Pensée critique : Comment fonctionnent les circuits idéologiques de la grande presse corporative
Par José Ernesto Nováez
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Et comment on coordonne, on magnifie et on projette les récits qui servent les puissances occidentales sur les soi-disant militaires cubains en Ukraine.
Le 2 octobre, le département d'État des États-Unis a fait circuler une note non chiffrée à toutes ses missions les appelant instamment à saper activement le soutien à la résolution cubaine contre le blocus. Comme argument, cette note mettait en avant deux choses essentielles :
––La négation des effets du blocus en rendant le Gouvernement cubain responsable de tout et l'accusation concernant le soi-disant envoie de troupes cubaines pour lutter au côté de la Russie en Ukraine.
Évidemment, ce que ne disait pas la note mais qui est implicite dans tout l'ordre du jour de ce programme d'action est la large diffusion de ce récit dans les médias.
Mettre le muscle symbolique de la corporation en situation de créer une caisse de résonance dans laquelle la vérité d'une affirmation se définit par sa répercussion médiatique et non par les preuves qui la soutiennent.
Sur les deux affirmations centrales, celle qui nie la responsabilité du blocus dans la crise actuelle, et, pour ainsi dire, la plus rebattue. Les soi-disant mercenaires que Cuba enverrait en Ukraine offrent, médiatique parlant, plus de grain à moudre et de nouveautés.
Le premier média à se faire l'écho de la note du département d’État grâce a une « révélation » a été Reuters.
Dans une note succincte, qui prétend être sobre et modérée, l'agence brandit les arguments centraux, présente les point de vue de Washington et de La Havane et affirme qu'entre 1000 et 5000 Cubains combattent dans l'armée russe.
Pour tenter de donner plus de substances à l'information et de soutien à l'affirmation concernant les mercenaires cubains, Forbes publie un long reportage sur ce sujet.
Construit exclusivement sur des sources ukrainiennes et étasuniennes, le est une construction rhéologiques connue dans laquelle on attaque Cuba et d'autres pays, sans donner aucune sorte de preuve. Comme dans la note des Marras, la présence de Cuba, dans l'armée russe et la crise économique à Cuba sont les arguments présentés comme des preuves « évidentes » de la complicité de La Havane avec Moscou.
Et dans un retournement presque comique, si le sujet n'était pas aussi sérieux, l'auteur de l'article, que le nombre initial 2000 à 5000 cubains proposé dans la note de marras ne satisfait pas, porte le nombre de Cubains à 15 000. Je suppose que toutes ces informations inventées fonctionnent selon la même logique : où 5000 entrent, 15 000 entrent. Les fables n'ont pas de limite.
P.D: une édition postérieure de cet article de Forbes porte ce chiffre à 25 000.
Mais comme cela se passe actuellement, cette sorte de dynamique arrive toujours au paroxysme dans les épigones. Et alors fais son entrée appareil idéologiques appelé CubitaNow, appartenant à une série d'appareils similaires créés exclusivement pour la propagande contre Cuba.
Ce merveilleux pamphlet, suivant la ligne de la grande presse, brandit également cette information mais insatisfait, sans doute, par le chiffre de 15 000 donné par Forbes, fait appel à la très sérieuse et très bien informée Assemblée de la Résistance Cubaine comme source pour porter le nombre de Cubains dans l'armée russe à 20 000.
Aucun de ces médias ne donne de preuves de ses affirmations, au-delà d'interviews de sources aux motivations politiques claires et, par conséquent, totalement partiales. Aucun ne se fait l'écho, par exemple, de la négation ferme de Cuba concernant ces accusations et de la position historique du pays contre les mercenaires et la traite de personnes.
Évidemment, cette vague continuera à croître. C'est un récit utile qui met dans le même sac presque tous les pays mal vus en Occident. Je ne serai pas étonné qu'on « découvre » bientôt aussi des mercenaires nicaraguayens et vénézuéliens dans l'armée russe, et je suis convaincu que le nombre de Cubains continuera à augmenter.
Si à peine en trois jours, ils ont réussi à tripler l'estimation originale, je suis certain que sans beaucoup d'efforts et avec un peu de fantaisie, ils peuvent le porter sans problème à 600 000 ou 80 000 ou peut-être, qui sait, à 100 000. Aujourd'hui, se joindre à ceci, c'est se rendre complice du blocus et de la diffamation. Croire ce genre de choses, c'est bien mal connaître Cuba et sa révolution.
Source en espagnol :
https://www.resumenlatinoamericano.org/2025/10/16/pensamiento-critico-como-funcionan-los-circuitos-ideologicos-de-la-gran-prensa-corporativa/
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