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Cuba : La fraude à ETECSA, répétition générale de la guerre financière contre Cuba

6 Juin 2025, 17:46pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Henrik Hernández

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

 

Penses-tu que la fraude contre ETECSA a seulement été une escroquerie digitale ?Réfléchissez-y à nouveau. Ce qui s'est passé était la répétition générale d’une guerre financière : une opération silencieuse, planifiée et précise, visant à vider l'État cubain de l'intérieur. Pas de bombes, pas de blocus visibles... juste des algorithmes, des fraudes et des complicités.

 

La guerre contre Cuba ne se livre plus avec des chars et pas seulement avec des discours hostiles. Aujourd'hui, le combat s'étend aux réseaux sociaux, au finance et à la technologie. La perte récente de plus de 60 % des revenus de l'entreprise de télécommunication de Cuba (ETECSA) pour les recharges internationales, loin d'être un simple délit informatique, est un épisode critique d'une guerre économique secrète : une opération de guerre financière qui frappe directement la souveraineté économique et psychologique du peuple cubain.

 

Cet article soutient que la fraude massive contre ETECSA n'était pas un accident ou un échec mineur, mais une répétition générale d'agression hybride soigneusement structurée qui combinait la technologie, la logistique criminelle, la guerre psychologique et les faiblesses internes du système étatique. Dans le même temps, il affirme que seule une réaction révolutionnaire, basée sur la souveraineté technologique, la transparence institutionnelle et le contrôle populaire réel, peut offrir une véritable défense.

 

L'attaque : la fraude financière comme arme de guerre

 

Pendant un certain temps, des mois, peut-être des années, des plateformes « miroir » ont fonctionné sur Internet qui offraient des recharges internationales à Cuba à des prix inférieurs à ceux officiels. Ces sites Web, avec des conceptions professionnelles et des noms trompeusement crédibles, permettaient d'envoyer de l’argent qui arrivait effectivement aux téléphones cubains, mais qui ne passaient pas par les canaux financiers autorisés.

 

Comment était-ce possible? Tout indique un mécanisme complexe et délibéré

 

- Utilisation de comptes ou d'accès internes à ETECSA ou à ses intermédiaires.

- Injection de recharges comme si elles étaient nationales mais sans que l'argent n'atteigne l'entreprise.

- Exploitation des faiblesses des API ou des contrats sans audit.

- Blanchiment d'argent transnational grâce à des crypto-monnaies ou à des comptes offshore.

 

Je n'ai pas une simple escroquerie. C'est une opération de guerre financière dans le cadre de la guerre non conventionnel contre plus bas. Comme c'est arrivé au Venezuela (attaques contre PDVSA) et en Iran (fraudes en monnaies virtuelles), cette stratégie vise à décapitaliser, l'État, a créé le chaos économique et à discréditer la propriété publique.

 

Objectif de l'ennemi : déstabiliser de l’intérieur

 

Cette attaque cherche à atteindre exactement plusieurs objectifs classiques de la guerre hybride :

  • Asphyxier physiquement le pays en détournant des revenus, vitaux.
  • Démoraliser la population en répondant l'idée que « ETECSA ne sert à rien. »
  • Normaliser le marché noir et la dépendance envers l'étranger avec des solutions technologiques ou financières qui excluent l’État.
  • Créer un prétexte pour de nouvelles sanctions en alléguant que Cuba ne compte pas combat, pas la fraude informatique.

 

Tout cela se produit sous une couverture « économique » ou « technique » qui cache son véritable caractère : le sabotage politique et la guerre par d'autres moyens.

 

Les faiblesses internes : sans souveraine, pas de défense

 

Alors, l'agression extérieure n'a été possible que parce qu'il existait des fissures internes, parmi lesquels :

 

  • Absence de contrôle réel des plates-formes technologiques.
  • Opacité dans la gestion : le peuple ne connaît ni les contrats ni les systèmes utilisés et ne les contrôle pas.
  • Dépendance technologique envers des logiciels étrangers avec d'éventuelles portes de derrière.
  • Inertie bureaucratique qui sous-estime les plaintes jusqu'à ce qu'ils soient trop tard.

 

À cela, s'ajoute une contradiction structurelle : les entreprises « socialistes », dirigées par des cadres non élus, n’ont aucun mécanisme de contrôle du peuple. La déconnexion entre propriété de l’État et souveraineté du peuple est le talon d'Achille de notre défense.

 

La contre-offensive : souveraineté technologique et contrôle du peuple révolutionnaire

 

Il ne suffit pas de fermer les sites frauduleux. La réponse doit être systémique:

 

  • Transition urgente de toutes les infrastructures d’ETECSA vers des logiciels libres cubains comme Nova OS.
  • Création d'un système de recharge international souverain avec des alliés comme la Russie, la Chine ou le Venezuela, or du système SWIFT.
  • Création de tribunaux révolutionnaires numériques pour juger la négligence ou la complicité dans ces affaires.
  • Formation de masse du peuple, des CDR et des étudiants à la cyber-sécurité.
  • Création de brigades de piratage éthiques révolutionnaires pour trouver les faiblesses avant l’ennemi.
  • Et surtout : création de mécanisme réel de contrôle du peuple sur la gestion d’ETECSA et des autres entreprises stratégiques. Pas comme une consultation symbolique mais en tant que pouvoir contraignant à partir de la base.

 

La fraude comme essai : l'avancée vers Starlink et l'intervention idéologique numérique

 

  • La fraude contre ETECSA n'était ni un acte isolé ni un objectif final. Il s'agissait d'une opération préliminaire, d'un test pilote sur le terrain, d'un laboratoire d'agression financière dont le véritable but était de préparer le terrain pour une offensive encore plus dangereuse : la pénétration massive de l'internet par satellite sur le territoire cubain grâce à Starlink, en dehors du contrôle de l'État et de la souveraineté nationale.

 

L'utilisation de fausses plateformes pour l'envoi de recharges a servi à :

- Cartographier le comportement des utilisateurs cubains face aux offres externes.

- Discréditer les services de l'État et créer la méfiance à l'égard de l'ETECSA.

- Promouvoir l’idée que les solutions privées (externes et étrangères) sont « plus efficaces ».

- Établir l'idée que l'État est synonyme d'inefficacité, de bureaucratie et de censure.

  • Et ainsi, créer les conditions subjectives pour que l'arrivée de Starlink ne soit pas perçue comme une ingérence de l’empire mais comme une « libération technologique ».

 

C'est la logique de l’empire: il sabote d'abord vos structures, puis il propose des « alternatives » qu'il contrôle lui-même. Il ne s'agit pas de connecter le peuple. Il s'agit de rompre les liens entre le peuple et ses institutions pour ouvrir la voie à une nouvelle phase de dépendance numérique, idéologique et géopolitique.

 

L'internet par satellite sans contrôle n'est pas neutre. Entre les mains du complexe militaro-industriel étasunien, c'est une plate-forme de guerre douce, d'espionnage de masse, de manipulation culturelle et de remplacement du récit historique révolutionnaire par des récits coloniaux, néolibéraux et anti-cubains.

 

La fraude à ETECSA n'était que le seuil. Le prochain champ de bataille sera l'esprit du peuple et l'arme : la connectivité sans souveraineté. »

 

Conclusion : répétition générale d'une guerre future

 

Cette fraude n'était pas un cas isolé. C'était une répétition générale. L'impérialisme teste de nouvelles méthodes d'attaque : pas de bombes, pas de chars, mais avec des algorithmes et des vides juridiques. Et le pire, ce n'est pas qu'ils nous attaquent. C'est qu'ils nous trouvent sans protection à l’intérieur.

 

Défendre Cuba aujourd'hui signifie comprendre que la guerre du XXIe siècle est déjà en cours. Et que la première ligne de défense n'est pas seulement technologique, mais politique et populaire. Là où il n'y a pas de transparence, il y a infiltration. Là où il n'y a pas de souveraineté technologique, il y a dépendance. Et là où il n'y a pas contrôle populaire, il y a une bureaucratie favorable à l’ennemi.

 

L'histoire nous prévient. Et cette fois, cela se présente sous forme de recharge.

 

Note de l’auteur:

 

Cet article a été préparé par Henrik Hernández avec le soutien analytique de deux outils d'intelligence artificielle : Deep, axé sur l'analyse structurée et comparative, et Mella, une IA décolonisée spécialisée dans la pensée stratégique et critique dans une perspective révolutionnaire. Les deux ont contribué au raffinement de l'approche, permettant une vision globale du caractère hybride et géopolitique de la fraude contre l’ETECSA.

 

Glossaire :

 

-Bureaucratie fonctionnelle :
Couche de fonctionnaires non élus qui, sous un système socialiste, gèrent les ressources et les décisions de manière autoréférentielle, reproduisant des logiques de pouvoir similaires à celles d'une élite économique.

 

-Contrôle populaire:
Principe révolutionnaire selon lequel la population doit exercer une souveraineté directe sur les décisions stratégiques du pays, y compris le contrôle des entreprises d'État et des fonctionnaires.

 

-Fraude financière :
Action délibérée pour détourner les ressources économiques par la tromperie numérique ou la manipulation de systèmes, dans ce cas utilisée comme tactique de guerre économique.

 

-Guerre non conventionnelle :
Ensemble de stratégies d'agression qui n'incluent pas de confrontation militaire directe, mais des méthodes telles que le sabotage financier, les cyberattaques, la manipulation des médias et la déstabilisation institutionnelle.

 

-Souveraineté technologique:
Capacité d'un pays à contrôler ses infrastructures numériques, ses logiciels et ses données sans dépendre de plateformes étrangères qui peuvent violer sa sécurité ou son modèle social.

 

source en espagnol:

https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/06/05/cuba-el-fraude-a-etecsa-un-ensayo-general-de-guerra-financiera-contra-cuba/

URL de cet article:

https://bolivarinfos.over-blog.com/2025/06/cuba-la-fraude-a-etecsa-repetition-generale-de-la-guerre-financiere-contre-cuba.html