Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

International: La Chine en Afrique, impact géopolitique, dette et développement

3 Mai 2025, 15:46pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Rafael Hojas

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

 

L'Afrique est-elle face à un scénario de dépendance ou d'autonomie stratégique ?

 

La stabilité et le développement de l'Afrique sont en relation avec le destin commun de l’humanité.

 

«La stabilité et le développement de l'Afrique sont en relation avec le destin commun de l’humanité. Le monde devrait écouter sa voix et prêter attention à ses inquiétudes. L’Afrique se réveille à nouveau et tous les pays devraient la soutenir pour qu'elle emprunte une nouvelle voie de développement indépendante et autosuffisante. »

Wang Yi, ministre des affaires étrangères de la Chine.

 

L'avancée de la Chine en Afrique représente l'un des phénomènes géopolitiques les plus importants du XXIe siècle.

 

Cette relation combine coopération économique et concurrence stratégique. Ce lien génère d'intenses débats sur le développement africain.

 

La Chine occupe aujourd'hui la première place en tant que partenaire commercial de l'Afrique. Les échanges bilatéraux dépassent les 220 000 000 000 de dollars et laissent loin derrière des puissances traditionnelles comme les États-Unis et la France.

 

Ce rapprochement répond à des intérêts fondamentaux évidemment : l'Afrique cherche des infrastructures et un développement et la Chine a besoin d'assurer son approvisionnement en ressources naturelles.

 

Selon l'analyste international costaricien défunt Sergio Moya Mena dans son travail intitulé « la Chine en Afrique : considérations politiques et stratégiques », la politique du géant asiatique est très multidimensionnelle.

 

Dès les années 60, la Chine a vu dans l’Afrique une opportunité pour développer l'empathie motivée par des expériences historiques partagées. Les deux territoires ont subi « la colonisation capitaliste et impérialiste » et lutté pour le indépendance après la seconde guerre mondiale.

 

Pendant ses 20 dernières années, la Chine a construit en Afrique 75 000 kilomètres de route, 80 hôpitaux de dernière génération et a amené l'électricité dans des zones rurales où habitent 40 000 000 de personnes.

 

Elle a cultivé son image grâce à l'envoi de 24 500 médecins depuis 1963, à la remise de 200 000 bourses d’études universitaires et à l'enseignement du mandarin dans 50 pays africains.

 

Aujourd'hui, le Forum de Coopération Chine–Afrique est une plate-forme clé dans les relations bilatérales et canalise plus de 60 000 000 000 de dollars pour des projets de développement.

 

L'Occident et son double critère : alarmisme contre oubli historique

 

Certains médias et certains experts occidentaux accusent de la Chine de pratiquer le « néocolonialisme économique » et « l'extractivisme » grâce à des prêts opaques et à des conditions défavorables. Ils remettent en question les standards du travail, les standards environnementaux et le soutien à des Gouvernements qui donnent la priorité à leur souveraineté.

 

Des référents européens définissent la stratégie chinoise comme « la diplomatie du piège de la dette » et accusent Pékin d'asphyxier les pays africains avec des dettes pour les forcer à faire des concessions économiques ou politiques.

 

Mais ces critiques ignorent le contexte historique. 72 % de la dette de l'Afrique ont été souscrits auprès de créanciers occidentaux, selon le rapport 2023 de la banque mondiale.

 

L’Europe contrôle, le franc CFA dans 14 pays et extrait 80 % du cobalt congolais.

 

Alors qu’ils critiquent les prêts chinois, ils mentionnent rarement les taux d'intérêt élevés des crédits européens.

 

Pour leur part, les États-Unis condamnent la base militaire chinoise de Djibouti mais conservent 29 installations de cette sorte dans 15 pays d’Afrique.

 

Dans le domaine de l'enseignement, il y a également différents points de vue. La politologue étasunienne Deborah Brautigam, auteur de « Le cadeau du dragon : la véritable histoire de la Chine en Afrique, » a démonté le mythe disant que la Chine s'approprie les actifs africains à cause d’impayés.

 

À son avis, Pékin s'est toujours montré prêt à restructurer ou à annuler des dettes au lieu de prendre possession d’actifs.

 

Lors d'une interview accordée à UN Dispatch, Brautigam à expliquer combien il est difficile pour la Chine de confisque, désactive dans un autre pays à cause des complexité légales et politiques que cela implique.

 

Pour sa part, le journaliste qui a écrit le texte «China’s second continent : how a million migrants are building a new empire in Africa, » Howard W. French, a qualifié la migration chinoise en Afrique « d'opportunisme dévastateur », mais les données contredisent cette vision : seulement en Éthiopie, les investissements de Pékin ont créé 100 000 emplois.

 

L'Afrique est à un carrefour stratégique

 

Beaucoup de dirigeants africains apprécient la position chinoise de non ingérence, l'absence de conditions politiques et la rapidité dans l'exécution des projets. Plus de 80 % des Africains décrivent la présence chinoise comme positive, notent les analystes.

 

Mais des inquiétudes persistent concernant le déséquilibre commercial (75 % des exportations africaines sont des matières premières), les conditions de travail dans les entreprises chinoises (des salaires de 150 $ par mois dans les mines de Zambie) et le transfert de technologie limité.

 

Des experts occidentaux utilisent le cas du chemin de fer Nairobi–Mombassa pour illustrer le dilemme : améliorer la connectivité, mais 80 % des ingénieurs employés étaient chinois sans transfert important de technologie.

 

Dans des secteurs clé, l'impact est concret : 4 000 000 d'emplois directs (OIT 2024) mais des salaires 30 % plus bas que dans les entreprises européennes et étasuniennes. La Chine a annulé 1 270 000 000 de dollars en dette (2003–2023) face aux 65 000 000 000 que l'Afrique paie par an pour le service des prêts occidentaux (UNCTAD, 2023).

 

Le continent africain est à un carrefour. La compétition entre la Chine et l'Occident ouvre des opportunités pour négocier de meilleures conditions mais amène aussi des risques : une crise de la dette dans des pays comme la Zambie et le Ghana ou la dépendance technologique dans des domaines comme la G5 où Huawei domine le marché.

 

La souveraineté en jeu

 

La solution implique de concevoir une stratégie cohérente visant à maximiser les bénéfices et à limiter les risques.

 

De nombreuses spécialistes suggèrent des règles juridiques strictes pour les investissements étrangers, en particulier dans le domaine du travail et dans le domaine environnemental, de plus diversifier les partenaires, the inclure La, la Turky et la Russie et d'exiger un transfert de technologie dans tout projet d’infrastructures.

 

L'ancien président du Sénégal, Macky Sall, a confirmé ses bonnes relations avec la Chine, les a qualifiées de « gagnant-gagnant » et s'est montré satisfait des résultats.

 

À partir de ces échanges, le Sénégal montre aujourd'hui envisage différent. La collaboration en matière d'infrastructures contribue au développement et à la modernisation de la nation.

 

L'Union africaine encourage la stratégie de profiter de la Chine pour briser les monopoles occidentaux, exiger un transfert de technologie et créer des tribunaux arbitraux  continentaux.

 

L’assemblage des smartphones Huawei en Nigeria, les usines de textile en Éthiopie appliquant la technologie chinoise et le centre spatial conjoint en Afrique du Sud montrent les fruits de l'alliance avec Pékin.

 

2025 sera une année clef. Comme test, il sera important d'observer la nouvelle route des minerais stratégiques (lithium, cobalt, graphène), le développement de la G5 chinoise face à Starlink et la renégociation de la dette avec la Zombie.

 

Le succès des Relations Chine–Afrique, défendra de l’habileté des dirigeants africains à convertir la concurrence mondiale en vrai développement. Cela exige de meilleures négociations extérieures et des politique industrielles audacieuses.

 

Comme disait le philosophe camerounais Achille Mbembe : « le défi, ce n'est pas de choisir entre des maîtres, mais de cesser d'être esclave. »

 

Les prochaines étapes montreront si l'Afrique redevient à nouveau dépendante ou si elle définit de nouvelles règles et transforme son avantage géopolitique en développement soutenable.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/05/02/china-en-africa-impacto-geopolitico-deuda-y-desarrollo/

URL de cet article :

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/05/international-la-chine-en-afrique-impact-geopolitique-dette-et-developpement.html