travail pour seulement 1 réal par jour.
C’est notre engagement.
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