Pensée Critique: La guerre de Trump et la paix de Lula
Par Emir Sader
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–bolivar infos
Le texte de Trump contient de graves erreurs, fondamentales pour son raisonnement. La première et la plus caractéristique de la brutalité de ses actions est sa méconnaissance de la balance commerciale du Brésil envers des États-Unis.
Depuis qu'il est à la présidence, convaincu que les États-Unis ont souffert dans leurs relations avec les autres pays, il ne s’est même pas demandé si c'était le cas pour le Brésil. Par extension, il a pensé que le Brésil était dans la même situation que d'autres pays.
Il n'a consulté personne et montré son texte à aucun conseiller. Et il a exagéré de 50 % pour calculer un chiffre élevé. Simplement, avec arrogance, il l’a mis par écrit et l’a publié.
Parler des relations commerciales du Brésil avec les États-Unis, et ne pas savoir s'il y a un excédent ou un déficit est la preuve d’une énorme ignorance pour le président d'un pays, encore plus celui du pays le plus puissant du monde.
Deuxièmement, évoquer la condamnation de Bolsonaro comme une chasse aux sorcières, une persécution. Ignorer la tentative de coup d'Etat au Brésil et le degré d'implication de Bolsonaro dans celle-ci. Il n'a certainement pas vu les scènes atroces de l'invasion des principaux immeubles de l’Esplanade des Ministères et n'a posé de questions à personne à ce sujet.
Troisièmement, affirmer que Bolsonaro est un des dirigeants politiques les plus importants et reconnus dans le monde va au-delà de toute vision de cet individu contenant un minimum de bon sens. Il fait de sa volonté une réalité et s'en sort avec la même barbarie.
Quatrièmement, croire que le destin de Bolsonaro est dans les mains du Gouvernement fédéral, c'est ignorer que c’est une affaire traitée par la justice, un autre pouvoir de la démocratie brésilienne.
Bref, c'est une affirmation, pour le moins, sans aucun sens. Elle donne l'impression qu'Eduardo Bolsonaro influence la politique des États-Unis envers le Brésil. Ni plus ni moins. Pour absurde que semble cette situation.
La réponse de Lula a été pleine de maturité et sensée. Il a réaffirmé la souveraineté du Brésil sur tout ce qui se passe dans le pays et a rappelé que le Gouvernement brésilien n'a rien à voir avec l'affaire Bolsonaro, actuellement devant les tribunaux.
Désespéré par les prédictions disant qu'à la fin de son procès, Bolsonaro serait condamné et emprisonné en octobre de cette année, son fils a communiqué ou transmis cette situation à Trump qui, grâce à son message et ses éloges excessifs de Bolsonaro, tente d'éviter son arrestation.
Tout est basé sur des illusions, sur la façon, dont un souhaiterait que ce soit la réalité pour confirmer ses convictions subjectives. Le monde serait à ses pieds au point d'imposer ces droits de douane de 50 % au Brésil.
Serait-ce dû à l’irritation provoquer par le succès des BRICS et de Lula en tant que président du bloc ? Serait-ce du, encore une fois, sa gêne avec la thèse de la dédollarisation, que Lula a à nouveau évoquée?
Ou serait-ce dû à la combinaison de ces situations qui délogent les États-Unis et menacent l’hégémonie décroissante du dollar dans le monde?
Est-il possible que, comme ça c'est produit plusieurs fois, au moins quand quelqu'un lui dit que la balance commerciale du Brésil envers les États-Unis est le contraire de ce qu'il dit et que le taux de 50 % serait brutal, il charge de position ou l’assouplisse avant le 1er août, date de son entrée en vigueur ?
C'est une démonstration de plus de l'absence de préparation de l'actuel président des États-Unis pour diriger la puissance économique militaire la plus forte du monde.
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