Cuba: Sans couverture mais dans la Révolution
Par Ricardo Riverón Rojas
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine-bolivar Infos
Que le blocus soit la cause de la plupart des carences dont nous souffrons ne fait aucun doute. Il provoque un effet domino: un domino tombe et il en entraîne avec lui beaucoup d’autres parce que dans le flux socio-économique d’un pays, tout se tient. La créativité est un bon antidote pour surmonter les adversités, elle nous pousse vers les expérimentations, les tournants inattendus, mais ne pas prévenir les conséquences à moyen et à long terme auxquelles nous conduisent les mesures palliatives d’ajustement, se paie cher. Le joueur de domino pense une chose et le vaurien, qui surveille la moindre négligence pour entrer et abattre le premier domino, et avec lui tous ceux qui sont derrière, en pense une autre.
C’est ce qui nous est arrivé à Cuba avec les mesures d’urgence prises ces dernières années: nous pensons à la remise en ordre de la monnaie qui, pour résoudre le problème de la double monnaie, a fini par nous plonger dans un guêpier financier dans lequel coexistent plusieurs dénominations monétaires: le CUP étant la monnaie qui donne le moins de possibilités de survie. Avec la forme de salaire jointe à ce processus, on pensait obtenir une incorporation massive au travail mais l’inflation prévisible, qu’on supposait contrôlable, a réduit les rêves en miettes: presque personne ne veut travailler pour l’Etat, incapable de rivaliser avec les PME et les TCP, aisément vainqueurs dans l’appel d’offres silencieux. Un nombre non négligeable de professionnels devenus garçons de café ou simples employés dans d’autres métiers élémentaires, laissent l’économie de l’Etat orpheline de leurs services.
Les plus récentes mesures d’ETECSA sont tombées sur un grand nombre d’âmes sceptiques et la plupart des gens craint que la même fin catastrophique que celle de la remise en ordre ne nous attende. Il y a eu un débordement, nerveux et gêné, de très nombreuses personnes et le plus inquiétant, c’est que ce ne sont pas seulement des haineux et des ennemis de la Révolution mais des révolutionnaires par filiation et par action qui ont aussi réagi avec des arguments mais aussi avec indignation: des étudiants, des journalistes, des historiens, des artistes, tous révolutionnaires, ont manifesté leur gêne envers ce problème et la façon dont a été géré, du point de vue de la communication, la mise en place inattendue de la mesure. Ils sont révolutionnaires et parmi les réactions dont je me souviens avec une profonde douleur se trouve le post d’une jeune actrice et chanteuse, révolutionnaire même quand elle dort, qui a écrit: « Je vais devoir travailler très dur avec moi-même pour comprendre. »
Les opérateurs de réseaux sociaux doivent être contents de ceux qui semblent désaccord. Quelque chose a été mal fait face à la politique.
Parmi les choses dont je pense qu’elles ont été faites de manière erronée, se trouve le peu d’opportunité et l’absence d’efficacité avec laquelle on a communiqué sur cette mesure devant le peuple. La Table Ronde a été insuffisante et fortement technique, at certains termes ont été utilisés d façon erronée comme l’expression disant qu’avec « un petit peu plus d’argent, » on pourrait accéder à l’un des plans de recharge impossible à atteindre avec nos salaires. L’intervention postérieure de la présidente d’ETECSA, interviewée par Lázaro Manuel Alonso pour Canal Caribe, a apporté plus de détails et a clarifié les arguments bien que son éventuelle efficacité ait été également remise en question car certains analystes mettent en doute la portée des résultats prévus comme je l’ai déjà dit à propos de ce qui s’est passé avec les mesures qui ont conduit à leur antithèse. L’argument qu’au lieu de capter les devises avec des recharges venant de l’étranger pour la recapitalisation, il se produira un trafic illégal de recharges (avec l’argent envoyé de l’étranger) mérite qu’on s’y arrête car on a tout misé sur cette carte et si le vaurien fait tomber ce premier et unique domino, tout s’effondrera. Je ne sais comment on pourrait limiter ce marché noir car on n’a même pas pu le faire avec celui des devises. Souvenons-nous qu’on permet de transférer des soldes et que c’est un outil parfait pour le trafic.
On nous a demandé, à nous, révolutionnaires, d’accompagner ETECSA dans cette démarche et nous le ferons mais nous avons besoin qu’on nous accompagne aussi, nous, surtout avec une stratégie et des actions de communication totalement transparentes exécutées par des personnalités jouissant d’une haute autorité dans le pays. Le podcast « De la présidence » a permis à de nombreux sceptiques de comprendre le phénomène si difficile de la crise électrique et énergétique. Un peuple comme le peuple cubain qui, le 1er mai, a fait une démonstration de son soutien à la Révolution, devrait comprendre et lutter pour le sauvetage de notre système de communications, un domino coincé entre les dominos qui tombent grâce à l’effet domino qui découle des aberrations auxquelles nous a conduit le blocus génocide. Puissent-ils avoir prévu et pouvoir contrôler les déviations de la logique centrale de ces mesures et que l’incertitude ne dépassera pas la peur. Il ne nous reste plus que sauver ETECSA: il serait presque impossible au pays de con tin ter à avancer sans un système de communications à la hauteur de l’époque et de ce qu’exige l’objectif d’un socialisme prospère et soutenable.
source en espagnol:
https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/06/02/cuba-fuera-de-cobertura-dentro-de-la-revolucion/
URL de cet article:
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