Argentina: Derrière la condamnation de Cristina Kirchner, la vendetta du capital
Par Claudio Scaletta
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos
Bien que largement annoncée, la honteuse proscription de la principale figure de l'opposition est un choc politique. C’est, ni plus ni moins, l'histoire qui se répète sous de nouvelles formes, mais avec le même forme : la négation de l'autre, la tragédie de l'Argentine, la terre des disparus.
Les hommes d'État, ces personnages politiques et intellectuels manipulés par les grands médias qui sous les Gouvernements péronistes ont plein la bouche de la séparation et de l’indépendance des pouvoirs, ont fêté la plus grave attaque contre l’État de droit depuis le rétablissement de la démocratie. Une attaque ratifiée par le sommet du seul pouvoir à vie de la République, la caste judiciaire. Jamais le pouvoir, le véritable pouvoir, ne s’est montré à nu de façon si évidente. Et les rapaces de tout poil qui vivent à leur aise de leurs miettes en ont profité pour faire la fête et parler de « Justice », cette volonté constante et permanente de donner à chacun ce qui lui revient qui, comme on l’a vue, n’a rien à voir avec la façon de faire politique de cette grande « famille » de privilégiés et de surpayés qui peuplent les tribunaux.
En revanche, l’opposition péroniste n’est montrée unie à certains moments face à l’adversité, bien qu’il soit encore trop tôt pour prévoir la fin de l’histoire, c’est à dire pour savoir si la proscription de CFK a ouvert la voie à une certaine forme de succession sans ruptures. Certains vieux adversaires ne se sont pas rasés et se sont approchés du siège du parti de Matheu d’où, une fois connue la ratification de la condamnation truquée, CFK a revendiqué les causes de sa place dans la grande histoire, dénoncé le double critère de la caste judiciaire et rappelé les diverses persécutions et proscriptions qui font partie de l’histoire du mouvement et de l’histoire tragique du pays.
Dès la naissance du péronisme, l’obsession des élites a été de le nier. Bombardement t de la Place de Mai, coups d’Etat, exils, résistance, guérillas, retour tardif du vieux dirigeant quand quand s’étaient déjà déchainé toutes les furies et tous les démons, disparition forcée de personnes avec acharnement parmi les militants de base et les syndicalistes. De nouveau, des élites obsédées par la négation de l’existence de l’autre jusque’à jeter des bombes pour tuer la population civile avec des disparus qui auraient fait quelque chose ou en déclenchant le tir qui n’est pas parti. aujourd’hui se répète la proscription de la principale dirigeante d’opposition et c’est une grande maladresse que ceux qui proscrivent oublient l’histoire, qu’ils ne prennent pas en considération le principe action-réaction et ne tiennent pas compte des démons qui se déchaînent. Regarder seulement le “40 a 30” sur la photo coupée d’un sondage d’opinion peut être une erreur, les troubles sociaux sont des forces souterraines dont il est difficile de prévoir comment elles vont exploser. Le proscription désempare, met en colère et même peut rendre furieux ceux qui se sentent représentés par le dirigeante proscrite.
Mais regardons de l’autre côté. Pourquoi cette rage des classes dominantes envers le péronisme? Le péronisme en tant que mouvement ne devrait pas gêner particulièrement le pouvoir économique. Il n’a jamais été anticapitaliste. Comme le soulignent ceux qui le critiquent à gauche, il est née dans la seconde après-guerre en tant que recherche d’harmonie entre le travail et le capital, pas pour renverser le capitalisme. En accord avec la doctrine sociale de l’Eglise, l’une de ses bannières est la « Justice sociale » ce qui, en chiffres se traduit arbitrairement par la proposition du 50-50, c’est à dire la répartition à parts égales (50-50) du revenu national entre le travail et le capital. A bien y regarder, rien de particulièrement confiscatoire puisque les capitalistes sont peu et les travailleurs nombreux. Evidemment, ce sont des idées qui correspondent à leur contexte d’urgence historique, l’âge d’or du capitalisme et le « danger du communisme », le danger de l’apparition et de l’essor des états de bien-être et des politiques de Keynes.
On ne va pas faire ici une généalogie du mouvement car celle-ci est archi-connue mais nous ferons remarquer que a seule chose qui est anticapitaliste dans le péronisme est une strophe de la marche qui souligne que le Général a conquis « la grande masse du peuple en combattant le capital », quelque chose d’apparemment très irritant. Il faut se demander alors d’où vient la grande aversion, la volonté de négation. La première réponse se trouve dans le fait de n’avoir jamais été neutre dans la lutte des classes et d’avoir toujours prononcé en faveur des travailleurs, ce qui a signifié des syndicats forts et une législation du travail. Depuis la moitié du XXème siècle, les capitalistes locaux ont commencé à avoir la nostalgie du passé de libre exploitation et à envier l’absence de lois protectrices et de pouvoir syndical dans les pays voisins. Parallèlement, beaucoup de classes moyennes n’ont pas réussi à comprendre que leur existence dépendait aussi de ces politiques.
Sous le Gouvernement de Menem, qui s’est achevé en el 45, le péronisme fut le meilleur élève du Consensus de Washington. Du péronisme original, seul le style a été conservé. Il a fallu attendre la période kirchnériste pour la caractéristique en faveur des travailleurs soit rétablie « de façon impardonnable. » CFK l’a rappelé ces derniers jours quand elle a dit que pendant les 12 an s et demi de gouvernement kirchnériste (dont, de façon surprenante, elle exclut la période 2019-23), on a obtenu le meilleure répartition du revenu national de l’histoire en faveur des travailleurs. C’est en 2015, l’année pendant laquelle s’est achevé ce gouvernement, que, selon FUNDAR, 53,2% du revenu national est arrivé jusqu’aux travailleurs; une chose qui est certainement derrière la place pleine de gens qui disent au revoir à la présidente sortante. Depuis lors, cette part n’a cessé de baisser et en 2024 elle était de 44,1%.
En faisant la synthèse à grande échelle entre les processus économiques et historiques complexes, c'est 53,2 % que les élites n'ont pas perdre pardonné à CFK, et qui a provoqué sa proscription exemplaire. Il faut préciser que les élites sont les classes dominante et que la structure de classe dans le stade actuel du capitalisme à son sommet dans les classes hégémonique des pays du Centre, dont les locaux fonctionne comme des auxiliaires. C'est pourquoi on a pu voir la La chambre de commerce des États-Unis en Argentine demander d’abord le casier judiciaire vierge et ensuite faire pression pour que la cour la proscrive. En d'autres termes, ce n'est pas seulement le quarteron star local Macri-Magnetto-Rocca-Eurnekián. Les abondantes ressources naturelles du pays non exploité et sa position géographique font aussi partie de la dispute mondiale.
En fait, nous insiste sur le fait que le processus est plus complexe que cela, parce qu'à partir de 2011, le PIB, qui est l'équivalent du revenu à stagner, ce qui a aggraver les tensions distributives et la colère du capital qui était déjà surchauffée par les tensions avec l'agriculture de la pampa à cause des opérations escargot qui avaient éclaté en 2008, ce qui s'est à la fois superposer au principe de la fin de l'étape, de l'essor des prix des matières premières. Parallèlement, le poids de l'État sur l'économie et ses besoins de financement ont augmenté, un autre facteur de tension, mais rien de cela n'a perturbé. La question de fond : la proscription disciplinaire pour qui cherche une distribution en faveur des travailleurs.
On nie discute pas ici de la soutenabilité sociale et économique des modèles 2003–15 et du modèle actuel qui devraient être la préoccupation véritable des élites qui se comportent comme telles. Ce qui est clair, c'est le message destiné à une classe politique, majoritairement craintive : « Nous, nous ne perdons jamais et si tu gagnes un moment, tu dois savoir que la vendetta arrive toujours. » aujourd'hui, ils sont venus pour CFK.
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