Venezuela : Publication du rapport qui dément le mythe du Train d’Aragua
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Il s’agit du document élaboré par les principales agences du renseignement des Etats-Unis qui dément le fait qu’il existe des liens entre le Gouvernement du Venezuela et le défunt groupe criminel.
Ce rapport, en date du 7 avril 2025 et diffusé par leNew York Times ce lundi, porte la signature du Conseil du Renseignement (NIC) des Etats-Unis et conclut qu’il n’y a pas de preuve que le Gouvernement de Nicolas Maduro dirige ou coordonne le train d’Aragua (TDA), contredisant les récits utilisés pour justifier les déportations massives en marge de la justice.
Ce document, soutenu par 18 agences du renseignement, précise que la migration vénézuélienne répond à des facteurs socio-économiques et d&émonte les accusations d’une « invasion orchestrée ».
Il n’y pas de politique de coopération ni de direction.
Le document, intitulé «Venezuela: Examining Regime Ties to Tren de Aragua», affirme que le Gouvernement de ce pays « n’a pas de politique de coopération avec le TDA et ne dirige pas ses mouvements ou ses opérations vers les Etats-Unis. »
Pour arriver à cette conclusion, l’enquête se base sur 3 axes:
- Les actions des forces de sécurité vénézuéliennes: le rapport cite des opérations contre le groupe comme les arrestations de membres du TDA par la Garde Nationale en janvier 2025, et signale que « le Venezuela traite le TDA comme une menace. »
- La structure décentralisée du TDA: le NIC souligne que « la composition décentralisée du TDA rendrait difficile une relation stratégique avec le Gouvernement vénézuélien au niveau de la logistique et que le groupe opère grâce à des cellules autonomes sans commandement unifié.
- L’absence de renseignement corroboré : Le texte admet que « la plus grande partie de la communauté du renseignement (IC) juge que les indices indiquant que les dirigeants du régime dirigent ou facilitent la migration du TDA vers les Etats-Unis ne sont pas crédibles. »
D’autre part, le rapport reconnaît indirectement que la migration vénézuélienne est le résultat du blocus économique et de ses conséquences sur l’économie. C’est pourquoi le document signale que « les migrants fuient l’économie qui s’est effondrée » et qu’entre 2021 et 2024, l’augmentation du nombre de migrants trouvés sur la frontière Etats-Unis-Mexique a coïncidé avec « des conditions socio-économiques, des liens familiaux aux Etats-Unis et une perception des politiques migratoires, » pas avec un ordre du jour du Gouvernement de Miraflores.
Le document nie l’importance de rapports isolés de témoins et de personnes impliquées recueillis par le FBI qui indiquent une coopération entre des membres des Forces de Sécurité du Venezuela et le TDA. Selon les conclusions du rapport, même s’il peut exister « certains fonctionnaires qui en bénéficient, » il n’y a aucune base qui indique une direction coordonnée et, dans tous les cas analysés, il n’existe pas d’ordres venus « d’en haut. »
Le NIC reconnaît que certains « fonctionnaires de niveau intermédiaire et de bas niveau obtiennent probablement des bénéfices illégaux du TDA comme pots-de-vin pour le prévenir des rafles mais que cela n’implique pas une stratégie de l’Etat.:
- En 2023, lors de l’expulsion du TDA de la prison de Tocoron, « des dirigeants du groupe se sont échappés, sans doute avec l’aide de militaires ou de policiers de bas niveau » mais le Gouvernement local a agi pour freiner les critiques des médias, pas pour protéger le groupe.
- Les rapports du FBI suggèrent que « certains fonctionnaires facilitent la migration des membres du TDA » mais l’INC prévient que ces sources « pourraient avoir des raisons de fabriquer des informations pour obtenir des réductions de peine. »
Il faut dire que, devant l’existence et l’expansion du TDA, en 2019, les autorités vénézuéliennes ont engagé des investigations et mené à bien une attaque contre cette bande en deux phases: une première pendant laquelle ils ont situé ses dirigeants et démantelé l’organisation, ce qui a provoqué l’arrestation de 28 membres et l’émission de mandats d’arrêt contre 46 autres individus et une seconde, déclenchée après la prise de la prison de Tocoron grâce à l’opération de Libération Cacique Guaicaipuro, centrée sur le démantèlement du réseau financier de la bande . Une opération qui s’est répétée dans d’autres prisons comme celles Yaracuy, de Trujillo, ou de Tocuyito.
Lors de cette dernière opération, il y a eu des perquisitions, des saisies de véhicules et d’immeubles et on a arrêté 16 individus impliqués dont 14 ont été jugés. Au total, il y a eu 44 arrestations et 102 mandats d’arrêt ont été émis contre des individus pour leur implication dans le Train d’Aragua. Après ces opérations, a bande a été totalement démantelée et en janvier de cette année, le ministère public du Venezuela a révélé le total démantèlement de la bande en territoire vénézuélien. On signale aussi que l’une des barrières qui ont empêché une plus grande avancée dans le jugement des membres du Train d’Aragua « est la protection qu’ils reçoivent en territoire colombien. »
Il s’oppose aux récits de Trump
Après l’analyse qui précède, le IC signale que l’hypothèse des liens entre le Gouvernement vénézuélien et le TDA est « une théorie qui n’est pas basée sur le renseignement. » Le document dément directement les arguments du Gouvernement Trump et d’individus comme María Corina Machado qui prétendent que Maduro utilise. le TDA pour « envahir » les Etats-Unis avec des criminels.
Le NIC précise qu’il n’y a pas de preuves que le TDA coordonne le trafic d’êtres humains à grande échelle: sa structure décentralisée et son orientation vers des « activités criminelles peu qualifiées » la rendent incapable de mener des opérations complexes. À cet égard, à la page 3, le rapport note que l'idée selon laquelle le gouvernement vénézuélien « envoie des membres du TDA pour déstabiliser des gouvernements étrangers [...] n'est pas étayée par les renseignements disponibles ».
Le rapport renforce les critiques concernant les déportations de Vénézuéliens dans des centres de détention du Salvador comme celles des avocats des droits de l’homme de l’ACLU qui signalent que « beaucoup de déportés n’ont pas de casier judiciaire » et que leur détention est basée sur leur nationalité, pas sur des preuves. Des faits qui ont été considérés comme contraires au droit par le juge fédéral James E. Boasberg qui a ordonné, en outre, d’arrêter les déportations. Mais le Gouvernement a ignoré son ordre.
Des experts en droit signalent qu’utiliser le Loi sur les Ennemis Etrangers sans que des liens avec un Gouvernement ne soient prouvés « viole le procédure correcte et crée un dangereux précédant. » De plus, l’argument de la Maison Blanche pour utiliser cette loi disant que le TDA est utilisé par Caracas pour déstabiliser les Etats-Unis est écarté par leurs propres organes de renseignement.
Source en espagnol:
URL de cet article: