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Amérique latine : L’UNASUR, une menace qui doit être vaincue

11 Mars 2024, 19:23pm

Publié par Bolivar Infos

 

 

Par Geraldina Colotti

 

Traduction Françoise Lopez pour America latine–Bolivar infos

 

Interview exclusive de l'Ambassadeur, Elvis Urbina

 

Elvis Urbina, 55 ans, politologue expert en défense formé par la Révolution Bolivarienne, est l'un des fonctionnaires qui incarne les trois caractéristiques que Chavez a demandé aux militants qui travaillent dans les institutions d'État : être honnête, techniquement prêt, politiquement engagé. Nous le remercions pour cette interview réalisée à Caracas au cercle militaire, siège de la FILVEN 2023, face au ministère de la défense où Urbina a travaillé longtemps comme analyste avant d'occuper, en 2016, le poste d'ambassadeur représentant permanent devant l'Union des Nations Sud-américaines, plus connue comme UNASUR.

 

Un organisme d'intégration régionale composée actuellement de 6 Etats Membres (on espère la prochaine entrée de la Colombie du Paraguay), gravement affectée par le retour de la droite au gouvernement dans la plupart de ces pays. Une organisation qui, de 2012 à 2014, a eu comme secrétaire général Ali, Rodriguez, Araque, un intellectuel et diplomate mort en 2018, qu’Urbina évoque pendant cette interview.

 

  • Quelles ont été la voie et le but de l’UNASUR?

 

On peut faire remonter les origines de l'organisation au début de l'an 2000, quand le président du Brésil de l'époque, Fernando Cardoso, a convoqué une conférence sur l'intégration régionale. Quatre ans après cette première réflexion sur le sujet, dans le cadre de la accord signé avec le Système Inter-américain de Défense, on évoquera l'Amérique latine comme une zone libre d'armes nucléaires, une zone de paix. Des principes qui seront confirmés dans les statuts de constitution de l’UNASUR. Le non nom a été proposé par le commandant Chavez au sommet sur l'énergie de Margarita en avril 2007, peu avant la signature du traité constitutif, en mai 2008. L'organisation a été créée dans le but de promouvoir la coopération et le dialogue politique entre les pays d'Amérique du Sud.

 

L’UNASUR reprend les principes de la Charte des Nations unies et fait également référence aux déclarations de l'Organisation des Etats Américains (OEA). Certains pays le demandent et nous le respectons bien que l’OEA ait attaqué constamment la stabilité de notre pays et ait déjà fait tout son possible pour nous isoler au niveau international. On a décidé que les décisions de l’UNASUR seraient prises par consensus malgré l'opinion contraire de Correa, alors président de l’Equateur. L’UNASUR est un organisme multilatéral, pas bilatéral, et n'est pas intervenu jusqu'à présent pour résoudre des différents territoriaux entre les Etats membres. Jusqu'à présent, l’UNASUR est intervenue dans des différents non territoriaux. Les occasions pendant lesquelles le secrétaire général est intervenu pour résoudre pacifiquement des controverses ou des désaccords diplomatiques bilatéraux n’étaient pas des différents territoriaux frontaliers. Concrètement, la médiation du secrétaire général Ernesto Samper dans le processus de dialogue entre le Gouvernement bolivarien et l'opposition. Pour cette raison, les relations entre les représentants sont très cordiales. Par exemple, lors de la première étape de l’UNASUR il y a eu une excellente relation avec la représentante du Guyana devant le conseil des délégués: nous avons discuté amicalement de différents sujets à l'exception de notre controverse territorial pour l’Esequibo.

 

Et quel est votre opinion à ce sujet, à quelques jours du référendum consultatif qui appelle le peuple à dire « cinq fois oui » pour réaffirmer sa souveraineté sur le territoire en litige avec le Guyana ?

 

Avec l'arrivée du nouveau Gouvernement du Guyana en 2020, l’attitudes hostile contre le Venezuela s’est renforcée. L'une des étapes pendant laquelle il y a eu des relations cordiales a été la période de gouvernement de Bharrat Jagdeo, qui a eu des relations étroites avec le Commandant Chavez. Juste sous son gouvernement, en novembre 2010, a eu lieu à Georgetown le dernier sommet présidentiel de l’UNASUR auquel a participé le président Chavez et cette période a coïncide avec un rapprochement diplomatique entre le Venezuela et le Guyana et même avec des relations de respect et dans des conditions d'égalité sans crainte pour discuter sur la controverse territoriale. Depuis la Révolution Bolivarienne, nous n'avons jamais eu une attitude hostile envers le peuple du Guyana, nous ferons valoir notre droit historique devant toutes les instances légales grâce a la diplomatie de paix. En votant massivement à ce référendum consultatif, le peuple donnera plus de force à notre Gouvernement dans cette bataille qui implique aussi les secteurs de l'opposition parce qu'il s'agit de l'intérêt national.

 

Pensez-vous que les États-Unis puissent inclure le Guyana dans l'OTAN pour appliquer au Venezuela une stratégie similaire à celle de l'Ukraine contre la Russie ?Pensez-vous que le gouvernement guyanais a présenté une demande comme la Colombie l'a fait avec Duque ?

 

Le Guyana n'a jamais demandé à quitter l’UNASUR. Malgré tout, nous pouvons attendre de la politique étrangère des États-Unis, n’importe quelle absurdité multilatéral. Une décision de cette sorte serait une extravagance belliqueuse. Impossible à dissimulée. Jusqu'à présent, aucun pays des Caraïbes et des dimensions de l'État du Guyana ne fait partie de l'OTAN. Le Guyana, conseiller financier par les États-Unis va utiliser n'importe quelle artifice judiciaire international pour soutenir sa position par rapport à la santé, arbitrale, 2899, mais même quand il opte pour intégrer une procédure qui lui permette d'acquérir une condition de pays de l'OTAN, rien ne dissuadera le peuple et le Gouvernement du Venezuela d'insister sur une issue négociée et pacifique de la controverse basée sur l’accord de Genève.

 

Dans quelle période se trouve l’UNASUR?

 

Depuis mai 2008, époque à laquelle a été signé le traité fondateur, jusqu'à aujourd’hui, l’UNASUR a démontré que l'Amérique latine n'a pas besoin des États-Unis et du Canada ni de l'OEA pour résoudre les conflits régionaux. Je donnerai quelques exemples concrets. La première présidence de l'UNASUR, celle du Chili avec Michel Bachelet, a contribué de façon décisive à résoudre la tentative de sécession violente de la demi-lune bolivienne en 2008. La même chose a eu lieu en 2010 quand, le 30 septembre, s'est produite une tentative de coup d'Etat de la police contre le Gouvernement de Rafael Correa en Equateur. La déclaration immédiate de l'organisme régional, le lendemain, a contribué à calmer le jeu. Ensuite, en 2012, pendant le coup d'Etat institutionnel contre Fernando Lugo au Paraguay, tous les chancelier réunis à Rio de Janeiro ont reçu l'ordre des présidents d'aller à Asunción. Malheureusement, à cette occasion, Lugo n'a pas accepté la recommandation de recourir à la mobilisation du peuple et a préféré démissionner, mais  l’UNASUR était là. Il y a ceux qu'ils disent que tout cela est le travail de la diplomatie présidentielle. Et, évidemment, c'est le cas, mais cette diplomatie doit être accompagnée de la diplomatie du peuple qui doit profiter d'un mécanisme comme celui de l’UNASUR et l'utiliser pour empêcher le retour de la droite. La seule protestation qui a eu lieu en Équateur quand Lenin Moreno a annoncé qu'il quittait l’UNASUR a été une manifestation culturelle de quelques rares personnes face à l'immeuble de l'organisme multilatéral. Je suis convaincu que dans cette nouvelle étape, il faut créer des canaux destinés à construire une meilleure participation du peuple, et l’UNASUR contient cela dans son ses statuts.

 

Comment peut-elle continuer à être active dans un pays avec un Gouvernement hostile comme celui de l'Équateur ?

 

Quand le pays Siège de l’UNASUR s'est retiré de l'organisation, on a dû rendre l'immeuble siège dans la Moitié du Monde au Gouvernement équatorien. Dans ces circonstances exceptionnelles, j'ai été désigné comme représentant légal de l’UNASUR au conseil des ministres des affaires étrangères des 5 pays qui restaient. Nous avions un petit bureau à partir duquel, en plus de veiller sur les intérêts matériels et immatériels de l'UNASUR nous conseillions, nous facilitations et nous accompagnions l'organisation d'un conservatoire avec différents acteurs sociaux populaires de l'Equateur et là ils ont montré leur intérêt à soutenir ce processus de réactivation de l’organisme et à s'y incorporer. Selon le droit international, l’UNASUR pu rester en activité même si certains membres se retirent comme c'est arrivé depuis 2019. Nous avons eu dans l’UNASUR le Suriname et le Guyana. Mais ils n'ont pas pu nous exclure comme ils l'ont fait du Mercosur et ensuite, quand les Gouvernements sont revenus à droite, tous se sont retirés de l’UNASUR Nous étions la cible du Groupe de Lima. Pour les États-Unis, l’UNASUR était devenue une menace qu'il fallait vaincre.

 

Pourquoi ?

 

L’UNASUR brisait le schéma et le modèle traditionnels d'intégration : elle allait construire l'intégration des peuples et non l'intégration des banquiers, comme pour l'Union européenne qui, bien qu'elle soit un schéma solide, pense à la guerre des intérêts et non à l'assistance mutuelle, comme nous l'avons vu pendant le COVID–19. Nous avons su faire une intégration qui, sans nier l'importance de l'économie et des finances, se basait sur la capacité de dialogue politique pour résoudre les problèmes sociaux, en mettant au Centre 2 piliers : une nouvelle architecture financière dans la gouvernance des ressources et une nouvelle architecture régionale dans le modèle de défense. Jusqu'à ce qu’un plan soit tracé, décidé avec les présidents des banques centrales, l'économie et les chancelier pour une nouvelle architecture financière qui conduirait à la construction d'une monnaie commune qui, en ce moment, est à l’essai avec le sucre. Ensuite, Alí Rodríguez Araque a ajouté une autre valeur en considérant l'autre actif le plus important que nous avons en Amérique du Sud, en plus du capital humain : les ressources naturelles, stratégiques, pas seulement le pétrole mais aussi tout le tableau périodique.

 

Et que manquait-t-il ?

 

Nous n'avons pas eu le temps de développer la conscience du fait que nous étions en train de changer de direction et que l'objectif n'était pas tant de conclure des accords commerciaux ou de réduire les droits de douane mais de réduire l'exclusion sociale, de parvenir à l'égalité basée sur la souveraineté et l'autodétermination. On a manqué de temps pour créer les conditions du commerce inter-régional qui est encore très bas et pour construire des infrastructures régionales avec une vision politique différente. Je me souviens des réunions du conseil sud-américain pour les infrastructures et la planification auquel participaient de grandes institutions financières internationales comme la BID qui échangeait des informations en fonction de leurs intérêts et au détriment des nôtres, et nous devions être de pieds fermes pour faire cela, pour que nous représentons comprennent qu’ils devaient abandonner la vision traditionnelle. Le danger pour les États-Unis était également représenté par le projet de défense régionale conçu par l’UNASUR. Un autre exemple. En août 2009, Correa a reçu la présidence de l’UNASUR des mains de Bachelet, à Quito , le jour du premier cri d'indépendance de l’Équateur.

 

Quand les deux discours principaux ont été terminés,  Chávez a rompu le protocole et a demandé à parler. Il a dit : je dénonce le fait que les États-Unis sont en train d’installer une autre basse militaire en Colombie. Cette dénonciation a provoqué un fait inédit pour l'Amérique du Sud, et a produit les accords pour que les chanceliers et les ministres de la défense approuvent des mesures de fondation de la confiance et de la sécurité et leurs procédures d'application qui ont établi l'obligation que tous les accords concernant la  défense soient notifiés aux pays voisins, à leur maires et  la garantie que leur application ne représente pas une menace pour la souveraineté de ces pays. Auparavant, Uribe avait protesté contre la dénonciation du commandant Chavez et Cristina Fernandez avait proposé une réunion pour régler le problème. Lors de cette réunion, le 18 août 2009 à Saint, Carlos de Bariloche, le président Chavez a apporté des épreuves de sa dénonciation, et ensuite il y a eu un long débat. Uribe, sans arguments, a dit qu'il voulait en savoir plus sur les avancées de l'accord de défense qu'ils avaient signé avec le Gouvernement des États-Unis, il le demanderaient à Obama. Nous avons accepté et il  a eu un échange de communications entre Correa et Hilary Clinton pour construire un ordre du jour concernant les demandes à faire aux États-Unis. Mais on n'est arrivé à aucun accord à cause du veto de la Colombie qui a été décisif dans une décision par consensus. Un veto qu'elle avait répercuté dans le processus de négociation du conseil de défense sud-américain : dès la première réunion, Uribe a déclaré que la Colombie ne ferait pas partie de cette instance parce qu’elle allait devenir membre du système inter américain de défense. Mais entre-temps, se sentant seul sur onze, il a appelé Alan García, Michelle Bachelet et Lula da Silva à rejoindre le Conseil de défense à trois conditions : que la décision soit prise par consensus afin de conserver un droit de veto ; que la force armée nationale soit reconnue ; et que les groupes armés, c'est-à-dire les FARC, soient condamnés. Les conditions de la Colombie ont été traitées avec succès, en adoptant une. rédaction qui neutralisait ses craintes.

 

-Et maintenant, comment sont les choses ?

 

Pendant la campagne électorale, LOU a promis de réactiver l’UNASUR et le 30 mai, il organisait une réunion des présidents d'Amérique du Sud en invitant aussi les présidents qui ne sont plus dans l’organisme, après neuf ans sans aucune réunion. Un groupe de contact au niveau des ministres des affaires étrangères a été créé avec la tâche de tracer une feuille de route sur l'intégration et les défis internationaux qui coïncide presque complètement avec les principes de l’UNASUR, sauf sur deux points : les mesures coercitives unilatérales y sont définies seulement comme mesures unilatérales, et la transition écologique que Pétro.a demandé d'inclure et qui apparaît dans les statuts de   l’UNASUR comme la lutte contre le changement climatique. Dans ce contexte, en marge de la 78e période de sessions de l'assemblée générale de l'ONU précédente, le Brésil a organisé une réunion des ministre de la santé qui devait avoir le but d'échanger des informations et des opinions sur les systèmes de santé publique de la région et ses défis et de réfléchir sur des problèmes prioritaires comme l'institut sud-américain de gouvernement dans la santé qui fonctionnait à Rio de Janeiro et qui permettait d'acquérir des médicaments pour les distribuer dans toute la région. Le principal argument était que, comme la démontré une étude récente, la désintégration de l’UNASUR a empêché que le nombre de morts à cause du COVID soit très limité. En définitive, comme dit le président Maduro, le défi est de comprendre comment réussir l'intégration dans la diversité en renforçant les coïncidences et sans nier les différences, essayer de les dépasser.

 

Quel est votre opinion, en tant que diplomate, sur l'affaire, Alex Saab ?

 

Dans le cas de notre diplomate, les États-Unis ont violé le droit international pour continuer à se présenter comme le gendarme du monde et obtenir grâce au chantage ce qu’ils n'ont pas pu obtenir par d'autres moyens de pression. Même dans ce cas, comme l’a démontré la défense d’Alex Saab, devant l'absence de preuves soutenant les charges contre lui, à la longue, les États-Unis devront admettre qu'ils n'avaient aucun motif pour l'arrêter. Mais cette grande injustice aura été perpétrée contre notre diplomate et sa famille dans le silence complice des alliés des États-Unis, comme cela se passe, dans des termes dramatiquement amplifiés, avec le génocide du peuple palestinien. Une complicité qui sape la possibilité de développer l'activité diplomatique dans la sécurité. Je suis convaincu que le résultat de la lutte légitime de la famille d’Alex Saab et celle du peuple vénézuélien sera un exemple pour beaucoup d'autres pays affectés par l'arrogance des États-Unis.

 

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/11/25/venezuela-unasur-una-amenaza-que-se-debia-bloquear-entrevista-exclusiva-al-embajador-elvis-urbina/

URL de cet article :

http://bolivarinfos.over-blog.com/2024/03/amerique-latine-l-unasur-une-menace-qui-doit-etre-vaincue.html