Amérique latine: La diplomatie de la canonnière revient dans les Caraïbes ». Alerte!
Discours du président Díaz-Canel au sommet extraordinaire de l’ALBA-TCP :
(Versions abrégées – Présidence de la République)
« Je vous embrasse, ainsi qu’au peuple bolivarien du Venezuela, cher frère Nicolás Maduro, président légitime de la République bolivarienne du Venezuela ;
Nos salutations à nos frères chefs d’État et de gouvernement : les bien-aimés coprésidents du Nicaragua, Daniel et Rosario ; le président de l’État plurinational de Bolivie, Arce ; et le Premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines ; et aux honorables représentants des pays membres de notre Alliance ;
Nos salutations également à l’honorable Rander Peña, secrétaire exécutif de l’ALBA-TCP, qui a travaillé intensément depuis qu’il a assumé cette responsabilité.
Tout d’abord, Maduro, je vous adresse mes salutations cordiales de la part du général d’armée Raúl Castro Ruz, qui a suivi avec attention tout ce qui se passe, y compris la convocation de ce sommet.
Je voudrais commencer mon intervention par la lecture d’un texte dont j’expliquerai l’origine plus tard.
Le texte dit : « La diplomatie de la canonnière revient dans les Caraïbes. Des navires, des avions, un sous-marin et des milliers de soldats américains sont déployés dans la région, cette fois sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue et les groupes criminels qui menacent la sécurité des États-Unis. Cela ressemblerait à une farce éculée si ce n’était la tragédie potentielle. Cette nouvelle circule alors que le gouvernement de ce pays, violant sans vergogne toutes les normes de coexistence internationale, met à prix la tête du président légitime de la République bolivarienne du Venezuela. »
Ce que je viens de lire est un extrait bref mais puissant, et en même temps chargé de souvenirs douloureux, d’une déclaration de la Casa de las Américas, institution d’intellectuels progressistes de Notre Amérique qui, comme nous le savons tous, entretient également des liens étroits avec les créateurs d’Amérique du Nord.
Cette dénonciation, lancée depuis son siège à La Havane, est un cri d’urgence de nos penseurs, conscients de l’importance de ces actes d’arrogance impériale, mais aussi de la force de l’unité à laquelle vous avez fait référence pour les arrêter.
Il ne fait aucun doute que nous vivons une époque de défis immenses et de risques exceptionnels.
L’impérialisme, par le déploiement de son offensive hégémonique et agressive, démontre qu’il n’entend pas se soumettre aux limites imposées par le droit international, la Charte des Nations Unies et des décennies de résolutions et de déclarations régionales et universelles contre la coercition, les menaces, l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres États et l’intervention.
La prérogative annoncée que le gouvernement des États-Unis entend accorder à ses forces de l’ordre pour agir contre les organisations criminelles à l’intérieur des frontières d’autres États constitue une menace d’agression inacceptable, une violation de la souveraineté des nations de la région et une nouvelle perturbation du régime de paix et de coopération que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont tant travaillé à garantir.
Le déploiement d’unités navales dans le sud des Caraïbes, sous le commandement du Commandement Sud, impliquerait jusqu’à 4 000 soldats et serait présenté comme une mesure dissuasive, sous le prétexte fallacieux et disproportionné de lutter contre les cartels de la drogue. Ces propos sont tenus et promus par l’État le plus impliqué dans le trafic de drogue au monde : les États-Unis.
Compte tenu des caractéristiques des unités déployées, il s’agit d’une mesure stratégique qui pourrait faciliter les actions en vertu de la loi américaine, en particulier du Titre 50 du Code de la guerre et de la défense nationale des États-Unis, qui accorde au président de ce pays la capacité de mener des opérations militaires ou clandestines, des sanctions et des confiscations d’actifs sans notification préalable au Congrès.
C’est pourquoi Cuba dénonce fermement cette nouvelle démonstration de force impériale et appelle – nous nous joignons à votre appel, Nicolás – l’ALBA-TCP, et désormais tous les peuples du monde, à condamner cette attaque irrationnelle de l’administration Trump.
Nous dénonçons également avec la même fermeté l’encouragement et le financement de complots terroristes contre le Venezuela, ainsi que les fausses accusations portées par le gouvernement des États-Unis contre le président Nicolás Maduro, qui cherchent à l’associer, sans fondement ni preuve, à des organisations criminelles liées au trafic de drogue. C’est, une fois de plus, le genre de manœuvres auxquelles l’impérialisme recourt lorsqu’il nourrit des intentions agressives contre des États souverains, lorsqu’il est incapable d’étouffer l’esprit de résistance des peuples et qu’il a donc besoin d’un prétexte frauduleux pour justifier ses actions.
Les graves menaces émanant de ce Nord rebelle et brutal qui nous méprise, comme l’a appelé José Martí, font partie d’un vil projet de domination, déterminé à faire revivre la doctrine Monroe, la clé de l’interventionnisme américain dans notre hémisphère.
Nous n’avons donc d’autre choix que d’affronter l’empire qui cherche à nous soumettre à ses intérêts, et nous devons le faire fermement unis dans nos convictions et nos actions. C’est dans cet esprit d’engagement historique pour la défense indéfectible de notre destin commun que nous nous sommes réunis au sein de l’ALBA-TCP.
La paix et la coexistence pacifique entre les États auxquelles nous aspirons ne peuvent reposer sur la naïveté, ni nous permettre d’en oublier les dangers. Il est de notre responsabilité de la défendre comme un droit inaliénable, et avec réalisme.
Comme vous le savez tous, le 13 août, nous avons célébré, non seulement à Cuba, mais aussi dans d’autres pays d’Amérique latine, des Caraïbes et du monde entier, le 99e anniversaire de la naissance de Fidel Castro Ruz, qui, par son immense héritage d’idées et d’actions, demeure le commandant en chef et le plus grand leader historique de la Révolution cubaine. Nous entamons aujourd’hui une année commémorative d’importance internationale pour son centenaire.
La contribution multiforme de Fidel à l’histoire et aux efforts d’intégration et d’unité de notre région est incommensurable. Les nouvelles générations de dirigeants et de militants sociaux latino-américains et caribéens adhèrent à cet héritage fideliste qui, avec celui de l’inoubliable commandant Hugo Chávez et d’autres figures incontestées des aspirations unificatrices de Notre Amérique, demeure aujourd’hui plus que jamais un guide d’action, en accord avec les idéaux bolivariens et martiniens.
Gardien zélé de la diversité, Fidel fut aussi un infatigable défenseur de l’unité de nos peuples, nourri d’un profond sentiment anti-impérialiste. Il nous a appris que la bataille n’est pas seulement politique ou économique, mais aussi culturelle et morale.
Forts de cet arsenal d’expériences et d’idées, nous sommes appelés à affronter les menaces qui pèsent non seulement sur un groupe de nos pays, comme le Venezuela, le Nicaragua et Cuba, récemment devenus des cibles privilégiées du siège et des mesures économiques coercitives unilatérales du gouvernement des États-Unis, mais qui pèsent aussi lourdement sur tous les peuples désireux de décider de leur destin. La défense du droit à l’autodétermination et la solidarité indéfectible entre nations sœurs sont un impératif de l’histoire qui nous a menés jusqu’ici.
Quelles sont les intentions des États-Unis ? Ils cherchent à nous diviser par leurs politiques de pression et de blocus ; ils cherchent à nous affaiblir par des discours de haine et des actions déstabilisatrices. Mais notre histoire – ne l’oublions pas – est marquée par nos ancêtres autochtones, ainsi que par le meilleur et le plus populaire héritage de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe elle-même, à travers la résistance et la victoire des peuples unis.
C’est donc, forts de ce savoir et de ces sentiments accumulés, légués par nos ancêtres, que nous ne pouvons manquer d’exiger, dans chaque forum, chaque espace, chaque expression de rejet de l’impérialisme, la fin du génocide à Gaza.
Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur le Venezuela reposent sur la même philosophie de dépossession qui a transformé une petite bande de terre en enfer.
Assez de l’impunité sioniste, assez de la complicité impériale, et vice versa. Tous les crimes ont des auteurs et des complices qui se perpétuent au fil du temps. Le sionisme israélien et l’impérialisme yankee échangent leurs rôles dans leurs entreprises criminelles. Cuba le sait bien, car dans son blocus génocidaire, l’empire a toujours bénéficié du soutien indéfectible d’Israël génocidaire.
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Chers frères,
Nous sommes fiers que l’ALBA-TCP soit à l’avant-garde de la dénonciation des menaces impérialistes persistantes et se positionne comme une voix ferme contre les visées américaines. Cette alliance est notre premier rempart contre les dangers qui menacent la paix et la sécurité de la région.
Dans ce contexte, nous appuyons résolument le communiqué spécial adopté par le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, dans lequel les pays membres ont exprimé leur préoccupation face aux intentions déclarées du gouvernement des États-Unis de lancer une action militaire en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Conformément à la Proclamation de l’Amérique Latine et des Caraïbes comme Zone de Paix, nous considérons nécessaire de mobiliser la Communauté des États d’Amérique Latine et des Caraïbes pour condamner cette nouvelle tentative de colonisation, et nous soutenons donc la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la CELAC.
Le 23 janvier 1959, et je parle de lui, le commandant en chef Fidel Castro, s’exprimant lors d’un rassemblement de masse sur la place du Silencio à Caracas, déclarait : « …Ces peuples ont acquis une trop grande conscience de leur destin pour se résigner à nouveau à l’asservissement et à la misère dans lesquels nous vivons depuis plus d’un siècle. » Et il ajoutait : « Ces peuples des Amériques savent que leur force intérieure réside dans l’unité et que leur force continentale réside également dans l’unité. »
Nous, Cubains, partageons cette conviction. Le sang de nos héros n’a pas été versé en vain. Et, si le moment est venu de défendre la terre sacrée de notre patrie au péril de notre vie, nous accomplirons ce devoir comme le plus grand des honneurs.
Chers amis:
Ni la bravade de l’intervention, ni la pression politique et économique, ni les campagnes de désinformation ne suffiront à briser les fondements et à renoncer à la dignité de l’Amérique latine et des Caraïbes, si nous restons unis.
Notre force est la force de l’histoire et des idéaux partagés, et elle est enracinée dans la ferme conviction que la liberté et la souveraineté de chaque peuple sont la liberté et la souveraineté de tous.
Je reviens une fois de plus à l’appel de la Casa de las Américas. Comme le soulignent ses intellectuels : « … s’il y a une chose qui est claire, et que l’impérialisme lui-même nous empêche de l’oublier, c’est bien celui qui incarne, depuis au moins deux cents ans, le principal ennemi des idéaux de Bolívar et de Martí. Cet ennemi, ce géant de sept lieues, doit être combattu par tous les moyens, sans se perdre dans des discussions qui ouvrent la voie à la mission des navires, des avions, des sous-marins et des milliers de soldats qui nous menacent. Il est à nouveau temps de faire le point et de marcher ensemble. »
Maduro; frères:
Que la voix de nos héros et l’esprit de Chávez et de Fidel, à l’approche du centenaire du commandant en chef, nous guident dans cette lutte commune !
Que la solidarité et l’unité indéfectibles soient nos boucliers ! Ce n’est qu’ensemble, unis par l’espoir et l’amour de notre terre, que nous pourrons construire l’avenir que méritent les générations présentes et futures !
Vive la souveraineté et la liberté de nos peuples !
Et comme l’a dit le Che : Jusqu’à la victoire, toujours !
(Applaudissements.)