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Argentine: La détention à domicile pour les auteurs de génocide: promenades, fêtes et présentation de livres

16 Juin 2025, 18:39pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Luciana Bertoia

 

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-Bolivar Infos

 

Le Tribunal Oral Fédéral 2 (TOF2) doit décider s’il accorde à Cristina Fernández de Kirchner la détention à domicile qu’elle a sollicitée pour accomplir les 6 ans de prison auxquels la cour Suprême l’a condamnée mardi dernier. Pendant qu’on attend la décision de Comodoro Py, certaines voix, dans les médias, réclament des restrictions pour l’ancienne présidente si on lui accorde de purger sa peine dans son appartement de la rue San José 1111. Elles demandent qu’elle ne puisse pas tenir de réunions, qu’on contrôle les gens qui entrent dans son foyer, qu’elle n’ait qu’un usage limité des réseaux sociaux et même qu’on lui interdise de sortir sur le balcon. Comme l’a écrit l’ancienne députée Myriam Bregman sur son compte X, beaucoup se décourageraient si on savait quel standard est appliqué à ceux qui purgent chez eux des peines pour les pires crimes sanctionnés par le pouvoir judiciaire argentin.

 

« Pendant que les médias discutent si bracelet ou non, chaque semaine un militaire de 80 ans ou plus mort (sic) en prison sans condamnation, juste pour l’être », a écrit avec son amertume habituelle Carlos Manfroni. En plus d’être un ancien journaliste du magazine Cabildo, Manfroni est le chef de cabinet de Patricia Bullrich. Le Ministère de la Sécurité a été chargé ces jours-ci de fournir des propositions pour arrêter les condamnés dans l’affaire Vialidad, ce qui inclut CFK.

 

Les statistiques que le bureau du procureur pour les crimes contre l’humanité (PCCH) a publiées vendredi démentent Manfroni: seule une infime minorité de ceux qui ont commis des crimes sous le dictature est en prison. Selon le Ministère Public, 38 répresseurs se trouvent dans des unités pénitentiaires (76 à l’unité 34 du Champ de Mai - considérée comme une prison VIP dans une garnison militaire- et 498 sont en détention à domicile.

 

« La plupart des auteurs de génocide (plus de 80%) condamnés pour crimes contre l’humanité jouissent du confort de leur maison sans que cela ne mérite une ligne dans les médias qui, à présent, se scandalisent hypocritement, » fait remarquer Bregman, qui agit en tant qu’avocate de la plaignante.

 

A la différence de ce que tente due faire croire le Gouvernement, les données montrent que les juges sont enclins à renvoyer  chez eux les militaires, les policiers et les anciens membres des services secrets. En effet, le 21 mai dernier, la IIIème cour de la cour de cassation pénale fédérale a accordé la détention à domicile à Carlos Felipe Maisonnave (73), condamné pour l’assassinat d’un couple à Villa Elisa. L’ancien membre du bataillon des communications 601 de City Bell n’avait pas de graves problèmes de santé -en effet, il est dit qu’il n’avait pas d’antécédents cardio-vasculaires- mais aussi bien Juan Carlos Gemignani que Diego Barroetaveña et Carlos Mahiques ont invoqué des raisons humanitaires à cause de leur âge. Ils ont soutenu, en outre, qu’il n’y avait pas de risques procéduraux en raison dju fait que le militaire à la retraite était très enraciné dans sa famille.

 

Le TOF2 a accordé vendredi la détention à domicile au répresseur Héctor Horacio Marc (74), un ancien membre du service pénitentiaire fédéral (SPF) condamné à 25 ans de prison pour son action dans circuit formé par les centres clandestins connus sous le nom d’Atlético, Banco et Olimpo (ABO). Dans le cas de Marc, l’un des juges qui pourrait décider de la situation de CFK, Rodrigo Giménez Uriburu, a pris en considération les rapports médicaux, l’âge et les principes de traitement humain et pro hominem et lui a accordé de rester à  Bariloche aux bons soins de sa fille. Giménez Uriburu a proposé de maintenir une surveillance électronique et un contrôle hebdomadaire de son domicile. L’ont accompagné  Jorge Luciano Gorini –juge l’exécution des peines dans l’affaire Vialidad– et Néstor Guillermo Costabel, qui n’a pas fait partie des magistrats qui ont jugé l’affaire concernant les travaux publics à Santa Cruz.

 

« Les auteurs de génocides font des demandes qui ne sont pas hors de la logique générale de ceux qui sont en détention à domicile. Là, ce qu’on voit, c’est le classisme avec lequel le pouvoir judiciaire statue: il est plus facile d’autoriser un auteur de génocide à aller au quinzième anniversaire de sa petite-fille que  d’autoriser un gamin « mule » d’assister au premier jour de classe de son fils,  de l’accompagner à l’hôpital pour une opération ou à la veillée funèbre d’un membre de sa famille, » dit l’avocate de la défense Guadalupe Godoy, représentante de la Ligue Argentine pour les Droits de l’Homme.

 

« D’autres demandes sont réellement scandaleuses, tout comme le fait qu’elles soient accordées. Il s’agit de personnes qui continuent à commettre leurs crimes parce que les appropriations et les disparitions continuent ou parce qu’elles se sont organisées pour empêcher la poursuite des procès, » ajoute  Godoy.

 

Le double critère

 

Página/12 a parlé avec des juges, des procureurs et des avocats de la défense pour reconstituer le standard appliqué dans les affaires de crimes contre l’humanité.

 

Famille à charge

 

Il y a des répresseurs qui font valoir qu’ils doivent s’occuper de membres de leur famille proche. L’exemple le pus connu est celui du dictateur Reynaldo Benito Bignone qui avait un fils à charge et en est venu à se vanter de sortir tous les jours de chez lui. Raúl Esteban Andrés, qui a  été jugé à Bahía Blanca, a l’autorisation de rendre visite à sa mère toutes les semaines.

 

Promenades dans le quartier et plus

 

Daniel Cuomo, condamné pour des crimes commis à l’Ecole de Mécanique de la Marine (ESMA), a obtenu l’autorisation de sortir 3 fois par semaine pendant 2 heures et 1 heure de plus pendant le week-end.

 

Carlos Mario Castellví fait des promenades quotidiennes avec son garant.

 

Juan Carlos Rolón peut aussi sortir se promener dans le quartier.

 

Alejandro D’Agostino, pilote des vols de la mort, a l’habitude d’entrer et de sortir comme si de rien n’était malgré les protestations du procureur. Maintenant, il demande de pouvoir se rendre 3 fois par semaine au Cercle de la Préfecture, à 9 km de chez lui.

 

En 2021, le TOF2 a accordé à  Eduardo Ángel Cruz, alias Cramer-represor de la Police Fédérale  Argentine (PFA), la possibilité de sortir se promener près de chez lui sans consulter auparavant ni le procureur ni les victimes. C’est pourquoi la IIème cour de la cour de cassation a révoqué cette décision.

 

Vacances

 

Jaime Lamont Smart, qui collectionne les condamnations à perpétuité depuis 2012  sans que la cour prenne le temps de les réviser, a obtenu en 2010 qu’on lui accorde plus d’un mois et demi de vacances à Bariloche pour qu’il passe du temps avec ses enfants et ses petits-enfants. Aujourd’hui, il a quitté sa maison de Buenos Aires et s’est installé à Santa Cruz.

 

Messes

 

Horacio Luis Ferrari, condamné à perpétuité pour des crimes commis à l ‘ESMA, a le droit d’aller à la messe à l’église Jesús del Huerto de los Olivos de Vicente López. Au début, il n’y allait que le dimanche mais maintenant, il a demandé l’autorisation d’y aller aussi le samedi.

 

Chasse aux bonnes affaires

 

Orlando González, connu sous le nom de “la fourmi” à l’ESMA, a obtenu l’autorisation de se rendre dans plusieurs supermarchés pour trouver de meilleurs prix. Il a aussi inclut dans ses habitudes le marchand de légumes “El boliviano” de Villa Adelina. González a aussi l’autorisation de sortir chaque fois que nécessaire pour prendre sa tension. Lors de l’édition de cette année de la Foire du Livre, il ap présenté une publication dans laquelle il critique les juges des affaires de crimes contre l’humanité.

 

Fêtes de famille

 

Castellví a obtenu l’autorisation de passer Pâques, Noël, le Nouvel An, la fête des Mères, la Fête des Pères en famille, d’assister au baptême de sa petite-fille et à l’enterrement de son meilleur ami.

Randolfo Agusti Scacchi, également condamné condamné à perpétuité pour des crimes commis à l’ESMA- a demandé l’autorisation d’aller à l’anniversaire de son plus jeune petit-fils et l’a obtenue.

 

S’occuper d’une affaire

 

Antonio Marcos Ochoa Albornoz était le responsable du parking utilisé par les fonctionnaires de la justice. Mauvaise surpris pour les procureurs, en août 2023, quand ils se sont aperçus que l’un des individus impliqués dans le procès au D2 de Mendoza était l’homme auquel ils confiaient les clefs de leur voiture.

 

Fêtes à la maison

 

Jorge Olivera, condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité à San Juan a fêté ses 50 ans de mariage dans sa résidence des Olivos. Il a sorti le grand jeu  avec un spectacle de Ramón "Palito" Ortega. Ils n’ont pas révoqué son assignation à résidence, mais seulement ordonné des contrôles de police pour éviter qu’une autre de ses petites fêtes ne dénature la raison de l’assignation à domicile.

 

Dans aucun de ces cas, les parties n’ont mentionnée dans les procès des restrictions dans les communications ou des contrôles concernant les personnes qui entrent dans la maison d'un détenu pour ces crimes. En effet, Ricardo Cavallo, un répresseur de l’ESMA qui était en prison à Ezeiza et a été récemment transféré sur décision de Patricia Bullrich à l’Unité 34 du Champ de Mai et autorisé à avoir un ordinateur en prison. Il existe un autre groupe de prisonniers, les Morts Vivants, quand un compte X.

 

« En précisant d'entrer, et que cette condamnation est une condamnation arbitraire, et que CFK ne devrait pas être en prison, nous pouvons dire que la justice fédérale de Milei et de Macri qui est majoritaire à Comodoro Py, applique un double critère dans de nombreuses affaires, parmi lesquelles l'accord de la détention à domicile, », affirme d'avocat de la défense Pablo Llonto. « À de nombreus auteurs de génocide, assassins et tortionnaires, on accorde des avantages scandaleux. Avec les prisonniers politiques qui sont en prison pour avoir lutté ou avec ceux contre qui on a monté des affaires, ils font les durs. Les rare juges dignes puissent-ils faire quelque chose et ne pas rester silencieux face à ces violations. »

 

source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/06/15/argentina-como-son-las-domiciliarias-de-los-genocidas-caminatas-raid-de-compras-fiestas-y-presentaciones-de-libros/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/06/argentine-la-detention-a-domicile-pour-les-auteurs-de-genocide-promenades-fetes-et-presentation-de-livres.html